Une économie alternative est possible à Genève

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Une économie alternative est possible à Genève
Selon les nations unies, les fortunes des 225 personnes les plus riches du
monde, sont égal au 2’500’000'000 d’êtres humains les plus pauvres !
Claire Barbas et Sofie Lauer
Jusqu’ à la fin du moyen âge les
échanges
marchands
étaient
secondaires. Pour notre société,
l’argent est devenu une drogue dont
nous devons nous guérir car cela nous
amène
vers
une
compétition
permanente ; elle est une source des
rapports de domination voir de guerre.
répandus dans le monde ont été créé
entre autre pour sortir de cette
spéculation. Ils encouragent des
échanges plus proches des besoins
courants, créent un nouvel espace
d'initiative, régénèrent les relations
dans une région ou un quartier et
revigorent l'économie locale.
Ne confondons pas monnaie et
argent ; ce sont deux choses bien
distinctes ! La monnaie n’est plus
depuis longtemps basée sur l’or, elle
est devenue un pur jeu d’écriture.
L’essentiel de la monnaie est crée par
les banques commerciales à l’occasion
des crédits. Elle n’a plus d’autre
fonction que de créer encore plus de
monnaie. Ce système nous oblige de
croitre, car si nous nous arrêtons, tout
le système se bloque. Mais comment
pouvons nous encore concevoir une
croissance infinie sur une planète dont
nous savons pertinemment que les
richesses sont limitées ?
Pour consommer dans notre société, il
faut avoir de l’argent ; donc soit une
fortune personnelle, soit beaucoup
travailler. Les SELs sont une
alternative pour les personnes qui
veulent faire le choix de vivre
autrement.
C’est aussi une manière de redonner
une deuxième vie à des objets par
exemple et de ne pas toujours acheter
du neuf. Ces réseaux ont une
importance
symbolique.
Pour
beaucoup de selistes convaincus, cette
monnaie alternative est un outil de
redistribution de la richesse qui
souligne les contradictions de nos
monnaies actuelles et tente de les
résorber.
Au vu de la direction suivie par la
logique économique actuelle, les
SELs1, système d’échanges les plus
1
Systèmes d’Echanges Locaux
Comme le précise Edith Samba2, nous
devons être attentifs à ne pas tomber
avec les SELs dans « les pièges de la
société de compétition car l’idée est
tellement
simple
qu’elle
peut
facilement être pervertie ». Soyons
attentifs à préserver la simplicité
volontaire choisie dans ce système. En
Argentine par exemple, durant la crise
financière de 2001, les systèmes de
monnaie alternative se sont répandus,
certaines
personnes
devenues
fétichistes ont reproduit avec leur
monnaie
alternative
le
même
comportement destructeur qu’avec la
monnaie officielle.
Les principes démocratiques du
fonctionnement
des
SELs,
la
transparence des comptes, le choix
d'accepter ou de refuser un échange et
d'entrer ou de sortir de l'association,
permettent à chacun d'utiliser le
système à sa convenance et ne
pénalisent pas la liberté individuelle.
Ces unités d'échanges virtuelles, sont
comparables à un «Bon» d'échange.
Ni convertible, ni exigible, elles ne
peuvent être une concurrence pour les
circuits financiers classiques.
Lorsque les moyens financiers sont
limités, on ne peut souvent plus
s'adresser aux professionnels et une
entraide, comme celle du SEL, devient
un moyen alternatif pour « Garder la
tête hors de l'eau ». Il est possible pour
tous les âges, toutes les classes
sociales et tous les niveaux de
compétences
de
trouver
des
opportunités.
Collectivement on s’appauvrit si l’on
exclut des savoirs
Dans leur manière de fonctionner, les
systèmes d’échanges nous semblent
proches de certains fondements de
2
Responsable du premier SEL de Suisse
romande, crée il y a treize ans au Val-de-Ruz
l’animation socioculturelle. Le SEL est
un outil qui permet de mettre les gens
en lien mais aussi une philosophie qui
pousse chacun à revoir son rapport à
l’argent, à l’autre et aux valeurs.
