5) Le problème de la transition micro-macro
La principale difficulté est le passage du niveau d’observation des parties ou des unités, point de départ, au niveau du
système : passage du micro au macro (problème que l’on retrouve en économie : agrégation ; agent représentatif en
macroéconomie…).
Exemple : Analyse de Weber : l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. La thèse : les valeurs attachées à la
religion protestante dans sa version calviniste facilitent l’émergence du capitalisme. La critique : les sociétés
comparées diffèrent mais pas uniquement d’un point de vue religieux. Dans le cas du calvinisme, Weber étudie les
prescriptions morales et il extrait du phénomène capitaliste deux traits : diligence dans l’accomplissement du devoir
et anti-traditionalisme. La religion entre religion et capitalisme n’exprime pas nécessairement une relation spécifique,
mais ces deux dimensions peuvent très bien connaître un changement dû à un autre facteur. La méthode de Weber est
aussi contestée puisque Coleman ne parvient pas à identifier les unités sur lesquelles il s’appuie pour étayer son
explication. Il utilise le diagramme en paquebot. De plus, Weber n’explicite pas comment s’opère l’agrégation des
comportements individuels et quelle forme elle prend. Quel type de comportement se diffuse avec le calvinisme ?
celui de futurs travailleurs dans des entreprises capitalistes ou celui de futurs entrepreneurs ? Pour rendre compte de
la croissance ou de l’avènement de n’importe quelle organisation sociale, il faut montrer comment la structure des
positions construit les organisation en train de se faire, comment les personnes qui occupent des positions dans
l’organisation sont motivées pour le faire et comment ce système interdépendant d’incitations est tenable. Il dénonce
les explications culturalistes en termes de valeurs qui ne tiennent pas compte de l’organisation sociale.
Weber explique la transition micro-macro par la simple agrégation des comportements, des croyances ou des attitudes
individuelles. : la transition convenable ne peut s’appuyer sur la simple agrégation des comportements individuels.
De plusieurs façons, la combinaison d’action a des conséquences à l’échelle macro-sociale. Parfois un acteur produit
une externalité et modifie la structure d’incitations de tous les acteurs (tragédie des biens communs) ; un autre cas
concerne les échanges bilatéraux ; un troisième cas : le marché où les règles gouvernent la forme des interactions ; la
décision collective : la conséquence systémique est le résultat de votes ; la structure d’actions interdépendantes que
constitue l’organisation formelle produisant in produit ; l’établissement d’un droit collectif pour exercer un contrôler
social sur certains acteurs.
La transition du micro au macro est très souvent contenue dans l’interdépendance des acteurs.
Le système social chez Coleman
1) Interdépendance et poursuite de l’ intérêt
Le “behavior” du système social s’explique par trois composantes : les effets des propriétés du système sur les
contraintes ou les orientations des acteurs ; les actions des acteurs au sein du système ; la combinaison des actions au
sein du système aboutissant au comportement systémique. Ces traits du système forment le cadre général conceptuel
de la théorie sociale. Il existe deux voies pour étudier les systèmes sociaux : soit on l’analyse comme une relation
entre le micro et le macro, soit on en fait le produit des interdépendance des actions des différents acteurs. Dans un
système, il y a deux types d’éléments : les acteurs et les choses sur lesquelles ils ont prises ou auxquelles ils
s’intéressent (événements et ressources) :
« What makes a social system, in contrast to a set of individuals independently exercising their control over activities
to satisfy their interests, is a simple structural fact: Actors are not fully in control of the activities that can satisfy their
interests, but find some of those activities partially or wholly under the control of other actors” (p 29).
La poursuite de son intérêt implique des transactions avec les autres acteurs qui dessinent une acception plus large de
l’échange (menaces, promesse, …). C’est à travers ces transactions qu’une personne est capable d’utiliser les
ressources qui ont un intérêt pour lui afin d’atteindre ses fins qui reposent sur les ressources contrôlées par d’autres
acteurs. Un système social commence avec deux individus qui ont un contrôle sur les ressources de l’autre. C’est
cette intérêt partagé pour des ressources qui mène au calcul et à l’action.
Il distingue plusieurs types d’interdépendance : structurale (les actions d’un individus se font dans un environnement
stable et non réactif), comportementale (l’acteur tient compte des réactions des autres acteurs et les anticipent pour
prendre une décision) et évolutionnaire ; dans la plupart des cas Coleman adopte le modèle structural.
2) Droit, relation et contrainte
Les droits (deux types : droit d’agir et droit de contrôler l’action d’autrui) et leur allocation sont deux thèmes qui
occupent une large part du livre de Coleman. Pour des raisons de concision, nous ne développerons pas tous ses
éléments, mais nous préciserons simplement en quoi ce thème affecte sa conception des relations sociales. Par
exemple, il définit l’autorité (« Authority Relations », chapitre 4) comme le droit pour un acteur de contrôler l’action
d’autrui. De là, il définit le droit pour un acteur de transférer ses propres droits, et, dans ce cas, soit l’acteur remet son
droit parce qu’il estime qu’il est préférables de suivre les orientations d’un autre acteur (transfert unilatéral), soit il
cède son droit de contrôle en échange d’une compensation extrinsèque (échange). Par extension, il existe des
situations où un acteur (« supérieur ») possède un droit de contrôle sur un « subordonné » et le droit de transférer (