Thème II : L’invention de la démocratie dans le monde antique Chapitre 3 : Citoyenneté et empire à Rome (I -IIIe siècle) er 4séances Objectifs de la séquence: - Confronter deux approches de la citoyenneté, au niveau conceptuel et territorial : 1- principe d’égalité à Athènes / Importance du niveau de richesse et de la classe sociale à Rome 2- Diffusion restreinte à la cité athénienne / approche universaliste et intégratrice de façon longue et progressive du côté romain afin d’assurer la pérennité de l’empire - Montrer en quoi être citoyen romain est un symbole de réussite sociale et d’intégration culturelle (statut juridique et social privilégié) en dépit du fait de ne pas avoir de réels pouvoirs politiques Démarche: - Le premier document dont l’étude s’impose est la Table claudienne de Lyon, discours de l’empereur Claude, originaire de cette ville, en 48 gravé sur des tables de bronze retrouvées à Lyon en 1528. Le texte peut être analysé avec en complément celui de Tacite, dans les Annales, qui révèle les résistances des sénateurs romains à cette extension de la citoyenneté surtout en Gaule, le souvenir de la guerre menée par César étant encore assez vif. Il pose la question de la promotion des provinciaux dans l’ordre sénatorial, une promotion individuelle, liée à la notion de mérite personnel. - Être citoyen dans l'empire romain recouvre des situations bien différentes suivant la naissance, la fortune ou les relations. Il s’agit d’une citoyenneté finalement très inégalitaire qui comporte une hiérarchie entre simples citoyens, chevaliers et sénateurs et qui s’organise en réseaux par le phénomène de clientélisme. Il pourrait être pertinent d’en saisir les règles à travers l’étude d’un personnage : par exemple le beau-père de Tacite, Cn. Julius Agricola. − Surtout ce qui frappe c'est l'intensité de la vie citoyenne : les rassemblements collectifs obligatoires autour des cultes impériaux cimentent la vie locale. C'est pourquoi les temples, forum, théâtre ou amphithéâtre apparaissent comme les lieux de la citoyenneté romaine. Leur vocation est à la fois civile et religieuse. Il conviendrait de travailler cette question à partir de la vie dans une cité, du plan d’une ville, ses monuments, cadres de la vie civique. − L’évergétisme peut être considéré comme une forme de mécénat civique : les riches citoyens mettaient leur bourse au service de la cité en construisant des édifices et en offrant des plaisirs collectifs, fêtes civiques, bains et spectacles. Derrière ces pratiques on trouve une profonde motivation sociale : le riche montre et légitime sa richesse en la donnant et une authentique motivation civique de son attachement à sa cité et à l’empire : il ne s’agit pas d’un devoir formel comme l’impôt mais d’une obligation morale. − Devenus citoyens, les habitants de l’empire affichent leur appartenance à une aire culturelle marquée par l’adoption du latin (ou du grec pour les plus cultivés) comme langue commune, la romanisation de leur nom, de celui des dieux, du port de la toge… 1 PIÈGES À ÉVITER - Effectuer des projections anachroniques vers d’autres époques historiques, par exemple la République romaine, ou la période contemporaine − Se perdre dans les différents statuts juridiques des cités ou provinces romaines : il s’agit en effet d’un large éventail de situations qui tiennent aux héritages historiques et aux particularités locales. Ainsi, la pratique de la double citoyenneté s’est développée, permettant d’appartenir à la fois à une structure locale et à la cité romaine − Tenter de raconter l’évolution politique de l’empire au cours de la période en essayant voir toutes les réformes et évolutions du statut de citoyen − Se contenter d’étudier les deux documents (table claudienne et édit de Caracalla) sans les contextualiser. HISTOIRE DES ARTS Une grande partie de cette étude de la citoyenneté romaine peut s’inscrire dans l’analyse d’une ville, de son plan, de ses édifices et de sa statuaire : les possibilités sont nombreuses soit en Gaule, soit en Afrique du Nord Un travail pourrait être organisé à partir de mosaïques POUR ALLER PLUS LOIN • Nicolet C., Bertrand J-M, Citoyen dans l’Antiquité, Documentation photographique, janvierfévrier 1998 • Badel C., Lire l’Antiquité, Méditerranée, Chine, Inde, Documentation photographique, septembre-octobre 2009 • Le Roux P., Le Haut Empire romain en Occident, Nouvelle histoire de l’Antiquité-8, Éditions du Seuil, Points histoire février 1998 • Inglebert H., (dir), Histoire de la civilisation romaine, Nouvelle Clio, PUF, Paris 2005 • www.educnet.education.fr1 (pour retrouver les textes originaux : table claudienne, Tacite…) 2 Introduction : Démarche : - - mobilisation des pré-acquis sur la notion de citoyenneté tout au long de la séquence : ainsi les élèves doivent être amenés à confronter ce concept romain avec celui de la réalité athénienne. But : montrer qu’il s’agit d’une construction intellectuelle et politique Projection d’une carte sur l’extension de l’empire romain entre Ier-IIème siècle d’un documentaire sur les modalités de fonctionnement de l’empire romain autour du concept de citoyenneté Capacités : - Localiser, situer l’objet d’étude géographiquement et selon les bornes chronologiques Expliquer les origines de l’empire romain Montrer l’enjeu politique de l’extension de la citoyenneté romaine dans la pérennité de l’empire Personnage : Auguste Partir du questionnaire portant sur le documentaire « De la République romaine à l’empire romain » Localiser l’ère d’étude Dossier p. 60-61 + carte sur PPT Question 1 quels sont les territoires contrôlés par Rome au IIIe sc ? Au III e sc l’empire = 3 millions de km2 = espace géographique unifié centré sur la méditerranée et qui va de l’Euphrate à l’Atlantique. C’est le résultat de conquêtes successives. La cohésion des territoires fut réalisée grâce à la réorganisation des provinces. Question 2 Chronologie -27 = règne d’Auguste = Fondation de l’Empire 212 = Edit de Caracalla qui étend la citoyenneté à tous les habitants de l’Empire Problématique : Comment et pourquoi les empereurs ont-ils étendu la citoyenneté romaine dans leur empire ? 3 I / ETRE CITOYEN ROMAIN. Démarche : - - mobilisation des pré-acquis sur la notion de citoyenneté tout au long de la séquence : ainsi les élèves doivent être amenés à confronter ce concept romain avec celui de la réalité athénienne. But : montrer qu’il s’agit d’une construction intellectuelle et politique Projection d’un documentaire sur les modalités de fonctionnement de l’empire romain autour du concept de citoyenneté Etude d’un personnage : par exemple le beau-père de Tacite, Cn. Julius Agricola. Capacités : - Notions : Doit de cité, droit latin, pérégrin, cursus honorum Prélever, confronter des informations de documents différents (politique, satirique, sculpture, biographie) Expliquer les modalités d’accès à la citoyenneté romaine Elaborer une synthèse et donner un titre aux sous-parties Montrer qu’être citoyen dans l'empire romain recouvre des situations bien différentes suivant la naissance, la fortune ou les relations. Il s’agit d’une citoyenneté finalement très inégalitaire qui comporte une hiérarchie entre simples citoyens, chevaliers et sénateurs et qui s’organise en réseaux par le phénomène de clientélisme. Il pourrait être pertinent d’en saisir les règles à travers l’étude d’un personnage : par exemple le beau-père de Tacite, Cn. Julius Agricola. Dossier p. 62 63 A- Les modes d’accès à la citoyenneté (les élèves trouvent le titre) Question 1 Pline le Jeune demande à l’empereur la citoyenneté pour son médecin, ancien esclave, affranchi par sa maîtresse, une pérégrine, ainsi que pour deux femmes affranchies par une amie de Pline. L’empereur accorde la citoyenneté dans les deux cas. Comme le montre cet exemple, l’accès à la citoyenneté romaine peut se faire sur décision impériale pour service rendu à Rome. Dans le cas d’un esclave, son affranchissement par un citoyen romain lui donne directement accès à la citoyenneté de son maître, mais l’affranchissement du médecin de Pline a été fait par une pérégrine, ce qui explique qu’il n’ait pu devenir citoyen romain sans passer par la faveur impériale. Question 2 Trajan décide ici d’accorder la citoyenneté aux soldats qui ont servi en Rhétie (province impériale au sud du Danube) dans les troupes auxiliaires pendant vingt-cinq ans. En effet, depuis l’empereur Claude (41-54), l’octroi de la citoyenneté romaine