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5. L'association entre maladie infectieuse et SEP
On a prouvé cette association en modélisant la SEP chez des animaux. En l'occurrence, des virus tels que le
Theiler's murine encephalomyelitis virus (TMEV) et le Semliki Forest virus (alphavirus voisin du virus
du chikungunya) ont été injectés à l'animal, ont infecté leur SNC et ont donné à l'animal une maladie
ressemblant beaucoup à une SEP, c'est le modèle de l'EAE = Encephalitis Allergic Experimentalis (google
dit plutôt « Experimental Allergic Encephalomyeltis »...)
Chez l'Homme, il existe également une association entre les Human Herpes virus dont HHV-6, on sait
qu'ils ont un neurotropisme, et Epstein-Barr virus (EBV).
Dans cette salle, 90 % d'entre vous ont eu l'EBV, et pourtant vous n'avez pas eu la SEP. Donc il existe un
lien mais pas une association directe entre infection et SEP !
On soupçonne fortement HHV-6 d'être à l'origine de la SEP, car on sait aujourd'hui que lorsqu'on fait des
autopsies de patients atteints de la SEP, on retrouve systématiquement l'HHV-6 dans les oligodendrocytes,
qui fait le lien entre l'infection, l'oligodendrocyte qui devient la cible du système immunitaire. A partir du
moment où le système immunitaire réagit contre le virus présent dans l'oligodendrocyte, on a une réaction
indirecte dite « by stander » contre l'oligodendrocyte. Le SI en luttant à la base contre l'infection virale
agit aussi contre l'oligodendrocyte qui va entrer en apoptose, libérer du MBP, du MOG, qui vont devenir des
auto-antigènes potentiels pour initier la SEP.
On fait l'association entre HHV-6 et la SEP parce qu'on retrouve des IgG et des IgM dans le sérum et dans le
LCR des patients, ce qui indiquerait que des LB infiltrent le SNC (alors qu’ils ne sont pas censés s'y trouver)
pour réagir contre le virus et ces mêmes lymphocytes seront capables de réagir contre les composés de la
myéline.
Un rappel de la classification des Herpes virus. Les deux qui vont
nous concerner sont l'EBV et HHV-6, qui sont liés à des MAI.
On verra plus tard que HHV-1 et CMV sont associés à d'autres
MAI.
Ces infections virales arrivent dans l'enfance, et pourtant la MAI survient entre 20 et 50 ans. C'est le temps
qu'il faut au SI pour générer ces LT autoréactifs, le temps nécessaire aux LB de générer ces auto-AC
sachant que ces événements sont extrêmement rares, il faudra attendre un certain temps pour qu'il y ait
suffisamment de LT autoréactifs qui aient proliféré, que les acteurs soient suffisamment nombreux pour
démarrer la MAI.
Deuxièmement, les LT autoréactifs n'étant normalement pas capables de gagner le SNC. Il faut imaginer un
événement secondaire dans le SNC qui provoque une destruction de la BHE. Ça reste rare.
Ce qui est envisagé dans la SEP, on considère le schéma classique de
la réaction croisée entre un antigène du soi et un virus. Vous avez des
épitopes de protéines virales qui ressemblent beaucoup à des épitopes
présents dans les protéines du soi (ici MBP et MOG). Donc un LT
dirigé contre cet épitope viral, lorsqu'il aura l'occasion de franchir la
BHE et de gagner le SNC, il réagira contre les cellules du SNC et
induire la SEP. Ça reste un événement rare.