Personnalité normale

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05 février 2009
Cours n°4 de psychologie médicale
Par Dr Valérie LEQUEN
Ronéotypeuse :Kacperek Clémence
Personnalité normale
et pathologique
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Plan
I) Introduction sur la personnalité
1- La personnalité
2- Critères de la personnalité « normale »
3- Différences entre le normal et le pathologique
4- Les dimensions de la personnalité
5- Personnalité : modèle « trait - état »
II) Modèles de la personnalité
1- Modèles catégoriels
2- Modèles dimensionnels
3- Nouveaux modèles biologiques
4- Les mécanismes de défense
III) Troubles de la personnalité: critères diagnostiques –DSM-IV-R (classification catégorielle)
IV) Évaluation psychométrique de la personnalité
1- Tests de personnalité
2- Les questionnaires de personnalité
a/ Le M.M.P.I.
b/ Le test 16 P.F
c/ Echelle de recherche de sensations
3- Recherche de sensations et d’aventures
4- Tests projectifs
a/ Test de Rorscharch
b/ Le T.A.T.
5- Principes thérapeutiques des troubles de personnalité
V) Exemples de personnalités pathologiques
1- Personnalité paranoïaque
2- Personnalité schizoïde (groupe A)
3- Personnalité schizotypique
4- Personnalité antisociale ou psychopathique
5- Personnalité limite ou borderline
6- Personnalité hystérique (histrionique)
7- Personnalité narcissique
8- Personnalité évitante
9- Personnalité dépendante
10- Personnalité obsessionnelle - compulsive (obsessionnelle)
11- Exemples de croyances
VI) Conclusion
VII) Exemples de QCM
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I) Introduction sur la personnalité
1- La personnalité
 Définition générale de la personnalité : facteurs permanents et stables dans l’organisation du fonctionnement
psychologique d’une personne.
 Étymologie : en grec : persona représente le masque qui est un reflet fixe et permanent chez quelqu’un.
 Au cours du temps, la conception de personnalité évolue : au XIXe siècle, on parle de caractère ( = noyau
inchangeable de l’individu) et, au XXe siècle, le terme de personnalité prend le dessus sur celui de caractère.
 Définition de l’OMS (1993): « patterns implantés de pensée, sentiment et comportement qui caractérisent le style de
vie particulier à un individu et son mode d’adaptation. Ils résultent de facteurs constitutionnels, développementaux
et du vécu social. » Cette définition unifie la personne avec une notion d’adaptation à l’environnement. Face à ses
propres expériences, on réagit, on réfléchit, on crée sa propre personnalité
 La personnalité est à la fois une structure et une dynamique.
2- Critères de la personnalité « normale »




Ce n’est pas une personnalité « idéale », car cela n’existe pas
Normalité fonctionnelle
Adaptabilité
Capacité à jouer sur plusieurs registres (une personne peut avoir plusieurs traits de personnalité. Par exemple : un
trait professionnel, un trait familial,…)
3- Différence entre le normal et le pathologique
 Continuum entre les deux : caractère pathologique lié à la fixité des réactions quelques soient les situations. Le
prévisible est pathologique.
 Norme statistique (courbe de Gauss).
 Norme fonctionnelle.
 Norme sociale (souffrance personnelle ou de la famille).
 Pas de limite absolue dans le domaine entre la personnalité normale et la personnalité pathologique.
4- Les dimensions de la personnalité
 Le tempérament serait inné (origine génétique) alors que le caractère serait une dimension de la personnalité
acquise au fil du temps, sous l’influence de l’environnement, grâce aux apprentissages que l’on a pu faire.
 Les traits représentent des systèmes ou dispositions chez les personnes qui les amènent à percevoir des situations de
façon particulière et à réagir de manière constante dans ces situations (Allport, 1937). Par exemple, pour une
personne donnée, on peut s’attendre à ce qu’elle réagisse d’une certaine façon dans une situation similaire dans le
temps.
