QUARANTE-CINQUIÈME SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’OEA « L’ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS : AUJOURD'HUI ET DEMAIN» DIALOGUE DES CHEFS DE DELEGATION, DU SECRETAIRE GENERAL ET DU SECRETAIRE GENERAL ADJOINT AVEC LES CHEFS DE DELEGATION DES OBSERVATEURS PERMANENTS Ambassadeur Jean-Claude Nolla Observateur permanent de la France près l’OEA Washington, D.C., 14 juin 2015 Monsieur le Président Mesdames et Messieurs les chefs de délégation Monsieur le secrétaire général Monsieur le secrétaire général adjoint Chers collègues D’abord merci aux organisateurs de cet espace de dialogue offert aux observateurs. Je ne vais pas en abuser et pour en être sûr je vais me concentrer sur un seul point alors qu’il y aurait tant à dire sur l’actualité de votre continent, sur les défis qui se présentent à votre organisation, sur le thème que vous avez choisi : « le présent et le futur de l’OEA ». Vous savez que la France souhaite une OEA robuste et tournée vers l’extérieur, mais aujourd’hui je n’aborderai qu’un sujet : nous sommes à mi-chemin d’une année 2015 placée sous le signe du développement et du climat. La conférence d’Addis-Abeba en juillet prochain sur le financement du développement, le sommet de New York en septembre sur les objectifs de développement durable et enfin la COP21 de Paris en décembre vont définir un nouveau cadre d’action international pour concilier à la fois l’aspiration de tous à la prospérité et au développement et les limites naturelles de notre planète. 1/ Disons-le clairement nous ne gagnerons pas la bataille du développement et de l’élimination de la pauvreté sans gagner la bataille contre le dérèglement climatique. C’est la raison pour laquelle, au sein de l’OEA, la problématique du changement climatique, des questions énergie-climat et du développement durable sont chaque jour significativement plus présents et doivent l’être plus encore chaque jour. Certes ces dossiers ont une histoire déjà longue pour l’OEA. Avec Lima, la COP a été accueilli cinq fois sur le continent. Mais dans la dernière période, ces thèmes sont devenus plus impératifs, sont évoqués de plus en plus souvent et de façon plus naturelle dans le cadre de l’OEA. Et je m’en réjouis. Je crois qu’il y a plusieurs explications : il y a d’abord l’excellence du travail et le dynamisme de la présidence péruvienne, il y a aussi la perception d’une accélération des dérèglements, qui se manifeste par la multiplication des catastrophes naturelles notamment dans les Caraïbes, il y a également la prise de conscience du lien plus fort entre développement et changement climatique, qui se traduit par la création du groupe des amis de la lutte contre le changement climatique, il y a enfin plusieurs initiatives, notamment américaines, dans le domaine énergie-climat qui marquent la pertinence du cadre interaméricain « pour faire face ensemble aux défis climatiques ». 1 2/ La France, avec son partenaire péruvien, a adopté une démarche qui vise à mobiliser et à porter le débat dans toutes les enceintes pour susciter une atmosphère favorable à la négociation globale. A ce titre l’OEA, dont il faut rappeler qu’elle est et a été conçue comme un organe régional des Nations Unies, est un lieu de débats. Les deux sessions spéciales du conseil permanent de l’OEA consacrées aux négociations sur le climat illustrent cette approche. La dernière en date, le 6 mars 2015, a permis les interventions coordonnées de Laurence Tubiana, ambassadeur chargé des négociations sur le climat, et de Manuel Pulgar Vidal, ministre péruvien de l’environnement, président en exercice de la COP. La France (Pascal Canfin et Nicolas Hulot) était déjà intervenue devant le Conseil de l’OEA au côté de son partenaire péruvien le 11 octobre 2013. Ainsi l’OEA est-elle un lieu de débats et même un lieu de débats singulier. Il y a, de fait, quelque chose de spécifique à l’OEA, en tant qu’elle est la seule organisation continentale, l’OEA a une responsabilité particulière s’agissant du changement climatique. Le continent, en effet, connait tous les défis et tous les acteurs que l’on retrouve au niveau mondial. Tous les défis : forêts, eaux, glaciers, océans, agriculture, sécheresse, villes, etc…Tous les acteurs : les grandes économies, les grands émergents, les BRICS, les like-minded, les petits Etats insulaires,… En outre les quatre missions fondamentales de l’OEA : démocratie, droits de l’homme, développement et sécurité, ces quatre piliers sont chacun à leur manière affecté par la mobilisation contre le dérèglement climatique. Désormais on ne peut plus parler de démocratie, sans parler climat, droits de l’homme, sans parler climat, développement, sans parler climat, sécurité, sans parler climat. C’est dire l’intérêt du débat au sein de l’OEA sur cette question d’autant que l’OEA constitue un espace de valeurs politiques partagées. C’est dire la responsabilité de l’OEA et de ses Etats membres, l’importance de ses réflexions et de ses travaux sur le climat et le développement durable. Dans les mois qui viennent l’OEA aura plusieurs occasions de revenir sur le dossier climat. En particulier à l’automne, se tiendra à Tegucigalpa la troisième réunion interaméricaine des Ministres chargés du développement durable et de l’environnement. Cette réunion ministérielle est chargée d’adopter le prochain programme interaméricain pour le développement durable (PIDS), elle pourrait aussi être une occasion pour l’OEA de définir des domaines de position commune des Amériques dans la perspective de la COP 21, elle s’inscrirait ainsi dans le droit fil de la résolution adoptée, en mai 2014, par la dernière Assemblée générale à Assomption qui invitait à œuvrer pour le succès de « la COP 20 comme étape permettant de garantir la réussite de la COP 21 à Paris ». Merci de votre attention. 2