Dorénavant, chaque 18 juin, accompagné du chancelier de l’Ordre de la Libération, des Compagnons
de la Libération et par une foule nombreuse, le général de Gaulle rallume la flamme devant la crypte
provisoire du Mont-Valérien
. Dans le même temps, les associations des familles des fusillés, fidèles
à la mémoire de leurs proches, organisent des cérémonies, des prises d’armes dans la clairière, au
cours desquelles les noms des fusillés sont rappelés. Il semble alors que seules les familles des fusillés
et le général de Gaulle aient encore réellement la volonté de faire vivre ce lieu de mémoire et
d’honorer la mémoire des martyrs, résistants et otages, fusillés au Mont-Valérien.
Pour leur part, les gouvernements de la 4e République, mis sur la touche par de Gaulle, s’intéressent
peu au site de Suresnes. Certes, le président Vincent Auriol, après son élection à la présidence de la
République, le 16 janvier 1947, rend un « hommage aux morts de la Résistance » en déposant une
gerbe dans la clairière, inaugurant ainsi un geste repris par le président René Coty en janvier 1954,
mais, si le site n’est pas abandonné, le projet d’un mémorial de la guerre 1939-1945 n’aboutira pas.
En juin 1948, le ministère des anciens combattants, à l’initiative de la préfecture de la Seine, émet
l’idée de créer une nécropole nationale des morts de 1939-1945 regroupant les corps de 3100
combattants et victimes de la guerre non restitués et inhumés dans les cimetières de la région
parisienne. Le 23 mars 1949, Félix Brunau, architecte en chef des bâtiments civils, est chargé de
l’étude préalable. Cependant, il faut attendre octobre 1952 pour que le programme d’aménagement
d’une nécropole nationale sur le glacis du Mont-Valérien soit établi. Il prévoit le regroupement
d’environ 3000 corps, l’érection d’un monument avec aménagement d’une crypte, le raccordement de
la nécropole avec le « circuit du souvenir », le placement d’une lanterne des morts et la construction
d’une maison des gardiens.
Par la suite, malgré la dépose dans la casemate, le 26 avril 1954
, d’une urne contenant des cendres
prélevées dans les camps de concentration et la création, en mai, d’une commission exécutive de
travail pour l’édification du mémorial du Mont-Valérien présidée le ministre des anciens combattants
et le grand chancelier de l’Ordre de la Libération, l’amiral Thierry d’Argenlieu, l’idée d’une nécropole
nationale et d’un mémorial semble mise en suspens.
Le 1er juin 1958, le général de Gaulle, appelé par le président de la République René Coty, est investi à
la présidence du Conseil par l’assemblée nationale. Rapidement, le nouveau président du Conseil
démontre que sa détermination à ériger au Mont-Valérien le mémorial de la France au combat et que
les corps des seize Morts pour la France reçoivent leur sépulture définitive est intacte.
Le 21 juin, lors d’une visite sur le site, Edmond Michelet, ministre des anciens combattants, bien
conscient de la volonté du Général, déclare être décidé à « aller très vite »
. Le procès-verbal de cette
réunion du 21 juin note : « Le général de Gaulle, président du Conseil, désire que ce projet soit enfin
réalisé ». Le 10 juillet, à l’occasion d’une première réunion au ministère des anciens combattants, rue
de Bellechasse, le colonel Ponchardier, représentant du général de Gaulle
, esquisse le projet : « Le
« Sur deux journées nationales commémorant la déportation et les persécutions des années noires », Serge
Barcellini, article paru dans Vingtième siècle, revue d’histoire, n°45, janvier-mars 1945.
Cette cérémonie est organisée par la chancellerie de l’Ordre de la Libération, les services de l’Etat
n’interviennent pas.
Le transfert a lieu lors de la première cérémonie officielle commémorant la journée nationale du souvenir de la
déportation. Cette journée nationale a lieu tous les derniers dimanches du mois d’avril.
Procès-verbal de la réunion tenue le samedi 21 juin 1958 au Mont-Valérien (archives du bureau des archives
des victimes des conflits contemporains à Caen, SHD).
Un arrêté du 20 juin 1958 du ministre des anciens combattants charge le colonel Ponchardier, « en sa qualité
de délégué du général de Gaulle », de la réalisation d’un haut-lieu de la France Combattante au Mont-Valérien.