Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Cours de terminale Chapitre 1 : Croissance, capital et progrès technique I. Les sources de la croissance A/ L’amélioration de l’efficacité productive 1. L’organisation du travail Lisez le document 5 (p. 28) et répondez aux questions 1, 2 et 3 Question 1 : L’organisation du travail au 20ème siècle est généralement conçue sur le mode des structures hiérarchiques pyramidales : Dirigeants … Cadre Ceux qui décident et mettent en place l’organisation du travail qui va permettre d’améliorer la productivité des travailleurs Agent de maîtrise Simple exécutant On peut donner l’exemple du taylorisme ou du fordisme pour illustrer ce type d’organisation du travail Question 2 : Le modèle fordiste a été généralement remis en cause, de même que toutes les organisations de forme pyramidale Pour ↗ la productivité, il faut donner plus d’initiatives et d’autonomie aux travailleurs → le travailleur de base n’est plus un simple exécutant ! Question 3 : Le changement d’organisation du travail ne supprime pas le rapport de sujétion (lien de subordination) 1 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Le travailleur de base reste un travailleur de base, mais il y a modification de la relation Les objectifs de productivité sont toujours assignés par la direction, mais le travailleur de base est plus autonome dans les moyens d’atteindre ces objectifs 2. L’intensité capitalistique Pour ↗ l’efficacité productive (souvent mesurée par la productivité du travail qui en résulte), l’entrepreneur peut modifier les quantités (relatives) de facteurs de production Combinaison productive = une certaine quantité de travail et de capital que le chef d'entreprise met en œuvre pour obtenir une production L’entrepreneur prend en compte au moins 2 éléments pour décider de la combinaison productive à retenir : - Le coût relatif du capital et du travail - L’efficacité productive de la combinaison retenue Par exemple, si le travail est relativement bon marché, l’entrepreneur a intérêt à utiliser beaucoup de travail ou à produire des produits nécessitant beaucoup de travail Lisez le document 7 (p. 29) et répondez aux questions 2 et 3 Question 2 : Entre 1983 et 1990, en France, la productivité horaire apparente du travail a augmenté en moyenne tous les ans de 2,42 % Productivité dite apparente car on ne peut pas attribuer la croissance de la productivité du travail au seul facteur travail → prise en compte nécessaire du progrès technique (et donc du capital technique utilisé) Question 3 : La croissance de la productivité horaire du travail s’explique en grande partie par la croissance de l’intensité capitalistique Entre 1983 et 1990, 62% de la croissance de la productivité horaire du travail s’explique par la croissance de l’intensité capitalistique (1,5/2,42) Cet impact a été encore + important entre 1990 et 1995 → l’intensité capitalistique explique près de 80 % de la croissance de la productivité horaire apparente du travail L’intensité capitalistique mesure le rapport entre la quantité de capital et la quantité de travail utilisés dans la combinaison productive : IC = K/L - + le rapport K/L ↗, + l’utilisation de K est importante et + l’intensité capitalistique est forte 2 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Depuis le début du 19ème siècle (révolution industrielle), l’intensité capitalistique de la production a ↗ - Le stock de capital par travailleur a considérablement ↗ (y compris dans les services) - Pour produire un bien, on utilise proportionnellement de + en + de K et de – en – de L → ↗ de la productivité du travail 3. L’innovation Lisez le document 8 (p. 29) et répondez aux questions 1, 2 et 3 Question 1 : En France, entre 1985 et 1988, la productivité horaire du travail a augmenté dans l’industrie de 7,63 % Question 2 : Sur la période 1985-1988, la contribution des industries innovantes à ce résultat est de 2,95 points, soit 38,7 % (plus du tiers) Question 3 : L’effet de l’innovation sur la productivité horaire du travail dans l’industrie est en baisse de 1985 à 1994 Sur cette période, il passe de 38,7 % à 23,9 %, soit de plus d’un tiers à moins d’un quart Mais il s’accroît ensuite de 1994 à 2003 pour atteindre, sur la période 2000-2003, 62,3 % (presque 2/3) Lisez le document 12 (p. 31) et répondez aux questions 1, 2 et 3 Question 1 : Selon Schumpeter, l’entrepreneur est l’acteur essentiel qui met en œuvre l’innovation L’entrepreneur « schumpetérien » est celui qui dynamise l’économie et seul le producteur qui innove est un entrepreneur Il faut donc distinguer produire et entreprendre → cette distinction conduit à opposer les vrais innovateurs aux copieurs Schumpeter