La Résistance : Mythes et Réalité
L’idée d’un mythe
D’abord je voudrais expliquer le titre de mon discours. Quand je parle
d’un mythe, je n’entends pas une fiction, quelque chose d’irréelle, mais plutôt
une histoire qui essaie d’expliquer ce qui se passe, de donner un sens au
monde, mais qui peut servir aussi à justifier ceux qui tiennent le pouvoir ou à
donner un sens d’identité à un peuple. Et je vais parler surtout du mythe
Gaulliste de lasistance, un mythe qui a toujours été contesté, et de plus
en plus depuis la mort du Général, mais qui était pour longtemps le mythe
central.
Le contexte historique
Ce mythe il faut le mettre dans son contexte historique. Depuis la
Révolution il y a en France deux traditions politiques très opposées. A droite
une tradition conservatrice, catholique, autoritaire et, assez souvent, anti-
sémitique. A gauche une tradition républicaine, laique et démocratique : une
tradition moins homogène à cause des rivalités entre les radicaux, les
socialistes et les communistes. Le résultat, une France très divisée. Cette
France divisée les Allemands l’ont envahie le 10 mai, 1940 et l’ont
complètement vaincue au cours de six semaines. Le 17 juin le gouvernement
de Paul Reynaud, le dernier de la Troisième République, était remplacé par
celui du vieux Maréchal Pétain, vénéré comme le héros de la bataille di
Verdun. Trois jours après, Pétain signe un armistice avec les allemands qui
divise la France en trois zones (je simplifie), le Nord et l’Ouest occupé par les
allemands, une petite zone dans le sud-est occupée par les italiens, et un soi-
disant zone libre dans le centre ou Pétain va s’installer sa capitale à Vichy.
Un gouvernement dictatoriale qui a remplacé les mots clefs de la Révolution
- Liberté, Egalité, Fraternité - par Travail, Famille,Patrie.
Un triomphe pour la tradition de Droite qui, il faut le constater, était bien vu
par pas mal des français.
Quittons un moment cette France vaincue et humiliée et faisons
maintenant un saut dans le temps jusqu’en juin 1944 au moment de la
libération de Paris. Et je vous prie d’envisager De Gaulle marchant en
triomphe le long des Champs d’Elysées jusqu’à L’Hôtel de Ville ou il a
prononcé ce discours célèbre :
Paris. Paris outragé. Paris brisé. Paris martyrisé. Mais Paris libéré. Libéré
par lui-même. Libéré par son peuple avec le concours des armées de la
France, avec l’appui et le concours de la France entière, de la France qui se
bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.”
Les éléments du mythe gaulliste
Maintenant un autre saut dans le temps. L’année suivante, le 18 juin,
pour célébrer l’anniversaire de l’appel de De Gaulle de Londres, un appel qui,
selon le mythe Gaulliste, a marqué le début de la Résistance, il y avait une
grande défilée à Paris. Mais c’était surtout un défilée militaire qui a donné peu
de place à la résistance intérieure. Ajoutons que de Gaulle a crée un Ordre,
les Compagnons de la Libération pour honorer ceux qui avaient lutté contre
les allemands. Dont les 1,038 membres de cet Ordre, 81 pour cent étaient
des officiers et 0,6 pour cent étaient des femmes. Si vus mettez ensemble
ces trois choses, vous y verrez l’essentiel du mythe gaulliste. Que le coeur de
la résistance se trouvait dans l’armée; que, selon De Gaulle, “l’immense
majorité des français, sauf une poignée de misérables et d’indignes avait
appuyé l’armée mais que cette résistance intérieure était beaucoup moins
importante; et que les femmes n’y étaient pour rien. Une résistance, donc,
militaire et masculine.
En créant ce mythe, De Gaulle a visé deux buts. Le premier, de relever
la morale d’une France vaincue et humiliée; de faire croire aux français et au
monde que la France était toujours une grande puissance mondiale. L’autre,
de minimiser le rôle de la résistance intérieure parce que les communistes y
avaient été si importants.
La Résistance : la contribution des forces françaises
Maintenant, examinons les trois éléments de ce mythe, en commençant
avec la contribution de l’armée à la libération de la France. Selon le mythe
gaulliste, la résistance armée commence avec le discours du 18 juin, 1940
émis par le BBC dans lequel De Gaulle a lancé cet appel aux français de se
rallier autour de lui. .
“Il est nécessaire de grouper partout çelà se peut une
force française aussi grande que possible. …..Moi, Général
de Gaulle, j’entreprends içi en Angleterre cette tâche nationale.
