Comme le précise Edith Samba
, nous
devons être attentifs à ne pas tomber
avec les SELs dans « les pièges de la
société de compétition car l’idée est
tellement simple qu’elle peut
facilement être pervertie ». Soyons
attentifs à préserver la simplicité
volontaire choisie dans ce système. En
Argentine par exemple, durant la crise
financière de 2001, les systèmes de
monnaie alternative se sont répandus,
certaines personnes devenues
fétichistes ont reproduit avec leur
monnaie alternative le même
comportement destructeur qu’avec la
monnaie officielle.
Les principes démocratiques du
fonctionnement des SELs, la
transparence des comptes, le choix
d'accepter ou de refuser un échange et
d'entrer ou de sortir de l'association,
permettent à chacun d'utiliser le
système à sa convenance et ne
pénalisent pas la liberté individuelle.
Ces unités d'échanges virtuelles, sont
comparables à un «Bon» d'échange.
Ni convertible, ni exigible, elles ne
peuvent être une concurrence pour les
circuits financiers classiques.
Lorsque les moyens financiers sont
limités, on ne peut souvent plus
s'adresser aux professionnels et une
entraide, comme celle du SEL, devient
un moyen alternatif pour « Garder la
tête hors de l'eau ». Il est possible pour
tous les âges, toutes les classes
sociales et tous les niveaux de
compétences de trouver des
opportunités.
Collectivement on s’appauvrit si l’on
exclut des savoirs
Dans leur manière de fonctionner, les
systèmes d’échanges nous semblent
proches de certains fondements de
Responsable du premier SEL de Suisse
romande, crée il y a treize ans au Val-de-Ruz
l’animation socioculturelle. Le SEL est
un outil qui permet de mettre les gens
en lien mais aussi une philosophie qui
pousse chacun à revoir son rapport à
l’argent, à l’autre et aux valeurs.
Ce système pourrait devenir pour les
animateur-trice-s socioculturel-le-s un
outil de travail afin d’aller vers plus
d’égalité, d’amener les populations
précarisées vers de meilleures
conditions de vie et pour promouvoir
les compétences locales.
Tout comme l’animation
socioculturelle, ils sont vecteurs de
changements et de lien social. Ce sont
des échanges de biens, de services et
de savoirs entre les personnes et il n’y
a aucune forme de hiérarchie entre les
différentes formes de services rendus.
Ceci est vu comme une réponse à
l’individualisme et à la concurrence. Ce
système permet de mettre toute classe
sociale à la même échelle, du plus
pauvre au plus riche. Cela incite les
gens à sortir et à être actif; ils font de
nouvelles rencontres qui débouchent
parfois sur des amitiés. Il s’agit là d’un
véritable « projet de société
alternatif ».
Les selistes ne se positionnent pas
comme des « sauveteurs » pour des
personnes en situation de précarité
mais sont attentifs à l’autonomie des
gens et entrent dans une logique de
solidarité sans la perte de la dignité.
Nous constatons une grande
complémentarité avec les fondements
de l’animation socioculturelle. Toute
communauté locale possède une
richesse de talents et de ressources
méconnues, cachées ou le plus
souvent inexploitées que les SELs se
veulent de valoriser.