5- Personnalité : modèle « trait-état »
SITUATION
Tempérament physique héritable
Personnalité
Environnement : apprentissages
TRAITS
Prédiction
Réponses physiologiques
Cognitions
Comportements
ETATS
Réponses
La personnalité dépend du tempérament. Le caractère résulte des apprentissages sous l’effet de l’environnement. On a
des traits de personnalité qui vont faire que, face à une situation, on va se mettre dans un état émotionnel, affectif, ou
autre, induisant une réponse physiologique (exemples : sueur, plaques cutanées, ... en cas de stress).
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II) Modèles de la personnalité
1- Modèles catégoriels
Les types de personnalité :
- Classification d’Hippocrate (400 av. J.-C.) : théorie des humeurs. Selon Hippocrate, la prédominance du sang
donnait un tempérament instable, nerveux ; celle de la lymphe entraînait un caractère léthargique, avec des
personnalités que l’on appelle lymphatiques ; celle de la bile jaune correspond au caractère irascible et celle de
la bile noire entraîne le mélancolique au pessimisme. On remarque que c’est encore d’actualité dans le langage
courant : « se faire de la bile », « être lymphatique ».
Cette classification est reprise par Galien, en 220 après JC, puis par Pavlov qui y ajoute la théorie du
conditionnement.
-
Classification de E. Kretschmer (1925) : typologie selon des caractéristiques physiques définissant quatre
types de personnalité. Par exemple, selon lui, les schizophrènes étaient plutôt grands et minces ; le petit et gros
aurait un comportement instable, sociable, réaliste, gai ; le musclé, athlétique aurait un comportement impulsif
et coléreux.
Les modèles catégoriels permettent de repérer les différentes personnalités et de décrire les typologies, mais ils ne
rendent pas compte de la diversité humaine. Il est important de faire une approche quantitative sur une dimension
puisque, entre deux traits de personnalité, on peut trouver tous les intermédiaires, d’où l’intérêt des modèles
dimensionnels.
2- Modèles dimensionnels
a/ Modèle à 3 facteurs de H. Eysenck (1970)
- Extraversion : sociabilité, caractère vivant, actif, recherche de sensations, dominateur, violent et aventureux (le
contraire de l’extraversion est l’intra version et, entre ces deux extrêmes, il y a les intermédiaires : on n’est pas
complètement intraverti ou complètement extraverti et ce, sans être pathologique.)
-
Névrosisme : caractère angoissé, déprimé, culpabilité, faible estime de soi, tendu, irrationnel.
-
Psychoticisme : agressif, froid, égocentrique, impulsif, rigide, asocial.
b/ Modèle de R.Cloninger (1987) : 3 dimensions de personnalité
Personnalité
Neuromodulateur Comportement-approche
Activation comportementale Dopamine
Recherche de nouveauté et de sensation, exploration, approche,
évitement actif des situations désagréables
Inhibition comportementale
Sérotonine
Inhibition comportementale, évitement passif (les gens font profil bas
pour éviter les conséquences)
Maintien comportemental
Noradrénaline
Émotion, maintien de l’attention, dépendance à la récompense, besoin
de gratification.
3- Nouveaux modèles biologiques
Un déficit sérotoninergique (métabolite dans le LCR)entraîne un déficit du contrôle des impulsions (Ashberg,1976).
Les antidépresseurs sérotoninergiques ont pour objectif d’augmenter l’auto-contrôle.
Les inhibiteurs de recapture de Sérotonine sont étudiés dans l’alcoolisme, les comportements violents, les TS, le jeu
pathologique (Coccaro et Murphy, 1990), c’est – à dire dans toutes les conduites d’excès où il y a recherche de
sensations fortes : on a alors augmentation du tonus du système noradrénergique central (Zuckerman,1991, a élaboré
une échelle de sensations fortes pour évaluer le niveau de cette dimension. Par exemple, les patients alcooliques ou
ayant une dépendance au jeu sont à un haut niveau dans cette échelle.)
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Comment se construit une personnalité ?
1. par apprentissage : théorie comportementale.
L’environnement a un rôle structurant.
2. approche psychanalytique : théorie des instincts.
Conflit entre les pulsions et les interdits. Mécanismes de défense du Moi (ils peuvent amener à des
comportements normaux et pathologiques).
3.
une somme de croyances : théorie cognitive. La personnalité est un processus de pensées avec des croyances
et des convictions. En fonction de ses propres croyances, pensées, …, on interprète différemment les éléments
qui nous entourent et les événements qui nous arrivent.
