Sensibilisation aux risques volcaniques au sud Pérou 1. DES VOLCANS MEURTRIERS ...................................................................................... 2 1.1. 1.2. 1.3. 2. UNE PREOCCUPATION MONDIALE ................................................................................ 2 LE SUD DU PEROU ....................................................................................................... 2 L'ASSOCIATION VOLCAN-EXPLOR-ACTION ................................................................. 4 L'OPERATION "EAUX DE SOURCES AU PEROU 2004" ........................................... 5 2.1. LA SURVEILLANCE ...................................................................................................... 5 2.1.1. Etat des lieux ...................................................................................................... 5 2.1.2. Actions menées par VEA .................................................................................... 5 2.2. LA GESTION DES RISQUES ............................................................................................ 7 2.2.1. Etat des lieux ...................................................................................................... 7 2.2.2. Actions menées par VEA .................................................................................... 8 2.3. LA SENSIBILISATION ET L'EDUCATION AUX RISQUES .................................................. 10 2.3.1. Etat des lieux .................................................................................................... 10 2.3.2. Actions menées par VEA .................................................................................. 10 3. LA PROCHAINE MISSION : ETE 2006 ........................................................................ 13 4. BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................... 14 5. GLOSSAIRE .................................................................................................................... 14 1 Membre de l’association Volcan-Explor-Action, Laura Bennati vous emmène au Pérou où le volcan Misti (5 822 m) menace des dizaines de milliers de personnes. Il se distingue comme l’un des cas spécifiques au monde pour sa proximité entre centre éruptif(2) et centre urbanisé. Afin de mieux gérer le futur réveil de ce volcan, il a été mis en place en 2004 un grand projet visant à sensibiliser la population aux risques volcaniques et à améliorer à moyen terme la surveillance du volcan. Date de rédaction : octobre 2005. 1. Des volcans meurtriers 1.1. Une préoccupation mondiale On compte les victimes d'éruptions volcaniques par dizaines de milliers au cours des derniers siècles. En Colombie, le volcan Nevado del Ruiz illustre parfaitement ce problème. En 1985, il tuait 23 000 personnes au cours de sa dernière éruption, laissant également 6 000 familles sans abri. Ce volcan n'était absolument pas étudié ni surveillé, malgré une activité visible. Et cela se répète malheureusement à travers le monde entier. L'absence d'une surveillance systématique de volcans reconnus actifs, le manque de préparation des populations aux risques volcaniques ainsi que l'inexistence de plan d'évacuation des habitants sont les causes de telles catastrophes humaines. Pourtant des cas comme celui de l'éruption cataclysmale du Mont St Helens (EtatsUnis) en 1980 montrent que cette situation n'est pas une fatalité. Le volcan était sous surveillance constante depuis ses premiers signes de réveil deux mois avant son explosion et il ne fit que 57 victimes car la zone dangereuse avait été évacuée. L'Italie est également un exemple à suivre. La ville de Naples est menacée par le Vésuve, sinistrement connu lors de l'éruption de 79 après J.C qui a entièrement dévasté la ville de Pompéi et Herculanum. Il est encore actif, sa dernière éruption ne datant que de 1944. Aussi les volcanologues de l'Osservatorio Vesuviano effectuent une surveillance permanente de ce monstre afin de réduire au maximum les conséquences de sa prochaine éruption (voir dossier Banque des savoirs : « Le réveil du Vésuve menace 700 000 Napolitains » . 