volonté de mort. Ces bipolarités se retrouvent dans la figure du Perchten qui, dans la tradition,
est tantôt monstrueux, tantôt innocent. La définition de « l’heimlich » telle que décrite par
Freud suit également ce modèle. « L’heimlich » en allemand signifie « familer » et par opposition
« l’unheimlich » est le non familier, mais aussi « l’inquiétante étrangeté ». Or, tout ce qui n‘est
pas familier n’est pas pour autant inquiétant. Freud fait des recherches linguistiques à propos de
ces termes et découvre dans les définitions des frères Grimm que « l’heimlich » est le familier,
le confortable, donc aussi ce que l’on protège et qui devient intime, ce qui devrait rester
dissimulé. Cette définition coïncide avec son contraire puisque « l’unheimlich » est aussi ce qui
doit rester caché.
Mais voilà, dans ce dialogue entre le garçon meurtrier et le garçon suicidaire vient se greffer une
troisième figure, conforme à leurs désirs : un fantôme qui cherche à faire tomber leurs illusions.
Cette union du meurtrier et du suicidaire crée cette troisième figure du fantôme qui est assez
déceptive, comme nous le sommes en tant que spectateur, déçus, au bord de l’ennui, lorsque la
pièce ne nous saisit plus dans cette inquiétante étrangeté, lorsque nous avons compris que les
silhouettes sont des poupées et ne marcheront pas comme des hommes ou lorsque l’on ne se
laisse pas prendre à la marche mécanique d’une danseuse et encore moins au sang dégoulinant et
épais d’un poignet entaillé qui touche presque au grotesque, jusqu'à ce que le bras ensanglanté
entre dans une lumière blafarde et nous apparaisse d’une beauté effrayante, que l’on n’aurait
soupçonnée possible qu’au cinéma. Ces allers-retours entre l’évocation d’un au-delà et
l’artificialité de la scène, l’extraordinaire et le familier sous-tendent la pièce. Et si nous nous
laissons prendre à l’inquiétant, nous retombons bientôt comme des pantins sur nos fauteuils de
spectateur, comme étrangers à ce qui se déroule devant nos yeux.
JEU 8, VEN 9, SAM 10 NOVEMBRE 2007 À 20H HANGAR JARDIN DURÉE : 1H15
LES SUBSISTANCES / LABORATOIRE INTERNATIONAL DE CRÉATION ARTISTIQUE
CONCEPTION : GISÈLE VIENNE
TEXTES ET DRAMATURGIE : DENNIS COOPER
MUSIQUE : KTL (STEPHEN O’MALLEY & PETER REHBERG) ET “THE SINKING BELLE (DEAD SHEEP)” PAR SUNN O))) & BORIS
(MONTÉ PAR KTL)
LUMIÈRE : PATRICK RIOU
INTERPRÉTÉ ET CRÉÉ EN COLLABORATION AVEC : JONATHAN CAPDEVIELLE, MARGRÉT SARA GUDJÓNSDÓTTIR, ELIE HAY,
GUILLAUME MARIE, ANNE MOUSSELET
LE PERSONNAGE INTERPRÉTÉ PAR ANNE MOUSSELET A ÉTÉ CRÉÉ EN COLLABORATION AVEC ANJA RÖTTGERKAMP
CONCEPTION ROBOTS : ALEXANDRE VIENNE
CRÉATION POUPÉES : RAPHAËL RUBBENS, DOROTHÉA VIENNE-POLLAK, GISÈLE VIENNE, ASSISTÉS DE MANUEL MAJASTRE
CRÉATIONMASQUES EN BOIS : MAX KÖSSLER
MAQUILLAGE : REBECCA FLORES
COIFFURE DES POUPÉES : YURY SMIRNOV
TEXTES TRADUITS DE L’AMÉRICAIN PAR : LAURENCE VIALLET
AVEC L’AIDE DE : L’ÉQUIPE TECHNIQUE DU QUARTZ – SCÈNE NATIONALE DE BREST :
DIRECTION TECHNIQUE : NICOLAS MINSSEN
RÉGIE PLATEAU : CHRISTOPHE LE BRIS
RÉGIE SON : KENAN TRÉVIEN
ADMINISTRATION, DIFFUSION : BUREAU CASSIOPÉE / ANNE-CÉCILE SIBUÉ_ LÉONOR BAUDOUIN
Entre théâtre, danse, arts visuels et musique, “Kindertotenlieder” évoque l'étrange tradition
de certains villages autrichiens. Dans un rituel violent, la marche des Perchten* rassemble dans
les rues des personnages, figures venues des enfers et de l'au-delà. Des masques, la neige qui
tombe inlassablement sur des corps vivants, mannequins animés ou inanimés. Une performance qui
se déploie comme une cérémonie en une longue image... Nouvelle collaboration entre Gisèle Vienne
et l'écrivain américain Dennis Cooper. Ensemble, ils interrogent la confusion entre fantasme et
réalité. « Kindertotenlieder », une pièce d’une beauté, d’une langueur et d’une violence
troublantes aux sons de Peter Rehberg & Stephen O’Malley (KTL), les deux monstres sacrés de la
noise music.
*Perchten / figures bienveillantes ou maléfiques qui, durant les fêtes de l’Avent en Autriche, surgissent de l’hiver pour chasser les démons et punir
les âmes damnées.