4.
un effet de la société: théorie sociale. La culture, le groupe la déterminent. Ceci peut être vu à l’intérieur même
de la famille où la communication et les interactions entre ses membres ont un rôle structurant, tout comme la
pression culturelle qui intervient dans la genèse de la personnalité.
4- Les mécanismes de défense
Selon Freud, on est constitué du conscient , du préconscient et de l’inconscient. Pour lui, l’appareil psychique est
composé de trois instances : le ça qui correspond aux pulsions, le Surmoi qui correspond aux désirs interdits (qui est à
l’origine des conflits entre conscient et inconscient), le Moi, qui est modifié selon les exigences sociales (il cherche à
faire des compromis entre les exigences sociales et les désirs acceptables que l’on peut avoir.)
Stratégies dont se sert le Moi pour résoudre les conflits entre les composantes conscientes et inconscientes de
la personnalité.
La défense peut conduire à une réaction normale ou pathologique
Mécanismes de défense: exemples:
La sublimation: dérivation de l’énergie sexuelle ou agressive vers des activités valorisées socialement (artistiques,
intellectuelles et morales).
Issue heureuse du développement de la personnalité ou d’une psychanalyse. Manifestation d’une autonomie de la
pensée et de l’action vis-à-vis des conflits inconscients.
Le refoulement: rejet dans l’inconscient de représentations conflictuelles liées à la pulsion et qui demeurent actives
tout en étant inaccessibles à la prise de conscience.
Les effets nocifs viennent souvent du retour du refoulé.
La projection: perception de pulsions inacceptables comme si elles appartenaient aux autres alors qu’elles sont
nôtres.
L’isolation: disparition dans le conscient de l’affect lié à une représentation (souvenirs, idées..) conflictuelle.
Séparation entre deux pensées ou comportements qui sont en réalité liés. (comme dans la phobie)
La formation réactionnelle: attitude psychique de sens opposé à un désir refoulé et constituée en réaction contre
celui-ci.
Ex: pudeur face à la perversion; transformation de la cruauté en compassion.
Le déni: élimination d’une représentation gênante en niant la réalité de la perception.
La régression: retour à des modes anciens, archaïques, d’affrontement des difficultés.(ex: régression infantile).
III) Troubles de la personnalité: critères diagnostiques –DSM-IV-R (classification catégorielle)
A. Modalité durable de l’expérience vécue et des conduites qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture
de l’individu. Déviation manifeste dans au moins deux des domaines suivants:
(1) Cognition ( perception de soi et des autres)
(2) Affectivité (réponse émotionnelle)
(3) Fonctionnement interpersonnel (relations entre une personne et une autre)
(4) Contrôle des impulsions (colère, tristesse, …)
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B. Ces modalités durables sont rigides et envahissent des situations personnelles et sociales très diverses.
C. Ce mode durable entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social,
professionnel ou dans d’autres domaines importants. Ce mode intervient de manière récurrente dans les troubles
mentaux DSM- IV
- Ce mode est stable et prolongé et ses premières manifestations sont décelables au plus tard à l’adolescence
ou au début de l’âge adulte (ce qui n’est pas le cas dans d’autres pathologies : on peut avoir une dépression
en étant âgé, alors que les troubles de la personnalité se constituent très tôt : on peut avoir des prémices).
- Ce tableau n’est pas mieux expliqué par les manifestations ou les conséquences d’un autre trouble mental
- et n’est pas dû aux effets directs d’une substance ou d’une affection médicale générale (ex : traumatisme
crânien).
Classification des troubles de la personnalité_DSM-IV
- Groupe A:personnalités excentriques et bizarres: paranoïaque, schizoïde, schizotypique.
- Groupe B: personnalités dramatiques et émotionnelles: antisociale, limite ou border-line, histrionique, narcissique.
- Groupe C: personnalités anxieuses et craintives: évitante, dépendante, obsessionnelle compulsive.
IV) Évaluation psychométrique de la personnalité
1- Tests de personnalité
Complémentaires à l’évaluation clinique de l’individu.
Observation directe de comportements objectifs quantifiables (intensité et fréquence)
Evaluation par une personne proche du sujet.
