economie generale – l`heterogeneite de l`economie mondiale

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ECONOMIE GENERALE – L’HETEROGENEITE DE L’ECONOMIE
MONDIALE
L’économie devient mondiale. Mais elle se caractérise par une très grande hétérogénéité ; on observe de grandes
inégalités de développement entre les pays.
I.
UNE MONDIALISATION DESEQUILIBREE
A.
Le développement
Le développement constitue l’ensemble des changements qualitatifs observables dans un système économique et
social et qui accompagnent la croissance. Il se traduit par une amélioration du bien-être de toute la population.
C’est donc un processus à long terme. Différents outils existent pour le mesurer :
1.
Les outils classiques : PIB/PNB par habitant
Ils chiffrent les activités créatrices de richesses et leur taux de croissance permet de calculer une progression
annuelle.
Pour effectuer des comparaisons, on calcule le PIB ou le PNB par habitant à parité de pouvoir d’achat – PPA. On
corrige les chiffres bruts pour tenir compte du pouvoir d’achat de chaque pays ; la quantité de nourriture achetée
avec 1 $ est en effet différente en Haïti et aux USA.
Toutefois, ces agrégats sont de plus en plus critiqués ; si on reconnaît un rôle essentiel à la croissance économique
dans le processus de développement, cette notion recouvre un enjeu beaucoup plus large. D’où l’utilisation d’autres
outils, en particulier de l’IDH.
2.
L’indice de développement humain : IDH
L’IDH est calculé à partir de 3 variables :
 Le niveau de vie mesuré par le PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat
 Le niveau sanitaire mesuré par l’espérance de vie de la population
 Le niveau d’éducation mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes et le taux de scolarisation.
L’échelle est un indicateur qui va de 0 à 1.
B.
Les inégalités de développement
Le monde est globalement plus riche et plus développé qu’il y a 30 ans mais de fortes inégalités persistent. Les
pays industrialisés se sont enrichis, de nombreux pays du tiers monde, pauvres en 1960, sont sortis du sousdéveloppement mais certaines nations sont de plus en plus marginalisées.
1.
Une planète, dans son ensemble, plus riche et plus développée
La planète est, aujourd’hui, 6 fois plus riche qu’en 1960. Compte tenu de la croissance démographique, le revenu
moyen par habitant a été multiplié par 2,5 sur la période.
Cette croissance de la richesse s’est accompagnée d’une amélioration des conditions de vie partout dans le monde.
En 30 ans , le nombre de personnes vivant dans un pays à niveau de développement humain élevé (IDH>0.64) a
triplé. Le nombre de ceux vivant dans un pays à faible niveau de développement (IDH<0.40) a reculé.
Ce mouvement d’amélioration ne s’est pas limité aux pays industrialisés ; les pays en développement ont, eux
aussi, multiplié leur revenu par habitant par 2.5 en moyenne sur ces 30 ans. Les pays de l’Asie de l’est, parmi les
plus pauvres du monde en 1960, ont connu un développement spectaculaire à partir des années 80.
2.
Mais des inégalités persistantes
La distribution des richesses mondiales est toutefois plus inégalitaire.
2
Au nord, un habitant percevait en moyenne 4 fois le revenu mondial moyen en 1980 ; aujourd’hui, il perçoit plus de
5 fois ce revenu.
A l’inverse, le revenu par habitant en Afrique est passé de 29% à moins de 10% du revenu moyen de la planète.
L’écart entre les plus hauts et les plus bas revenus se creuse et passe de 31 à 67.
Ce sont surtout les pays riches et certains pays à revenu moyen qui ont progressé. En parallèle, on assiste à une
marginalisation croissante d’autres et près d’un milliard de personnes vivent dans un pays où le revenu par tête a
reculé.
Dans les 49 pays les plus pauvres (1/10 de la population mondiale), la plupart des habitants vivent avec moins de 2
dollars par jour ; leur espérance de vie ne dépasse pas 50 ans et la moitié sont analphabètes.
C.
Les différents types de pays
Dans les années 50-80, on a découpé l’économie mondiale en 3 zones : les pays développés à économie de marché,
les pays socialistes à économie planifiée et le tiers monde. L’expression tiers monde a été créée par Alfred Sauvy
en 1951 pour désigner les pays sous-développés.