1.2. Le sud du Pérou En Amérique du Sud, au Pérou, la situation est des plus préoccupantes. En effet, la partie Sud du pays est parsemée de nombreux volcans explosifs(8) actifs. On en compte sept particulièrement dangereux, culminant à plus de 5 000 m d'altitude : le Misti, l'Ubinas, le 2 Sabancaya, le Ticsani, le Tutupaca et le Yucamane, ainsi que le Huaynaputina qui en 1600 a tué 1 500 personnes, en ensevelissant 10 villages sous plusieurs mètres de cendres volcaniques. Actuellement, le Misti et l'Ubinas montrent des signes externes d'activité préoccupants. Il faut également savoir que ces deux volcans ont une particularité : une très faible distance entre leur cratère(3) respectif et les villes qu'ils menacent. En cas d'éruption, une catastrophe n'est pas probable mais certaine. Nous concentrons donc aujourd'hui tous nos efforts sur ces deux cas de catastrophes annoncées. Le Misti, volcan actif culminant à 5 822 m, surplombe la ville d'Arequipa, construite à 2 300 m d'altitude, c'est-à-dire à 17 km de distance et 3 500 m de dénivellation. C'est la seconde ville du Pérou avec 900 000 habitants. De plus la ville ne cesse de s'étendre en direction du volcan, avec la construction de nouveaux quartiers très pauvres à moins de 13 km du cratère. Des études réalisées par des scientifiques français montrent que le volcan possède deux fréquences d'éruptions : les fortes éruptions reviennent en moyenne tous les 2 000 ans et les éruptions de moindre magnitude(6) tous les 500 ans environ. Or la dernière éruption plinienne(5) s'est produite il y a 2 000 ans et une éruption moins importante a eu lieu entre 1440 et 1470. En 1985 et 2001, d'importantes crises fumeroliennes ont pu être observées depuis la ville. Des simulations d'éruptions (sur le modèle des éruptions passées de ce volcan) nous apprennent que les pertes humaines et matérielles en cas d'éruption seraient très importantes, accentuées notamment par la forte dénivellation qui sépare la ville du sommet du Misti. Malgré tous ces signes alarmants, rien n'est actuellement mis en place pour une rapide évacuation des Arequipéniens. Ils ne sont pas du tout sensibilisés aux risques que représente leur volcan. Et les scientifiques locaux n'ont pas les moyens - financiers et matériels - de surveiller au quotidien le géant qui les menace. Photo 1 : La ville d'Arequipa, surplombée par le Misti, volcan actif dont le sommet culmine à plus de 3 500 m au-dessus de la cité péruvienne. 3 Du haut de ses 5 675 m, le volcan Ubinas domine une grande vallée, située à 80 km à l'Est du Misti et habitée par plus de 4000 habitants. Le village principal, homonyme, se situe 2300 m en contrebas de l'édifice à seulement 6 km de distance du cratère actif. Ce volcan est considéré comme le plus actif du Pérou, avec 23 éruptions depuis 1550, dont la dernière ne date que de 1969. Actuellement, le volcan montre des signes d'activité fumerollienne (1) intense dans son cratère sommital, avec des températures de plus de 400°C. De plus, ces gaz émis ont fortement altéré la paroi qui sépare le cratère de la vallée. Il existe donc d'importants risques d'effondrements de cette paroi en direction du village d'Ubinas. Mais, tout comme le Misti, ce volcan est très peu étudié et ne fait pas l'objet d'une surveillance systématique. Photo 2 : Les enfants de l'école du village d'Ubinas, jouant dans la cour de leur école, ne se soucient guère de la menace du volcan en arrière plan. 1.3. L'association Volcan-Explor-Action L'association Volcan-Explor-Action (VEA) n'a pu rester insensible à cette situation extrêmement alarmante. C'est une association à but non lucratif constituée de passionnés de volcans. On compte parmi eux des chercheurs en volcanologie, des étudiants en géologie mais également en design, communication, finances… Les membres de l'association ont pour objectif de venir en aide aux populations menacées du Pérou. C'est pourquoi, après de longues années de recherche de partenariats financiers, une équipe de six membres de l'association est partie à Arequipa pour mener à bien l'opération "Eaux De Sources Au Pérou 2004" (EDSAP). La mission comportait trois actions principales : 4 L'étude et la surveillance volcanologique du Misti et de l'Ubinas, avec l'installation de stations d'études géophysiques(7) aux sommets des deux géants volcaniques ; La gestion des risques volcaniques, avec l'organisation des "Journées de Sensibilisation aux Risques Volcaniques " au sein de l'Alliance Française d'Arequipa, afin de poser les bases d'une cellule de gestion des risques volcaniques en rassemblant pour la première fois les diverses autorités publiques compétentes locales ; La sensibilisation et l'éducation de la population aux risques volcaniques, avec la mise en place d'un "Centre de Sensibilisation aux Risques Volcaniques" à Arequipa et la rencontre de nombreux scolaires péruviens et français (via Internet pour ces derniers) durant la mission. 