2- Les questionnaires de personnalité
a/ Le M.M.P.I. (Minnesota Multiphasic Personality Inventory).Hattaway, Mac Kinley(1943) : Le plus utilisé. 550
questions de type vrai ou faux sur les attitudes, comportements et façons de penser. Il permet d’inventorier les
caractéristiques de la personnalité et les symptômes pathologiques. On établit un profil à partir de ces échelles cliniques
: Hypochondrie, Dépression, Psychopathie, Paranoïa, Schizophrénie, Manie..
b/ Le test 16 P.F. de Catell (1950).
Analyse factorielle : 16 traits de personnalité fondamentaux (ex: réservé - sociable; soumis - dominant; confiant méfiant; dépendant - indépendant.) et 4 facteurs de second ordre (anxiété; extraversion…). Ce test permet de faire la
différenciation de groupes de sujets normaux et de névrosés mais ne permet pas la distinction entre les divers troubles
de personnalité.
c/ Echelle de recherche de sensations de Zuckerman(1991). Evaluation dimensionnelle.
3- Recherche de sensations et d’aventures
Excès
Facteurs positifs
Facteurs négatifs
Trop peu
Facteurs positifs
Facteurs négatifs
Capacités de changement
Alcool
Conformité à une norme sociale Routine
Résistance
Drogues
Organisation
Habitude
Originalité
Prise de risques
Quand on est à la recherche de sensations fortes, les facteurs positifs sont que l’on est capable de changer, que l’on est
résistant et que l’on est original. Mais, il existe des risques cliniques comme l’abus d’alcool, de drogues et les conduites
à risque.
Quand on ne recherche pas assez les sensations, on est, généralement, plus en conformité avec les normes sociales, on
est organisé, mais on risque d’avoir une certaine morosité.
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4- Tests projectifs
a/ Test de Rorscharch : série de 10 planches de tâches d’encre informelles et symétriques; sujet invité à dire ce qu’il y
voit (en fonction de ses réponses, il y a plusieurs notations et interprétations permettant de dire le type de sa
personnalité).
b/ T.A.T. (thematic aperception test) : série de planches représentant des situations ambiguës. La personne doit raconter
une histoire intégrant la scène proposée. Elle s’identifie au personnage principal.
Les tests projectifs explorent la personnalité globale. Le patient donne des significations à un matériel peu structuré, ce
qui révèle sa manière de résoudre ses conflits, son appréciation de la réalité et ses mécanismes de défense prédominants.
Les énoncés du sujet sont analysés et interprétés.
5- Principes thérapeutiques des troubles de personnalité
-
La psychothérapie est le réel traitement de fond, qu’elle soit de soutien ou standardisée (psychanalytique,
cognitivo-comportementale), individuelle ou groupale, thérapie familiale systémique…
La chimiothérapie est utilisée pour traiter les symptômes, comme les symptômes de crises d’angoisse,
réaction dépressive, émergence délirante (états limites, paranoïaques), impulsivité…
Parfois, on est amené à donner un traitement de fond : neuroleptique atypique chez les personnalités labiles, agressives,
impulsives …. ce qui permet des les stabiliser et de les rendre plus accessibles à la thérapie.
V) Exemples de personnalités pathologiques
1- Personnalité paranoïaque
Description clinique :
4 principaux traits de caractère
- Hypertrophie du Moi : orgueilleux, autoritaire, égocentrique, sûr de son bon droit, absence d’autocritique.
- Psychorigidité.
- Fausseté du jugement et absence d’autocritique : raisonnement souvent logique mais s’appuyant sur des
arguments empreints de subjectivité.
- Méfiance à l’égard d’autrui et susceptibilité : s’attend sans raison suffisante à ce que les autres l’exploitent, lui
nuisent ou le trompent.
Complications évolutives :
- Épisode dépressif avec ou sans manifestations psychotiques (à thématique persécutive) ; risque suicidaire
important.
- Délire chronique à thématique persécutive ou hypocondriaque.
- Réactions passionnelles à des échecs, des frustrations pouvant générer des passages à l’acte auto ou hétéro
agressifs ou un délire passionnel (délire de jalousie, érotomanie, délire de revendication…).