aux étrangers qui ont servi dans les troupes auxiliaires est devenu automatique à condition que ce soit des hommes libres et qu’ils aient servi vingt-quatre ans dans les cohortes de fantassins ou les ailes de cavalerie. La cité romaine pour eux et leurs descendants ainsi que le droit de mariage légitime viennent en récompense à la fin de leur service militaire Question 3 4 L’accès à la citoyenneté romaine est donc assez ouvert. Elle est automatique pour les fils de citoyens romains qu’ils habitent Rome, l’Italie ou des colonies romaines de l’Empire. Les étrangers ou pérégrins libres peuvent devenir citoyens sur décision impériale pour service rendu ou à l’issue de leur service militaire. Les esclaves de citoyens romains deviennent citoyens quand ils sont affranchis par leur maître. Synthèse : Obtention de la citoyenneté romaine : -d’abord par la naissance [comme à Athènes, les enfants issus d’un mariage légitime entre des parents déjà citoyens naissent citoyens] ; -après avoir servi dans l’armée, ou après avoir exercé une magistrature. Dans les 2 cas, il s’agit d’une récompense = c’est le DROIT DE CITE, c’est-à-dire les droits dont bénéficient les citoyens romains. Cela est possible dans les cités de DROIT LATIN = droit concédé par Rome à des régions entières qu’elle domine, et qui permet aux magistrats sortis de charge de devenir citoyens. Il faut noter que les femmes, les enfants et les petits-enfants de ceux qui obtiennent la citoyenneté romaine deviennent eux-mêmes citoyens ; - En outre, l’empereur a le pouvoir d’accorder la citoyenneté complète à des étrangers et à leurs familles. -Il faut aussi savoir que les esclaves une fois affranchis = libérés, reçoivent le statut de leur ancien maître : si celui-ci est citoyen romain, ils le deviennent à leur tour ainsi que leurs enfants, ce qui était inconcevable à Athènes aux Vè-IVè siècles av. J.-C. Les étrangers = PEREGRINS peuvent donc obtenir le droit de cité. Cependant, cette citoyenneté est limitée car ils ne peuvent pas accéder aux magistratures romaines ni au Sénat. B/ Etre citoyen romain : un privilège ? Question doc2 page 67 sur la carrière sénatoriale d’Agricola (Nathan 2014) 1-Droits des citoyens romains : - servir dans l’armée, - être jugé et pouvoir en appel recourir au jugement de l’empereur, - disposer librement de ses biens, - et être élu. La citoyenneté romaine offre également des privilèges en ouvrant au CURSUS HONORUM (gravir les échelons dans les carrières administratives pour accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat). 2-Des devoirs : 5 - le citoyen romain doit payer des impôts sur les successions (pas d’impôt sur la fortune ni sur la propriété), participer aux cultes publics (culte impérial), et défendre l’Empire en combattant dans les légions romaines ou en finançant l’armée. Tous ces devoirs, surtout religieux participent à la cohésion sociale de l’Empire. Mais contrairement à Athènes, les citoyens romains ne sont pas tous égaux devant la loi. Il existe 2 catégories de citoyens : -les HONESTIORES = les riches magistrats travaillant dans l’administration romaine et qui sont privilégiés. Du coup, ils participent financièrement à l’embellissement de leur cité et distribuent des bienfaits à leurs concitoyens L’évergétisme peut être considéré comme une forme de mécénat civique : les riches citoyens mettaient leur bourse au service de la cité en construisant des édifices et en offrant des plaisirs collectifs, fêtes civiques, bains et spectacles. Derrière ces pratiques on trouve une profonde motivation sociale : le riche montre et légitime sa richesse en la donnant et une authentique motivation civique de son attachement à sa cité et à l’empire : il ne s’agit pas d’un devoir formel comme l’impôt mais d’une obligation morale. -les HUMILIORES = citoyens beaucoup plus modestes, qui constituent la CLIENTELE (ensemble de citoyens endettés qui se sont mis sous la protection de certains riches citoyens) des honestiores : en échange de la protection matérielle et financière d’un magistrat important, le client vote pour son protecteur et lui assure ainsi sa carrière politique. En bref, le rôle politique des citoyens est très limité dans les assemblées (comices). Seules