adresse une liste, mais que faut-il considérer en priorité ? C'est une approche nouvelle qui
peut nous mettre en difficulté. A ce point, il ne faut pas oublier qu'il y a le médecin
consultant. Il faut contacter Gilbert plus souvent, ne pas hésiter à lui téléphoner ou à lui écrire.
Il est indiscutable qu'en France il y a une sous déclaration : du coup on ne connaît pas les
situations à risque. Au contraire, si tous les médecins le font, s'ils déclarent, on va voir là ou il
y a un problème. C'est ce que nous pouvons faire à notre niveau pour contribuer à
l'assainissement.
- Pour le docteur Israel, il n'y a pas vraiment de questions en termes de diagnostics, sur ce
versant, le médecin sait faire. Ce qui permet d'avancer c'est le dialogue avec le cartographe.
Le dialogue est d'autant plus pertinent que le médecin connaît bien la personne, qu'il la suit
depuis longtemps. Parfois c'est un parcours qui se déroule sur des années. Je pense à un
exemple récent, sous surveillance dans le SIC depuis 7 ou 8 ans. On avait déjà une certaine
connaissance des expositions, mais en plus, quand la pathologie s'est déclenchée, on a pu
conclure la déclaration avec le cartographe. En effet, la question de l'étiologie portait sur
l'amiante, l'oxyde de fer, les HAP. Le dossier était bloqué pour des raisons de durée
d'exposition. Ce qui l'a débloqué, c'est le travail de cartographe, en découvrant qu'à l'époque
où le sujet fabriquait des meubles résistant à l'humidité, il découpait des matériaux "à amiante
cachée". Ce n'est pas au médecin qui revient la rechercher de ces éléments.
- José Aguilar et Gilbert Igonet insistent sur les précautions à prendre quand on rédige le
certificat médical initial : il faut que les termes correspondent exactement aux énoncés des
tableaux. Sinon on risque de faire des fautes, au détriment du patient. José Aguilar donne un
exemple : il avait déclaré un cas de mésothéliome, en ajoutant à la déclaration la description
de tous les symptômes associés (le poumon de cette personne présentant plusieurs atteintes).
La sécurité sociale a rejeté, et lui a demandé de faire une déclaration qui se limite au seul
mésothéliome, "sinon ce qu'on va reconnaître va faire jurisprudence". Le résultat a été un
rejet, une nouvelle déclaration, du temps et des énergies perdus. Il y a un système qui mélange
deux choses : le signalement et la déclaration. Pour le docteur Igonet, le problème vient de ce
que le système est centré sur l'indemnisation individuelle, pas sur l'assainissement. Tout ce
qu'avait écrit Aguilar dans le certificat initial était important, dans une perspective
d'assainissement, et on le perd pour des motifs idiots, seulement liés à l'indemnisation.
- Marc Andéol, indique qu'il y a une solution simple et rapide : les médecins peuvent utiliser
le certificat initial en décrivant ce qu'ils considèrent susceptible d'être imputé à une cause
professionnelle (c'est d'ailleurs ce que la loi leur demande). Le sujet vient au pôle local avec
ce certificat pour que Florence l'aide à remplir le formulaire vert. A ce stade, si Gilbert
identifie un problème sur le certificat médical, il en parle avec le médecin et on le résout (le
médecin apprend pour la prochaine fois). S'il y a des éléments à exclure de la déclaration, on
va les conserver dans le profil pathologique pour qu'ils ne disparaissent pas. Mais il ne faut
pas que le "médico-légal" prenne le pas sur le raisonnement "naturel" du médecin. L'INRS
vient de publier un dépliant qui dit que "déclarer c'est simple". La déclaration a surtout pour
but de déclencher une enquête de la part des organismes, c'est en tout cas dans cette direction
que nous voulons les stimuler. Quant au critère à utiliser pour le soupçon, je me souviens d'un
médecin qui disait "je dois utiliser le soupçon pour tout ce dont je ne peux pas garantir que ce
ne soit pas provoqué par le milieu de travail".
- Docteur Mizzi : il faut suivre cette démarche, envoyer une déclaration provisoire, avec ce
circuit. Il faut rester sur le plan pratique, il faut aussi se dire qu'on peut prendre le temps qu'il
faut pour boucler la recherche, pour être précis et complets. Il est vrai que ça prend du temps,
les patient commencent à me dire : "alors docteur, où on en est ?". Ce qu'on n'a pas le temps
de préciser au début, on le fera après, mais il ne faut pas hésiter à utiliser toutes les
dimensions du pôle pour ouvrir son esprit.