considérés comme des médicaments, car ils sont chers (donc consommés seulement en cas de
maladie), et ils ressemblent à des médicaments (comprimés, gélules).
Si l’on vise une consommation de masse, le produit doit ressembler à un aliment, ou être
mélangé à d’autres aliments. Les produits à base de farine par exemple rencontrent beaucoup de
succès en Tanzanie et au Sénégal. L’apparence est alimentaire, la distribution est large et
diversifiée, et le prix est proche de celui des aliments.
Pour la majorité de la population, tous les autres types de compléments alimentaires, y
compris la poudre de feuilles de Moringa, sont consommés en tant que médecine
alternative. Le produit doit donc être commercialisé avec des indications thérapeutiques
minimales pour rencontrer du succès.
Seule la classe moyenne et élevé consomme des compléments alimentaires de façon
préventive pour rester en bonne santé. Si ce marché est visé, le produit doit être aussi bien
conditionné, étiqueté et contrôlé que les produits importés.
Les compléments alimentaires industriels les plus vendus sont en général les toniques et les
fortifiants, et, en Afrique de l’Est, les produits renforçant l’immunité (ceci est très souvent
associé à l’incidence du SIDA). La poudre de feuilles de Moringa peut se positionner sur ces trois
utilisations, étant donné sa composition en nutriments et micro-nutrtiments (protéines, vitamine
C, fer, zinc pour l’immunité, etc.)
Le cas particulier de l’Ouganda est très instructif, dans la mesure où il montre comment un
produit mis sur le marché sans encadrement, dans des conditions peu réglementées, peut saper ses
chances de succès. En Ouganda, la plantation d’arbres de Moringa a été très encouragée par
certains politiciens et des ONG, dans une optique d’exportation, sans que des études sérieuses
aient été faites sur le potentiel du marché. Le résultat est une offre potentielle considérable de
produits du Moringa (feuilles, fruits, graines) et, devant l’impossibilité d’exporter (sauf un peu au
Kenya), le développement de la vente à Kampala. La publicité faite au Moringa dans le pays a
fait démarrer les prix à un niveau élevé, mais l’afflux de l’offre et surtout sa mauvaise qualité ont
fait rapidement baisser les prix. Le Moringa reste un produit rentable pour l’instant, mais il est
urgent d’établir des normes et un contrôle de qualité pour lutter contre les contrefaçons et la
mauvaise réputation du produit qui en découle.
Pour résumer, les étapes minimales nécessaire à un lancement réussi de la poudre de feuilles de
Moringa sur le marché des compléments alimentaires en pays ACP sont les suivantes :
1. Demande d’autorisation de mise en marché selon le public visé (produit alimentaire ou
médicinal).
2. Etablissement d’une norme de qualité (composition du produit, conditions de
transformation, analyse nutritionnelle partielle si possible, surtout si utilisation
thérapeutique).
3. Etiquetage en fonction de cette norme de qualité (% des ingrédients et éventuellement des
nutriments contenus dans le produit fini).
4. Transformation de la feuille ou association avec d’autres produits pour faciliter sa
consommation : jus sucré et citronné (la vitamine C facilite l’assimilation du fer contenu
dans la feuille), gélules, farines composées, etc. La poudre brute n’est pas assez attractive,
sauf pour un usage strictement médicinal.