les élites participent vraiment à la vie politique en accédant aux magistratures. Il s’agit des membres de l’ordre sénatorial et de l’ordre équestre pouvant alors suivre leur cursus honorum à l’image du gouverneur de Bretagne, Agricola. C/ Une participation politique limitée Question 4 L’extrait cité est symptomatique de cette conception puisqu’il y déplore l’évolution de la place du peuple dans la cité romaine qui aurait perdu tout pouvoir Question 5 Par contre, pour obtenir la paix sociale, les empereurs procèdent à des distributions d’argent et de nourriture (annone), organisent de grandes fêtes et spectacles comme les jeux du cirque, embellissent la ville : le citoyen romain a donc un statut protégé par l’empereur qui en « père de la patrie » doit subvenir à ses besoins, mais il est un statut dépendant. >> « Du pain et des Jeux » 6 Voir PPT sur pouvoir de l’empereur et organisation de l’empire Le poète Juvénal regrette que le peuple romain « qui jadis distribuait les pleins pouvoirs ne formule plus que deux souhaits : du pain et des jeux » Pour éviter toute révolte en ne confiant pas de droits politiques à la plèbe, les empereurs font preuve de démagogie : -Sous l’Empire, le citoyen romain n’a quasiment plus de rôle politique, car c’est l’empereur qui concentre tous les pouvoirs et qui choisit ses collaborateurs. En échange, l’empereur garantit la paix civile, l’organisation de jeux et de fêtes grandioses et couteuses, la distribution d’argent et blé. -Il n’y a qu’à l’échelon local que le citoyen conserve un rôle politique : en élisant ou en se faisant élire conseiller municipal (= à l’échelle de sa cité). -Cependant, les citoyens romains manifestent leurs opinions lors des spectacles et des cérémonies religieuses offerts par l’empereur ou par les honestiores. Et finalement, on peut dire que sous l’Empire romain, la vie civique se déplace dans d’autres lieux que le forum : dorénavant, c’est au théâtre, au cirque, dans les amphithéâtres que les citoyens expriment leur mécontentement ou leur satisfaction envers ceux qui ont financé ces divertissements. [Illustration avec une maquette de reconstitution du centre de Rome sous l’Empire (67 7 II/ LA DIFFUSION DE LA CITOYENNETE ROMAINE : VERS UNE CITOYENNETE UNIVERSELLE Démarche : - - Le premier document dont l’étude s’impose est la Table claudienne de Lyon, discours de l’empereur Claude, originaire de cette ville, en 48 gravé sur des tables de bronze retrouvées à Lyon en 1528. Le texte peut être analysé avec en complément celui de Tacite, dans les Annales, qui révèle les résistances des sénateurs romains à cette extension de la citoyenneté surtout en Gaule, le souvenir de la guerre menée par César étant encore assez vif. Il pose la question de la promotion des provinciaux dans l’ordre sénatorial, une promotion individuelle, liée à la notion de mérite personnel. Afin de mettre en évidence la romanisation, analyse d’une ville, de son plan, de ses édifices et de sa statuaire : les possibilités sont nombreuses soit en Gaule, soit en Afrique du Nord Capacités : - Notions : tables claudiennes, édit de Caracalla, romanisation, tria nomina Prélever, confronter des informations sur des documents différents (politique, historique, sculpture, plan) A/ Avant 48 Démarche : cours magistral DM Activité Histoire des Arts p77 Nathan2014 sur les vestiges archéologiques ou œuvres d’art témoignant de la diffusion de la civilisation romaine. Avant le règne de Claude (41-54) sont citoyens romains : - Les hommes libres de Rome et de toute l’Italie - Les hommes libres des cités de droit romain Droit romain : ceux qui en bénéficient sont des citoyens romains à part entière, incluant tous les droits civils et politiques d’un citoyen romain - Dans les cités de droit latin, les hommes libres faisant partie de l’élite et qui occupent des fonctions de magistrats locaux. Droit latin : statut inférieur à celui du droit romain. Dans une cité de doit latin, seuls les magistrats bénéficient du statut de citoyen romain. - Dans toutes les autres cités de l’empire, cités pérégrines, certains hommes libres sont élevés individuellement à la citoyenneté romaine. 