Les compléments alimentaires à l’heure de la vigilance La consommation de compléments alimentaires et d’aliments enrichis est en augmentation depuis plusieurs années. A la demande des pouvoirs publics, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a mis en place depuis 2009 un dispositif de vigilance pour identifier leurs effets indésirables. La plupart du temps inutiles, les compléments alimentaires ne sont pas forcément inoffensifs. Il y va de la sécurité du consommateur… A base de plantes, de vitamines ou de minéraux, ils se présentent sous forme de gélules, pastilles, comprimés, pilules, sachets de poudre, ampoules, flacons…, dans l’espoir : améliorer ses apports nutritionnels, rester ou redevenir mince, être plus tonique, mieux digérer, raffermir son corps, soigner son apparence, combattre les effets de la ménopause, prévenir les maladies cardiovasculaires… Face à tous ces espoirs, l’alimentation a un impact réel, mais relatif et pas toujours facile à évaluer. Les déficits en nutriments et, a fortiori les états de carence (plus graves) sont très rares en France. Ils concernent des groupes particuliers (populations en situation de grande précarité, personnes âgées vivant en institution) ou encore des situations momentanées comme la grossesse. Sur avis médical, la prescription de « suppléments » vitaminiques ou minéraux peut être utile dans des cas individuels précis. Mais pour l’immense majorité de la population, une alimentation équilibrée suffit à apporter tous les nutriments nécessaires. Pourtant, d’après l’étude INCA 2 (2005-2007), près d’un adulte sur cinq et d’un enfant sur 10 ont consommé des compléments alimentaires au moins une fois durant l’année précédente. Cette consommation semble d’autant plus fréquente que le niveau d’études est élevé. Chez les adultes, elle concerne deux fois plus les femmes que les hommes. Chez les enfants, elle est équivalente dans les deux sexes. Près des deux tiers des compléments alimentaires sont consommés sous formes de cures, le plus souvent en hiver ou en automne. Sans intérêt réel, donc… Pire, on manque d’études sur leur innocuité. Certaines supplémentations ont été mises en cause pour leur inefficacité et leur toxicité par rapport aux aliments naturels. Des accidents graves on été rapportés. Si l’on mange des aliments riches en zinc et si l’on se supplémente en zinc, indique l’AFSSA, on multiplie par deux les apports conseillés et on s’approche de la limite de sécurité... L’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN) rappelle que si les compléments font partie des denrées alimentaires (et non des médicaments), ils ne sont pas pour autant inoffensifs. Le risque principal est celui de l’autoprescription et du surdosage. A cela s’ajoute le risque d’interaction avec de vrais médicaments utiles à la santé. Le risque de remplacer les médicaments par des compléments. Sans parler des achats sur Internet, où la fiabilité des produits n’est pas toujours garantie… Grands consommateurs de suppléments en minéraux et vitamines, les Américains eux-mêmes réagissent : ils pourraient dépenser leur argent pour bien d’autres projets plus utiles, conclue une étude récente. (Nutrinews hebdo) Information Diététique n° 1, p. 36-39. Nutrition Reviews, volume 68, n° 4, p. 207-213.