marge à production donnée. Or, ce comportement est dicté par le niveau élevé
des taux réels qui modifie les termes de l’arbitrage profit présent – profit futur.
D’autres concepts insistent sur l’arbitrage entre lutte contre l’inflation et le
chômage comme objectif de la politique monétaire :
La règle de Taylor est une règle activiste de politique monétaire reliant
mécaniquement le niveau du taux d’intérêt piloté par la banque centrale à
l’inflation et à « l’output gap ». Elle permet de comparer le taux d’intérêt actuel de
court terme à un taux supposé « optimal ».
Jacques Nikonoff est l’un des premiers économistes français à parler du NAIRU
(Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment) ou « taux de chômage qui
n’accélère pas l’inflation ». Le NAIRU vient du concept, énoncé par Friedman et
Phelps en 1968, de « taux de chômage naturel ». L’idée de base en est simple :
les décisions politiques ne doivent pas conduire à utiliser les dépenses publiques
ou la croissance de la masse monétaire pour réduire le chômage sous un certain
« taux d’équilibre » sous peine de relancer l’inflation.
Nikonoff n’hésite pas à parler de « fermeté de la politique monétaire pour
maintenir le chômage élevé » (par le biais d’autorités indépendantes). Quand le
chômage baisse pour se rapprocher du NAIRU, les autorités monétaires doivent
prendre des décisions rapide de nature anti-inflationniste pour prévenir une
« surchauffe » de l’économie. c’est cette conception qui sous-tend toutes les
politiques des banques centrales, particulièrement en Europe où l’objectif unique
est la lutte contre l’inflation, c’est à dire la lutte contre l’emploi (le chômage
devenant par là même un instrument de politique économique).
B) Amplificateur financier des cycles économiques
Ainsi, selon Artus (1994), la récession économique de 1990-93 est largement
expliquée par le comportement des entreprises endettées qui ont amplifié la crise.
Le niveau des taux d’intérêts réels les empêchait d’avoir un comportement
stabilisateur étant donné le poids des charges financières. C’est la raison pour
laquelle l’investissement a joué un rôle déterminant dans la profondeur de la
récession.
Il s’agit d’un phénomène relativement nouveau par rapport aux années
précédentes qui se manifeste par une augmentation de la corrélation entre PIB et
investissement productif sur la période 1988-93 (déjà constaté entre 1970 et
1975).
En outre, il est possible d’introduire une persistance dans le produit lié au coût
d’ajustement du capital. Plus précisément, lorsque la contrainte financière est trop
forte, les firmes préfèrent réduire le volume de leur capital pour jouer sur leur
capacité à se désendetter.
Comme la mise en route d’un nouveau capital exige des coûts d’ajustement, on
en déduit que les firmes ont réduit durablement leur capital. L’effet de la crise
peut donc perdurer durant cette phase d’ajustement.