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l’intervention doit être globale et peut inclure de la médication, une thérapie cognitive et des outils
d’aide à l’organisation, comme un agenda électronique. Le traitement pharmacologique, tel que le
Ritalin, peut fonctionner pour certains patients comme Duane Gordon, mais ne pas convenir à d’autres.
«Le médicament me mettait trop dans ma bulle», raconte Francine Demers.
Linda Walker conseille également à ses clients de se documenter sur le TDAH afin d’en comprendre les
mécanismes et de mettre en place des stratégies adaptées. Par exemple, quand on sait qu’on est plus
distrait à un certain moment de la journée, on évite de prévoir des tâches difficiles pour cette période.
Accommodements raisonnables
Au travail, il est préférable que la personne souffrant d’un TDAH ne soit pas soumise aux distractions.
Un poste de travail situé à un endroit passant est donc à proscrire. Quand on ne peut faire autrement,
Annick Vincent suggère le port de bouchons d’oreilles. Duane Gordon, lui, a délibérément choisi un
bureau sans fenêtre. «La plupart des gens veulent une fenêtre, mais moi ça me dérange vraiment trop»,
dit-il, amusé. L’agenda électronique ou l’enregistreuse, pour les longues réunions, font également partie
des outils recommandés pour compenser les trous de mémoire et le manque de concentration.
Ces solutions impliquent souvent que le salarié a informé l’employeur de sa condition. Mais sur cette
question, les avis sont partagés. Linda Walker pense que ce trouble est encore tabou et qu’il est
préférable de ne pas le dévoiler. L’une de ses clientes s’est justement vue écartée d’un poste pour lequel
elle était la candidate favorite après avoir révélé son TDAH. Elle a d’ailleurs porté plainte auprès de la
Commission des droits de la personne et attend le verdict. Dave Ellemberg, pour sa part, croit que le
salarié doit informer l’employeur dans la mesure où cela lui permet de demander des arrangements.
«Dans certaines entreprises, il existe des programmes d’aide aux employés que le salarié touché peut
aussi solliciter», ajoute-t-il.
Marc (nom fictif), qui a suivi un programme de pré-employabilité à l’Association québécoise des
troubles d’apprentissage (AQETA) de Saint-Léonard, n’envisage pas d’informer un futur employeur.
«J’aurais peur que cela me nuise», confie-t-il. Marline Bazile, responsable de ce programme (qui n’a
pas été reconduit par manque de subventions), avoue également que trouver des employeurs pour
accueillir les participants en stage n’a pas été une mince affaire : «Ils avaient peur que les stagiaires
leur demandent plus de temps.»
Conjuguer les talents
Pourtant, lors de sa formation à l’AQETA, Marc a appris à reconnaître ses forces. «J’ai réalisé que le
domaine de la mécanique où je tentais de travailler ne me correspondait pas», dit le jeune homme de 30
ans qui compte se réorienter dans la vente. Selon Annick Vincent, une personne ayant un TDAH doit
occuper un emploi stimulant, mais encadré. Elle fera aussi un bon chef d’entreprise si elle a une bonne
équipe de direction. Linda Walker parle même de «génie créatif». «Ces individus savent prendre des
risques, sont travailleurs et particulièrement bons pour les remue-méninges.» Comme exemple, elle cite
David Neeleman, inventeur du billet d’avion électronique et fondateur de la compagnie aérienne Jet
Blue. En 2000, il avait révélé souffrir d’un TDAH dans une entrevue accordée au réseau américain
CBS.
Si l’entrepreneuriat est une option, ce n’est pas non plus pour tout le monde, d’où la nécessité de
protéger ceux qui vivent d’un emploi salarié. L’AQETA étudie donc la meilleure approche à adopter
auprès du gouvernement québécois afin que le TDAH soit reconnu comme un handicap. «Avec cette
reconnaissance, l’employeur ne pourra pas congédier une personne sous prétexte qu’elle ne peut