psychiques. L'importance de ces problèmes ont conduit à l'élaboration d'un paradigme nouveau, fondé sur une idée
simple : là où sont les problèmes, sont aussi les solutions. Il s'agit alors de stimuler les ressources propres des individus,
des familles et des groupes, de favoriser la reconstruction du lien social et de redonner vie aux ressources culturelles,
tout en rendant possible la rencontre entre savoir universitaire et savoirs populaires. Au modèle vertical du spécialiste
qui possède la connaissance et l'impose aux gens, s'oppose ainsi un modèle horizontal où tous sont coresponsables de
la définition des problèmes, de l'élaboration des réponses et de la mise en œuvre des solutions. Il ne s'agit donc pas de
rejeter les connaissances spécialisées, mais de provoquer leur rencontre avec les savoirs traditionnels et les expériences
de vie. Les idées fondamentales de la pensée systémique, de la théorie de la communication, de l'anthropologie
culturelle, de la théorie de la résilience, ainsi que la pédagogie active de Paulo Freire
ont présidé à l'élaboration de ce
modèle d'intervention psycho-sociale
dont l'efficience lui a valu d'être adopté comme politique prioritaire pour les
soins primaires en santé mentale dans tout le Brésil en Juin 2010.
Déroulement de la séance
La formation des animateurs comporte à la fois l'acquisition de la technique de l'animation, et un travail sur soi destiné à
assumer le positionnement horizontal dans la relation avec les participants. Le groupe est en principe animé par un
« thérapeute » et un « co-thérapeute ». Ce dernier anime les phases d'accueil et de clôture, et soutient le travail du
thérapeute durant le reste de la séance, notamment en veillant au respect des règles. Les rôles de l'un et de l'autre ne sont
pas fixés, et il est bon d'alterner, et si besoin d'inverser les rôles, par exemple dans le cas où le thérapeute se sente trop
impliqué personnellement dans le thème choisi. La conduite du groupe respecte une technique rigoureuse, selon des
étapes bien délimitées. Dans notre expérience, mieux elles sont respectées et plus la circulation de la parole est riche :
Accueil: 10 minutes. Il s'agit de mettre à l'aise les participants, en ayant recours à une dynamique
corporelle qui permet d'installer une ambiance agréable. En l'espèce nous demandons au groupe-personnel et
aux groupes de semaine de se lever tour à tour, et nous en profitons pour évoquer ce qui se passe dans le
programme de soins. L'énonciation des règles est faite de préférence par les participants : parler en JE, pas de
conseils, ni jugement ni interprétation, respect de l'autre, faire silence, pas de grands discours, utilisation de
tous les moyens d'expression culturels (chant, danse, proverbes poèmes, histoires), on ne parle pas des grands
secrets, mais les soucis du quotidien. Le partage des anniversaires ou des succès clôture cette étape.
Choix du thème: 15 minutes. Après avoir rappelé l'utilité de la parole (mettre des mots sur les maux)
l'animateur demande aux participants de proposer en quelques mots une situation-problème avec l'émotion qui
s'y rattache. En général 3 à 8 sujets sont proposés, et après un rapide temps de parole où chacun est invité à
soutenir celui qui le sensibilise le plus, l'assemblée vote pour choisir le thème de réflexion.
Contextualisation: 15 minutes. La personne choisie est invitée à exposer son problème. L'animateur pose
des questions pour éclairer le contexte de la situation proposée, les tentatives de solution, le vécu émotionnel,
etc. Il encourage le groupe à poser aussi des questions pour bien clarifier la situation. Ce travail permet de
suggérer la multiplicité des points de vue possibles dans une perspective systémique. L'animateur note les mots
clés et les utilisera pour proposer dans la phase suivante le thème de réflexion, soit sous un mode direct : « qui
de vous a déjà vécu la même chose et qu'avez vous fait pour vous en sortir ? », soit sur un mode symbolique,
en élargissant le thème ou en focalisant sur un aspect du thème, en fonction de ce qui semble pouvoir intéresser
le plus grand nombre de personnes.
Problématisation et partage: 45 minutes. L'animateur fait appel au partage d'expériences à partir des
mots clé retenus de la phase précédente : qui de vous a déjà vécu quelque chose de semblable, et qu'avez vous
fait pour le dépasser, pour vous en sortir, pour vivre avec ? Question qu'il reformulera autant de fois que
nécessaire pour maintenir le centrage des échanges sur le thème retenu. Les solutions généralement évoquées
sont l'appel aux facteurs personnels de résilience, à l'appui social et familial, aux ressources culturelles, le
recours aux spécialistes... La variété des propositions est généralement grande et on ne recherche ni consensus,
ni conclusion, l'éventail des possibles reste ouvert et appelle à la réflexion.
Conclusion et rituel d’agrégation: 10' minutes. Chacun est invité à dire ce qu'il retient comme sagesse
ou réflexion de ce qu'il a entendu. Il s'agit de renforcer le sentiment d'appartenance au groupe. Au Brésil ce
rituel prend souvent la forme d'une ronde, les gens se tenant par les épaules, avec un chant approprié au
contenu des échanges, ou même parfois une prière. Sous nos climats, ce rituel doit être adapté en fonction de
nos sensibilités culturelles propres (contact corporel, attitudes culturelles vis à vis du chant, de la religion, etc.).
Dans notre établissement, par exemple, les sortants donnent souvent un mini-spectacle, préparé entre eux,
parfois en grand secret, et qui marque la résolution du transfert institutionnel.
Evaluation :