Droit comparé
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européen. Dans les universités, on n’enseignait pas le droit des pays mais le droit européen.
En Suède, c’est en 1620, qu’une grande université enseigne pour la première fois les règles
étatiques. En Angleterre, c’est en 1758. En Allemagne, c’est en 1708. En France, c’est en
1679. Quand l’Etat a commencé à se constituer, les légistes sont allés puiser dans le droit
romain pour légitimer le pouvoir des rois. Progressivement, on a écarté ce qui est commun
pour privilégier ce qui est étatique. Au nom de l’indépendance des Etats, on ne veut pas
dépendre d’autres règles que celles que l’Etat s’est donné. Plus l’Etat se constitue, plus on
écarte les règles extérieures pour être maître de ses règles.
⇒ Plus on a renforcé l’Etat, plus on a développé les règles étatiques. De même, plus y a
d’Etats, plus on crée de droits étatiques. Dans certain cas, le droit étatique déborde le
cadre étatique. Dans certains cas, il peut s’appliquer en dehors de l’Etat. A l’inverse, sur le
territoire d’un Etat ne s’applique pas que le droit de l’Etat. Le territoire n’est pas une
frontière étanche pour le droit. 99% du droit est du droit étatique. Le droit est
essentiellement étatique mais il y a des cas particuliers.
§2 – Quelques cas particuliers.
Certains droits étatiques s’appliquent en dehors des Etats qui les ont produits. Ils
débordent leur frontière.
1er exemple : le droit anglais s’applique dans une quarantaine de pays du monde. C’est
le Commonwealth. En raison de l’histoire et par choix, le droit anglais s’applique dans
ces Etats. Dans certains de ces Etats, certaines décisions des cours suprêmes peuvent
être cassées par la Cour anglaise. Le droit anglais déborde les frontières de la Grande
Bretagne. Par des accords bilatéraux, chaque Etat du Commonwealth a défini ses
conventions juridiques. Le Canada a renoncé à se que sa Cour suprême dépend de
l’Angleterre.
2ème exemple : certains droits étatiques ont servi de modèle à d’autres Etats. On peut
penser à la colonisation mais la question va plus loin.
Au XIX siècle, dans l’empire Ottoman (= disparu formellement en 1923), certains
territoires ont pris leur autonomie. La Syrie et l’Egypte ont voulu se moderniser.
L’Egypte a littéralement importé des morceaux de droits européens, d’Italie,
d’Allemagne et de France. Le code du commerce français a été traduit et est
devenu le code du commerce égyptien. Il y a eu de véritables exportations de droits.
Au XX siècle, la Turquie « moderne » (= indépendante), qui était jusqu’alors un
pays musulman, s’est laïcisée. La Turquie a pris le code civil suisse, le traduisit
littéralement et le promulgua tel que. La Turquie applique le code civil suisse traduit
en turque.
Le Japon s’est complètement fermé à l’Occident au XVI siècle. Au XIX siècle,
c’est encore un pays féodal. Un bateau américain arrive au Japon (= pays militaire
dans l’âme) pour essayer d’ouvrir le Japon. Après le refus du Japon, l’amiral fait
tirer les canons sur Tokyo. Les Japonais se rendent compte de l’archaïsme de
leurs armes face aux canons américains. C’est une révélation pour le Japon. En
1867, l’empereur de la dynastie Mij (?) décide d’ouvrir le pays pour le moderniser. Il
envoie des spécialistes découvrir la modernité pour l’importer au Japon. Les
Japonais vont choisir la France comme modèle. Un code civil japonais directement
inspiré du code français et du code civil allemand. Tout le droit moderne du
Japon jusqu’à la Seconde Guerre mondiale est inspiré du droit français et allemand.
En Corée, c’est la même chose que le Japon.