groupes au Maghreb. (19).
Bref, le mulk est une fin naturelle de chaque açabiya, qui ne se produit pas selon une volonté
subjective (ikhtiyar), mais selon la nécessité et l’ordre des choses.
Ibn Khaldoun examine la genèse du pouvoir que du seul point de vue de la ‘’nature de la société’’. Il
utilise deux postulats pour constituer le socle primaire de toute construction politique ; la
coopération entre les hommes (at-taawun) et la contrainte (ikrah), p, 238(20).
Nous laissons de coté les rapports entre le modèle arabe et berbère qui semblent relevé d’une
confusion originelle qui n’a pas été traitée à l’origine de la transformation onomastique.
Le processus habituel de la théorisation de l’évolution de la société chemine du point de départ de la
situation sociétale (badawi) qu’il traduit par rurale mais qui peut aussi être semi-nomade ou nomade,
le mulk en se constituant, crée les conditions de transformation de la société qui lui a donné
naissance et annonce une société nouvelle, celle de la hadara (citadinité), la stabilité d’un Etat
central. Il pense que la dislocation des structures tribales est un facteur décisif dans la
constitution d’un Etat central stable.
A ce stade de la présentation du système politique A .Cheddadi use de quelques concepts
fondamentaux (mulk, acabiya, ikrah, ta-awun etc .) Puis au fur et à mesure des développements, il
complexifie son analyse par une rationalisation excessive. Il nous propose la démarche suivante :’’
trois démarches se combinent pour rendre compte de la genèse du mulk ; des postulats rationnels et
abstraits ; déduits de la nature de la société, des lois empiriques, dégagées de l’observation directe
de la vie tribale ; des considérations historiques sur la société musulmane et sur les différentes
civilisations qui l’on précédée dans le bassin méditerranéen.’’p, 539 (21).
Nous retrouvons la même méthode rationalisante dans le livre qu’il consacre au grand historien
maghrébin. Dans la démarche, il énumère la qualité du faiseur de concepts. P, 469-470 (22).Le
rapprochement méthodologique que fait A. Cheddadi se répercute sur l’analyse que fait K. Pomian
selon qui les modalités de ‘’la pratique de l’histoire se fait à partir des généalogies et surtout que
l’Etat est la forme dont la civilisation est la matière. Autrement dit qu’il est le principe actif des
transformations des sociétés. ’’(23).
Ce point est largement repris dans ‘’le pouvoir moteur de l’évolution cyclique des sociétés et de la
civilisation.’’ Voici ce que dit en substance Ibn Khaldoun : » Une fois la société est constituée et que
les hommes sont établis dans le monde, il leur faut une autorité (wazi) qui les empêche de
s’agresser mutuellement, car l’agressivité et l’injustice relèvent de la nature humaine de l’homme.
C’est en cela que réside la signification du pouvoir du mulk. »p, 297(24).
L’état de la société ‘’constituée’’ fut un des thèmes majeur d’A Fergusson. Alors que chez Ibn
Khaldoun, il s’agit d’un état ‘’primitif’’ qui tend à évoluer. Chez Fergusson, la société civile est un
concept de la technologie de gouvernement d’après l’interprétation de M. Foucault (25) .Elle fait
partie de la technologie du gouvernement(Etat).
C’est un grand écart conceptuel qui sépare la conception khaldouienne et celle de Fergusson. En
l’occurrence les deux types de société sont très différents dans leur évolution. Il semble que l’Etat