Le MDP est géré, sous l’autorité de la COP/MOP, par un Conseil exécutif composé de 20
membres, créé lors de COP 7, à Marrakech. Le mécanisme fonctionne depuis décembre 2001. Les
crédits obtenus pourront être utilisés pour satisfaire aux obligations de la première période
d’engagement, à compter de 2008. Se réunissant au moins trois fois par an, le Conseil exécutif
accrédite les entités opérationnelles qui ont la charge de la validation, vérification et certification
des projets MDP. Il enregistre les projets ; délivre les unités de réduction certifiée des émissions
(URCE), une fois les projets vérifiés et certifiés ; établit et tient à la disposition du public un registre
pour faciliter le transfert des URCE/REC. À Montréal, les pays développés se sont par ailleurs
engagés à financer le fonctionnement du mécanisme de développement propre avec plus de 13
millions de dollars américains en 2006-2007
. Après de vives discussions, il a également été décidé
de financer le fonctionnement du mécanisme – coûts administratifs – par un prélèvement de 0,1$
sur les 15 000 premières URCE, et de 0,2$ sur les URCE suivantes
.
Au moment de la tenue de la première COP/MOP, 43 projets avaient été enregistrés et les
premières URCE avaient pu être délivrées. On assiste depuis à une augmentation rapide des projets
soumis
. Le chimiste français Rhodia a ainsi monté un projet visant à réduire les émissions de GES
d’une de ses usines de Corée du Sud et prévoit d’autres projets similaires, dont l’un au Brésil, avec
des répercussions financières très intéressantes
. Il y a actuellement plus de 975 projets pour 49
États en développement ; plus de 2000 sont en attente d’enregistrement. Le MDP pourrait générer
plus de 2,7 milliards d’URCE, chacune équivalent à une tonne d’équivalent-carbone. On constate
cependant que, volontaires et fondés sur les mécanismes du marché, les projets MDP se concentrent
logiquement dans les pays les plus attractifs pour les investissements, qui sont pour l’heure l’Inde,
la Chine, le Brésil, le Chili et le Mexique. Le MDP laisse ainsi à l’écart le continent africain.
La thèse devra analyser le fonctionnement d’un mécanisme original et largement méconnu.
Le but recherché à travers ce type de mécanisme est une amélioration de l’efficacité du système. Le
mécanisme théorique est bien de pouvoir obtenir une réduction des émissions de GES à moindre
coût global en effectuant les changements technologiques là où ils sont le moins coûteux. Les
moyens utilisés sont purement incitatifs. Chaque acteur est simplement incité, par le mécanisme, à
adopter volontairement un comportement en accord avec l’objectif fixé
. La thèse devra tenter
d’évaluer l’adéquation du MDP à ces attentes. Un grand nombre de questions se posent. Les
comportements observés sont-il réellement générés par la mise en place du mécanisme ? Certains
projets proposés n’auraient-ils pas existé autrement ? Ne correspondent-ils pas à l’exploitation
d’effets d’aubaine ? Lorsqu’une entreprise propose d’introduire une technologie propre dans une de
ses usines installée dans un pays en développement, n’est-ce pas simplement la technologie qu’elle
connaît et qu’elle aurait de toute façon utilisée ? Est-il possible d’évaluer ces effets ? Si oui, est-il
possible et souhaitable de discriminer les projets en conséquence ?
Un autre objectif de la thèse sera d’analyser la place du MDP dans les instruments du Protocole
de Kyoto et dans le processus global des négociations sur le changement climatique. Les
négociations de l’après-Kyoto visent à engager les pays en développement dans des objectifs
spécifiques et contraignants. Quel rôle joue le MDP dans cette perspective ? Un rôle de substitution,
le mécanisme permettant de compenser en partie le non engagement des PVD ? Du même coup, un
rôle de retardateur de cet engagement ? Ou au contraire un rôle préparatoire et là aussi incitatif ?
Enfin, la thèse sera aussi l’occasion de s’interroger sur la « gouvernance » du MDP, qui fait
l’objet de certaines critiques, y compris les différents mécanismes de contrôle.
CP UNFCC, « La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s’entend sur des mesures cruciales pour contrer les
changements climatiques ».
Voy. décision Further guidance relating to the clean development mechanism. Ainsi que le Rapport A n n u a l
r e p o r t o f t h e E x e c u t i v e B o a r d o f t h e c l e a n
d e v e l o p m e n t m e c h a n i s m t o t h e C o n f e r e n c e o f t h e
P a r t i e s s e r v i n g a s t h e m e e t i n g o f t h e P a r t i e s t o
t h e K y o t o P r o t o c o l , FCCC/KP/CMP/2005/4/Add.1 , 30.11.2005.
A. REVERCHON, « Le mécanisme de développement propre attire les entreprises », Le Monde, 28 février 2006.
PH. MESMER, « En Corée, Rhodia parie sur la finance ‘verte’ », Le Monde, 28 février 2006. Selon cet article, « les projets sud-coréen et
brésilien de Rhodia pourraient lui permettre d’obtenir entre 11 et 13 millions de crédits MDP, soit autant de tonnes équivalent carbone à revendre. Le
groupe pourrait ainsi s’assurer de solides rentrées d’argent, à plus de 250 millions d’euros par an... à condition que les cours se maintiennent ».
Ceux sont effectivement les objectifs poursuivis par la théorie de la construction de mécanismes incitatifs dont les fondateurs, Hurwicz,
Maskin et Myerson, ont reçu le prix Nobel d’économie en 2007.