définit 2 types d’entrepreneurs : - L’entrepreneur innovateur → prend le plus de risques en introduisant l'innovation mais fait le plus de profits - L’entrepreneur imitateur → attiré par le profit de l’entrepreneur innovateur, il va suivre la voie de l'innovation 3 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Question 2 : Le rôle de l’entrepreneur est de favoriser la croissance économique grâce à la « destruction créatrice » Lors d’une innovation, il y a : - destruction = certaines activités deviennent obsolètes → les biens produits par ces entreprises ne sont plus aussi demandés création = apparition de nouvelles activités → effet entraînant des secteurs innovants sur la croissance économique car ces nouveaux biens vont répondre aux besoins des consommateurs Question 3 (réponses des élèves) : - cassettes VHS - train à vapeur B/ La mobilisation des ressources nécessaires à la croissance 1. Le rôle de l’entrepreneur Lisez le document 10 (p. 30) et répondez aux questions 1 et 2 Question 1 : Dans les PED, ce sont l’Etat et les capitalistes étrangers qui sont à l’initiative de l’investissement et du développement Le cas de la Chine est différent : - La Chine se caractérise par une diaspora sur les pourtours de la mer de Chine qui a joué un rôle décisif dans le développement Les chinois expatriés réunis à Taïwan, Hongkong… ont réalisé un PIB estimé à 700 milliards de dollars (plus que la Chine continentale) Question 2 : - L’entrepreneur chinois a : un savoir-faire familial accumulé un sens de l’obligation très puissant un réseau international tissé de liens familiaux Cela lui permet de mobiliser facilement des capitaux et donc de répondre aux mouvements de la demande 2. Le rôle des pouvoirs publics Le groupe 1 lit le document 15 (p. 32) et répond aux questions 1 à 3 Le groupe 2 lit le document 17 (p. 33) et répond aux questions 1 à 3 4 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Document 15 (groupe 1) Question 1 : Selon Adam Smith, l’action des hommes est guidée par leur intérêt personnel, qui les conduit, sans qu’ils en aient l’intention, à servir aussi l’intérêt collectif Une « main invisible » oriente naturellement leurs activités vers ce qui est le plus utile à la société Pour Smith, l’Etat a en charge l’intérêt général et il doit respecter la liberté d’action des individus L’Etat doit se limiter à protéger les individus contre les injustices et il doit prendre en charge les activités qui ne sont pas rentables à titre privé mais qui sont utiles à la société dans son ensemble L’Etat ne doit donc pas intervenir dans le domaine économique Question 2 : - Au 19ème siècle, les domaines d’intervention de l’Etat sont : La réglementation du commerce, de la finance et du marché du travail La stimulation et le soutien de certaines activités (l’agriculture par exemple) Le développement de l’éducation afin de permettre l’égalité des chances et la croissance de la productivité Question 3 : L’idéologie libérale défend l’idée selon laquelle l’Etat ne doit pas intervenir dans le domaine économique L’Etat a tout de même un rôle important à jouer : il doit orienter l’évolution spontanée de l’économie dans un sens utile à la société Document 17 (groupe 2) Question 1 : En 2003, au Canada, la part des dépenses intérieures brutes de recherche et développement réalisée par les administrations s’élevait à 1 % et celle réalisée par les entreprises à 1 % également Question 2 : En 2003, les dépenses de R&D se montaient à environ 3,1 % du PIB au Japon contre 2,2 % environ en France 5 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Au Japon, le financement de la R&D par les entreprises s’élève à 3/4 du total contre moins de 2/3 pour la France L’intervention de l’Etat en matière de dépenses en R&D apparaît sensiblement différente dans ces deux pays Question 3 : L’intervention de l’Etat peut aider au financement de la R&D grâce à la recherche publique + permettre d’orienter la recherche grâce aux avantages fiscaux consentis à certains projets Dans le cadre d’une économie de plus en plus ouverte vers l’extérieur, la capacité à innover d’un pays permet de résister à la concurrence étrangère et permet donc d’assurer la croissance À retenir : Le rôle de l’entrepreneur et celui de l’Etat sont importants dans la croissance économique : - L’entrepreneur → choisit la combinaison productive + prend les décisions d’investissement ou celles concernant la recherche sur des produits nouveaux - L’Etat → régule les marchés + favorise le progrès technique + prend en charge les infrastructures (grâce aux investissements publics) + mène les politiques économiques II. Accumulation du capital, progrès technique et croissance A/ L’investissement 1. La notion d’investissement Lisez le document 1 (p. 50) et répondez aux questions 1 à 4 Question 1 : Les matières premières, l’énergie ou l’assurance des locaux industriels sont des consommations intermédiaires pour les entreprises puisqu’ils sont détruits ou transformés dans le processus de production Question 2 : Les biens et services consommés à titre intermédiaires sont qualifiés de capital circulant car on ne les retrouve pas tels quels à la fin du processus de production (= consommations intermédiaires) Le capital fixe, les machines et les outils ne sont pas transformés : ils sont utilisés lors de plusieurs processus de production → leur durée de vie est supérieure à un an (= investissement) 6 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Question 3 : o o o Un actif financier est un élément du patrimoine qui prend la forme : soit d’un avoir monétaire soit d’une valeur mobilière (actions ou obligations) soit encore d’un crédit consenti à autrui Question 4 : L’achat d’un actif financier n’est pas un investissement, c’est un placement MAIS placement et investissement sont liés → les achats d’actifs peuvent en effet servir à financer les investissements Capital (sens économique) / Capital technique : Ensemble des moyens durables permettant de produire des biens ou des services • Il se constitue grâce aux investissements • On y inclut les bâtiments, les machines Capital circulant : Ensemble des moyens de production détruits au cours du processus de production et dont la durée d’utilisation est inférieure à un an (ex: matières premières, biens intermédiaires, énergie…) Capital fixe : Ensemble des moyens de production matériels qui ne sont pas détruits au cours du processus de production et dont la durée de vie excède un an Capital productif : Capital issu de l’investissement des entreprises et servant à la production directe de biens et services Capital non productif : Capital issu de l’investissement des ménages (logements) et des administrations publiques (infrastructures, équipements collectifs) qui ne concourt pas directement à la production Formation brute de capital fixe (FBCF) : Indicateur de mesure de l’investissement matériel (dont la durée d’utilisation est supérieure à un an) pour une année donnée Investissement matériel : Achat de biens durables permettant d'augmenter le stock de capital de l'entreprise Accumulation (du capital) : Investissement réalisé de façon à ce que le stock de capital fixe soit plus élevé en fin de période qu’en début Placement : Achat d’un actif financier (titre : actions, obligations, OPCVM, SICAV…) 7 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Ne pas confondre ! FBCF ≠ investissement des entreprises • I = I productif entreprises + I ménages + I administrations publiques • Investissements immatériels non comptabilisés dans la FBCF Capital ≠ investissement • I = moyen ↗ K • K = résultat des I 2. Les différents types d’investissements a) Les investissements matériels L’investissement matériel correspond à des achats de biens durables (machines, locaux …) dont la durée de vie est supérieure à un an. Il y a 3 types d’investissements matériels : L’investissement de remplacement consiste, pour une entreprise, à remplacer le capital technique usé ou obsolète o Inclus dans l’investissement brut (qui inclut l’amortissement) o Investissement brut – amortissement = investissement net L’investissement de capacité est celui qui permet d’augmenter la capacité de production des entreprises (= produire plus) L’investissement de productivité est celui qui permet d’augmenter la productivité et donc de réduire les coûts b) Les investissements immatériels Les investissements immatériels sont ceux qu’effectue l’entreprise quand elle consacre des financements à la R&D, à l’acquisition de logiciels, à la publicité et à la formation La recherche et développement (R&D) concerne les dépenses effectuées en recherche fondamentale et appliquée et en développement expérimental c) Qui investit ? Lisez le document 5 (p. 53) et répondez aux questions 1, 2 et 3 Question 1 : Les sociétés financières et non financières achètent des machines Les ménages achètent un logement Les ISBLSM achètent, par exemple, du matériel de cuisine Les administrations publiques achètent, par exemple pour un hôpital, un scanner 8 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Question 2 : Milliards d’euros 2000 signifie que les données chiffrées sont en monnaie constante, donc en volume Question 3 : On ne peut pas comparer une structure par rapport au total de la FBCF à la structure par rapport au PIB !!! Pour répondre à la question il faut avoir le montant du PIB en 2005 afin de