Ce système pourrait devenir pour les
animateur-trice-s socioculturel-le-s un
outil de travail afin d’aller vers plus
d’égalité, d’amener les populations
précarisées
vers
de
meilleures
conditions de vie et pour promouvoir
les compétences locales.
Tout
comme
l’animation
socioculturelle, ils sont vecteurs de
changements et de lien social. Ce sont
des échanges de biens, de services et
de savoirs entre les personnes et il n’y
a aucune forme de hiérarchie entre les
différentes formes de services rendus.
Ceci est vu comme une réponse à
l’individualisme et à la concurrence. Ce
système permet de mettre toute classe
sociale à la même échelle, du plus
pauvre au plus riche. Cela incite les
gens à sortir et à être actif; ils font de
nouvelles rencontres qui débouchent
parfois sur des amitiés. Il s’agit là d’un
véritable
« projet
de
société
alternatif ».
Les selistes ne se positionnent pas
comme des « sauveteurs » pour des
personnes en situation de précarité
mais sont attentifs à l’autonomie des
gens et entrent dans une logique de
solidarité sans la perte de la dignité.
Nous
constatons
une
grande
complémentarité avec les fondements
de l’animation socioculturelle. Toute
communauté locale possède une
richesse de talents et de ressources
méconnues, cachées ou le plus
souvent inexploitées que les SELs se
veulent de valoriser.
Cet outil peut, nous le pensons, être
une
aide
précieuse
quant
à
l’amélioration de la qualité de vie des
gens, il apporte des avantages dans
plusieurs
domaines ;
sociaux,
écologiques et économiques, par
exemple :
 Des
activités
pour
des
personnes au chômage, isolées
ou voulant occuper un peu de
temps libre.
 Des solutions alternatives pour
les personnes qui désirent être
déchargées.
 De nouveaux débouchés pour
les
agriculteurs,
les
commerçants, les artisans.
 Des
rencontres
ciblées,
conviviales et solidaires.
Ce système permet de développer des
projets sans apport d'argent au départ,
facilite des activités et des relations qui
n'auraient peut-être pas eu lieu
autrement.
Les animateur-trice-s socioculturel-le-s
pourraient être des facilitateur-trice-s
pour créer des SELs dans chaque
quartier. Ils seraient également utiles
à titre indépendants et bénévoles, en
s’engageant en tant que seliste pour
accompagner les personnes âgées par
exemple ou amener les gens à prendre
confiance
en
leurs
richesses
personnelles. C'est-à-dire à travers nos
compétences acquises dans le cadre
de notre métier d’animateur-trice-s
socioculturel-le-s, être facilitateur-trices dans un groupe existant.
Ce qui est utopie n’est
nécessairement impossible
pas
Une société sans argent est elle
possible ? Aujourd’hui des dizaine de
milliers de personnes dans le monde
fonctionnent
avec
la
monnaie
alternative et essayent de sortir du
mécanisme de fonctionnement de la
monnaie officielle. Est-ce une réponse
à la crise économique ? Pour certains
selistes, ceci ne résout pas tous les
problèmes, comment pourrait-on par
exemple payer notre électricité avec
cette monnaie alternative. Ce système
a de plus en plus d’impact contre la
précarité sociale et économique des
gens et nous avons envie de croire
que cela n’est qu’un début car de plus
en plus de gens trouvent l’idée
intéressante. Dans tous les cas, cette
manière de vivre offre une réponse à
ceux et celles qui défendent d’autres
valeurs que celles véhiculées par notre
société.
Comment pourrions-nous arriver vers
un meilleur rapport entre l’économie
financière (spéculation) et l’économie
réelle ? Tous les jours circulent 2000
milliards de dollars en bourse pour
8000 milliard par an dans l’économie
réelle. Les RERS sont un début de
solution vers un meilleur partage des
richesses.
Les SELs pourraient être utilisés de
manière encore plus efficiente. Pour
cela il faudrait une plus grande prise
de conscience chez les gens, des
richesses personnelles existantes et
apprendre à sortir de son réseau
d’habitude traditionnel. Beaucoup plus
de choses pourraient se régler
gratuitement.
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