ECE 2 – 2015/2016

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ECE 2 – 2015/2016
Sujet de Khôlle n°10
A l’aide de vos connaissances personnelles et du dossier documentaire,
vous traiterez le sujet suivant :
A partir du cas français, vous vous demanderez quels sont les enjeux
d’une monnaie forte.
Document 1
La politique du franc fort illustre le principal avantage d’une politique d’objectif de change : elle a
fortement contribué à la désinflation française de la fin des années 1980 au début des années 1990.
Dans le cadre du mécanisme de change du Système monétaire européen (SME), la France s’est
employée à importer la stabilité monétaire allemande en amarrant sa monnaie à la devise la plus stable
du système, le Deutsche Mark. L’objectif de change est resté peu contraignant jusqu’en 1987. Entre
1979 et cette date, le Franc français se déprécie fortement par rapport au DM à la suite de nombreux
ajustements de parités : le taux de change entre les deux monnaies passe de 2,32FF pour 1DM à 3,34
FF pour 1 DM. En effet, durant cette période, le taux d’inflation est beaucoup plus élevé en France
qu’en Allemagne. A partir de 1987, les choses changent radicalement et le FF est véritablement
amarré sur le DM : le taux de change entre les deux monnaies ne varie pratiquement plus (sa valeur au
moment de l’entrée dans l’Union monétaire européenne est quasi inchangé à 3,35 FF pour 1 DM). En
1987, l’inflation française reste supérieure de deux points de pourcentage à celle qui est enregistrée au
même moment en Allemagne. En 1992, elle est tombée à 2% un niveau correspondant à la définition
habituelle de la stabilité des prix, et elle est même inférieure à l’inflation allemande. En 1996, la
convergence des taux d’inflation français et allemand est assurée à un niveau légèrement inférieur à
2%.
Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.663
Document 2
Si la politique du franc fort illustre bien les avantages d’une politique d’objectif de change, elle en
montre aussi les deux principaux inconvénients : la politique des taux d’intérêt ne peut pas être utilisée
pour répondre aux problèmes économiques nationaux ; l’économie subit les chocs qui frappent le pays
ancre. A partir de 1987 et jusqu’en 1992, la Banque de France doit calquer sa politique de taux
d’intérêt sur celle de la Bundesbank pour maintenir le taux de change entre deux monnaies aux
alentours de 3,34 FF le DM. Jusqu’en 1989, la hausse des prix étant plus forte en France qu’en
Allemagne, les taux directeurs français sont nettement supérieurs (de 3 à 4 points) aux taux allemands,
qui restent à peu près stables. En 1990 survint le choc de la réunification allemande. En réaction aux
pressions inflationnistes qu’elle crée et à l’augmentation massive des dépenses budgétaires nécessaire
pour reconstruire l’Allemagne de l’Est, la Bundesbank augmente les taux directeurs jusqu’au début de
l’année 1993 et la Banque de France fait de même. Durant toute cette période, le différentiel de taux
d’intérêt entre les deux pays reste supérieur à leur différentiel d’inflation de sorte que les taux d’intérêt
réels à court terme et à long terme sont plus élevés en France qu’en Allemagne, ce qui pénalise la
croissance française.
Une comparaison des taux de croissance en France et au Royaume-Uni immédiatement après la crise
de change de septembre 1992 peut donner une indication du coût de ce que peut faire supporter un
ciblage du taux de change. Comme on l’a dit, les deux pays répondent à cette crise de manière
différente. La France décide de maintenir l’amarrage du franc au DM et ne peut utiliser la politique
monétaire pour répondre à la situation de son économie. Le Royaume-uni abandonne le mécanisme de
change européen et dispose désormais d’une marge de manœuvre pour ajuster sa politique monétaire à
la situation de son économie. cela lui a permis d’enregistrer entre 1993 et 1997 une croissance plus
forte.
Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.665
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Document 3
Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.667
Document 4
Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.667
Document 5
Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.667
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Document 6
Le thème de l’euro fort est un refrain bien connu dans les débats économiques français : l’expression «
euro fort » recueille 6,5 millions d’entrées sur Google, tandis que l’expression « euro faible » n’en
récolte que 145 000. Le contraste est saisissant avec le débat en Allemagne, où l’euro fort est loin de
constituer un leitmotiv : l’expression « stark euro » ne recueille que 1,4 million d’entrées (« schwach
euro » en recueillant 764 000). D’où vient cette différence de perception ? Une façon d’expliquer les
différences de sensibilité sur le taux de change de part et d’autre du Rhin a trait aux performances des
deux pays à l’exportation : la part de marché mondiale de la France a fondu de 44 % entre 1999 et
2013, tandis que celle de l’Allemagne ne diminuait que de 18 %. (…) Une autre manière de
comprendre les différences de perception entre les deux pays par rapport à la question du taux de
change a trait à la culture monétaire et la préférence plus marquée en Allemagne qu’en France pour
une inflation faible. L’euro fort y est perçu comme un rempart contre l’inflation ; et de toute façon, le
taux de change est le résultat d’une politique monétaire menée par une banque centrale indépendante
dont le mandat principal est la stabilité des prix.
Source : notes du CAE n°11 « L’euro dans la « guerre des monnaies » », janvier 2014
Document 7
Nous proposons (…) une estimation nouvelle des effets de l’euro sur les exportations françaises à
partir des données des Douanes sur la période 1995-201023. Au niveau agrégé, l’impact d’une
dépréciation de 10 % de l’euro sur la valeur des exportations est (…) de l’ordre de 7-8 % – car la
dépréciation non seulement améliore la situation des exportateurs déjà en place, mais elle fait aussi
entrer de nouvelles entreprises sur les marchés export. Ces effets sont importants : les exportations
françaises hors zone euro représentant 11 % du PIB, une dépréciation de l’euro de 10 % par rapport
aux monnaies de tous ses partenaires commerciaux hors zone euro constituerait un choc positif de
demande d’environ 0,7 point de PIB. Cela n’implique pas que le PIB augmenterait de 0,7 % puisque
nous ne prenons pas en compte ici les effets de la dépréciation sur les importations (notamment les
importations d’énergie et de matières premières, qui représentent environ 1,5 % du PIB), le pouvoir
d’achat, la consommation, l’emploi, les salaires Selon le modèle macro-économétrique Mésange, une
dépréciation de l’euro de 10 % entraînerait une augmentation du PIB français de 0,6% après un an et
de 1% après deux ans.
Source : notes du CAE n°11 « L’euro dans la « guerre des monnaies » », janvier 2014
Document 8
Nous avons estimé l’impact d’une dépréciation de l’euro sur les importations manufacturières des
entreprises françaises qui viennent de l’extérieur de la zone euro. Les importations totales de la France
hors zone euro représentent 13 % du PIB français. (…). Une dépréciation de l’euro induit une baisse
des volumes importés mais renchérit chaque unité importée – deux effets contraires sur la valeur des
importations. Les résultats suggèrent qu’une dépréciation de l’euro de 10 % augmente pour un
importateur moyen les prix des biens manufacturés importés d’environ 2 %. La demande de biens
importés diminue selon les estimations d’environ 0 à 2 %. À court terme, c’est (…) l’effet prix qui
semble l’emporter sur l’effet volume (…). Ce n’est qu’au bout de deux ans que l’effet volume
l’emporte sur l’effet valeur. Au niveau agrégé, la valeur des importations augmente d’environ 3,5 %.
Ce résultat est important car il montre qu’une dépréciation élève les coûts des entreprises françaises
importatrices. Une dépréciation de l’euro de 10 % élève la valeur des exportations (hors zone euro) de
l’ordre de 7-8 %, mais elle renchérit les importations (hors zone euro) d’environ 3,5 %, sans baisse à
court terme des volumes importés.
