(l’ébène est un bois plus lourd que l’eau, il ne flotte donc pas). Il est impossible de démontrer qu'un théorie qui
porte sur la réalité ou le monde est vraie. Aucune théorie n'est vérifiable.
On peut donc montrer qu'une théorie est fausse (il suffit de trouver une contre »-exemple), mais on ne peut pas
montrer qu'elle est vraie, parce que, aussi confirmée qu'elle soit, elle peut toujours être démentie. "Nous ne
pouvons pas examiner avec minutie le monde entier afin d'établir que quelque chose n'existe pas, n'a jamais
existé et n'existera jamais. Et c'est pour cette raison que les énoncés scientifiques ne sont pas vérifiables"
(Popper). Toute théorie peut être déclarée fausse, aucune ne peut être déclarée vraie. Toute théorie est
falsifiable. Toute théorie peut être falsifiée par l'expérience. L’expérience ne peut prouver aucune théorie, elle
ne peut que la confirmer ou la réfuter.
Seuls les énoncés singuliers ne sont pas falsifiables. Si je vois des corbeaux blancs et que je dis "il y a des
corbeaux blancs", mon énoncé n'est pas et ne peut être faux, puisqu'il concerne des choses que je vois ou
observe (énoncé d’événement observé). En revanche si je dis "les corbeaux sont noirs", j'affirme quelque chose
que je ne peux prouver, qui peut être contredit par un autre énoncé: "j'ai vu des corbeaux blancs". Il n'y a pas de
théories vraies, mais seulement des théories non encore fausses.
Puisque toute théorie scientifique peut être falsifiée par l’expérience, ne doit-on pas affirmer que ne peut être
vraie qu’une théorie qui peut se passer de l’expérience ? Platon pensait que la science ne serait science qu'à la
condition de se passer de l'expérience: la science devait consister pour lui à déduire « sans jamais recourir
au sensible ». Si la science était essentiellement déductive, l'expérience est ce dont, en droit, elle devrait
pouvoir se passer.
Parce que dans la démonstration la puissance de la logique se trouve libérée de toute entrave, de toute
référence avec la nécessité de consulter des faits pour savoir si ce que l’on dit est vrai, la démonstration nous
oblige à reconnaître la vérité comme ce qui est indépendant de nos opinions personnelles, comme ce qui est
valide pour tout esprit rationnel. Rien ne semble pouvoir empêcher une vérité démontrée, sinon des obstacles
psychologiques (fatigue, inattention, méconnaissance des prémisses), de s’imposer de manière définitive à
tous les esprits. Ainsi si à l’intérieur du système de la géométrie d’Euclide, on démontre que la somme des
trois angles d’un triangle forment 180°, équivalent à deux droits, rien ni personne ne pourra contester ce
résultat. On dressera pour cela des parallèles aux côtés du triangle, on examinera les équivalences des angles
alterne/internes et on démontrera qu’effectivement la proposition « les trois angles du triangle font deux
droits » est nécessairement et donc définitivement vraie.
Mais une vérité démontrée ne peut avoir de valeur définitive que si la démonstration qui l’a établie
repose elle-même sur deux propositions définitivement vraies que l’on appelle prémisses. Si la valeur
de celles-ci est sujette au doute alors le résultat de la démonstration ne peut être indubitable.
Aussi la conclusion du raisonnement démonstratif, les axiomes, ne peut être admise que si l’on
accepte les règles d’inférence du système logique dans laquelle elle prend place, c'est-à-dire les axiomes. Or
au 19e siècle des mathématiciens (Lobatchevski, 1829, Riemann, 1850) ont montré que certains axiomes
de la géométrie euclidienne n'étaient pas aussi évidents qu'on le pensait jusqu'ici. Par exemple celui qui
énonce que le tout est plus grand que la partie ne vaut que pour les ensembles finis. Cet axiome ne convient
plus dans la mathématique des ensembles infinis. La vérité des Eléments d'Euclide est relative à un certain
système d'axiomes et n'est donc pas universelle. Les axiomes, dans le langage de l’axiomatique moderne, ne
sont plus considérés comme des propositions de départ évidentes, mais comme des règles opératoires, des
fonctions propositionnelles. C’est pour cette raison qu’on remplacera le mot « démonstration » par le mot
« dérivation », qui évoque seulement la dépendance logique sans rien préjuger quant à la vérité. Une
proposition ou une formule déduite d’un axiome sera « dérivée ». Dans le langage de l’axiomatique
moderne les axiomes ne sont plus considérées comme des propositions de départ évidentes, mais
comme des règles opératoires, des fonctions propositionnelles. C’est pour cette raison qu’on