1. Présentation des bactéries
1.1. La place des bactéries dans le monde vivant
Les premières descriptions attestées d’organismes vivants invisibles à l’œil nu (micro-organismes) ont été faites
par un drapier hollandais, Antoni van Leeuwenhoek au cours des années 1670 et 1680. De très nombreux micro-
organismes furent décrits durant le 18ème siècle et des tentatives de classification furent proposées. Mais ce n’est
que durant le 19ème siècle qu’elles aboutirent véritablement, après de nombreux essais. Tous les micro-
organismes unicellulaires furent officiellement regroupés sous le nom de « protistes », qui signifie « les tout
premiers (protistos) » en grec (E. Haeckel, 1866). Cependant, dès le 18ème siècle, il était apparu que deux grands
groupes pouvaient être décrits : les micro-organismes pourvus d’un noyau, tout comme nos propres cellules (ou
protistes eucaryotes), et les micro-organismes sans noyau (ou protistes procaryotes : pro = avant ; karyon =
noyau, en grec). Les premiers furent dénommés « protozaires », qui signifie « premier ou primitif (protôs) » et
« animal (zôon) » en grec (O.F. Müller, 1786 ; reconnu officiellement en 1920). Les protistes procaryotes furent,
de leur côté, dénommés « bacterium » en 1872 par F. Cohn. « Bacterium » est un dérivé latinisé d’un terme
français « bactéridie » (C.J. Davaine, 1850), signifie lui-même « bâton ou bâtonnet (baktêrion) » en grec. Enfin,
le mot « microbe (mikros : petit ; bios : vie ; en grec) » fut proposé en 1878 par C.E. Sédillot, pour désigner tous
les micro-organismes invisibles à l’œil nu. « Microbe » et « protiste » sont en quelque sorte des équivalents,
même si aujourd’hui la science de la microbiologie inclut les bactéries et virus, à l’exclusion des protozoaires.
Aujourd’hui, les protistes comprennent non seulement des êtres unicellulaires simples et syncitiaux, mais aussi
des êtres pluricellulaires à cellules indifférenciées. Beaucoup plus récemment (dans les années 1970), un
troisième type de cellules fut décrit à côté des cellules eucaryotes et des procaryotes classiques (ou eubactéries) :
les archaebactéries (archae : ancien) (C. Woese, 1970). Les cellules des archaebactéries, bien que dépourvues de
véritable noyau et formant donc des cellules procaryotes, ne sont ni des cellules eucaryotes, ni des eubactéries.
Par rapport aux cellules eucaryotes, les cellules procaryotes n’ont pas de membrane nucléaire, pas de noyau
différencié, pas d’appareil de Golgi, pas de protéines histones, pas de mitochondries, ni de chloroplastes. Ces
deux dernières organelles dérivent d’ailleurs de bactéries ancestrales qui ont développés une relation
symbiotiques avec les cellules eucaryotes. Les cellules procaryotes possèdent un chromosome sous forme d’une
molécule circulaire d’acide désoxyribonucléique et des ribosomes avec une valeur de sédimentation 70S (ceux
des cellules eucaryotes ont une valeur de sédimentation 80S). De plus, les (eu)bactéries possèdent une structure
externe à la membrane plasmique, qui s’appelle la paroi (mis à part les mycoplasmes et les chlamydies), qui
formée d’une molécule particulière appelée le peptidoglycan, que l’on ne retourve pas dans la paroi de
archaebactéries. D’autres différences entre cellule eucaryotes, (eu)bactéries et archaebactéries sont reprises dans
le tableau 1.
Les archaebactéries forment un groupe de bactéries primitives, telles qu’elles devaient exister au temps de
l’atmosphère primitive de la terre. Elles ne comprennent aucune espèce d’intérêt médical, mais sont d’un très
grand intérêt biologique en général, car elles vivent dans des conditions extrêmes (bactéries extrémophiles) :
sources d’eau bouillante, abysses des océans, mer Morte, lacs acides, ...