2. L'opération "Eaux De Sources Au Pérou 2004" Au début du mois de septembre 2004, trois filles et trois garçons membres de l’association VEA sont partis avec le dessein de réaliser l'opération "Eaux De Sources Au Pérou " (EDSAP) sur une courte période de 3 semaines. Kathy, Marielle et moi, Laura, sommes arrivées à Arequipa les premières, suivies quelques jours après par Geoffroy, Guillaume et Nicolas. Nous avons rejoint sur place des membres péruviens de l'association, chez qui nous habitions. 2.1. La surveillance 2.1.1. Etat des lieux Le travail a été fait en collaboration avec Orlando Macedo, directeur du bureau de l'Instituto Geofísico del Perù (IGP – Institut de Géophysique du Pérou) à Arequipa ainsi qu'avec les étudiants de cet institut : Edu, Juan, Patricia, Vincentina et Walter. L'IGP est responsable de la surveillance des volcans au Pérou. Malgré cette responsabilité importante, la session d'Arequipa ne reçoit que très peu de moyens financiers de Lima, la capitale. Ceci ne lui permet pas de mener des actions de grande envergure. Les risques volcaniques ne sont pas du tout considérés comme une priorité aujourd'hui par les autorités compétentes. Leurs principales préoccupations sont les problèmes engendrés par les inondations, les sécheresses, les famines ou encore les tremblements de terre, très nombreux dans cette région du monde. C'est ainsi qu'aucun système de surveillance n'a jamais été installé sur les volcans actifs comme l'Ubinas et le Misti - excepté un unique sismomètre sur ce dernier. Il est donc urgent d'agir afin d'installer un réseau de surveillance permanent permettant de surveiller efficacement ces édifices. 2.1.2. Actions menées par VEA 5 En ce qui concerne la surveillance permanente des volcans, à l'époque de la mission nous n'avions malheureusement pas encore l'appareil d'analyses chimiques des eaux de sources (d'où le nom de la mission) que nous voulions installer : un chromatographe ou HPLC (High Precision Liquid Chromatography). En effet, les eaux de pluie, en s'infiltrant dans un édifice volcanique, sont sujettes à des variations de composition chimique si elles rencontrent un corps magmatique au cours de leur parcours souterrain. Ainsi, une analyse chimique de ces eaux en surface donne de très précieux renseignements sur l'activité magmatique à l'intérieur du volcan et permet de surveiller efficacement le niveau d'activité de ce dernier. Tout récemment, nous venons enfin d'acquérir ce précieux appareil qu'il est prévu de mettre en service lors d'une prochaine mission au cours de l'été 2006. En complément de ces méthodes géochimiques, nous avons installé des systèmes d'étude géophysique à long terme qui ont pour but d'étudier les variations de comportement de l'activité fumerolienne de ces volcans. Dans un premier temps, nous avons installé ces stations sur le volcan Ubinas, comme site test, avant d’étendre ensuite le réseau de stations également sur le Misti, à plus haute altitude. Photo 3 : Les membres de VEA, accompagnés par des porteurs péruviens, dans la caldeira de l'Ubinas, à 5 400 m d'altitude. Le programme de la mission prévoyait l'installation des stations de l'Ubinas avant celles du Misti, essentiellement parce que le premier est moins élevé que le second, et que nous devions "tester" nos capacités physiques à de telles altitudes (plus de 5 400 m). Dans un premier temps, une mission de trois jours a été effectuée pendant laquelle nous n'avons pu installer les trois stations d'étude au sommet de l'Ubinas. Le manque d'acclimatation aux très hautes altitudes en est la principale cause. Nous avons donc décidé, pour des questions de logistique, de retourner une seconde fois à l'Ubinas finir le travail inachevé et de laisser le soin aux péruviens, sur place toute l'année, d'installer plus tard les stations destinées au Misti. Ceci fera l'objet de la prochaine mission en préparation actuellement. 