La France depuis 1945
CHAPITRE I :
Evolution politique
Au plan de De Gaulle, la France a un statut de vainqueur mais celui de vaincu au niveau du Régime de Vichy qui
s’effondre avec la libération progressive du territoire. Charles De Gaulle est Président de la nouvelle autorité légitime le
GPRG, depuis le 02/06/1944, il réinstaure la IIIème République. Selon lui, c’est la continuité républicaine depuis Londres
où Vichy est une parenthèse.
Politique intérieure : hésitation institutionnelle, modernisation sociale, Trente Glorieuses.
Politique extérieure : construction européenne, décolonisation, appartenance plus ou moins
acceptée au bloc occidental lors de la Guerre Froide.
Problématique Comment la France se reconstruit-elle politiquement après l’épreuve de la SGM et Vichy ?
Quelles sont les difficultés politiques rencontrées par la France et comment elle les surmonte ?
Pourquoi y a-t-il un changement de régime en 1958 ?
En quoi la seconde moitié du XXème siècle en France est marquée par la personnalité de De Gaulle ?
I] La Vème République
1) 1945-1947 : reconstruction politique difficile
a) Une volonté de rupture
Les français veulent changer le cadre politique après Vichy : phase d’épuration
Spontanée, violente, anarchique
Officielle à partir d’automne 1944 par des tribunaux
Les collaborationnistes, les exécutants, les figures politiques avec Pétain condamné à mort puis
gracié et avec Laval condamné puis exécuté, les intellectuels (Drieu La Rochelle, Brasillach)
10/1945 : volonté d’un nouveau régime par voie de référendum
PCF, SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) et MRP (Mouvement par la
République Populaire) ont une conception parlementaire du régime vers le pouvoir législatif.
De Gaulle n’a aucun parti, veut un régime plus incarné vers un pouvoir exécutif fort, cette
opinion est mal vue puisque le régime de Vichy fut tourné vers Pétain.
b) Difficile naissance du nouveau régime
Les femmes votent.
Grandes divergences sur la création d’une nouvelle constitution.
10/1945 : Assemblée constituante afin de mettre en place ce nouveau régime avec le PCF comme premier
parti suivi de la SFIO et du MRP.
Proposition d’une constitution basée sur le parlementarisme
PCF et SFIO sont pour le monocamérisme (Ière et IIème République)
MRP est plus traditionnel et veut un bicamérisme (IIème République)
01/1946, De Gaulle démissionne de son rôle de président du GPRF
Le socialiste Félix Gouin remplace De Gaulle
05/1946 : Référendum sur l’accord de la constitution
Refus du monocamérisme
Assemblée constituante dissoute et nouvelles élections avec en-tête la SFIO puis MRP, PCF
16/06/1946 : discours de Bayeux de De Gaulle qui donne son désaccord sur un régime
parlementarisme où il y a le champ libre aux partis, « régime des partis »
10/1946 : Référendum qui adhère à la Constitution avec un tiers d’abstentionnistes
Judiciaire : indépendant mais relié aux autres pouvoirs
Exécutif : le Président de la République désigne le Président du Conseil
Législatif : bicamérisme avec le Conseil de la République (futur Sénat) et l’Assemblée
Nationale qui votent le Président de la République
Forte instabilité où 23 gouvernements se succèdent car le Président du Conseil démissionne à cause du
manque de confiance par l’Assemblée Nationale. Deux Présidents de la République se suppléent avec
Vincent Auriol (1947-1953) et René Coty (1953-1958).
c) Forces politiques en présence : difficile installation du gouvernement
1946-1947 : Tripartisme avec la SFIO et MRP pour l’Occident, le PCF pour Moscou
Le Président du Conseil, Paul Ramadier exclut le PCF du gouvernement en 05/1947, le PCF se retrouve
dans l’opposition.