comparer les proportions → PIB français en 2005 (en € 2000) : 1547 milliards d’euros approximativement Secteurs institutionnels France (FBCF en % du PIB) UE à 25 (FBCF en % du PIB) Sociétés, ménages et ISBLSM 16,7 % 17,1 % Administrations publiques 3,2 % 2,4 % Les deux structures font apparaître que, pour la France, le taux d’investissement des sociétés est inférieur à celui de l’UE, alors que le taux d’investissement des administrations publiques est supérieur Cela est cohérent avec la part des dépenses publiques française, qui représentent une part importante du PIB : près de 54 % en 2005 contre 47 % pour l’ensemble de l’UE 3. Le financement de l’investissement Il y a 2 types de secteurs institutionnels concernés : Ceux qui ont des moyens de financement → agents à capacité de financement = les ménages (ont de l’argent à placer, notamment via leur épargne) Ceux qui demandent des financement → agents à besoin de financement = entreprises ou administrations publiques Quand on veut investir, il faut des capitaux Le système financier met en relation les agents qui ont une capacité de financement et ceux qui ont un besoin de financement Les agents peuvent utiliser deux circuits externes pour financer leurs investissements : Le financement direct (ou financement par le marché) Le financement indirect (ou financement intermédié) On parle de financement direct ou de marché quand l’agent institutionnel s’adresse au marché monétaire ou financier pour trouver les fonds qui vont lui permettre de financer ses investissements Le marché monétaire est le marché des capitaux à court terme où s’échangent des titres courts contre des liquidités 9 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Le marché financier est le marché des capitaux à long terme où s’échangent des actions ou des obligations contre des liquidités a) Le financement direct ou financement de marché Le marché primaire concerne les titres nouvellement émis par les agents qui ont besoin de liquidités alors que le marché secondaire (la bourse) est celui sur lesquels les titres sont échangés entre agents économiques b) Le financement indirect ou financement intermédié Le financement intermédié consiste à emprunter auprès du système bancaire afin de financer des investissements c) Le financement interne Le financement interne des investissements est aussi appelé autofinancement Il correspond à l’utilisation des profits non distribués (aux actionnaires) qui est mis en réserve par l’entreprise En France, il représente une part très importante du financement de l’investissement (plus de 60 %, jusqu’à plus de 90 % parfois) Ces profits qui sont réinvestis minimisent le coût de l’investissement puisqu’il n’y a pas d’intérêts à payer sur ces sommes L'épargne brute ne concerne que les entreprises → c’est la partie des bénéfices après impôts qui n'est pas distribuée aux actionnaires Cette épargne permet l’autofinancement des investissements et de l’amortissement L’autofinancement est un mode de financement interne à l’entreprise → les ressources financières obtenues au sein de l’entreprise grâce à son activité et sa rentabilité permettent ce financement Il se mesure à travers les dotations aux amortissements (renouvellement des équipements), les provisions et les bénéfices non distribués mis en réserve d) L’évolution des modes de financement des entreprises Lisez le document 9 (p. 53) et répondez aux questions 1 à 4 Question 1 : Financement externe direct = total émission d’actions + endettement sur les marchés Question 2 : L’autofinancement des entreprises a ↗ : + 246 % entre 1980 et 2000 (x 3,5) et +29,8% entre 1990 et 2000 (x 4,5 de 1980 à 2000) 10 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 On note cependant que la part de l’autofinancement dans l’ensemble ne représente plus que 36,9 % en 2000 contre 49,6 % en 1980 → la croissance de l’autofinancement a été moins importante que celle des autres moyens de financement Question 3 : Financement externe 1980 1990 2000 Emission d’actions 27,6 31,3 52,5 Endettement sur les marchés 9 14 19,7 Endettement auprès des banques 63,3 54,7 27,7 La structure s’est beaucoup modifiée → le financement externe est devenu + important mais le financement intermédié ne représente plus que 27,7 % du financement externe (part divisée par deux en 20 ans) Les 2 modes de financement qui voient leur part ↗ correspondent au financement externe direct : il représente en 2000 près des ¾ du financement externe Question 4 : Le financement externe est, de nos jours, très majoritairement un financement de marché → « désintermédiation » « Désintermédiation » = il y a de moins en moins d’intermédiaires dans le financement des entreprises 