
plus de 42 000 militants socialistes qui disent Non, et qui sont tous des pro-Européens. Parce qu’il faut
bien se rappeler que, au Parti Socialiste, à une époque, il y a eu des personnes disons qui étaient plutôt
« souverainistes » et qui pensaient qu’on avait été trop loin dans la construction européenne, mais ils
sont partis: ils sont partis avec Jean Pierre Chevènement. Il n’y a plus au Parti Socialiste que des pro-
européens, qui veulent approfondir la construction européenne. Nous sommes tous pour l’élargissement,
l’approfondissement de l’Union Européenne. Donc ces 42 000 militants qui ont dit Non, ce sont des
pro-européens convaincus.
Alors, pourquoi des pro-européens convaincus, qui ont toujours dit Oui, qui non seulement ont dit Oui,
mais ont appelés les français à voter Oui à Maastricht en 1992, pourquoi est-ce que maintenant ça a
changé ? Pourquoi, nous socialistes, en 1992, avons nous demandé aux français de dire Oui ? Il y avait
des choses assez atroces déjà dans le traité de Maastricht, pour un socialiste, puisque la politique
monétaire était confiée à une banque centrale qui n’avait de compte à rendre à aucun citoyen; les
politiques budgétaires étaient verrouillées par un pacte de stabilité, déjà...le règne de la concurrence
et du marché, les difficultés à régler les marchés existaient déjà, donc on était déjà dans une Europe
trop libérale et où les possibilités de mettre en œuvre des vrais politiques sociales, d’harmonisation
sociales par le haut étaient limitées.
Il y avait beaucoup d’inconvénients, mais il y avait un apport incontestable et une avancée
incontestable, qui était la monnaie unique. Car une monnaie unique, faisait disparaître du jour au
lendemain la spéculation entre les taux de change des pays européens. Or rappelez-vous, c’était le truc
qui empoisonnait toute la conduite des politiques, c’était la dictature des marchés. Si vous ne meniez
pas la politique qui faisiez plaisir à ces messieurs les spéculateurs, eh bien du jour au lendemain vous
aviez une crise de spéculation contre votre taux de change. Par le miracle de la volonté politique, du
jour au lendemain, les pays européens disaient : « Allez jouer ailleurs, vous ne pouvez plus spéculer sur
les monnaies européennes, puisqu’il y en a plus, il y a une monnaie ». Donc, c’était une belle victoire de la
volonté politique et ça autorisait ensuite des marges de manœuvre justement pour la régulation de
l’économie par le politique. Donc les socialistes ont dit : « Dites Oui, en dépit, c’est vrai, de choses qui
seraient inacceptables en soi, mais c’est un compromis, un vrai compromis. Il y a des choses qui ne nous
plaisent pas, mais il y a une avancée fondamentale ». Et dans le cadre de cette nouvelle Europe avec une
monnaie unique, nous serons débarrassés de la spéculation, nous aurons une économie plus forte, nous
pourrons mettre en œuvre des politiques sociales, des politiques d’harmonisation sociales, à une
condition, c’est que nous fassions avancer ensuite l’union politique. Notre pari, c’était que, si on faisait
que la monnaie unique mais sans faire avancer l’Europe politique qui permettait d’encadrer la
concurrence, d’éviter la concurrence sociale et fiscale, ce serait une horreur et ce serait pas accepté,
donc forcement, on irait vers plus d’union politique.
Donc on a dit aux français : « Dites oui, c’est incomplet, mais ensuite on va faire une union politique
plus approfondie, on va renforcer le pouvoir du politique pour mieux réguler les marchés, et donc en
quelque sorte, au prochain traité, ce sera mieux en quelque sorte ».
Puis il y a eu Amsterdam. A Amsterdam Lionel Jospin est arrivé, - il venait juste d’arriver au pouvoir en
France - , en disant: « Ecoutez, il y a ça, ça, ça qui ne va pas dans les traités de l’Union. On exige qu' il
y ait un gouvernement économique, qu' on remette en cause le pacte de stabilité, qu’on introduise des
objectifs de croissance, d’emploi... ». Bref, on avait un certain nombre d’exigences. Aucune n’a été
satisfaite et on a signé quand même. Bon. Et l’histoire continue.
Nous sommes maintenant exactement 13 ans après Maastricht, puisque le traité a été signé au
mois de février 1992. Est-ce que le bilan des ces 13 ans, c’est que, conformément à la promesse
que les socialistes avaient faite aux français, la monnaie unique a été suivie de la mise en place
d’une Europe politique plus forte où le politique peut mieux réguler les marchés, pour éviter que
ce grand marché qu’on a mis en place soit un marché où on se fait de la concurrence par la baisse
des impôts, par la privatisation des services publics, par la réduction de la protection sociale, par