6 Photo 4 : Installation des stations d'étude géophysique dans la caldeira de l'Ubinas par les membres de VEA. Les stations installées sur l'Ubinas ont une capacité de stockage des données d'un an environ. Les relevés des données vont être très prochainement faits par l'IGP, responsable du matériel et de sa maintenance. Nous attendons donc avec impatience les résultats de cette étude. 2.2. La gestion des risques 2.2.1. Etat des lieux Tout au long des 3 semaines de mission, nous avons quotidiennement interviewé des habitants d'Arequipa (des conducteurs de taxis, des serveurs, des personnes arrêtées dans la rue…) afin d'évaluer leur niveau de conscience des risques que représente le Misti. Il en est ressorti un manque de sensibilisation total sur la menace réelle qui pèse sur leurs vies. Le plus souvent, ils ne savent pas que le Misti est actif. Au contraire, ils pensent curieusement que le Chachani, un autre volcan plus éloigné de la ville mais qui est éteint, est actif et qu’il est menaçant. Bien souvent, après les avoir informés de l'éventualité d'un possible réveil du Misti, nous nous entendions répondre qu'ils ne nous croyaient pas, ou que seul Dieu décide de tout ça. Dans le cadre de nos actions, nous avons rencontré les responsables des grandes organisations publiques, comme la Protection Civile et la Croix Rouge, ainsi que les maires (ou leurs représentants) d'Arequipa et du village d'Ubinas. Actuellement, les autorités civiles sont toutes dans l'impuissance de réagir en cas de crise volcanique, le manque de moyens matériels et financiers en étant la cause principale. Toutefois, malgré ce manque, le personnel est vraiment très actif et très volontaire. Il faut également souligner que le peu de moyens disponibles est entièrement utilisé pour prévenir les catastrophes naturelles les plus fréquentes qui affectent le Pérou, comme les tremblements de terre, les famines ou encore les sécheresses. 7 2.2.2. Actions menées par VEA Notre premier but était de rassembler autour d'une même table toutes les autorités compétentes afin de créer la première cellule de gestion des risques volcaniques à Arequipa. Cela n'avait jamais été fait auparavant. Ainsi, sur une initiative de M. Mendivé, ancien directeur de l'Alliance Française à Arequipa, et en collaboration étroite avec l'IGP, les "Journées de Sensibilisation aux Risques Volcaniques" ont été organisées dans l'enceinte de l'Alliance Française. C'était une réunion ouverte au grand public. Des habitants, de nombreux scolaires, ainsi que la presse locale étaient conviés à y assister, et à y participer avec leurs questions. Les journées ont débuté le jeudi 16 septembre au soir, avec l'ouverture officielle par le nouveau directeur de l'Alliance Française, M. Michel Marc, accompagné d'un discours de notre porte-parole, Guillaume Levieux. Les risques causés par le Misti, et les actions prévues par VEA durant la mission, ont été présentés au public venu en grand nombre. De plus, les 200 personnes présentes ont pu découvrir certains panneaux de notre Centre de Sensibilisation, inauguré le lendemain (voir plus bas). Toujours au sein de l'Alliance Française, le vendredi 17 au matin, François Legros, docteur en volcanologie, ami de l'association et résident à Arequipa, a parlé au public du drame du volcan Nevado del Ruiz, en Colombie. Nous pensions qu'un exemple de catastrophe concret et proche géographiquement nous permettrait de toucher directement la population concernée par les mêmes risques. La table ronde a ensuite débuté. Elle était constituée par les personnes suivantes : un représentant du Maire d'Arequipa, le Président de la Protection Civile de la région d'Arequipa et deux de ses collaborateurs spécialisés, le Directeur de la Direction de l'Education, le Représentant du Ministère de l'Agriculture, des Transports, de l'Energie et des Mines, la Présidente de la Croix Rouge et le directeur de l'IGP. Guillaume Levieux a dirigé le débat, traduit en direct par François Legros. Il s'agissait de simuler une véritable crise causée par une éruption volcanique. Chaque personnalité avait pour but de jouer son propre rôle. Les questions du public ont permis de nourrir le débat. 