ROUSSEAU, Profession de foi du vicaire savoyard
conscience et pas seulement celle du Vicaire ou de Rousseau. Sorte de sacralité du discours
révélant des pps intimes.
La question du Mal dans l’œuvre de Rousseau
Une problématique traverse les textes de Rousseau depuis le Discours sur les
fondements et l’origine de l’inégalité parmi les hommes à l’Emile et au Contrat social : l’homme est
né libre et innocent et partout dans le monde, l’histoire nous montre un homme égoïste, loin de
toute pitié et esclave de besoins inutiles. D’où vient ce mal et peut-on y remédier ?
Dans l’Emile, Rousseau cherche une solution pédagogique sur le plan individuel alors que
dans le Contrat, la recherche se fait sur le plan collectif, social et est politique.
Thèmes de la Profession de foi
1. La démarche du vicaire
Le discours s’ouvre de façon inattendue car le vicaire par au nom du « bon sens », de la
raison
et non d’un point de vue de « spécialiste » (théologie ou philosophie). Cela permet de
placer le récit sur un terrain universel : tout homme peut accéder à la cohérence du discours
par ses propres moyens. Mais, si le cheminement est rationnel, l’adhésion elle-même suppose
« le cœur » et se fonde sur un sentiment (différence/Descartes).
Par ailleurs, c’est un homme « simple », rappelant ses modestes origines pauvres et
paysannes (p.51) qui connait une crise existentielle lorsqu’il comprend qu’il ne pourra pas
respecter les exigences de son métier de prêtre (célibat et chasteté). La biographie du
vicaire fait état de l’expérience du mal, celui qu’il subi au travers des reproches hypocrites
qu’il doit endurer après son aveu de relations charnelles avec des femmes vierges. Ce choix
était moins immoral selon lui car il permettait de ne pas corrompre le serment du mariage
(refus de l’adultère avec des femmes mariées).
De cette expérience naît le doute. L’esprit du vicaire, tourmenté, doit trouver la vérité
par lui-même. La référence à Descartes qui avait fait du doute systématique la méthode pour
chercher le vrai, est cette fois explicite. Néanmoins, il ne résulte pas d’un choix délibéré
pour le vicaire qui témoigne de la précarité de cette situation fort inconfortable. Ce dernier
est en proie au désarroi alors que Descartes avait posé le doute artificiellement en vue de
fonder les sciences. En outre, l’incertitude permanente à la façon des sceptiques ne peut
conduire qu’au malheur (métaphore de la navigation, de la tempête). Une preuve : l’homme
préfère se tromper plutôt que ne rien croire.
Le vicaire débute alors l’examen de 2 voies possibles pour trouver ce qu’il cherche (« la
cause de mon être et la règle de mes devoirs », p.) :
- la philosophie qui va être violemment critiquée : les philosophes sont prétentieux dans
leur capacité à connaître alors que notre capacité à connaître est limitée (faiblesse des
arguments purement polémiques) et les débats sont animés par la volonté de toujours
avoir raison, d’être admiré (p.55).
- la religion (dont le dogmatisme intolérant va être dénoncé). La soumission aveugle des
fidèles aux dogmes suppose une crédulité gênante.
Il va alors proposer une 3ème voie, celle de la méditation impliquant l’usage de « notre lumière
intérieure ». Celle-ci va se présenter à nous comme un guide infaillible touchant les vérités
pratiques. C’est elle qui va nous aider lorsque la raison sera incapable de trancher une
Passage qui fait référence au début du Discours de la Méthode, livre I, 1 de Descartes : « le
bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». Déf° : faculté de distinguer le vrai du faux
(sur le plan théorique, des sciences, recherche du vrai) et le bien du mal (plan pratique, des
mœurs).