Objets connectés
À Noël, les parents auront le choix au rayon des jouets intelligents et autres objets
connectés. Ils devraient toutefois se méfier des conséquences de ces achats sur leurs
enfants, prévient le New Scientist.
Le week-end dernier, j’ai aperçu ma première publicité pour Noël de l’année. Et à en juger
par l’offre, le sapin de cet hiver s’annonce incroyablement “intelligent”. Voilà près d’un an que
les fabricants font monter la sauce autour de divers objets connectés et indispensables : des
robots qui répondent aux questions des enfants, réagissent à leurs mouvements et
enregistrent du son et des images ; une fausse montre intelligente capable de communiquer
avec d’autres objets par Bluetooth ; et ne parlons pas de la Barbie Hello Dreamhouse, la villa
rose, blanche et “intelligente” de la célèbre poupée.
Tout le monde ne se réjouit pourtant pas de l’apparition de tous ces jouets dits intelligents.
Certains défenseurs de la vie privée ainsi que des psychologues spécialistes du
développement ont émis toute une série de réserves sur ces jouets, allant des problèmes de
sécurité et de respect de la vie privée jusqu’à un questionnement plus profond sur la nature
même de l’acte de jouer. Alors, devriez-vous rayer ces gadgets de votre liste ? Ou n’est-ce là
qu’une nouvelle variante d’un refrain bien connu ?
Barbie les grandes oreilles
Barbie a justement été au centre du dernier grand ramdam de jouets intelligents l’an dernier.
Hello Barbie, peut-être le jouet le plus controversé de 2015, est capable de tenir une
discussion sur une grande variété de sujets, de la mode à la famille, en passant par les
rêves et le paddleboard. “Savais-tu que l’on trouve des papillons sur tous les continents,
excepté l’Antarctique ?”, lance-t-elle avant de confesser dans un moment d’abandon qu’elle
“rêve de cupcakes”.
Le problème ne vient pas des réponses de la poupée mais du fait que les enfants peuvent lui
parler en tirant sur la boucle de sa ceinture. Chaque mot capté par son micro est ensuite
transmis aux serveurs de Mattel pour être analysé par des algorithmes de reconnaissance
vocale afin de déterminer une réponse correcte.
Des informations ne tardent pas toutefois à faire état de problèmes liés à ces
enregistrements, qui sont stockés et parfois partagés avec des tiers. L’affaire fait scandale.
L’ONG de Boston The Campaign for a Commercial-Free Childhood (CCFC) [La campagne
pour une enfance sans publicité] lance l’opération #HellNoBarbie, appelant les parents à ne
pas acheter la poupée.
Il n’y a rien d’illégal dans le fonctionnement d’une Hello Barbie. Mais un fabricant peut
parfaitement respecter toutes les lois en vigueur et néanmoins violer la vie privée des
enfants. Car ceux-ci ne comprennent pas qu’un jouet ne garde pas de secret et que tout ce
qu’ils confient à leur Barbie, ils le disent aussi à une équipe invisible d’ingénieurs – ou à
leurs parents.
Le babyphone, cible des hackers
Ou encore à des pirates. Car les jouets connectés ne sont fondamentalement pas différents
des autres objets intelligents, du moins pas pour ces spécialistes. L’an dernier, le fabricant
de jouets hongkongais VTech s’est fait voler 6,4 millions d’identifiants et de mots de passe
de ses jeunes utilisateurs, ainsi que des photos, des historiques de téléchargement et des
conversations de messagerie. Des babyphones ont également été piratés, permettant à des
inconnus d’écouter des enfants dans leur lit, et même de leur parler.
Tout le monde ne partage toutefois pas ces inquiétudes. Hello Barbie “est aussi risquée que
[l’assistant vocal] Siri, et j’ai dit un paquet de choses bizarres à Siri”, écrit un utilisateur
impénitent qui lui a décerné cinq étoiles.
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votre vie privée”
Après tout, dans une maison entièrement équipée en objets connectés, où se situe la limite ?
Hello Barbie est peut-être interdite, mais laisserez-vous vos enfants parler à Siri, Alexa ou
tout autre de ces nouveaux assistants virtuels ? Ces derniers soulèvent exactement les