Aujourd’hui, ce découpage n’est plus valable. L’économie mondiale est devenue un regroupement de pays se
référant dans leur très grande majorité à l’économie de marché mais situés à des stades de développement très
différents et engagés dans des dynamiques de croissance très variables.
L’ONU distingue :
 les pays développés : Europe de l’ouest + Amérique du nord + Japon
 les pays en transition d’une économie planifiée vers l’économie de marché
 les pays pétroliers qui participent à l’économie mondiale principalement comme détenteurs de capitaux
 les nouveaux pays industrialisés (NPI) qui se caractérisent par une forte croissance et une intégration
progressive dans l’économie mondiale
 les pays continents, la Chine et l’Inde, classés à part car ils maîtrisent leurs relations avec l’économie
internationale
 les pays les moins avancés (PMA), de plus en plus marginalisés de l’économie mondiale
II.
LES PAYS LES MOINS AVANCES
Les PMA sont actuellement au nombre de 49 se situent essentiellement en Afrique (35) et en Asie du sud (Népal,
Bengladesh…)
A.
Les caractéristiques des PMA
Dans ces pays, la situation économique est préoccupante, tant sur le plan économique que financier. Ils se
caractérisent par :
 Un faible PIB/habitant : actuellement moins de 900$ par an
 Une part très réduite de la production industrielle dans le PNB (< 10%) - 70% des actifs sont employés dans
l’agriculture et l’artisanat
 Une forte pression démographique avec des taux de natalité élevés
 Une sous-alimentation (moins de 2 400 calories par jour) et malnutrition
 Un taux d’alphabétisation faible (< 20% de la population)
B.
Les causes de sous-développement
Plusieurs facteurs expliquent que ces pays n’arrivent pas à se développer :
 L’agriculture :
Elle est prépondérante mais peu productive et essentiellement tournée vers l’autoconsommation. Peu de PMA
parviennent à assurer leur autosuffisance alimentaire et beaucoup dépendent de l’aide internationale.
 L’économie est très dépendante des exportations de produits primaires, agricoles ou miniers et donc de
l’évolution des cours mondiaux (l’Ouganda dépend à 93% du café). Avec la baisse du cours des matières
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premières, les termes de l’échange se sont dégradés : les exportations permettent d’acquérir des quantités
moindres de produits manufacturés et le poids des PMA dans le commerce mondial ne cesse de décliner.
 Un financement de plus en plus difficile : la faiblesse de l’épargne locale et des recettes d’exportation souvent
fluctuantes ont conduit les PMA à s’endetter lourdement dans les années 80. Malgré de nombreuses remises de
dettes, le poids de la dette demeure important et une grosse part des recettes d’exportation sert à rembourser les
emprunts (40% en Ouganda) ce qui constitue un frein au développement
 Un état inefficace et surdéveloppé : il provoque un gonflement improductif du secteur tertiaire dont l’entretien
impose une ponction élevée sur les revenus disponibles.
III.
LES NOUVEAUX PAYS INDUSTRIALISES
Dans les années 60, les pays de l’Asie de l’est figuraient parmi les plus pauvres du monde. A partir des années 80,
ils ont connu un développement spectaculaire. Il s’agit :
 des 4 dragons : Corée du Sud - Hongkong - Singapour - Taiwan
 des tigres : 2ème génération des NPI - Thaïlande - Malaisie - Indonésie.
On y assimile aussi le Brésil, le Mexique, l’Argentine et le Chili (les jaguars) mais il n’y a, en fait, aucune
définition officielle.
Sous cette appellation, on regroupe des pays en développement ayant connu une forte croissance sur une période
récente du fait d’une industrialisation rapide et massive.
De plus en plus l’expression NPI est remplacée par économie émergente.
A.
Stratégie de développement
Pour les pays asiatiques, les stratégies de développement présentent des caractéristiques relativement similaires
basées sur les principes suivants :
1.
Au départ, une réforme agraire
Le décollage industriel est précédé par des réformes importantes dans l’agriculture, destinées à augmenter le revenu
des agriculteurs pour créer une demande interne apte à assurer des débouchés aux productions locales.
