Elisabeth Rasson
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Sommaire:
1) Introduction
-Qu'est-ce que l'autisme?
2) Point sur les connaissances et les approches actuelles
-Notion de spectre autistique (classifications, critères actuels de
l'autisme, caractéristiques, différentes formes d'autisme, diagnostic et
dépistage)
-Parents et professionnels devant l'autisme: où en est-on aujourd'hui?
(rapport des parents face à la médecine, place des pédopsychiatres,
psychothérapeutes, psychanalystes, éducateurs auprès des enfants
autistes, différents types de prise en charge).
3) Conclusion
4) Références/Bibliographie
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1) Introduction
Tout d'abord, il faut savoir que les recherches concernant l'autisme n'ont eu de cesse
d'évoluer depuis les critères établis par le psychiatre Léo Kanner (1942-1943) par
lesquels il distingue l'autisme infantile de la schizophrénie (le symptôme principal
serait l'inaptitude des enfants à établir des relations dites "normales" avec des
personnes et à réagir à certaines situations en début de vie principalement), jusqu'à la
considération d'une constante évolution au sein des troubles du spectre autistique.
Un nombre incommensurable d'expériences, de travaux et d'approches ont été mis en
place concernant l'autisme. Il y a dans chaque approche des choses intéressantes et
d'autres qui ont été remises en question.
A la naissance, tout bébé, une fois né physiquement, a aussi à s'accomplir
psychiquement petit à petit. Pour se faire, il doit mettre en œuvre une série de
mécanismes complexes et délicats. La majorité des enfants y parviennent alors que les
enfants autistes présentent des difficultés dans ces premiers temps de croissance et de
maturation psychiques.
Ces difficultés sont présentes dans plusieurs champs tels que;
-l'attachement; ce qui va permettre à l'enfant en bas âge de réguler la distance juste
spatiale et physique avec autrui; ainsi il se créera un espace de sécurité.
-l'intersubjectivité; ce qui lui permettra de réguler sa distance psychique avec autrui
qui l'aidera à se sentir comme un être à part entière.
-régulation des expériences de plaisir et déplaisir; ce qui va permettre à l'enfant de
réguler ses expériences émotionnelles (recherche des expériences de plaisir, fuir celles
qui ne le sont pas en modifiant son environnement, etc).
Tant que le bébé se situe en deçà du langage, il s'exprime principalement avec son
corps et son comportement qui sont les vecteurs principaux des messages qu'il
adresse à autrui. Cependant, pour qu'un bébé accède à cette communication qui le
préparera au langage verbal, il faut qu'il vive dans un environnement lui-même
sensible à ces messages préverbaux. Evidemment, ce n'est pas l'unique cause de
l'autisme chez l'enfant.
L'autisme peut donc être défini comme la difficulté la plus importante des processus
d'accès à l'intersubjectivité des enfants; c'est-à-dire à la différenciation qui permet à
un enfant de reconnaître véritablement l'existence de l'autre. Cette définition, à
présent, est acceptée par tous les professionnels quelle que soit leur orientation; que
ce soit dans le champ de la neurobiologie, de la psychothérapie, de la pédagogie,
psychiatrie, psychanalyse ou encore psychologie cognitive.
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2) Point sur les connaissances et les approches actuelles
Critères, diagnostiques, différentes formes et causes
Aujourd'hui, les professionnels remplacent progressivement le diagnostic de
"l'autisme" ou de "trouble envahissant du comportement TED-" par "trouble du
spectre autistique". Ce changement est du à la découverte de la grande variabilité des
symptômes individuels qui peuvent aller de légers à graves.
Plusieurs classifications internationales permettent à présent aux chercheurs de
constituer des groupes de patients analogues, ce qui ne veut évidemment pas dire
homogènes; tout patient est différent; telles que la CIM-10 "Classification
Internationale des maladies", la DSM-IV "Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux", ou encore la CFTMEA "Classification française des troubles
mentaux de l'enfant et de l'adolescent".
Beaucoup de patients très différents peuvent être rassemblés si l'on ne retient comme
critères de classification que le retrait, les stéréotypies et les troubles du langage.
Cependant, retenons bien que chaque situation peut se distinguer d'une autre.
Critères, diagnostique:
Souvent, les premiers signes d'autisme apparaissent lors des deux premières années
de la vie de l'enfant. Les premiers signes s'installent de manière progressive. Parfois,
certains se développent normalement et puis régressent. Les critères de référence
actuels sont ceux de la CIM-10, DSM-IV et CFTMEA.
Il y a en a trois principaux:
- troubles qualitatifs de la communication verbale et non verbale (, retard
dans l'acquisition du langage, langage concret et restreint, le "je" n'est pas
utilisé, intonation étrange, voix "haut perchée", peu modulée, etc.).
- altérations des interactions sociales réciproques (difficultés à interpréter ce
que les autres pensent ou ressentent, isolement, etc.)
- comportement marqué par des activités et centres d'intérêts restreints,
stéréotypés et répétitifs (fascination pour des objets inhabituels, besoin de
rituels, ne supportent pas les changements dans le quotidien, gestes
répétitifs, etc.).
Dans certains cas, d'autres symptômes sont associés à l'autisme tels que;
-des compétences cognitives particulières (très bonne mémorisation dans certains
domaines, capacités visuo-spaciales surdéveloppées),
-des particularités au niveau des sens caractérisées par une hypersensibilité à certains
sons, odeurs, textures, perception différente des couleurs, etc.
-troubles de la motricité et posture.