Source : notes du CAE n°11 « L’euro dans la « guerre des monnaies » », janvier 2014
Document 9
Les entreprises les plus productives (qui sont aussi les plus grosses exportatrices) réagissent moins que
la moyenne aux variations de taux de change. En effet, elles absorbent davantage les variations de
change dans leurs marges : elles relèvent leurs marges à l’exportation quand l’euro se déprécie et les
réduisent quand l’euro s’apprécie. De même, les entreprises exportatrices qui importent une grande
partie de leurs biens intermédiaires réagissent moins que la moyenne aux variations de change. Pour
elles, le gain de compétitivité résultant d’une dépréciation de l’euro est limité par le renchérissement
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des biens intermédiaires importés. Or, les entreprises les plus performantes à l’exportation sont aussi
celles qui importent le plus de biens intermédiaires. On peut considérer que la tendance des entreprises
à internationaliser leur processus de production par la mise en place de chaînes de production
mondialisées tend ainsi à réduire l’effet des mouvements de taux de change. Réduire la dépendance à
l’instabilité des changes est d’ailleurs l’une des motivations de la diversification des sites de
production.(…)
(En outre) une baisse de 10 % des prix en France relativement à ceux de ses partenaires a le même
effet sur les exportations qu’une dépréciation de 10 % de l’euro. Les prix relatifs ayant un impact aussi
important que celui du taux de change sur les exportations, il y a lieu de renforcer la vigilance sur les
effets des politiques publiques (charges sociales sur les salaires, taxation, coût de l’énergie) sur les
coûts et les prix français.
Source : notes du CAE n°11 « L’euro dans la « guerre des monnaies » », janvier 2014
Document 10
(…) L’euro est surévalué d’environ 20%, soit un cours cible à 1,10/1,20 vis-à-vis du dollar. On
constate que durant les périodes où l’euro s’apprécie fortement (2002 à 2008 et 2013), les exportations
de la zone croissent moins vite que le commerce mondial. Il serait donc logique que les pays de la
zone euro poussent la BCE à organiser une dépréciation de l’euro. Cependant, tous les pays de la zone
ne sont pas dans la même position. L’Allemagne profite d’un euro fort, avec des exportations très peu
sensibles à leur prix et beaucoup d’importations hors zone euro. En revanche, la France, l’Espagne et
l’Italie dont les exportations ont une élasticité-prix élevée, ont besoin d’un euro faible. C’est pourquoi,
il est difficile de faire émerger une position commune sur le taux de change en Europe. (…)
L’hétérogénéité des intérêts nationaux rend une position commune complexe à atteindre. (…) Plus
fondamentalement, il parait important de ne pas éluder les problématiques de performances
économiques en posant le débat du taux de change.
Source : Laurent Mignon, « Y a-t-il guerre des monnaies entre les grands pays ? », Les rencontres économiques
d’Aix-en-Provence 2014
Document 11
Les pays de l’OCDE qui sont normalement positionnés dans la segmentation de la chaîne de valeur
(Allemagne, Etats-Unis, Suède, Japon, Royaume-Uni) sont confrontés à la fois à des élasticités-prix
faibles des importations et des exportations en volume. Ces pays ont intérêt à l’appréciation de leur
monnaie, et souffrent d’une dépréciation: une dépréciation ne modifie pas leur commerce extérieur en
volume mais accroît le prix de leurs importations, ce qui est défavorable ;
Certains pays de l’OCDE (France, Espagne, Italie) ont, de manière anormale, un positionnement bas
de gamme. Puisque ces pays ont alors une élasticité-prix élevée de leurs exportations en volume, ils
sont gagnants en cas de dépréciation.
Source : « Les conséquences très importante de la segmentation de la chaîne de valeur », Natixis, Flash Eco, 23
septembre 2013
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