mesure de rendre la législation européenne contraignante. La procédure européenne de sanction
est lourde et manque de transparence. Le système du «Scorebord», qui repose en
fait sur une méthodologie du «naming and shaming» (nommer et dénoncer) semble
bien fonctionner. Il n’empêche, selon M. Beirnaert (FEB), que la Commission n’a parfois
aucune idée du contexte dans lequel certaines décisions sont prises dans la cadre de la
concertation sociale nationale.
Le questionnaire a révélé que l’avenir des services publics dans la nouvelle Europe constitue une
préoccupation majeure. Leur avenir ne semble absolument pas garanti. Une libéralisation n’est
d’ailleurs pas un gage de qualité et elle peut entraîner l’émergence d’une économie de services
réservée aux plus nantis. Selon M. Eppink (Commission), la directive Bolkestein ne prévoit pas
une libéralisation absolue et elle peut encore être amendée. M. Noël (CGSLB) réplique que, si la
directive Bolkestein n’est pas une directive Frankenstein, il ne faut pas non plus être naïf. M.
Bernaert (FEB) se demande à cet égard à partir de quel moment la libéralisation entraîne la
déstabilisation d’un État.
Le débat a montré que les questions relatives à la politique de la concurrence et à la concertation
sociale peuvent difficilement être dissociées. Il existe depuis longtemps des mécanismes de
concertation sociale à l’intérieur des structures européennes. Il n’y a toutefois pas la même
tradition en Europe de l’Est. Les syndicats sont dès lors très sceptiques. Selon M. Paul Wille
(VLD) (président), les nouveaux États membres risquent de perturber la concertation sociale. M.
Eppink (Commission) partage cet avis et déclare qu’en raison de l’élargissement de l’UE, le
maintien de la stabilité des structures européennes constitue un réel problème. Le marché
intérieur risque de se désagréger. M. Luc Van den Brande (CD&V) (Sénateur) lance néanmoins
une mise en garde à l’adresse des pays occidentaux qui doivent veiller, selon lui, à ne pas se
laisser enfermer dans un «protectionnisme humain» en ce qui concerne leurs
propres systèmes sociaux.
Enfin, on a posé la question centrale de savoir si la Constitution européenne n’est pas une
construction idéologique qui pourrait bloquer l’économie. Aurait-on, par exemple, pu développer
le concept du «New Deal» américain sous une telle constitution ? Selon M.
Eppink (Commission), la Cour suprême américaine n’aurait jamais toléré le New Deal. Mais on
ne peut plus arrêter la libéralisation. La dimension sociale a un coût que l’on ne peut payer que
dans une économie forte. Voilà pourquoi il faut investir dans l’enseignement et l’innovation.
M. Paul Wille (VLD) (président) déclare qu’il partage ce point de vue et il ajoute que le passé a
montré que la dynamique de solidarité permet de réaliser un grand développement économique.
Il faut que nous tenions notre cap.