Diagnostic différentiel :
- Délire paranoïaque constitué (délire d’interprétation systématisé où les gens, à partir d’éléments de la réalité,
pensent que tout le monde leur en veut).
2- Personnalité schizoïde (groupe A)
Description clinique :
- Froideur, détachement ou émoussement de l’affectivité.
- Préférence marquée pour les activités solitaires.
- Désintérêt pour les relations proches y compris intrafamiliales.
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-
Intérêt réduit pour les relations sexuelles.
Intérêt pour les activités répétitives (Internet, par exemple)
Indifférence aux éloges comme à la critique.
Incapacité à éprouver du plaisir, si ce n’est dans de rares activités.
Préoccupation excessive par l’imaginaire et l’introspection.
Évolution et complication :
- Relativement stable, peu de tendance à l’évolution.
- Schizophrénie.
Diagnostics différentiels :
- Schizophrénie.
- Personnalité évitante (pauvreté du contact par peur d’être rejeté et non par absence de goût).
- Personnalité schizotypique (gens bizarres qui ont des superstitions, des croyances étranges, magiques).
3- Personnalité schizotypique
Description clinique :
- Croyances bizarres ou pensée magique influençant le comportement.
- Idéation méfiante ou persécutoire.
- Inadéquation ou pauvreté des affects.
- Pensées et langage bizarres sans lien avec le groupe culturel de référence.
- Comportement ou aspect bizarre ou excentrique.
- Absence d’ami proche ou de confident en dehors des parents du premier degré.
- Perceptions corporelles inhabituelles.
Complication évolutive :
- Un mode d’entrée fréquent dans la schizophrénie ou, pour certains auteurs, forme mineur de cette pathologie.
Diagnostics différentiels :
- Personnalité limite (du point de vue psychanalytique).
- Schizophrénie.
- Personnalité schizoïde.
4- Personnalité antisociale ou psychopathique
Description clinique :
- début avant 15 ans
- incapacité à se conformer aux normes sociales
- tendance à tromper par profit ou plaisir (mensonges, escroqueries...)
- impulsivité ou incapacité à planifier
- irritabilité ou agressivité
- mépris pour sa sécurité ou celle d’autrui
- irresponsabilité avec incapacité à assumer un emploi stable
- absence de remords
Complications évolutives :
- Actes médico-légaux, incarcérations.
- Abus de substances qui conduit les gens à être instables et impulsifs émotionnellement.
- Risque de décès élevé par accident ou suicide.
- Manifestations anxieuses ou dépressives.
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Diagnostics différentiels :
- Héboïdophrénie.
- Personnalité limite, schizoïde.
5- Personnalité limite ou borderline
Description clinique :
Polymorphisme clinique important
- Les gens ont très peur d’être abandonnés, d’où des efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou
imaginaires
- Relations interpersonnelles instables et intenses; alternance de positions d’idéalisation excessive et de
dévalorisation (tout blanc ou tout noir).
- Sentiments chroniques de vide intérieur.
- Perturbation de l’image de soi.
- Instabilité émotionnelle et manque de contrôle des impulsions (colères intenses et inappropriées) ; impulsivité.
- Répétition de conduites suicidaires ou d’automutilations à la moindre contrariété.
Complications évolutives :
- Tentatives de suicide.
- Épisodes dépressifs.
- Attaque de panique avec déréalisation et dépersonnalisation (le monde leur paraît étranger, bizarre); épisodes
psychotiques aigus.
- Actes médico-légaux.
- Abus de substances psycho actives.
- Conduites addictives (troubles du comportement alimentaire, achats compulsifs ou jeux pathologiques).
Diagnostics différentiels :
- Trouble de l’humeur sans trouble de la personnalité.
- Autres troubles de la personnalité : antisociale, histrionique...
6- Personnalité hystérique (histrionique)
Description clinique :
- mal à l’aise dans les situations où il n’est pas au centre de l’attention d’autrui
- comportement de séduction sexuelle inadaptée ou provocation
- expression émotionnelle superficielle et changeante
- utilise son aspect physique pour attirer l’attention sur soi
- manière de parler subjective mais pauvre en détails
- dramatisation, théâtralisme, exagération de l’émotion
- suggestibilité (par quelqu’un qui représente une autorité, comme le chef de service)
- considère ses relations comme plus intimes qu’elles ne sont réellement
Complications évolutives :
- Épisode dépressif majeur avec risque de passage à l’acte suicidaire (ce n’est pas parce qu’une personne est
hystérique qu’il n’y a pas de passage à l’acte : les menaces peuvent être mises à exécution).