8 Photo 5 : Simulation d'une crise volcanique lors des "Journées de Sensibilisation aux Risques Volcaniques" à Arequipa, au sein de l'Alliance Française. Les représentants des différentes organisations compétentes sont rassemblés autour de la table, écoutés avec attention par le public composé de scolaires et d'habitants de la région. Bien que l'état des lieux révèle un manque total de moyens et de savoir-faire de la part des autorités compétentes, le bilan de cette réunion est plutôt positif. Nous pensons avoir réussi à faire prendre conscience aux Arequipéniens de la réalité de la situation et de l'importance des mesures de prévention à prendre en amont. Tous ont montré une véritable volonté d'action, notamment en commençant par l'étude du volcan méconnu de tous. Un groupe de travail, constitué par les responsables de chaque organisation, doit être créé très prochainement afin de leur permettre de travailler ensemble à l'élaboration de mesures efficaces d'évacuation de la ville. Nous veillerons à sa création. 9 2.3. La sensibilisation et l'éducation aux risques 2.3.1. Etat des lieux Jusqu'à présent, aucune action concrète n'a été mise en place pour sensibiliser les populations d'Arequipa et d'Ubinas aux risques qu'elles encourent, exceptées quelques actions isolées faites par l'IGP, par des scientifiques français ou encore par diverses associations - à destination de la presse ou des écoles. Seul un film sur le Misti et l'Ubinas, réalisé par Orlando Macedo, directeur de l'IGP, existe à ce jour. Le milieu enseignant a un rôle très important dans une telle situation de risques. Les enfants sensibilisés aux risques volcaniques à l'école vont en parler à la maison et ainsi permettre une diffusion naturelle de l'information. Mais nous nous sommes rapidement rendus compte (lors de rencontres avec des élèves péruviens et leurs professeurs dans les écoles) que les risques volcaniques à Arequipa étaient totalement absents des programmes scolaires, ou alors qu'ils étaient mal enseignés car trop souvent associés à de fausses idées reçues. 2.3.2. Actions menées par VEA Le "Centre de Sensibilisation aux Risques Volcaniques" : Notre action ponctuelle au Pérou ne nous permettait malheureusement de sensibiliser que trop peu de personnes aux risques volcaniques. Il nous fallait donc mettre en place une structure permanente sur place destinée au grand public pour informer au quotidien les péruviens des dangers que représentent leurs volcans. Durant les mois précédents la mission, des panneaux explicatifs sur diverses thématiques de la volcanologie ont été mis au point par les étudiants de l'IGP, avec l'aide des membres de VEA et de l'Osservatorio Vesuviano (Naples, Italie). Tom Pfeiffer nous a également fait don de 40 de ses plus belles photos de "volcans rouges(9)". Tout cela a été rassemblé afin de créer une exposition permanente à Arequipa, accessible au grand public comme aux groupes scolaires grâce à une entrée gratuite. Le musée archéologique "Sanctuarios Andinos" à Arequipa a été choisi comme lieu d'installation, notamment parce qu'il est le troisième lieu le plus visité de la région d'Arequipa. C'est ainsi que le vendredi 17 au matin a eu lieu l'inauguration du "Centre de Sensibilisation aux Risques Volcaniques", dont la mise en place a débuté dès notre arrivée à Arequipa. Avec l'aide de l'IGP et de l'Universidad Católica de Santa Maria (USCM – Université Catholique de Santa Maria) qui gère le musée, le Dr. José Antonio Chávez, directeur du musée, a assuré la complète organisation de l'exposition permanente (du point de vue logistique et financier). Son aide a été très précieuse, car José Antonio Chávez a montré une volonté rare de faire rapidement évoluer les choses. 10 Deux salles ont été réservées afin d'accueillir : 10 panneaux traitant de diverses thématiques de la volcanologie avec un accent tout particulier sur la situation du sud du Pérou, situés dans la salle principale, 5 photos satellites très grand format dont deux anaglyphes (images en 3D), présentées en partenariat avec PlanetObserver.com et l'Osservatorio Vesuviano, également dans la salle principale, 20 photos de "volcans rouges", signées Tom Pfeiffer, affichées dans la seconde salle (elles seront complétées à terme par d'autres photos de "volcans gris" d'Amérique du Sud principalement), Une maquette 3D au 1/100 000e illustrant les risques volcaniques liés au Misti sur la région d'Arequipa. Cette maquette en carton a été réalisée par les étudiants de l'IGP, aidés des membres de la mission. Les visiteurs peuvent