4. Les déterminants de l’investissement a) Le rôle de la demande Lisez le document 11 (p. 54) et répondez aux questions 1, 2 et 3 Question 1 : Anticiper c’est prévoir → une anticipation est donc une prévision qui est censée orienter les décisions La demande anticipée est la demande adressée aux entreprises telle qu'elle est prévue par les entrepreneurs = demande effective chez Keynes La demande effective est composée de la demande anticipée de biens (et de services) de consommation et de biens d’investissement par les entrepreneurs et détermine la production mise en œuvre Question 2 : Les anticipations des entrepreneurs sont déterminées par l’évolution du pouvoir d’achat des ménages qui est lui même déterminé par les évolutions des salaires, des prix et des prélèvements obligatoires 11 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Les anticipations sont aussi déterminées par les arbitrages entre consommation et épargne, par le degré de saturation des marchés, par les perspectives propres à l’environnement international, etc. Ces anticipations ne sont pas forcément réalistes pour être opérantes Question 3 : Si les anticipations des entrepreneurs sont pessimistes, ils vont décider de différer voire d’abandonner certains projets d’investissements Si les anticipations sont optimistes, ils concrétiseront au contraire leurs projets Si on fait l’hypothèse qu’il existe un rapport stable entre le PIB et le stock de capital qui est nécessaire à sa réalisation, alors toute prévision portant sur la croissance économique va nécessairement influer sur le PIB b) Les contraintes financières La profitabilité et la rentabilité jouent un rôle important dans la décision d’investir si la demande est nécessaire pour pousser l’entrepreneur à investir L’entrepreneur ne prendra la décision d’investir que s’il prévoit de réaliser des profits et si ces profits sont supérieurs à ce que lui rapporterait son argent en le plaçant sur le marché financier ou monétaire Qu’est ce que la profitabilité ? La profitabilité des entreprises dépend de la rentabilité économique et de la rentabilité financière La rentabilité économique se mesure par le rapport entre les profits réalisés et les capitaux engagés dans la production → elle correspond en quelque sorte au taux de profit Les profits se mesurent par l’excédent brut d’exploitation (EBE) L’EBE correspond à la partie de la valeur ajoutée destinée aux détenteurs du capital d’une entreprise → EBE = VA – salaires – impôts EBE = profits et EBE/VA = taux de marge (part des profits dans la VA ou taux de profit) Qu’est ce que la rentabilité financière ? La rentabilité financière renvoie au taux d’intérêt → quand le taux d'intérêt réel est élevé (prix à payer pour emprunter élevé), cela renchérit le coût de financement de l’investissement et diminue donc les profits que peut espérer l’entreprise Un taux d’intérêt élevé a donc tendance à décourager les investissements Profitabilité = taux de profit anticipé – taux d’intérêt réel Rappel : taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal – taux d’inflation (avec taux d’intérêt nominal constaté sur le marché) c) Les coûts de production Lisez le document 19 (p. 58) et répondez aux questions 1 à 4 12 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Question 1 : On parle de coût relatif du travail par rapport au capital ou du coût relatif du capital par rapport au travail Le coût relatif du travail par rapport au capital est le rapport entre le coût unitaire du travail et coût unitaire du capital : o Coût relatif travail/capital o Coût unitaire de travail/coût unitaire de capital Question 2 : Les coûts d’usages des facteurs de production correspondent au total des dépenses que les entreprises doivent mettre en œuvre pour une unité de ces facteurs Par exemple, le coût d’usage du travail correspond à sa rémunération, c’est-à-dire au coût du travail : salaire + cotisations salariales et patronales Question 3 : Il peut y avoir ↗ du coût relatif du travail alors même que le coût du travail stagne → pour ce faire, il suffit que le coût du capital ↘ Question 4 : Selon Denise Flouzat, la ↗ du coût relatif du travail devrait amener les entreprises à économiser le facteur travail dans la mesure où il devient relativement plus cher Les entreprises sont amenées à utiliser + intensément le facteur capital qui est relativement – cher Ainsi, la ↗ du coût relatif du travail devrait amener à la fois + d’investissements et, surtout, + d’investissements de productivité que par le passé Lisez le document 23 (p. 59) et répondez aux questions 1 à 4 Question 1 : Les revenus sociaux sont ceux versés par les administrations publiques (pensions de