- Somatisations (conversion de la souffrance psychique en souffrance physique avec, par exemple, des aphonies,
des paralysies, … . Ceci permet aux patients d’exprimer leurs souffrances psychiques. On évite d’hospitaliser
ces patients . On met de préférence en place une thérapie leur permettant de mettre des mots sur leurs
souffrances et de parler à leur entourage. Ainsi, leurs souffrances deviennent réelles car ce n’est pas suffisant,
pour ces personnes, de dire qu’elles souffrent moralement.
- Abus de substances (alcools, benzodiazépines…).
Diagnostics différentiels :
- Personnalité narcissique.
- Personnalité limite.
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7- Personnalité narcissique
Description clinique :
- Sens grandiose de sa propre importance (surestime ses réalisations et ses capacités, s’attend à être reconnu
comme supérieur sans avoir accompli quelques choses en rapport).
- Fantaisies imaginatives de succès illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté et d’amour idéal.
- Conviction d’être « spécial » et unique et de ne pouvoir être compris que par des gens spéciaux et de haut
niveau.
- Besoin excessif d’être admiré ; pense que tout lui est dû.
- Manque d’empathie (non disposé à reconnaître et à partager les besoins d’autrui).
- Envie souvent les autres et croit que les autres l’envient.
- Attitudes et comportements arrogants et hautains.
Complications évolutives :
- Épisode dépressif.
- Abus de substances psycho actives.
Diagnostics différentiels :
- Personnalité limite, histrionique, antisociale.
8- Personnalité évitante
Description clinique :
Mode général d’inhibition sociale, hypersensibilité au jugement négatif d’autrui.
- Perception de soi comme socialement incompétent, sans attrait, inférieur.
- Préoccupation excessive par la crainte d’être critiqué, rejeté, ce qui explique leur mise à l’écart.
- Évitement des activités sociales ou professionnelles impliquant des contacts avec autrui de peur d’être critiqué,
désapprouvé ou rejeté.
- Réservé dans les relations intimes par crainte d’être exposé à la honte ou au ridicule.
Complications évolutives :
- Phobie sociale (par exemple : rester cloîtré chez soi, anxiété de performance, évitement, peur de manger ou de
rougir en public, …).
- Épisodes anxio-dépressifs.
- Abus de substances psycho actives, comme l’alcool, pour se donner du courage pour affronter des épreuves.
Diagnostics différentiels :
- Timidité.
- Phobie sociale.
9- Personnalité dépendante
Description clinique :
- Difficultés à prendre des décisions dans la vie courante sans être assuré ou conseillé de manière excessive par
autrui.
- Besoin que d’autres assument les responsabilité dans la plupart des domaines importants de sa vie.
- Difficulté à exprimé un désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation.
- Sentiment de malaise ou d’impuissance quand le sujet est seul de peur de ne pouvoir se prendre en charge.
- Préoccupation par la peur d’être abandonné.
Complications évolutives :
- Phobie sociale.
- Episodes anxio-dépressifs.
- Abus de substances psycho actives.
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Diagnostics différentiels :
- Phobie sociale.
- Personnalité histrionique (passive - dépendante).
10- Personnalité obsessionnelle - compulsive (obsessionnelle)
Description clinique :
- préoccupé par les détails, les règles, les inventaires, l’organisation ou les plans
- perfectionnisme entravant l’achèvement des taches
- dévotion excessive pour le travail et la productivité, à l’exclusion des loisirs et des amitiés
- trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur les questions de morale, d’éthique ou de valeur
- incapable de jeter des objets usés ou sans utilité même si ceux-ci n’ont pas de valeur sentimentale.
- réticence à déléguer ou travailler avec autrui par crainte que cette personne ne fasse pas aussi bien qu’eux.
- avare pour soi-même et les autres
- rigide et têtu.
