Champs
et
m
é
thodes
de
l'anthropologie
Introduction
Les champs d’études et d’applications de l’anthropologie sont beaucoup trop nombreux pour
pouvoir être tous étudiés. Nous en avons donc choisis trois :
Anthropologie économique (
Godelier
- sur les M
'Buti
)
Anthropologie sociale et culturelle (
Jeanne Favret Saada
- Sur la sorcellerie)
La mythologie (Et ritologie - Les
Hopi
en Arique du Nord)
Deux remarques liminaires :
1. L’ethnologie s’éloigne de plus en plus des Sciences Fondamentales et Expérimentales
(SFE), au regard de la double notion d’objet d’étude et de méthode.
En effet, dans les SFE, les chercheurs construisent un objet d’étude de manière consciente, qui doit
ensuite être éprouvé sur le terrain, qui n’est alors qu’un outil pour démontrer son objet d’étude.
En ethnologie, l'objet d’étude est aussi à construire, à travers nos regards, nos motivations. C'est ce que
l’on peut appeler la « thématique ».
Mais cet objet d'étude, confronté au terrain, évolue et fait ainsi évoluer la méthode. En effet, à la
différence des SFE nous avons également un sujet d’étude à manier.
Dans les années 1960-1970, apparaît ce sujet qui n’est autre que le terrain. Cette communauté avec
laquelle, (et non pas sur laquelle) on va travailler, qui doit être comprise dans sa dynamique.
Les sociétés sont en effet imprévisibles, difficilement prédictibles dans leurs actes. Les terrains
actuels ont de plus en plus tendance à se fermer à l’ethnologue. Le terrain a un sens : les sociétés
sont
indépendantes du regard de l’ethnologue. Elles peuvent l'accepter sous conditions ou le rejeter. On
essaye de traiter de sujet à sujet, parfois en laissant de côté l'objet d'étude.
2. Ces sciences se distinguent également par leur démarche.
La démarche déductive pour les SFE : On part de théories, on émet hypothèses que l’on va éprouver
sur le
terrain. (qui n’est qu’un outil). Plusieurs chercheurs doivent expérimenter la même chose pour la
confirmer : c’est le phénomène de vérification de preuves.
La démarche inductive pour l'ethnologie : Le terrain est l’interlocuteur premier, il faut faire preuve
de
centrement
(Géographie, culturel, intellectuel). On met le corpus théorique en veille,
l'hypothèse est émise à partir du terrain, qui peut lui-même remettre en question notre objet d’étude.
Les
notions de mesure et de preuve n'ont pas vraiment de valeur en anthropologie. À l'inverse des
sciences
dures, cette méthode ne conduit pas à des analyses quantitatives, matmatiques.
Méthodes de l'anthropologie
Bibliographie
:
Daniel
Fabre
et
G
é
rard
Lenclud,
Vers
une
ethnologie
du
pr
é
sent
(1992)
Jean
Cuisenier,
Martine
S
é
galen,
Ethnologie
de
la
France
(Que
sais
-
je?)
Michel Agier
,
Aux bords du monde : les réfugiés
(2002)
Anthropologues en danger, l'engagement sur le
terrain
(1997)
Pour une anthropologie des mondes contemporains,
1994
Alban Bensa
,
De la micro-histoire vers une anthropologie
critique
(1996)
Jeanne Favret-Saada
,
Les Mots, la Mort, les Sorts
(1977)
Notions de mesure, de contrôle et de vérification
Dans les SFE, l’observation est toujours soumise à répétition, par la notion de mesure, et de preuve
d’une
expérience qui va être reproduite d’une manière identique, quelque soit l’observateur, et qui
va ainsi
permettre de corroborer un phénomène et de l'inscrire dans une chaîne cumulative de
connaissance.
En ethnologie, l'on traite de phénomènes socio-culturel, de l'Homme et de la société, on a pas
d'instrument de mesure. L'ethnologie est l'observation et la description d'un fait, suivi de son
analyse et de son interprétation. Mais ces faits ne peuvent être ni mesurés, ni contrôlés, ni
vérifiés.
Cela n'empêche pas que cette discipline soit une science rigoureuse et analytique. même si il n’y a pas
cette méthode du rificateur. Les études sont non vérifiables. On ne peut pas observer deux fois la
me culture, par exemple, si celle-ci a disparu :
Le premier récit historiquement connu d'un peuple différent date de 1498. c'est le journal de
Ramon Pané, qu'il ramène de la deuxième expédition de Christophe Colomb. Il y décrit
les Taino (Caraïbes, Antilles). C’est une population qui a disparu en moins de 50 ans. Elle a
été massacrée mais aussi victime de maladies et de l’esclavage, Sans ces écrits, on ne
connaitrait pas l'existence de ce peuple.
Les Fuégien, habitants de la Terre de Feu au XVIIIème siècle (Ona, Alakaluf, Yagahan). Les
carnets de Bougainville nous indiquent les première rencontres avec eux. Il n'existe pas de
preuve scientifique de leur existence, mais on fait confiance à ces hommes de l'ancien temps.