grâce à cela avoir une idée très précise de la proximité du volcan par rapport à la ville. Après notre mission, tout au long de l'année, les scolaires péruviens sont venus visiter le centre, comme support pour leur éducation aux risques volcaniques. De nombreux habitants se sont également déplacés pour découvrir ce centre particulier, dédié au volcanisme, au sein de leur ville. La sensibilisation des enfants en France et au Pérou : L'éducation des enfants aux risques volcaniques est une action que nous souhaitions tout particulièrement réaliser car les résultats de telles actions sont toujours très positifs. Il est très important de sensibiliser les générations futures aux risques qu'elles auront à gérer durant les prochaines décennies. Pour cela, en association avec le rectorat de l'académie de Clermont-Ferrand (où est localisé le bureau de VEA), et avec la société IBM France, nous avons fait participer à notre mission des enfants français appartenant à trois collèges défavorisés de la région du Puy de Dôme. Avant la mission, nous avons rencontré les équipes pédagogiques de chaque collège afin de leur fournir un nombre de documents suffisant pour la bonne préparation de leurs projets pédagogiques. Lors de la mission, nous étions en contact hebdomadaire avec une classe de chaque collège, par téléphone ou en visioconférence - via Internet. C'est là qu'IBM a joué un rôle important en équipant les collèges français avec du matériel informatique neuf. En moyenne, nous avons effectué trois séances pour chaque collège sur les trois semaines de mission. À ces occasions, les élèves posaient les questions qu'ils avaient préparées à l'avance et nous nous efforcions d'y répondre au mieux. Tout le monde a été vraiment enchanté par l'expérience, les grands comme les petits. Photo 6 : Nicolas en pleine conversation téléphonique avec des élèves d'un des collèges français avec lesquels nous communiquions régulièrement. Le décalage horaire de 7 heures en moins nous obligeait à nous lever au milieu de la nuit pour ces mini-conférences. 11 De plus, en direct sur le site Internet de l'association (www.volcanea.org), nous avions créé un forum de discussion, alimenté par les nombreuses questions de ces mêmes collégiens. Les membres de la mission pouvaient donc répondre avec plus de précision aux questions parfois très pointues. Enfin, tout au long de la mission, les membres de l'expédition ont tenu un "carnet de voyage", mis à jour quotidiennement sur le site Internet de VEA, où étaient relatés tous les évènements de la journée. De cette façon, le grand public ainsi que les collégiens pouvaient suivre régulièrement l'avancée de nos actions. Sur place, de nombreuses actions auprès des scolaires péruviens ont été effectuées, notamment avec le "Colegio Nacional Mayta Capac" de Cayma, situé dans le même quartier que les locaux de l'IGP. Les enfants, guidés par leurs professeurs, travaillaient déjà sur les risques volcaniques, en fabriquant des panneaux explicatifs très bien réalisés sur les risques causés par le Misti. Ces panneaux ont été présentés à tous les élèves du collège par leurs auteurs. Ces derniers ont également suivi nos actions sur place : visite de l'IGP, participation aux "Journées de Sensibilisation aux Risques Volcaniques", etc. Photo 7 : Rencontre avec les élèves du "Colegio Nacional Mayta Capac" de Cayma et leurs professeurs. Même si c'est un collège public, l'uniforme y est obligatoire. De plus, nous avons mis en contact direct les élèves de ce collège péruvien avec les élèves de l'un des trois collèges français. Ils peuvent maintenant échanger des questions sur leurs pays respectifs. Pour qu'ils se connaissent mieux, à notre retour en France, nous avons apporté aux collégiens français un film dans lequel leurs camarades péruviens se présentent tour à tour. Nous sommes également allés rendre visite aux élèves de l'école du village d'Ubinas. Nous y avons noté un réel manque de moyens et de connaissances du volcan, qui entraîne une méconnaissance totale des risques encourus par la population, même s'ils savent qu'ils vivent 12 au pied d'un volcan actif. Un entretien entre l'équipe pédagogique et les membres de l'association a permis à ces derniers de se rendre compte de la grande volonté qui anime les habitants d'Ubinas d'en savoir plus sur leur volcan pour mieux se protéger. L'association a donc un rôle très important à jouer pour aider ces familles très isolées. Cela fera l'objet d'une prochaine mission. Photo 8 : Kathy est en train d'interviewer les élèves de l'école du village d'Ubinas, filmée par Guillaume. Le volcan, en arrière plan, semble surveiller notre équipe de son imposante masse. 