Complications évolutives :
Personnalité souvent stable avec pauvreté des investissements sociaux.
- Épisodes anxio-dépressifs.
- Préoccupations hypocondriaques.
- Symptômes obsessionnels avec intrusion de pensées et d’impulsions importunes s’imposant au sujet.
Diagnostics différentiels :
- Trouble obsessionnel compulsif : prédominance d’idées obsédantes de compulsions. On peut avoir un TOC
sans avoir une personnalité obsessionnelle et on peut avoir une personnalité obsessionnelle sans avoir de TOC.
Il en est de même pour la personnalité histrionique qui ne présente pas obligatoirement des conversions
hystériques.
- Personnalité psychotique (paranoïaque ou schizoïde).
Dans la classification des DSM-IV, il y a l’axe 1 qui regroupe les pathologies psychiatriques (psychoses, …) et
l’axe 2 avec les troubles de la personnalité.
11- Exemples de croyances
Exemples de croyances en fonction des types de personnalité
- Paranoïaque : les autres sont des ennemis potentiels (il faut toujours se défendre et être sur ses gardes)
- Hystérique : je dois impressionner les autres
- Psychopathique : les autres sont des proies
- Obsessionnel : je ne dois jamais faire aucune erreur sinon je suis nul, sans intérêt
Exemple de personnalité en relation avec des maladies physiques : La personnalité de type A
- Profil de personnalité décrit en 1959 par FRIEDMAN.
- Caractérise l’hyperréactivité hémodynamique au stress et contribue à la survenue de l’insuffisance
coronarienne.
- Sujets de type A :
Portés à accomplir de plus en plus de choses en un temps de plus en plus court.
Goût pour la compétition.
S’engager dans le travail ou les jeux pour gagner et convoiter la performance.
Sujets vifs, marquant fréquemment des signes d’impatience et supportant mal les temps morts ou tout
obstacle venant différer l’atteinte de leurs objectifs.
Particulièrement stimulés par les échéances à tenir.
Tension permanente de la musculature faciale.
Parole rapide, explosive, anticipation des réponses de l’interlocuteur.
Traits de comportement largement encouragés par la civilisation moderne.
Trois composantes principales du type A :
S (speed et impatience) : notion de sentiment d’urgence du temps.
Dérive : recherche du surmenage.
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-
J (job involvement) : image de bon travailleur et implication dans le travail
Dérive : workaholism (addiction au travail)
H (hard driving) : combativité, compétitivité, exigence par rapport à soi-même et agressivité
socialisée.
Se fixent des objectifs plus élevés que la population générale.
Les échecs, le déni des difficultés, conduisent à une élévation des objectifs.
Réaction au stress : déni des émotions pénibles.
Émotions non reconnues. Refus de l’aide proposée.
Risque relatif d’infarctus du myocarde chez les sujets de type A de 2 pour 1.
Facteur indépendant des autres facteurs de risque de l’infarctus (âge, hypertension, cholestérol, tabac...).
Des comorbidités psychiatriques fréquentes
- Troubles mixtes de la personnalité (hystéro dépendantes, hystéro narcissiques, histrioniques et borderline…)
- La plupart des pathologies mentales peuvent s’associer à n’importe quel trouble de la personnalité.
- Toutefois, absence de relation systématique entre pathologie mentale et trouble de la personnalité: par ex, TOC
sans personnalité obsessionnelle ou associé à un autre type de personnalité.
Impact des pathologies psychiatriques sur la personnalité
- Un trouble mental sévère et durable peut remanier la personnalité.
- Aggravation possible de certains traits: manque de confiance en soi, sentiment d’insécurité, pessimisme,
dépendance interpersonnelle, démoralisation…
- Attention au diagnostic de trouble de la personnalité lors d’un épisode pathologique: évaluer la situation pré
morbide et réévaluer au décours de cet épisode pathologique.
Certains troubles de la personnalité sont des facteurs de risque de troubles mentaux
- Risque élevé de conduites addictives et suicidaires chez les personnalités limites et psychopathiques.
- Risque élevé d’anxiété et de dépression chez les borderline et les histrioniques.
- La personnalité paranoïaque prédispose au délire chronique paranoïaque.
- La personnalité schizoïde prédispose au développement d’une schizophrénie.