Il n'y avait pas de raison de fraude, contrairement à aujourd'hui.
Ces carnets, pré-anthropologiques, sont subjectifs, et non nués de l’idéologie de l’époque. Ce sont
des informations de première main. Selon Malinowski, dans ces cas, on ne peut que conjecturer le
passé.
Parfois, à la lecture de travaux de différents ethnologues sur le même terrain, on se trouve confron
à un
doute tellement les discordances sont importantes : Y a-t-il eu erreur d’observation et/ou
d’interprétation d'un des ethnologues? ou alors une dynamique singulière de la société observée,
quelque chose qui fait qu’elle n’est plus la même aujourd’hui ?
Une telle controverse, confrontant
Margaret Mead
et
Derek Freeman
est restée célèbre :
Margaret Mead
(courant culturaliste) mène son enquête sur les îles Samoa, de 1928 à 1969. Elle
fut longtemps incontestée et un phare de l'anthropologie. Elle publie en 1955 Mœurs et sexualité en
Oc
é
anie.
Rappel historique :
En 1899, le traité de Berlin partage respectivement les Samoa occidental et oriental, entre les
Allemands et les Américains. Les Anglais ont eu les îles Tonga et les îles Salomon. Il y avait déjà
des
conflits et des tensions entre les deux Samoa.
En 1963, l’indépendance du Samoa oriental est déclarée, ce qui entraine une crise économique.
Margaret Mead
, mène son enquête du côté américain, mais ne le précise pas. Elle
s’intéressait au processus de socialisation des jeunes enfants et des adolescents, pour vérifier
l’hypothèse émise par Franz Boas à propos de l'origine culturelle, et non biologique, de la vague de
suicide chez les jeunes américains. Elle observe une société pacifique qui pratique la liberté
sexuelle, me si codifiée par des règles, et la liberté de parole. Elle fonde le mythe d’une société
idyllique. Aucun suicide n'y ait recensé. Ce thème de la sexualité libre aura un énorme écho, dans
une société pudibonde comme la société américaine. Ses études font alors autorité au niveau
international.
Derek Freeman
(courant biologiste), la remet en cause dans The making and unmaking on a
anthropological myth (1983). Il critique son interprétation trop restrictive sur les
Samoa
.
Il retourne sur ce terrain où il observe une société violente, très agressive, où il n’y a plus de
liberté sexuelle mais des harlements et des viols. La discordance est énorme. Mead a-t-elle mal
observé, mal interprété?
Il va retrouver les informateurs de Mead, qui se souviennent de l’anthropologue et de ses
nombreuses questions… Si, entre eux, ils parlaient en effet de la sexualité, ils n’avaient pas pour
habitude d'en parler avec les étrangers. Ils sont donc entré dans un rapport de plaisanterie, et
puisqu’elle voulait entendre parler de sexualité libre, ils l'ont servit, mais tout ne fut que pur
mensonge…
Freeman
va donc entreprendre un travail de déconstruction du travail de Mead. Il pose deux
principales causes à ses erreurs d’interprétation :
- dû à son jeune âge, son inexpérience de terrain, elle ne parlait pas la langue, donc, elle passait par
des
informateurs, et se trouvait tributaire des transformations d’informations.
- terrain mal mené car son travail est subjectif, elle partait avec l’idée de vouloir créditer
l’hypothèse culturelle…
Elle ne maîtrisait donc probablement pas le
décentrement
nécessaire. De plus, elle a mené
son enquête sur 9 mois, ce qui paraissait trop court pour Freeman.
On peut faire l’hypothèse que la société Samoa a évolué très rapidement. M. Mead, décédée en
1978,
n'aura pas l'occasion d'on débattre.
Suite à ces deux exemples, on constate que l’épreuve de vérification est difficilement
concevable en ethnologie en raison de la dynamique des sociétés mais aussi parce qu’il ne peut
exister sur le même terrain une simultanéité de recherche entre deux ethnologues.
On a deux approches possibles :
L’approche diachronique : étude interne d’une société dans une perspective dynamique et évolutive.
L’approche synchronique : travaille sur une thématique transversale dans différentes sociétés.
On est pas dans le cumul des connaissances, mais dans une compréhension.
Marcel Mauss
trouvait que l'étude diachronique était intéressante à mener sur un terrain par un
ethnologue, mais appréciait aussi les études synchronique avec plusieurs anthropologues,
notamment sur des termes différents qui signifient la même chose.
Ainsi, la notion de « sacré », que l’on retrouve chez de nombreux peuples, et sous de nombreux
termes, difficilement définissables (
mana
,
manitou
,
wakan
... , le manitou des Indiens a le même
sens que le w
akan
des
Givaro
) ont d’abord été traduit par « âme », mais la connotation religieuse
était trop forte, d’où « sacré ».
La
perspective
contextuelle
fonde
lanalyse et linterprétation mais la perspective
comparative va fonder une analyse trans-thématique et une interprétation générale.
Il parle donc de « fait universel » ou de « fait néral » : principes que tous les Hommes ont. Cela
entraîne un travail sur la structure.
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