Une politique d’industrialisation à forte utilisation de main-d’œuvre axée sur
l’exportation = Industrialisation par promotion des exportations
Les NPI ont développé une stratégie d’industrialisation à partir de la production de biens destinés à l’exportation en
jouant sur les avantages comparatifs procurés par une main-d’œuvre abondante et bon marché : exemple - textile et
électronique. Ainsi en 1975, le salaire moyen d’un ouvrier textile coréen ne représentait que 8% celui d’un français.
L’essor de ces exportations a permis, grâce aux devises obtenues, le financement des importations de biens
d’équipement et de biens intermédiaires nécessaires à l’industrialisation progressive du pays et à la satisfaction de
la demande intérieure croissante.
Les exportations initialement composées de biens peu élaborés et à forte intensité de main-d’œuvre ont peu à peu
été remplacées par des exportations de biens mettant en œuvre un savoir-faire plus complexe et ont contribué à la
constitution d’un tissu industriel diversifié.
2.
3.
Un état interventionniste
Cette industrialisation n’aurait pas été possible sans un état fort, capable de mettre en place un environnement
favorable. Le rôle de l’état est déterminant à plusieurs niveaux :
 création des infrastructures nécessaires
 formation d’une main-d’œuvre qualifiée par un taux de scolarisation élevé
 contrôle du système bancaire permettant d’orienter l’épargne et les aides financières (subventions ou
crédits à taux préférentiels) vers les secteurs prioritaires
 protectionnisme douanier à l’importation pour protéger les industries naissantes
 redistribution de revenu relativement égalitaire permettant d’élargir progressivement le marché intérieur
et rendant plus légitime une lente progression des salaires qui autorisait de forts taux d’investissement
4
B.
Résultats obtenus
1.
Des économies très extraverties
Les NPI ont des économies très ouvertes et dépendantes de l’extérieur, au niveau des exportations qui représentent
en moyenne 30% du PIB comme au niveau des capitaux ; une grande partie des investissements nécessaires a été
réalisée grâce à des fonds étrangers, principalement japonais.
2.
Des pays de plus en plus développés
Les 4 dragons ont aujourd’hui rattrapé en grande partie les niveaux de vie des pays riches ; selon le FMI, le revenu
réel par habitant des NPI asiatiques mesuré en PPA – parité de pouvoir d’achat - pour tenir compte d’un niveau
inférieur des prix représentait en 1996 plus des 2/3 de celui des pays riches contre 20% en 1965. La Corée a intégré
l’OCDE en 1996.
Mais la crise asiatique, qui a débuté en Thaïlande en 1997, a provoqué une profonde récession dans toute l’Asie du
Sud-est. Les principales causes en ont été :
 un surendettement : dans les années 80/90, les capitaux étrangers affluent, attirés par la croissance économique
de la région. Les entreprises et les banques empruntent massivement, souvent à court terme, pour financer dans
certains cas des projets improductifs et peu rentables (notamment dans l’immobilier), comptant sur leurs
exportations pour rembourser leurs dettes. Il se forme une bulle spéculative.
 des monnaies surévaluées qui ont peu à peu réduit la compétitivité du pays et pénalisé les exportations
 l’effondrement de la monnaie thaïlandaise provoque la crise. Des banques engagées dans des programmes
immobiliers hasardeux font faillite. Les capitaux étrangers se retirent entraînant l’effondrement des monnaies et
des bourses locales, des faillites de banques et d’entreprises incapables de rembourser leurs crédits en devises.
Depuis 1999, la croissance reprend dans de nombreux pays de la zone et les capitaux étrangers affluent à nouveau.
IV.
LES PAYS EN TRANSITION VERS L’ECONOMIE DE MARCHE
Définition : pays mettant en place de nouvelles structures afin de passer du socialisme à l’économie de marché.
La chute du mur de Berlin en 1989 marque le début de cette transition vers l’économie libérale . Elle concerne à
différents degrés :
 Les pays de la C.E.I. – Communauté des Etats Indépendants – 12 états dont la Russie, l’Ukraine…
 Les PECO – pays d’Europe centrale et orientale – 12 pays
 Les pays Baltes – Estonie – Lituanie – Lettonie.