3. La prochaine mission : été 2006 La première mission au Pérou de Volcan-Explor-Action a été un réel succès car nous avons réussi à réaliser la plupart des projets que nous nous étions fixés en France, malgré les imprévus rencontrés sur le terrain. Suite à cette première expérience, nous effectuons le suivi des actions débutées en septembre 2004. Pour cela, durant l'hiver dernier, les membres péruviens de VEA ont créé une ONG (Organisation Non Gouvernementale) : Volcan-Explor-Action-Perú. Elle est 13 constituée par les étudiants de l'IGP ainsi que de son directeur Orlando Macedo. Ils ont l'avantage d'être sur place et peuvent ainsi maintenir un rythme d'actions régulier. Ils souhaitent se focaliser tout d'abord sur la communication scientifique et la sensibilisation des enfants. Ils vont travailler à l'amélioration du Centre de Sensibilisation actuel et de la publicité faite autour de cette exposition. Ils veulent former des enseignants aux risques volcaniques afin que la sensibilisation se fasse directement dans les écoles. Par ailleurs, il est prévu de renouveler l'expérience réalisé par VEA en 2004 en réorganisant une nouvelle mission au cours de l'été 2006. Grâce au soutien de la société Dionex, nous possédons actuellement un HPLC performant qui nous permettra d'analyser les eaux de sources résurgentes à la base du Misti et de l'Ubinas. Sa mise en place et sa mise en fonctionnement se feront à cette occasion. Lors de la prochaine mission, il est également prévu un nouveau contrôle des stations installées, ainsi qu'une campagne de mesure, afin de définir les zones les plus stratégiques pour l'installation d'autres stations de surveillance de techniques complémentaires. De plus, nous souhaitons mettre en place un support d'information aux risques volcaniques mobiles qui permettrait d'aller directement à la rencontre des péruviens, en complément du Centre de Sensibilisation fixe à Arequipa. À terme, l'ambition de ce large programme, entrepris en collaboration entre VolcanExplor-Action et d'autres organismes au Pérou, est d'aboutir à un échange culturel qui permette de mieux prendre conscience de la nature des risques auxquels s'exposent les populations vivant à proximité de volcans actifs et par conséquent de mieux les aider à gérer les risques qui en découlent. 4. Bibliographie Rapport d’activités de l’association Volcan-Explor-Action de l’année 2004. Ce rapport est disponible, et téléchargeable en format pdf, sur le site Internet de l’association : www.volcanea.org 5. Glossaire (1) Activité fumerollienne : émanations gazeuses calmes et régulières, issues de fissures, rencontrées dans les domaines volcaniques (sur les flancs d’un volcan, dans sa zone sommitale, dans la zone environnante, etc.). (2) Centre éruptif : zone sommitale d’activité éruptive principale du volcan. (3) Cratère : point de sortie des produits volcaniques, situé en général au sommet du volcan. (4) Crise fumerollienne : activité fumerollienne anormalement forte, traduisant une reprise d’activité du volcan. 14 (5) Eruption plinienne : se dit d’une éruption volcanique explosive comme celle du Vésuve de 79 après J.-C. qui détruisit les villes de Pompéi et Herculanum, en Italie. (6) Magnitude d’une éruption volcanique : volume de magma produit au cours d’une même éruption, allant du km au millier de km. (7) Stations d'étude géophysique : dans ce cas, ce sont des mesures en continue des variations du champ électrique circulant naturellement dans le sol et dont les variations sont dues à des modifications de l’activité fumerollienne du volcan. (8) Volcans explosifs (ou volcans gris) : terme employé pour les volcans à lave visqueuse qui ont des éruptions explosives donnant des colonnes d’un mélange de gaz, cendres et blocs de lave. (9) Volcans rouges : terme employé pour les volcans à éruption effusive, à lave fluide donnant des coulées ou des fontaines de lave. 5 rue Kessler 63 038 Clermont-Ferrand Cedex France www.volcanea.org [email protected] +33 (0)4 67 81 77 83 15