retraite, prestation maladie et accident du travail, allocations familiales…) L’objectif de ces revenus est de remédier au fait que certains individus, pour des raisons de chômage, de vieillesse … se retrouvent dans l’incapacité temporaire ou définitive de subvenir à leurs besoins Le versement de ces revenus n’est possible que par la collecte des impôts, et des cotisations sociales obligatoires, par conséquent le coût du travail s’en trouvera affecté Question 2 : À l’échelle macroéconomique, la ↘ des coûts salariaux fait ↘ les salaires directs ou indirects (revenus sociaux) et donc entraîne une ↘ des débouchés internes de l’appareil productif 13 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Par conséquent, la demande effective intérieure va ↘ et va avoir des effets négatifs sur la FBCF et, au total, sur le PIB et l’emploi (sauf si l’entreprise est en mesure d’exporter +) Question 3 : Ce qui est rationnel au niveau microéconomique ne l’est pas forcément au niveau macroéconomique → faire ↘ le coût du travail (ou économiser le travail car il est + cher que le capital) est néfaste au niveau macroéconomique Question 4 : Si la substitution du capital au travail entraîne des effets néfastes au niveau macroéconomique, alors le raisonnement de Denise Flouzat n’est pas valide B/ L’investissement, le progrès technique et la croissance 1. Investissement et croissance a) Les effets sur l’offre Lisez le document 25 (p. 60) et retrouvez les effets de l’investissement sur l’offre L’investissement accroît l’offre en augmentant les capacités de production L’investissement de capacité correspond à une volonté de produire plus, d’augmenter la taille des entreprises → il est donc fortement facteur de croissance L’investissement de rationalisation privilégie la compétitivité de l’entreprise → produire à moindre coût + améliorer la productivité L’entreprise peut augmenter ses parts de marché grâce à une meilleure compétitivité et, à terme, augmenter sa production destinée au marché intérieur ou extérieur L’investissement de remplacement permet de renouveler le capital fixe et peut permettre de garantir l’efficacité de l’appareil productif Si l’entreprise ne renouvelle pas ses équipements, elle risque d’être dépassée technologiquement → elle risque de perdre ses parts de marché en produisant des biens trop chers ou dépassés b) Les effets sur la demande Relisez le document 25 (p. 60) et touvez les effets de l’investissement sur la demande L’investissement donne lieu à une distribution de revenus : les dépenses des uns correspondent aux revenus des autres Quand entreprise investit, elle acquiert des équipements productifs → cette acquisition va donner lieu à un paiement qui sera le revenu de l’entreprise qui a produit cet équipement 14 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Un investissement initial peut donc provoquer, par une succession de flux de revenus et de dépenses, la croissance économique → mécanisme de multiplicateur d’investissement keynésien Lisez le document 29 (p. 63) et répondez aux questions 1 et 2 Question 1 : Les dépenses auxquelles se réfère le texte ne sont pas des investissements → il s’agit d’une ↗ des revenus sociaux Les effets sont toutefois les mêmes → il va y avoir ↗ des valeurs ajoutées, donc des distributions de revenus, donc des intentions de consommation finale, donc de nouvelles ↗ de valeurs ajoutées … Question 2 : L’inflation est + grande en France qu’en Allemagne → les produits français sont donc moins compétitifs que les produits allemands (car ils sont relativement plus chers) Par conséquent, ↗ des revenus ne va pas profiter aux produits français mais aux produits allemands moins chers, ce qui va aggraver le déficit commercial et ne pas engendrer de croissance économique c) Economies d’échelle et externalités positives Lisez le document 26 (p. 61) et expliquez comment les investissements engendrent des économies d’échelle et des externalités positives Les économies d’échelle consistent à réduire les coûts unitaires de production en augmentant le volume de production Selon Pigou (1932), externalité = « un effet de l’action d’un agent économique sur un autre qui s’exerce en dehors du marché » o Externalité négative quand une activité induit des coûts pour un autre agent qui n’est pas impliqué directement o Externalité positive quand une activité induit des bénéfices pour un autre agent qui n’est pas impliqué directement Les investissements engendrent des économies d’échelle : Quand une entreprise effectue des investissements de capacité, elle va augmenter sa production et voir le coût unitaire diminuer Par conséquent, on dit qu’elle réalise des économies d’échelle car cette action