LE PROVENCAL 31 juillet 1995 LAURÉAT : QUE JE T’AIME Clémence des Carmes Clémence Massart a honoré de sa présence le Festival Off 95 avec sa pièce Que je t’aime ! jouée au Théâtre des Carmes où un public nombreux l’a applaudie chaleureusement. Cette comédienne confirmée a joué 300 fois La Femme du boulanger avec Galabru entre autres, auprès duquel elle a beaucoup appris. “C’est une nature, dit-elle, comme Benedetto dans Rigoberta. Après six années au cirque et au music-hall, Clémence Massart commence à jouer en 1971 au Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine. Une formation de musicienne (piano au Conservatoire de Bordeaux), des cours de chant avec un Italien de la Scala de Milan élargissent son parcours artistique. Au cinéma, elle a été la Prieure dans Thérèse (de Lisieux) d’Alain Cavalier. En 1988, elle écrit et met en scène pour la première fois aux Médiévales de Carcassonne Les Templiers, fresque populaire. Elle anime également des ateliers d’acteurs. lui une correspondance pendant deux ans lui confiant ses doutes, ses projets, ses joies, sans attendre forcément de réponse à ses lettres. Ce qui lui donnera l’idée d’écrire sa pièce Que je t’aime née aux Carmes. Clémence publie à haute voix “des lettres de femmes qui expriment des questions profondes. Je joue ces femmes comme si c’était moi, elles sont touchantes.” Clémence ne peut parler d’elle sans parler de son “alter ego”, son “alter négro’ son grand frère Benedetto. Ce poète visionnaire fait comprendre la problématique dialectique de Questions de femmes Les chemins se croisent de nouveau avec Benedetto qu’elle retrouve à Paris au Théâtre du Roseau dans Nous, les Heureupéens et entretient avec notre époque, il aide à penser. “Un exercice formidable” Que je t’aime est une comédie “avec des côtés pathétiquement tragiques qui font rire”. Elle incarne une trentaine de personnages différents. Elle joue seule pour la première fois. “C’est un exercice formidable dans ma vie, dit-elle, car on ne doit compter que sur soi-même”. Que je t’aime, créé pour le festival, sera joué en septembre à la Fête de l’Humanité, à La Courneuve (Paris), puis à Grenoble (Hexagone de Meylan) et ambitionne la capitale pour l’hiver. Au printemps 96, Clémence Massait espère bien revenir aux Carmes jouer pour les Avignonnais. “J’ai confiance dans les femmes. On a tout à espérer d’elles, le théâtre est de l’énergie donnée aux autres, un acte d’amour. L’important est ce qui peut générer la vie, le reste est vraiment secondaire”. Pendant deux heures, Clémence parle avec sincérité dans la quiétude ombragée de la place des Carmes qui revêt pour cet instant une allure de village où chacun en passant – amis, parents, acteurs, anciens stagiaires – est venu la saluer chaleureusement. Notre Carmélite avignon-naise a la simplicité des grands. Clémence Massart - Les pièces – Que je t’aime !