peut pas trouver un seul point de vue exclusif pour coiffer l'ensemble des articles et
déterminer leur succession logique. Ainsi, les éditeurs – en optant pour la solution peut-
être la moins heureuse – ont décidé de suivre l’ordre chronologique de la conférence,
respecter fidèlement le déroulement des sections du matin et d’après-midi (qui
quelquefois sont déterminées par les agenda des participants et les horaires de voyage...)
Bref, l’organisation du volume laisse à désirer.
Cependant, ce malaise provoqué par le manque d’une structure claire est atténué par
la qualité de l'écriture. Le point de départ pour le premier article sur Homère est l’opinion
de H. Erbse, selon qui l’Iliade n’existerait pas sans Nestor : A. Aloni aborde le rôle des
Néleides dans les épopées et dans l’Hymne à Apollon pour y retrouver les traces de la
tradition épique de Pylos (traitée, par ailleurs, récemment par Vetta, « L’epos di Pilo e
Omero », 2003). Selon son analyse, les motifs du cycle épique de Pylos, un héritage de
première importance pour renforcer l’identité grecque des habitants d’Asie Mineure, ont
trouvé leur chemin vers la poésie ionienne par l’intermédiaire d’Athènes.
G. Cerri examine l’épisode final de la katabasis d’Ulysse où le héros, effrayé par la
Gorgone, se précipite vers les navires. La présence du monstre dans au-delà au lieu de sa
place habituelle sur le bouclier de Pallas était contestée déjà par les commentateurs
anciens qui visiblement influencent beaucoup les interprétations modernes. Ainsi, la
menace de la Gorgone est toujours considérée comme une technique narrative pour
abréger un récit trop long, ou bien comme une interdiction gnoséologique qui empêche le
héros de questionner sur la condition humaine.
Quant à M. Vetta, il se concentre sur la première phase de son concept chronotopique
mentionné ci-dessus. La performance d’Hésiode sur les concours poétiques sur l’Hélicon,
dit-il, est un geste de consécration du lieu qui offre une expérience religieuse et esthétique
pour ses auditeurs et confirme leur identité communautaire. Parmi eux, suggère la
Théogonie, les plus importants sont les rois et les poètes, protégés des Muses les uns
comme les autres. Vetta souligne les fonctions complémentaires des basileis et kitharistai
en leur attribuant des références géographiques. Il associe les rois avec l’autel de Zeus au
sommet de la montagne et, d’autre part, les poètes avec le sanctuaire des Muses sur les
collines cultivées, deux monuments connus par la recherche archéologique, visibles aussi
sur la carte géographique jointe.
Le travail d’A. C. Cassio cherche l’origine des formes éoliennes chez Homère, en
particulière de celles représentées par le datif pl. epeessi. Au contraire d’autres avis qui
les cantonnent parmi les formes artificielles créées par des rhapsodes lesbiens, l’auteur
fournit des preuves épigraphiques venues de Thessalie pour démontrer leur origine
dialectale.
La prétendue coupe de Nestor, trouvée dans une tombe d’adolescent et associée
vaguement avec le héros homérique est le sujet de S. Santoro. La savante met
l’inscription de la coupe en parallèle avec un poème qui fait l’éloge de la beauté des
garçons désirables de Chalcis. Ces vers conservés chez Plutarque remontent à la même
période (VIIIe siècle av. J.-C.) par leur métrique et leurs motifs pédérastiques, et sont
l’analogue parfait de l’inscription de la coupe, dont le possesseur peut être désormais
identifié avec le pais de la tombe.
L’étude d’E. Pellizer (« Skheríe, l’isola che non c’è »), marquée par une forte
indignation –justifiée–, est particulièrement édifiante. Pour Strabon il était évident qu’en