8 B/ Un exemple : Les tables claudiennes 48 avt JC Voir ppt Questions 1-2-5-7 p68 Question 1 Cette inscription est la retranscription d’un discours que l’empereur Claude, né à Lyon en 10 av. J.-C., prononça en faveur des Gaulois devant le Sénat de Rome, en 48 de notre ère. Question 2 L’empereur utilise deux grands types d’arguments dans cet extrait pour convaincre le Sénat a priori hostile à son ouverture aux provinciaux. - Il inscrit cette décision dans la continuité historique puisque d’ors et déjà des Gaulois y sont admis. - Deuxième argument : il rappelle le loyalisme des tribus gauloises à l’égard de Rome depuis leur difficile conquête par Jules César. Cette idée est globalement juste mais pour servir son argumentation il passe sous silence la révolte du Trévire Iulius Florus et de l’Eduen Iulius Sacrovir en 21 ap. J.-C. Ce sont deux nobles gaulois citoyens romains qui, pour s’opposer à l’alourdissement de la fiscalité, mirent au point un soulèvement général. Les cités gauloises n’adhérèrent que faiblement à ce soulèvement et la défaite fut rapide. De même, en 70, la proclamation de l’Empire des Gaules à Neuss à la suite de la révolte du Batave Civilis ne déclencha aucune adhésion de la part des cités gauloises réunies en assemblées à Reims. Question 3 Sont déjà admis au Sénat romain les citoyens romains de Narbonnaise et ceux des colonies et municipes du reste de la Gaule dont il rappelle la richesse et la distinction, précision qui permet de réfléchir au sens de cette citoyenneté romaine qui finalement est quand même réservée à une élite. En effet, à cette époque, il n’existait aucune unité dans les droits et les statuts des hommes libres de la Gaule : tout dépendait du lieu de naissance, de la carrière et des chances individuelles de chacun. Ainsi, ces mêmes Gaulois étaient déjà citoyens romains, mais ils avaient été « naturalisés » à titre personnel, eux ou leurs grandsparents. Ils ne possédaient qu’une « citoyenneté incomplète », à la différence des hommes libres habitant les colonies romaines comme Lyon, fondées à l’origine par des vétérans de l’armée romaine et qui jouissaient d’un droit de cité complet, égal à celui des citoyens de Rome. QUESTION 4 La Gaule chevelue (c’est-à-dire couverte de forêts) est la partie nord de la Gaule conquise par César ; Claude soutient la demande des notables gaulois qui veulent l’octroi des droits politiques qui leur permettraient d’entrer au Sénat et d’accéder aux grandes charges sénatoriales de l’Empire. Cette proposition de Claude est conforme à son origine familiale puisque lui-même est né à Lyon et à sa culture historique qui lui aurait permis de comprendre que la pérennité de l’Empire repose sur les étrangers et en particulier sur l’adhésion des élites locales, ce qui est garanti par la décision qu’il prend ici. Par ailleurs, l’entrée au Sénat de citoyens qui lui sont tout acquis peut lui permettre de réduire les oppositions au sein de cette assemblée. QUESTION 5 Tacite (55-120 ap. J-C.), sans doute né en Gaule narbonnaise, commence une carrière sénatoriale sous le règne de Vespasien et devient haut fonctionnaire impérial au début du IIe siècle. Il doit son renom littéraire à ses ouvrages historiques, La Vie d’Agricola, La Germanie, et surtout les Histoires et les Annales, vaste fresque de l’Empire romain de 14 à 96. Dans cet extrait des Annales il retranscrit le discours de Claude et analyse ensuite les réactions du Sénat, ce que l’on a ici. Les sénateurs sont hostiles à l’ouverture de la Curie aux notables de la Gaule chevelue. Il s’agit d’une réaction de peur xénophobe, en effet, ceux-là se plaignent que le Sénat ait été trop ouvert en faisant référence aux peuples de la Gaule cisalpine craignant la rivalité de personnes plus riches que la noblesse du Latium, insistant sur le caractère étranger de ces populations. 