06/1947 : Plan Marshall
Fin du tripartisme : y aura-t-il un gouvernement accepté
2) Installation de la IVème République : vie politique, acteur, problème (1947-1954)
a) 1947-1951 : Troisième Force
Troisième Force avec le MRP, la SFIO et les centristes radicaux : respect du parlementarisme, défense des
institutions, anti-communiste, politique d’adhésion au bloc occidental, maintien de l’empire colonial
Membre de l’OTAN en 1949
Union Française : empire colonial
CECA en 1951
Capitaux américains
Camp de l’opposition ayant une grande influence
PCF : climat d’agitation, soutien des grandes grèves
RPF (Rassemblement du Peuple Français) : révision de la Constitution à travers De Gaulle
Peur de la majorité d’être renversée d’où la mise en place du système des apparentements, c’est une
association des partis avant le scrutin, s’il y a majorité, ils récupèrent tous les sièges.
SFIO : 15% des voix et 106 députés
PCF : 26% des voix et 101 députés
Discréditation sous la IVème République, celle-ci ne réduit pas l’instabilité gouvernementale
SFIO et MRP sont en désaccord sur la politique intérieure.
Les socialistes sont interventionnistes et la droite, libérale.
9 gouvernements entre 01/1947 et 07/1951, la Troisième Force explose à cause de la question des
subventions aux enfants fréquentant les écoles privées (MRP pour l’église catholique, SFIO pour la division
entre l’Eglise et l’Etat).
b) 1951-1954 : gouvernement de centre-droit
Nouvelle coalition : MRP, radicaux, gaulliste
De Gaulle dissous son parti, le RPF, en 1953.
Antoine Pinay est Président du Conseil de 03/1952 à 12/1952.
Politique d’assainissement de la situation économique et monétaire
Baisse des dépenses publiques pour renforcer le franc
Construction européenne avec la CECA, la CED (Communauté Européenne de Défense) de
1950 à 1954 posant le problème d’une Allemagne réarmée et de la souveraineté de la France.
Guerre d’Indochine avec Dien bien phû en 05/1954, tensions au Maroc et en Tunisie.
c) 1954-1958 : échec de la « réforme » de la IVème République
06/1954 à 02/1955 : le radical Pierre Mendès France est Président du Conseil et impose un style personnel,
prend distance avec les partis.
Renforcement le pouvoir exécutif pour une rénovation pratique du pouvoir
S’appuie du peuple, proche des français, s’exprime à la radio
17/07/1954 : accords de Genève mettant fin à la guerre d’Indochine
31/07/1954 : déclaration de Carthage, l’autonomie vers l’indépendance de la Tunisie
Abandon du projet CED
Accords de Londres qui reconnaissent la souveraineté de l’Allemagne
Insurrection de la toussaint 1954 où PMF est renversé car il préconise une politique de réforme
pour maintenir l’idée d’une Algérie Française.
02/1955 à 05/1958 : instabilité gouvernementale qui mine la vie politique, enlisement dans le conflit
algérien où le service militaire est allongé et l’appel des réservistes engagé.
Poujade, poujadisme, crée, à cause de l’arrivée des grandes surfaces, l’UDCA (Union de
Défense des Commerçants et Artisans) qui est anti-parlementaire, xénophobe, antisémite, veut
maintenir l’empire colonial.
1955 : Front Républicain avec Guy Mollet (SFIO) soutenu par le PCF, MRP, les radicaux et
PMF la Tunisie et le Maroc deviennent indépendants, est fondée la CEE avec le Traité de
Rome, la loi cadre Defferre aménage une certaine autonomie à l’Afrique Noire, entre autres
acquis sociaux.
Guerre d’Algérie : autorité politique contestée, la France s’enlise dans le conflit
Aucune solution Guy Mollet quitte le pouvoir
05/1957 : Pierre Pflimlin fait des ouvertures avec le FLN
13/05/1958 : émeute à Alger, insurrection militaire et des colons réclamant De Gaulle
René Coty fait pression pour que De Gaulle soit Président du Conseil, le 01/06/1958
De Gaulle obtient les pleins pouvoirs pendant 6 mois pour la révision de la Constitution
Annonce de la fin de la IVème République
II] La Vème République
1) La République de De Gaulle
a) Constitution sur mesure
04/09/1958 : proclamation de la Constitution aux français
Référendum en 09/1958
De Gaulle crée l’UNR (Union pour la Nouvelle République), premier parti de l’Assemblée.
