Prise en charge des lésions infracliniques du sein Serge SANANES 30 av du Président Wilson - Paris L’incidence du cancer du sein est élevée et présente une légère augmentation régulière (25 000 nouveaux cas par an). Le cancer du sein reste la première cause de mortalité par cancer de la femme. Cependant, on constate la stagnation de la mortalité et même dans certains pays, une ébauche de celle-ci. Parmi les différents facteurs de progrès, la prise en charge de lésions infracliniques, souvent au stade in situ est un élément significatif. Les lésions infracliniques sont découvertes soit à l’occasion des campagnes de dépistage de masse, soit dans le cadre des dépistages individuels chez les femmes de plus de 40 à 50 ans, ou présentant des antécédents familiaux de cancer du sein ou sous traitement hormonal substitutif. Sur le plan histologique, les lésions infracliniques correspondent souvent à des cancers intracanalaires ou à des cancers invasifs de moins de 15 mm. Ces lésions sont de bon pronostic, et la proportion de ce type de lésions augmente depuis une dizaine d’années dans toutes les séries. Les méthodes diagnostiques (mammographies, échographies) manquent cependant de spécificité et peuvent conduire à un trop grand nombre d’interventions chirurgicales pour des lésions qui seront en définitive bénignes. Aux Etats-Unis, le pourcentage de lésions malignes en cas de chirurgie du sein pour lésion infraclinique est de 15 à 20 %, en France il se situe entre 30 et 40 %. L’enjeu d’une prise en charge optimale des lésions infracliniques est d’augmenter le pourcentage de lésions malignes en cas de chirurgie pour lésions infracliniques du sein et de diminuer les interventions inutiles, sans risquer de « rater » de réelles lésions cancéreuses. Un objectif de 60 à 70 % de malignité dans un proche avenir paraît raisonnable. La prise en charge des lésions infracliniques répondra donc à plusieurs objectifs : -Visualiser l’image anormale : la double lecture des documents d’imagerie par le Radiologue et par le Clinicien de l’ensemble des documents d’imagerie est importante. Elle répond d’ailleurs à une responsabilité conjointe sur le plan médico-légal. - Evaluer le risque de malignité de l’image dépistée. Pour ce faire, il sera souvent nécessaire de compléter l’imagerie par des clichés d’agrandissement ou de compression localisée, et par une échographie voire dans certains cas une IRM. L’image pathologique sera classée dans la classification de l’ACR American College of Radiology. - La prise en compte de ces différents éléments permettra de définir l’étape suivante : Soit le risque de malignité est inférieur à 5 à 10 %, une simple surveillance est mise en place. Entre 10 et 50 %, de risque de malignité : c’est dans cette catégorie qu’il faudra faire appel aux moyens d’imagerie complémentaires ainsi qu’aux cytologies, microbiopsies, voire macrobiopsies par mammotome ou chirurgie stéréotaxique. L’objectif étant de s’approcher mieux du diagnostic histologique réel, sans augmenter inutilement le nombre d’interventions chirurgicales pour des lésions bénignes. Enfin, pour les situations où le risque de malignité est supérieur à 50 à 60 %, l’indication chirurgicale ne se discute plus. L’objectif de la prise charge étant stratégique afin de préciser au mieux le type d’exérèse adaptée, son étendue, la nécessité d’un curage axillaire, d’un ganglion sentinelle… Conclusion Les politiques de dépistage de masse et individuel conduisent de plus en plus souvent au diagnostic de lésion infraclinique du sein. La prise en charge adaptée de ces lésions angoissantes pour la patiente permet d’approcher au mieux du diagnostic réel. Le but étant à la fois de ne pas méconnaître le diagnostic de lésion maligne, d’éviter les interventions inutiles et de conduire à une stratégie chirurgicale d’emblée adaptée en cas de cancer confirmé. Références 1. S. UZAN, JY SEROR, J CHOPIER, et Coll. Prise en charge initiale des lésions mammaires infracliniques. Mise à jour en Gynécologie et Obstétrique du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français. 2000 Diffusion Vigot Paris 2. SMITH RA, GIUSTI R. The epidemiology of breast cancer in Diagnosis diseases of the breast, Basset, Jackson, Jahan, Gold FU. 1. Ed WB Saunders Compagny Philadelphie 1997 pp293-316 3. AMERICAN COLLEGE OF RADIOLOGY : ACR Standard for performance of steretacically guided breast international procedures. American College of Radiology 1996. 4. DURAND JC, SACCOMANDI F, MOSSERI, CLOUGH K, Les cancers impalpablesexperience de l’Institut Curie.XVes J. Nationales de la Société Française de Sénologie et pathologie mammaire. Vigot Paris 1992. Pp194-196 5. GAUDET R, ANTOINE M, SANANES S, Hyperplasie atypique mammairie : interprétation, stratégie thérapeutique et surveillance post-thérapeutique. Contrra-cept Fertil Sex 1999 ; 27 : 216-21. 6. CHOPIER J, BIGOT JM, UZAN S, Diagnostic des lésions mammaires infracliniques . Aspects mammographiques, échographiques et en IRM des carcinomes mammaires infra cliniquues. Sous presse. 7. Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé (ANAES). Recommandation pour la pratique clinique. Conduite à tenir diagnostique devant une image mammographique infraclinique anormale Paris, 1999 8. SEROR JY, SANANES S, NIZARD J. Modalités récentes de prise en charge diagnostique des microcalicifications mammaires. Reproduction humaine et hormones ; 1999, Vol XII, n° 5, pp. 471 à 488.