A.
La mise en place des mécanismes de marché
La transition consiste à mettre fin à la régulation par la planification en instaurant une régulation par le marché.
Selon les pays, la transition s’est effectuée de 2 manières :
 Une « thérapie de choc » avec un rythme rapide des transformations pour passer sans délai à l’économie de
marché : c’est le cas de la Pologne
 Un certain « gradualisme » avec des modalités progressives en étalant les mesures et en ne réformant que
certains secteurs : c’est le cas de la Hongrie et de la Roumanie.
La transition qui vise à introduire les mécanismes de marché dans tous les domaines suppose :
 La libéralisation des prix des marchandises et des facteurs de production
Les prix sont fixés par l’offre et la demande et non plus imposés par l’état dans le cadre du système planifié. La
libéralisation des prix s’applique aussi aux salaires ; ils sont le prix de la main d’œuvre.
 Le développement du secteur privé
L’instauration de l’économie de marché implique la constitution d’un secteur privé important ce qui nécessite le
rétablissement de la notion de profit. Cela résulte de :
 la privatisation des entreprises d’état
 la création directe d’entreprises privées
 l’implantation d’entreprises étrangères.
 Le développement de l’intermédiation financière
 réforme du système bancaire. Dans les économies socialistes, le système bancaire était fortement
centralisé, avec une banque centrale exerçant toutes les fonctions (institut d’émission – banque des
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entreprises et de l’état). La réforme consiste à instaurer un système à 2 niveaux : une banque centrale et
des banques commerciales collectant l’épargne et distribuant des crédits.
 création d’un marché financier qui permette de faire appel à l’épargne publique.
 La redéfinition du rôle de l’Etat
Dans le cadre socialiste, la planification centralisée était l’instrument d’affectation des ressources.
C’est dorénavant la politique budgétaire qui doit permettre l’adaptation aux nouveaux mécanismes économiques.
Cela suppose :
 de réorganiser la fiscalité
 de réorienter les dépenses publiques en en baissant certaines (subventions – dépenses militaires…) et en
en augmentant d’autres (indemnisation du chômage…)
 Une ouverture sur l’extérieur
Ceci s’accompagne d’une ouverture sur l’extérieur : adoption du libre-échange – convertibilité des monnaies –
accueil des investissements directs étrangers.
B.
Les difficultés
Les premières années de transition ont été marquées par une profonde récession. Parmi les principales difficultés
rencontrées, il faut souligner :
 La hausse du chômage :
En régime socialiste, le plein emploi était assuré, même s’il impliquait des sureffectifs dans les entreprises et une
faible productivité. Avec les restructurations d’entreprises, le chômage s’est fortement développé.
 Une inflation importante :
Elle est la conséquence de la libéralisation des prix et d’une forte demande de biens de consommation difficile à
satisfaire. D’autre part, les entreprises ne bénéficient plus de subventions et certains prix ne sont plus maintenus
artificiellement bas par l’Etat.
 Des déséquilibres extérieurs :
 déséquilibre du commerce extérieur : augmentation des importations suite à la libéralisation des marchés
et baisse des exportations vers les marchés précédemment protégés des économies socialistes et par suite
de l’insuffisante compétitivité des entreprises vis à vis de l’extérieur.
 instabilité des taux de change.
C.
Conclusion
La transition vers le marché fait apparaître des résultats très hétérogènes et le bilan reste mitigé.
En l’espace de 10 ans, certains pays ont enregistré de bons résultats : la Hongrie, la Pologne, la République
Tchèque, l’Estonie et la Slovénie devraient intégrer l’Union européenne en mai 2004. D’autres, par contre,
continuent à avoir un retard important de développement.
Certes, une classe moyenne émerge ; la restructuration du tissu économique a permis la création d’un secteur privé
concurrentiel en termes d’exportations ; l’inflation et les dépenses publiques sont la plupart du temps maîtrisées.
Mais, des secteurs économiques entiers ne sont toujours pas compétitifs ; les conditions sanitaires et sociales se
dégradent dans de nombreux pays ce qui se traduit par une baisse du niveau d’éducation et un appauvrissement
d’une partie de la population.
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