9 QUESTION 6 Finalement, Claude paraît avoir eu gain de cause ; en effet, Tacite écrit qu’un senatus-consulte donna aux Éduens les premiers le droit de siéger au Sénat. Cette mention suppose que les autres peuples reçurent le même droit ensuite, ce qui est confirmé par le document 4 qui montre une présence assez significative de sénateurs gaulois (11 à 12 %). Par ailleurs, l’inscription en bronze fut placée à Lyon alors que son intervention ne concernait pas les habitants de Lugdunum, citoyens romains à part entière depuis la fondation de la colonie. Lyon était aussi le siège de l’assemblée fédérale des Trois-Gaules. On suppose que la grande plaque de bronze était affichée là où elle se réunissait, dans le sanctuaire de Rome et d’Auguste. QUESTION 7 Caius Julius Pacatianius est originaire de Vienne qui était une colonie romaine. Il est l’exemple même du Gaulois romanisé et une figure emblématique de l’intégration des élites à l’Empire. Comme les citoyens de Rome, il porte la toge et les tria nomina, son nom « Julius » évoque un accès à la citoyenneté de sa famille sous les Julio-Claudiens qui donnèrent le gene Julia ; sa carrière est celle d’un grand fonctionnaire d’État, ce qui suppose qu’il connaît la langue et la culture romaine puisqu’il fut gouverneur d’une province impériale. En Gaule, les élites se montrent désireuses d’acquérir la citoyenneté et d’accéder au sénat de Rome. Les empereurs et en particulier Claude, né à Lyon, y sont favorables. C’est dans ce contexte que se situe le discours de ce dernier en 48. Claude accorde aux notables gaulois, déjà citoyens de droit latin, la citoyenneté romaine entière. C/ 212 : l’Edit de Caracalla : stade ultime de la romanisation Voir PPT Dossier Page70 Réponse : 1. « je donne à tous ceux qui habitent l’Empire le droit de cité romaine » = les hommes libres de tout l’empire. Raisons invoquées par Caracalla : - religieuse : il veut remercier les dieux qui l’ont sauvé d’un complot = il fait assassiner son frère Geta, empereur avec lui, car il aurait organisé un complot pour tuer Caracalla. - fiscale : « il se doit que la multitude se doit d’être associée aux charges qui pèsent sur tous » = les impôts. Citoyens romains paient des impôts donc - conception universelle de la citoyenneté : « le présent édit augmentera la majesté du peuple romain : il est conforme à celle-ci que d’autres puissent être admis à cette même dignité que celle dont les Romains bénéficient depuis toujours. » Caracalla veut dire que le peuple romain ne se définit par son origine (à savoir Rome) mais comme une communauté politique (les différences de langues importent peu par exemple) Doc1+2p63 Questions 2 à 4 (Hachette 2014) sur la romanisation de Lyon 10 Synthèse : Caracalla empereur de 211 à 217. Il gouverne un empire de 70 millions d’habitants. Il publie en 212 un édit (loi) qui porte son nom. Il étend la citoyenneté romaine à tous les hommes libres partout dans l’empire. Avec cet édit, le droit est simplifié sur le plan de la citoyenneté. Il permet de lever l’impôt sur un plus grand nombre de personnes mais rend plus difficile l’enrôlement de jeunes dans l’armée car avant 212 au bout de 20 ans de service militaire on obtenait la citoyenneté romaine. La mise en place de cet édit n’a pu se faire que parce que Rome a su auparavant intégrer les hommes libres des différentes régions. Cela s’est fait par le souhait des élites provinciales d’adopter le mode de vie romain. Ce modèle romain triomphe dans les villes, véritables vitrines du monde romain : un même plan unique organisé autour de deux axes principaux, des monuments caractéristiques (forum, amphithéâtre, portiques, thermes…) Même si les peuples étrangers gardent leurs propres cultes, ils doivent pratiquer le culte impérial. Ce modèle romain = la romanisation (cf doc word qu’est ce que la romanisation ?) Cette romanisation réussit car elle est limitée. Les empereurs acceptent que les élites locales gardent leurs institutions, leurs coutumes, leurs cultes. Conclusion : Elaboration d’un schéma de synthèse à compléter ( Nathan 2014, page 81) Mobilisation de connaissances pour comparer les réalités de la citoyenneté athénienne et romaine autour du sujet suivant de composition : « Etre citoyen dans la démocratie athénienne et dans l’Empire romain » 11 Chapitre 3 : Citoyenneté et empire à Rome (Ier-IIIe siècle) Plan I / ETRE CITOYEN ROMAIN. A- Les modes d’accès à la citoyenneté B/ Etre citoyen romain : un privilège ? C/ Une participation politique limitée II/ LA DIFFUSION DE LA CITOYENNETE ROMAINE : VERS UNE CITOYENNETE UNIVERSELLE ? A/ Avant 48 B/ Un exemple : Les tables claudiennes 48 avt JC C/ 212 : l’Edit de Caracalla 12 13