La Vème République s’enracine solidement autour de De Gaulle.
De Gaulle est Président de la République en 12/1958 avec plus de 80 000 notables, Michel
Debré est Premier Ministre.
Constitution : texte pour le cadre théorique, pratique du pouvoir
Organisation et répartition des pouvoirs
Le gouvernement Debré exécute la politique du Président De Gaulle.
De Gaulle incarne le pouvoir personnalisé, confiance populaire grâce aux résultats d’Alger.
09/1962 : Référendum pour l’élection du Président de la République au suffrage universel direct
Refus de l’Assemblée Nationale, peur que l’exécutif soit supérieur au législatif
Motion de censure de l’Assemblée Nationale pour renverser le gouvernement Pompidou
Dissolution de l’Assemblée Nationale
10/1962, référendum du peuple dictant « pour », victoire de De Gaulle
11/1962, élections législatives en faveur de De Gaulle
La Vème République est fixée, assurée par la légitimité des français donnant une confiance totale à De Gaulle.
b) Politique de De Gaulle
Acquérir l’arme nucléaire : bombe A en 1961, bombe H en 1968.
La France quitte le commandement militaire de l’OTAN en 1966, les bases militaires américaines doivent
quitter le sol français.
Discours de Phnom Penh en 1966 par De Gaulle, contre la politique américaine sur la Guerre du VietNam.
Construction européenne tout en gardant la souveraineté nationale
Conte l’idée d’un Europe supranationale
Collaboration avec l’Allemagne, Adenauer
Méfiance vers les britanniques : la France s’oppose à son intégration dans la CEE en 1967
Modèle économique : nouvelle technologie, haute technologie, prestige
Restaurer le rang international de la France
c) Fin de la République gaullienne
Lassitude de cette figure omniprésente.
Présidentielle 1965 au suffrage universel avec 85% de votants parmi les inscrits
De Gaulle en ballottage face à Mitterrand
Réélection et confirmation sur Pompidou qui reste Premier Ministre
Législatives 1967, nette avancée de la gauche
Mai 68 : crise estudiantine, crise sociale (50% de grévistes) due à la répression policière.
Accords de Grenelle, le 27/05/1968 entre gouvernement et syndicats, situation de blocage.
De Gaulle disparaît deux jours à Baden Baden où il rencontre Massu.
30/05/1968 : dissolution de l’Assemblée Nationale, menace de l’article 16 (pleins pouvoirs),
manifestation de soutien à De Gaulle
Législatives 1968
Victoire des gaullistes : sécurité, conservatisme
UNR devient UDR (Union des Démocrates Républicains)
Maurice Couve de Murville est Premier Ministre
27/04/1969 : Référendum sur le Sénat et la décentralisation
Le Non l’emporte par la gauche et le centre (Valéry Giscard D’Estaing)
De Gaulle démissionne le 28/04/1969, posant la question de la pérennité du régime
2) Vème République, post-gaullienne
a) Continuité gaulliste, Pompidou
Jacques Chaban-Delmas est Premier Ministre en 1969
PS : Congrès d’Epernay en 1971 avec Mitterrand
1972 : Programme commun entre PS, PCF et radicaux
Pierre Messmer est Premier Ministre en 1972
1973 : Législative avec la victoire de l’UDR
02/04/1974 : mort de Georges Pompidou
b) Première rupture : Valéry Giscard D’Estaing, Président non gaulliste
Jacques Chirac et Premier Ministre en 1974
VGE est centriste et non gaulliste
VGE et Chirac sont en désaccord
Chirac fonde le RPR (Rassemblement Pour la République) en 1976
Raymond Barre est Premier Ministre en 1976
1978 : Législative qui voit la victoire du centre-droit grâce à la division de la gauche
Division de la gauche entre PS et PCF
Division du PS entre Rocard et Mitterrand
c) Deuxième rupture : Président socialiste avec François Mitterrand
Présidentielle 1981 : Mitterrand, Laguiller, Rocard, Marchais, Chirac, VGE
10/05/1981 : Mitterrand est le premier Président socialiste de la Vème République.
Dissolution de l’Assemblée Nationale : victoire des socialistes, « état de grâce ».