engendre une plus grande compétitivité et donc une plus grande croissance Les investissements engendrent des externalités positives : L’investissement d’une entreprise peut avoir des conséquences positives pour les autres secteurs économiques sans qu’il y ait eu signature, accord ou échange marchand entre les deux 15 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Par exemple : l’investissement de capacité d’une entreprise va entraîner une ↗ de l’emploi dans une région et ainsi induire une ↗ des activités de tous les autres secteurs économiques de la région 2. Progrès technique et croissance Le progrès technique est l’ensemble des éléments qui permettent d’améliorer les méthodes de production et d’accroître la productivité C’est tout ce qui accroît la production sans que varie la quantité de facteurs de production utilisée a) Le rôle des innovations Lisez le document 30 (p. 64) et définissez les deux notions d’innovation et d’invention + indiquez les formes d’innovation selon Schumpeter Invention = résultat, le plus souvent, d’une recherche appliquée et, plus en amont encore, de la recherche fondamentale L’invention est donc le résultat d’une découverte scientifique ; elle est le fait de l’inventeur Innovation = application réussie par l’entrepreneur d’une invention dans le domaine économique et commercial On peut distinguer deux grands types d’innovations : o Les innovations majeures o Les innovations mineures (ou incrémentales) Les formes d’innovations de Schumpeter : o L’innovation de produit = fabrication d’un produit nouveau (voiture, téléphone, l’IPod,…) o L’innovation de procédé = introduction d’une nouvelle méthode de production (centrale nucléaire, carte à puce, chaîne de montage, vente par Internet…) o L’innovation organisationnelle = nouvelles formes d’organisation du travail (taylorisme, fordisme, toyotisme, flux tendus) o La mise à jour d’un nouveau marché = ouverture d’un nouveau débouché (marché des couches pour adultes, marché des biscuits pré-emballés…) o La conquête d’une nouvelle source de matières premières (pétrole, nucléaire,…) Pour Schumpeter, à l’origine du progrès technique on retrouve l’entrepreneur qui va prendre le risque d’innover et, si l’innovation est un succès, il va réaliser des profits très au-dessus de ceux réalisés dans les autres entreprises L’innovation va donner à l’innovateur ce qu’on appelle une situation de monopole sur le marché parce qu’il est le seul à fabriquer ce nouveau produit ou il est le seul à produire de manière aussi productive Ce monopole n’est que temporaire car les autres entreprises vont vouloir imiter l’entreprise innovante, ce qui permettra la diffusion de l'innovation et sa banalisation Le mécanisme de la destruction créatrice mis en évidence par Schumpeter décrit la manière dont le progrès technique bouleverse l’économie 16 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Dans les entreprises innovatrices, les profits sont importants et il y a une rente de monopole Cette rente ou ce surprofit va attirer les autres entrepreneurs et la concurrence, qui n’existait pas auparavant, va alors faire diminuer les profits Par conséquent un certain nombre de nouveaux producteurs ne pourront pas survivre à cette baisse des prix et des profits et ils seront condamnés à disparaître Le progrès technique transforme donc les structures de la production et il y a sans cesse un mouvement de secteurs en déclin et de secteurs en essor : il y a donc des secteurs en destruction et d’autres en création Les deux mouvements sont indissociables et les transformations structurelles qui en résultent ne sont pas qu’économiques, elles sont aussi sociales Schumpeter a montré que les innovations ne viennent pas de manière régulière, mais de manière cyclique : o Une innovation majeure va donner lieu à des innovations mineures, à une vague d’innovations = « grappe d’innovations » o Les innovations se diffusent et leurs effets finissent par s’épuiser jusqu’à l’innovation majeure suivante Schumpeter explique ainsi la croissance économique de manière cyclique : o Les grandes phases d’innovation vont entraîner une croissance économique avec ↗ de l’investissement, de la production, des prix et des salaires o Puis on a une phase de dépression caractérisée par l’épuisement des innovations, la faillite d’entreprises, le chômage et la ↘ de la croissance économique Peut-on dire que l’analyse de Schumpeter est encore valable aujourd’hui ? Pour répondre à cette question, lisez le document 33 (p. 65) et le document 9 (p. 29) Document 33 (p. 65) : Nouvelle économie fondée sur les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) qui apparaît aux Etats-Unis dans les années 1990 