Les troubles de la personnalité interfèrent avec les troubles mentaux
- Interférences sur le plan sémiologique:
Les dépressions associées à une personnalité histrionique sont souvent hyper expressives, caractérisées par une
hypersensibilité au rejet, une hyperréactivité aux événements extérieurs.
Les traits de personnalité peuvent être amplifiés par un trouble de l’humeur.
- L’existence d’un trouble de personnalité est un facteur de mauvais pronostic pour la pathologie psychiatrique.
Les épisodes dépressifs associés à un trouble de personnalité sont plus souvent résistants aux traitements
médicamenteux et évoluent davantage vers la chronicité que les autres.
VI) Conclusion
Personnalité = unité fonctionnelle intégrant de manière dynamique des composantes cognitives, pulsionnelles et
émotionnelles et en interaction avec l’environnement. Critères de stabilité (permanence de l’individu) et d’unicité (sujet
reconnaissable, distinct des autres). On a un continuum entre personnalité normale et personnalité pathologique. Le
critère d’adaptabilité à l’environnement ainsi qu’à la souffrance de l’individu et de son entourage est essentiel pour
distinguer le normal du pathologique. Quand il y a une comorbidité psychiatrique, on a une aggravation du pronostic de
la pathologie mentale avec, souvent, un trouble de la personnalité associé.
VII) Exemples de QCM
1. Parmi les traits caractérisant la personnalité obsessionnelle, un seul est faux, lequel ? :
A . méticulosité
B. entêtement
C. tendance au doute et aux scrupules
D. dépendance affective
E. agressivité passive.
Réponse : D
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2. Concernant l’hystérie, une seule des ces propositions est vraie : laquelle ? :
A. la somatisation se voit uniquement dans l’hystérie ;
B. l’hystérie ne présente pas de symptômes durables ;
C. l’hystérie n’est qu’une simulation ;
D. les symptômes hystériques n’apparaissent que dans l’hystérie ;
E. le sujet hystérique peut réclamer une intervention chirurgicale.
Réponse : E (pour la B : à partir du moment où il y a trouble de la personnalité, les symptômes sont durables. Pour
la C : le sujet hystérique peut passer à l’acte)
3. La personnalité pathologique se définit par les caractéristiques suivantes sauf une : laquelle ? :
A. le trouble de la personnalité est à l’origine d’une perturbation notable de la façon d’être du sujet ;
B. il est présent dès le début de l’âge adulte ;
C. c’est une psychose ;
D. il est à l’origine d’un handicap social plus ou moins important ;
E. il entraîne une souffrance qui peut amener le sujet à consulter.
4. Toutes les propositions suivantes peuvent s’appliquer à la personne hystérique, sauf une : laquelle ? :
A . histrionisme
B. avidité affective (en recherchant l’attention, …) ;
C. décharge émotionnelle spectaculaire ;
D. tendance aux scrupules ;
E. frigidité.
Réponse : D
5. Parmi les propositions suivantes, indiquer laquelle ne peut s’appliquer à la personnalité obsessionnelle :
A. obstination ;
B. souci d’efficacité ;
C. méticulosité ;
D. hyper sensibilité aux frustrations ;
E. pauvreté de la sexualité.
Réponse : D : on retrouve ce trait plutôt dans les personnalités border line.
6. Parmi les caractéristiques suivantes, laquelle est relative au délire paranoïaque ? :
A. développement à partir d’hallucinations visuelles ;
B. mécanisme principalement interprétatif et intuitif ;
C. caractère non systématisé ;
D. début brutal ;
Réponse : B : les gens ont un raisonnement logique mais qui va, à un moment donné, dériver. Dans la jalousie, par
exemple, ces personnes vont voir des signes partout qui vont entrer dans leur théorie pour les y conforter : c’est ce
qu’on appelle le délire systématisé (tout a un sens). Ce n’est pas une hallucination visuelle, c’est vraiment une
interprétation logique, interprétatif et associatif.
7. La personnalité histrionique se caractérise par :
A. Théâtralisme  oui
B. fausseté du jugement  non, c’est plutôt pour la paranoïa.
C. froideur affective
D. hyper émotivité  oui
E. érotisation des rapports sociaux
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