SOUMGAÏT
Les événements tragiques qui eurent lieu dans la ville azerbaïdjanaise de
Soumgaït furent précédés d'une vague de manifestations anti-
arméniennes et de rassemblements à travers tout l'Azerbaïdjan en février
1988. Les pogroms, et massacres des Arméniens de Soumgaït eurent lieu
en plein jour.
Les crimes commis par les autorités azerbaïdjanaises atteignirent leur
paroxysme entre les 27 et 29 février 1988. La quasi-totalité de la ville se
transforma en arène des massacres impunis de la population arménienne.
Des pogroms firent irruption dans les appartements des Arméniens avec à
la main la liste des habitant arméniens qu'ils avaient établi préalablement.
Ils étaient armés de barres de fer et de pierres. Des haches, des
couteaux, des bouteilles et des bidons de combustible furent également
employés. Selon de nombreux témoins, environ 50 à 80 personnes
participaient à la mise à sac d'un seul appartement. Des foules similaires
répandaient la terreur dans les rues. Des centaines de personnes
innocentes furent blessées à divers degrés et devinrent invalides. Plus de
200 appartements furent saccagés, de nombreuses voitures furent
détruites et brûlées, des dizaines d'ateliers, de magasins et de kiosques
mis à sac. Les pogroms se soldèrent par des milliers de réfugiés.
Il n'y a pas d'autre terme pour qualifier les pogroms anti-arméniens de
Soumgaït que celui de génocide organisé. Les événements tragiques qui
eurent lieu à Soumgaït à la fin du mois de février 1988 n'ont jamais
bénéficié d'une évaluation politique et ses organisateurs et principaux
exécutants n'ont pas seulement échappé au châtiment, mais leurs noms
demeurent inconnus du monde. Toutefois, les documents, témoignages et
autres faits dont on dispose permettent de tirer une conclusion claire : les
pogroms ont été imaginés et mis en œuvre à un haut niveau de direction
et ses principaux organisateurs et exécutants étaient les dirigeants de
l'Azerbaïdjan soviétique de l'époque et étaient liés à divers cercles
nationalistes pro-turcs. Cette idée fut émise dans le magazine moscovite
Znamya (n 6, 1989) par George Soros, personnalité très renseignée, qui
était d'accord sur le fait que les premiers pogroms anti-arméniens en
Azerbaïdjan avaient été inspirés par la mafia locale dirigée par l'ex
président d'Azerbaïdjan, Heydar Aliev.
Un témoin azerbaïdjanais, S. Gouliev, rapporte la réaction des autorités :
« Près des fenêtres d'un commissariat un homme se faisait passer à
tabac. La police a livré la ville à la destruction. La police n'était pas en
ville. Je ne l'ai pas vue. »
« La police savait tout » affirme le témoin D. Zarbaliev, fils du responsable
des forces de l'ordre locales. Selon le témoignage d'Arsen Arakelian, il
aurait téléphoné à la police plusieurs fois (les téléphones des Arméniens