et va être perçue comme une nouvelle révolution industrielle avec l’apparition de nouveaux marchés et la promesse de gains de productivité élevés En réalité, les promesses de cette nouvelle économie sont modestes et réalistes → il ne s’agit pas vraiment d’une nouvelle révolution industrielle car : o La nouvelle économie va permettre de réduire les coûts des transactions entre les entreprises, entre les entreprises et les ménages et elle va stimuler l’activité économique générale o MAIS la baisse du NASDAQ entre 2000 et 2002 montre bien que les entreprises de cette nouvelle économie n’étaient pas capables de tenir leurs promesses de rentabilité Document 9 (p. 29) : L’économiste Solow permet de confirmer les conclusions du document précédant sur les effets de la nouvelle économie 17 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Il a en effet affirmé que « on voit des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité » Il a montré que l’usage des NTIC n’a pas eu l’effet escompté sur la productivité → si, dans un premier temps, les gains de productivité sont importants, à la longue ils ne connaissent pas la croissance attendue Un ordinateur n’améliore pas la productivité par sa seule présence Pour que les salariés soient plus productifs, l’ordinateur ne suffit pas → il faut aussi : 1/ des connaissances obtenues grâce à une formation ; 2/ des logiciels adaptés aux besoins ; 3/ repenser l’organisation de l’entreprise et du travail Cela suppose donc que l’entreprise fasse de l’investissement immatériel et, pour ce faire, elle doit être suffisamment riche b) Innovations, gains de productivité et externalités positives Lisez le document 35 (p. 66) et répondez à la question suivante : Par quel enchaînement le progrès technique permet-il d’obtenir des gains de productivité ? Progrès technique → innovations de procédés et organisationnelles La mise en place de nouveaux procédés de production ou de nouvelles organisations de travail va effectivement permettre de produire plus en moins de temps et donc d’accroître la productivité d’une entreprise Le progrès technique permet de réaliser des gains de productivité Les innovations propres à une entreprise peuvent entraîner des effets positifs sur d’autres entreprises en stimulant leurs activités, en créant des emplois mais aussi en augmentant le stock de connaissances dont les autres entreprises n’auront pas eu à supporter les coûts de leur élaboration Le progrès technique peut donc aussi engendrer des externalités positives Les innovations de produits vont stimuler la demande par la mise sur le marché de nouveaux biens → l’effet sur la croissance est donc direct Les gains de productivité réalisés grâce aux innovations organisationnelles et de procédés peuvent également provoquer plusieurs effets (↘ coûts de production, ↗ des salaires et/ou des profits,…) Le progrès technique est ainsi facteur de croissance par le biais des innovations organisationnelles et de procédé, mais aussi par le biais des innovations de produits c) Progrès technique et changement social Les mutations sectorielles en matière de population active s’expliquent par le progrès technique Les secteurs qui ont réalisé de forts gains de productivité grâce au progrès technique vont perdre des emplois en faveur des autres secteurs où les gains de productivité sont moins importants Cela a été le cas quand la population active s’est déversée de l’agriculture vers l’industrie puis de l’industrie vers le tertiaire C’est ce qu’Alfred Sauvy a appelé « le déversement de la population active » 18 Julien Reysz Sciences économiques et sociales Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers 2011-2012 Le progrès technique dans un secteur permet ↗ la consommation et donc la production de nombreux produits → chaque progrès bénéficie donc à au moins un individu qui voit son pouvoir d’achat ↗ + l’utilisation de ce(s) revenu(s) supplémentaire(s) crée des emplois ailleurs Ce déversement de la population active vers le secteur industriel a eu des conséquences sur les paysages ruraux et urbains La croissance économique a favorisé l’urbanisation Le développement industriel issu de la première révolution industrielle a ↗ la production des biens industriels et de la main d’œuvre industrielle → cette ↗ de la main d’œuvre s’est faite au détriment des populations agricoles Elle s’est traduite par un exode rural qui a engendré l’urbanisation (= la population habite de + en + dans les villes) La journée de travail est longue au 19ème siècle → les ouvriers ne pouvaient pas vivre très loin de leur lieu de travail et l’habitat groupé, urbain, s’est développé très rapidement dans les zones qui s’industrialisent 19