Les militaires alliés
De nombreux chefs de nations variées ont écrit leurs «Mémoires».
«L’accord du 7 août 1940 eut pour la France libre une influence considérable … ce fut le cas en
premier lieu pour les gouvernements réfugiés en Angleterre … En particulier Sikorski et Benès, tout ombrageux
qu’ils fussent au milieu des intrigues et des susceptibilités qui compliquaient pour eux le malheur, établirent
avec moi des rapports constants et suivis.» (Charles de Gaulle) (1)
Wladislav Sikorski, 1er ministre nommé par son président de la république polonaise
installé à Paris, puis généralissime des forces polonaises le 7 novembre, n’a pu écrire ses
mémoires. Sa disparition en avion à Gibraltar en juillet 1943, dans des conditions qui restent
mystérieuses, l’en a empêché. Deux de ses généraux, Anders et Komorovski, ont fait œuvre
d’historiens qui éclairent les péripéties du conflit. Leurs rapports adressés à Sikorski ont
influencé le général de Gaulle, le colonel Passy et la France combattante.
Général Wladislav Anders «Mémoires 1939-1946» : Combattant en 1914-1918, puis en
1939 après l’invasion nazie. Fait prisonnier, gravement blessé, livré aux enquêteurs et
bourreaux du N.K.V.D. de l’U.R.S.S. , il transmet à Sikorski des messages qui révèlent la
triste situation de ses concitoyens. L’invasion allemande du 22 juin 1940, qui rompt le pacte
germano-soviétique, met fin à 20 mois d’emprisonnement.
Les interrogatoires et les réflexions échappées à des officiers lui font comprendre la
tactique de Staline : laisser les puissances occidentales s’épuiser dans une saignée sanglante
après quoi «… facilement envahir l’Europe … y instaurer le régime soviétique.»
Devant le déferlement allemand, après avoir été libéré avec des marques d’égards, il
obtient le 14 août 1941 la possibilité de lever une armée polonaise et par les entretiens entre le
général Sikorski, Staline, Molotov, l’ambassadeur de la République polonaise, le 3 décembre,
la possibilité de faire partir 40.000 soldats et leurs familles en Iran. A Téhéran, il met cette
armée à la disposition du général britannique Alexander ; il participera à tous les combats
décisifs contre Rommel, arrivé à Alexandrie près du Caire, menaçant le canal de Suez et toute
la stratégie alliée dans la Méditerranée.
Puis il participera à la guerre en Italie. Son influence, par l’intermédiaire de Sikorski
particulièrement apprécié de De Gaulle, s’exercera sur tous les chefs repliés à Londres. Il sera
constamment préoccupé par le sort qui sera réservé à la Pologne après la guerre. Son corps
repose avec ceux de ses soldats tombés au Mont Cassin en Italie.
Bor – Komorovski (Bor étant le nom de code de ce général) : son ouvrage «Histoire d’une
armée secrète», décrit ses difficultés d’existence et, dans un premier temps, l’organisation
générale de la Résistance en Pologne contre l’occupant allemand, le sort réservé à ses
concitoyens en zone soviétique.
Contrairement à l’une des caractéristiques de la Résistance Française, à peu près toute
l’armée fournit d’emblée ses cadres clandestins ; les savants, les mathématiciens, les
intellectuels qui échappent à la déportation, prennent part à la lutte avec la même
détermination. Les renseignements parviennent multiples à Londres, puis très tôt des
sabotages bien préparés sont confirmés.
Le déclenchement de l’insurrection de Varsovie, laissée à son appréciation, critiquée
par Anders, condamnée à l’échec par l’insuffisance de l’armement et par la mauvaise foi de
Staline, aura une fin tragique et sanglante. Les leçons de cet échec seront tirées par les autres
gouvernements et leurs chefs militaires, par de Gaulle, Koenig, Passy, mais l’Occupant aura
accumulé tant de souffrances et de ressentiments que leurs instructions ne seront pas toujours
suivies, l’aspiration à la libération est trop ardente pour attendre la présence des alliés.