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Les différentes formes d'autisme:
Les classifications internationales distinguent principalement:
-L'autisme infantile: appelé aussi "trouble autistique" ou "autisme de Kanner" en
référence aux critères établis par ce dernier dès 1942.
-Le Syndrome d'Asperger: caractérisé par des îlots de compétence qui peuvent être
spectaculaires, handicap dans les relations avec les autres, particularités dans la façon
de s'exprimer, préoccupations particulières et répétitives se centrant sur un seul
thème ou objet,…
-Le Syndrome de Rett: maladie neurologique qui affecte principalement les filles.
Syndrome d'origine génétique qui se caractérise par une régression entre 6 et 18 mois,
ataxie, perte des mouvements volontaires des mains, stéréotypies.
-Trouble désintégratif de l'enfance: développement normal jusqu'à l'âge de 2/4 ans puis
perte du langage, perte de l'intérêt pour l'environnement social et perte de la propreté.
-L'autisme non spécifié: lorsqu'aucune des catégories diagnostiques ne convient mais
que les trois critères de référence de l'autisme s'appliquent quand même.
Ces cinq entités composent les "troubles envahissant du comportement" (TED) et sont
désormais appelées "troubles du spectre autistique" (TSA).
Causes:
Actuellement, l'une des hypothèses les plus importantes est de considérer que l'enfant
autiste ne parvient pas à établir une "polysensorialité synchrone"; il ne parvient pas à
articuler et à simplifier les différents flux sensoriels en provenance d'un objet animé
ou non. Par conséquent, il n'arrive pas à ressentir ces flux comme extérieurs à lui-
même.
Nous savons aujourd'hui que les troubles du spectre autistique ne sont pas du au
comportement inadéquat des parents ni d'un quelconque traumatisme. Aucun
contexte familial ne suffit à rendre un enfant autiste. Cependant, chez des enfants
"porteurs de risque", certaines caractéristiques familiales peuvent rendre difficile le
développement de l'enfant.
Des "anomalies" au niveau du lobe temporal supérieur ont été découvertes (c'est dans
cette zone cérébrale que sont reçues, décodées et reliées les informations sensorielles
sur les expressions faciales d'autrui, les mouvements de son corps et la musicalité de
sa voix). Ces anomalies pourraient être une des causes ou conséquences principale du
fonctionnement autistique.
En 2013, des chercheurs américains et belges ont fait une découverte importante. Chez
les enfants atteints d'autisme, il y a une prépondérance et une redondance des
connectivités entre des zones adjacentes du cerveau, au détriment de connexions à
plus longues distances qui, par conséquent, sont amoindries. En ayant des difficultés à
connecter des zones éloignées de leur cerveau, par exemple la zone visuelle et la zone
des émotions, les autistes ont de grandes difficultés à capter les émotions sur le visage
d'autrui. Il y a un défaut de transmission entre la transmission et la réception des
informations.
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Mais pourquoi ces zones sont-elles connectées différemment? Cela serait du à des
facteurs génétiques. Hans Asperger avait remarqué une ombre du syndrome chez les
parents des enfants qu'il observait. Aujourd'hui des recherches ont confirmé qu'il
n'avait pas tord. 20% des pères et 5% des mères d'un enfant Asperger avaient eux-
mêmes le syndrome.
Parents et professionnels devant l'autisme:
On constate aujourd'hui que certains parents sont hostiles quant à la psychanalyse et
pédopsychiatrie. Ils se sentent mis en cause de manière culpabilisante par ces
professionnels. Les parents peuvent être considérés comme les meilleurs cliniciens de
leur enfant puisqu'ils vivent avec eux au quotidien. La mise en commun de leurs
observations et de celles des professionnels peut s'avérer très intéressante pour
donner du sens aux comportements ou aux différences selon le milieu de vie de
l'enfant. Beaucoup de parents attendent des professionnels qu'ils soient à leurs côtés
pour partager des interrogations, pour essayer ensemble de mieux comprendre.
Les parents d'enfants se trouvent confrontés à la douleur de la situation qui est la leur.
Il est très difficile de vivre avec un enfant qui est proche et loin à la foi, qui échappe à la
relation chaque fois que l'on tente de s'en rapprocher.
Les caractéristiques parentales qui avaient pu être décrites auparavant comme étant la
cause de l'autisme de leur enfant sont à présent considérées plus comme des
conséquences. Il est compréhensible que les parents préfèrent de loin les travaux de
recherches qui ne leur rappellent pas directement leur souffrance psychique ainsi que
celle de leur enfant (cf: certaines recherches psychanalytiques, la méthode "packing",
etc.).
A présent, il est évident qu'une prise en charge "multidimensionnelle" de l'enfant
autiste est essentielle. Il existe, de plus en plus de centres adaptés à la prise en charge
très spécifique de l'autisme mais, il persiste des manques concernant tout aussi bien le
jeune enfant autiste qui vient d'être diagnostiqué, l'enfant en âge scolaire ou bien
l'adulte. Ces centres ont pour objectif le développement de différents domaines
d'acquisitions (tant au niveau des compétences sociales, du langage, de la
communication verbale et non-verbale, dans l'acquisition d'une autonomie) afin de
permettre une intégration sociale et scolaire.
Peut-on "guérir" de l'autisme? Mais, qu'entend-on réellement sous le terme de
guérison? En tout cas, le devenir des enfants autistes a évolué depuis quelques
décennies. Beaucoup d'enfants autistes accèdent la communication et au langage, à
une scolarisation dite "normale", à une relative autonomisation sociale et
professionnelle. Cependant, ils garderont toujours des cicatrices psychiques de cette
période douloureuse de leur histoire précoce.
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