Pierre Mauroy est Premier Ministre : semaine des 35 heures, 5 semaines de congés pays,
retraite à 60 ans, abolition de la peine de mort, nationalisation d’entreprises, impôts sur la grande
fortune, décentralisation, mais crise et difficultés économiques et sociales.
Laurent Fabius est Premier Ministre en 1984 : politique de rigueur du budget de l’Etat.
Les législatives de 1986 voient la victoire du RPR où une cohabitation naît avec Jacques Chirac
comme Premier Ministre, le pouvoir du Président est limité.
Présidentielle 1988 : Mitterrand, Laguiller, Lajoinie, Barre, Chirac, Le Pen
Réélection de Mitterrand.
Dissolution de l’Assemblée Nationale : victoire de la gauche.
Michel Rocard est Premier Ministre.
1991 : Edith Cresson est Premier Ministre.
1992 : Pierre Bérégovoy est Premier Ministre.
Législative 1993 : la droite gagne, 2ème cohabitation avec Edouard Balladur, Premier Ministre.
Présidentielle 1995 : Chirac est élu
Alain Juppé est Premier Ministre
Dissolution de l’Assemblée Nationale en 1997 : victoire de la gauche.
3ème cohabitation : le Premier Ministre est Lionel Jospin.
Montée des extrêmes, discrédit politique, abstentionnisme, pouvoir médiatique
d) Evolution institutionnelle
Décentralisation de 1982 : application de la démocratisation à l’échelon local (départemental et régional).
Alternance droite gauche : bipolarisation politique entre pouvoir et opposition, cohabitation.
Europe : Traité de Maastricht en 1992, supranationalité
III] La Guerre d’Algérie
1) Situation initiale et entrée dans la guerre
a) Spécificité du statut de l’Algérie dans l’empire colonial
Partie intégrante du territoire français avec trois départements dont Alger, Oran et Constantine avec un
gouverneur général chacun sous les ordres directs du ministre de l’intérieur.
1947 : Assemblée Algérienne mise en place
Théorie : représentation des populations d’Algérie
Réalité : représentation des colons européens
b) Inégalités très fortes entre européens et musulmans
Inégalités économiques et sociales
Population musulmane avec un taux de scolarisation bas
Aucun travail à responsabilité
Déficit en terme de formation et d’éducation
Développement économique exclusif à la France
c) Activisme des mouvements nationalistes
Oulémas est un opposant religieux cristallisé sur l’appartenance religieuse, et revendique l’indépendance.
Ferrat Abbas est réformiste, veut une autonomie avec un partenariat avec la France.
Activisme révolutionnaire prônant l’action violente pour l’indépendance, organisation secrète de Ben Bella.
Insurrection de la toussaint 1954 : proclamation du FLN et ALN, dizaine d’attentats simultanés sur des
bâtiments qui représentent la puissance française.
2) Radicalisation et guerre de décolonisation
a) Entêtement de la France d’une Algérie Française
François Mitterrand, ministre de l’intérieur, est pour une Algérie Française mais prend conscience des
difficultés et du malaise en Algérie.
Nouveaux gouverneurs généraux sous tutelle pour rôle de pacifier la situation et engager des réformes
1947 : Assemblée Algérienne pour une vraie application
Revendication de développement scolarisé pour les pays musulmans
b) Détermination des colons
Les colons sont opposés sur le fait d’augmenter le pouvoir aux musulmans et exercent de fortes pressions pour
rétablir l’ordre via des organisations secrètes, des milices.
c) Engagement réel dans un conflit dur
Massacre de constantinois en 08/1955 : action du FLN qui s’en prend à la population et aux biens des
colons, plus de 100 morts, ce qui prévaut à une « chasse à l’arabe » qui fait plus 1 000 morts.
« Bataille d’Alger » : l’armée, sous le général Massu, décide de démanteler les réseaux FLN
Terreur à Alger, problème des tortures
Réseau FLN démantelé entre guérilla et attentat
Guy Mollet ne parvient pas à stabiliser la situation, le gouvernement est contesté puis renversé.
Appel de Pflimlin, participation de Massu aux émeutes en Alger du 13/05/1958
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