J’invite tous les militaires des armées françaises, j’invite les
ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de
l’armement qui se trouvent dans les territoires britanniques
…..å se réunir à moi. J’invite les chefs, les soldats , les
marins , les aviateurs bien ils se trouvent actuellement à se mettre
en rapport avec moi. J’invite tous les français qui veulent être
libres å m’écouter et à me suivre. Vive la France libre dans
l’honneur et l’indépendance”
Après le coup, ce discours a pris une importance symbolique mais en juin
1940 il n’avait presque pas de résultat. Parce que très peu de gens l’ont
écouté. La France était en chaos. Des millions fuyaient devant les troupes
allemandes - un exode si bien décrit par Irene Nemirovsky dans la première
partie de son beau roman Suite Française Souvent, même ceux qui l’ont
écouté ne se sont pas ralliés à De Gaulle. Après l’armistice, les soldats en
Grande Bretagne pouvaient choisir de rentrer en France. Dans un unides
Chasseurs Alpins 670 sur 706 ont opté pour être rapatriés. Donc pendant
deux ans De Gaulle est resté isolé - un général sans armée.
Mais il y avaient des armées françaises importantes dans le colonies,
surtout en Afrique du Nord sous le commande du Général Giraud, des forces
toujours fidèles au gouvernement de Vichy. De Gaulle était si peu considéré
que, quand les américains ont envahi l’Afrique du Nord en novembre,1942 il
n’en était pas même prévenu. Réagissant contre cette invasion, les
allemands ont décid’occuper la zone libre, révélant ainsi l’impuissance du
Maréchal Pétain et affaiblissant la loyauté au gouvernement de Vichy. Donc
De Gaulle a saisi l’opportuni et s’est rendu en Algérie en mars 1943. Peu à
peu - et je vais passer sur toutes les machinations politiques - il a réussi à
écarter Giraud et se faire reconnaitre comme le chef incontesté des forces
françaises libres.
Qu’est-ce-qu’ils avaient fait ces forces ? Elles avaient participé
certainement dans deux invasions en 1944: les débarquements en
Normandie et ceux dans le sud de la France. Pour ceux en Normandie, De
Gaulle avait demanque les troupes françaises fussent parmi les premières
à débarquer mais Eisenhower lui l’a refusé. Donc c’était presque deux mois
plus tard quand la Deuxième Division Blindée sous le Général LeClerc est
arrivée en France. Plus tard cette division est entrée la première dans Paris,
mais seulement parce que les américains qui auraient pu la devancer ont
décidé pour des raisons politiques d’accorder à De Gaulle son moment
symbolique de triomphe. Il y a aussi une certaine ironie, étant donné que De
Gaulle voulait propager l’idée d’une France libérée par les français, dans le
fait que le premier regiment ‘français’ d’entrer dans Paris était largement
composé de républicains espagnols qui s’ étaient engagés dans l’armée
française pour continuer leur lutte contre le fascisme international.
Par contre, les forces françaises les plus importantes étaient celles qui
sont débarquées dans le sud de la France le 15 août et qui ont libéré
Marseilles et Toulon. Mais ce que le mythe gaulliste ne voulait pas
reconnaître c’est que toutes ces forces étaient équipées par les américains et
sous les ordres des généraux américains.
Il est evident donc que le mythe a beaucoup exagéré l’importance de la
résistance armée. Les forces françaises ont certainement contribué à la
libération. Mais il est evident que la France était libérée surtout par les
armées des Alliés. Et cela non par amour pour la France mais parce que les
Alliés voulaient à tout prix empêcher que l’Europe passât de la domination
allemande à une domination soviétique.
La France résistante ? Les formes de la résistance
Considérons maintenant le deuxième élément du mythe - l’idée
d’une France résistante. l’histoire devient beaucoup plus compliquée.
Qu’est-ce que ça voulait dire - résister. L’image populaire de la Résistance
c’est les maquisards. Mais la Résistance prenait d’autres formes. Elle
pourrait être simplement faire des gestes symboliques comme l’étudiant à
Nantes, le onze novembre 1940, qui a grimpé la tour de la cathédrale pour y
attacher le tricolore. Ou elle pourrait être de faire la grève comme les ouvriers
dans les usines qui fabriquer les choses utiles pour les allemands. Ou
d’imprimer et distribuer la presse clandestine. Un travail très important parce
que ces journaux clandestins montraient aux français qu’il y avait toujours
des gens qui n’acceptaient pas l’occupation et parce qu’ils donnaient des
renseignements pour combattre la propagande allemande. Un travail
dangereux. Dans son livre, Les Parisiennes, Ann Sebba décrit comment les
femmes à Paris utilisaient le Metro pour distribuer ces journaux. Mais elles
savaient que quelquefois les soldats allemands les attendaient à la sortie
des gares. Si elles entendaient le son de leurs bottes clouées, elles ne
sortaient pas mais marchaient le long des tunnels pour trouver une sortie non
gardée. Aussi il y avait toute une industrie pour la fabrication des faux
papiers, essentiels pour les gens qui vivaient dans la clandestinité et pour les
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