Assises méditerranéennes des enseignants de FLE/FLS Utilisant le

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Assises méditerranéennes des enseignants de FLE/FLS Utilisant le multimédia Alexandrie 19, 20 octobre 2003
Rapport général
Analyse des travaux conduits dans les ateliers
Synthèse, Constats et Perspectives
Nicole Koulayan
Assises méditerranéennes des enseignants de FLE/FLS
Utilisant le multimédia - Alexandrie 19 et 20 octobre 2003
Analyse des travaux conduits dans les ateliers
1er atelier : Monolinguisme et plurilinguisme : l’apport de l’internet pédagogique
Les premières assises méditerranéennes des enseignants de FLE/FLS utilisant le
multimédia ont suscité des questions très ciblées au cours des débats notamment sur le
rapport entre le mono et le plurilinguisme face à l’internet pédagogique et des constats à
retenir lors d’une intégration partielle ou complète des TICE.
Que ce soit pour le Maroc (AMEF), l’Albanie (Université de Tirana) , l’Egypte (Université
Damanhour Alexandrie, Ecole Ste Jeanne Antide), les actions liées à l’utilisation du
multimédia et particulièrement de l’internet sont généralement dues à des initiatives
personnelles de certains enseignants excepté pour la Tunisie qui dans le cadre de la
réforme qu’elle a entreprise, a mis en place le Programme de Rénovation de
l’Enseignement du français dans le système éducatif tunisien (PEEF/SET) dont le volet
multimédia est assuré par l’Institut National de Bureautique et de Micro- informatique
(INBM).
Ces enseignants ont constaté que le multimédia renforce l’intérêt de leurs
étudiants et ou élèves, permettant un enseignement plus vivant, parfois ludique et
certainement plus concret dans le sens qu’il arrivait à « réconcilier les élèves avec la
langue française ». Les TICE sont stimulantes et changent à la fois la motivation de
l’apprenant et la relation enseigné/enseignant, cependant le multimédia bien qu’il soit
perçu comme un apport intéressant n’en constitue pas moins une panacée.
A ce jour l’évaluation d’ordre pédagogique reste encore très rare car les programmes
n’ont pas encore assez de recul, seule la fréquence demeure une donnée visible avec par
exemple le site du programme marocain CPGE-CPA mis en place par l’Ecole Normale
Supérieure Technique de Rabat qui reçoit 150 visites par jour.
Les TICE ne renseignent pas encore sur les stratégies d’apprentissage des
utilisateurs : elles constituent essentiellement un outil pédagogique de plus. Du point de
vue de la formation des enseignants, ils se sont pour la plupart personnellement investis
dans une autoformation grâce à l’utilisation directe du net, alimentée généralement par
une forte volonté qui pour certains a pu être relayée par une formation plus
institutionnelle résultat d’une coopération bi ou multilatérale.
A noter cependant pour l’Albanie une difficulté autour du contact et de
l’appropriation de ces outils qui demeurent encore assez fragiles pour les enseignants
toujours largement déficitaires de toute culture informatique.
2eme atelier : Apprentissage en autonomie, les centres de ressources, les
laboratoires multimédias
La seconde des problématiques majeure abordée, intéressant et impliquant le
multimédia fut celle de l’autonomie de l’apprentissage avec semble-t-il une
caractéristique majeure pour ces nouveaux outils d’offrir une décentralisation des sources
de l’information et donc de l’offre en matière d’enseignement apprentissage des langues.
C’est pourquoi le profil des utilisateurs des ressources francophones multimédiatisés
s’enrichit d’une caractéristique quelque peu mercantile à savoir celle du « client », plus
ou moins exigeant et non plus du simple « élève » ou « apprenant ».
Ainsi ces ressources se doivent-elles avant d’être performantes d’un point de vue
pédagogique de pouvoir « séduire » ces mêmes clients.
Des outils favorisent cette tendance comme les grilles d’évaluation de cédérom
dont un modèle particulièrement complet a été élaboré par une enseignante de Grèce.
Cette grille se révèle d’autant plus précieuse que nombre d’enseignants se sont tournés
vers la production de cédérom pédagogique tous axés sur une autonomie complète ou
semi complète pour l’utilisateur comme par exemple le projet européen trilingue
(français, allemand, espagnol) Support Informatique pour l’Apprentissage Autodirigé des
Langues (SIAL) présenté par l’Espagne (Université Jaume 1 Castellon). Cette plate-forme
intranet offre à l’apprenant la possibilité d’établir son propre parcours d’apprentissage en
tant que système non fermé, susceptible d’évolution et d’amélioration. Il s’agit ici de
proposer et d’expérimenter une application pédagogique cohérente, ouverte et plurielle
de par sa nature multilingue et prospective dans le sens où la conception de l’autonomie
se traduit en termes de choix multiples d’interactions, de diversité et d’objectifs
d’apprentissage, bref d’adaptation souple tant dans l’exploitation des ressources
disponibles que dans l’orientation pédagogique. De plus, l’expertise proposée est
intéressante portant sur une évaluation des comportements, des sentiments et des
résultats de leurs étudiants de FLE lorsqu’ils entrent sur le net avec l’intention
d’apprendre, d’améliorer et renforcer leurs compétences. Les conclusions de cette
expérience perçue très positivement par les utilisateurs, ont mis en évidence le manque
d’une connaissance au préalable des styles cognitifs caractérisant les apprenants laissés
en situation d’apprentissage autonome, pourtant ces informations seraient très
éclairantes pour expliciter leurs choix dans les pages internet.
Malgré ce manque, ces derniers ont pu sélectionner, définir leurs objectifs et
ébaucher un plan personnel d’apprentissage.
En ce sens le multimédia favorise et répond largement aux demandes importantes
d’autonomie émanant des apprenants.
Pour le Maroc (Université Mohammed 1, Oujda) l’intégration des TICE constitue un enjeu
important dans le cadre de sa réforme de l’enseignement du français mais qui se heurte
aux difficultés suivantes :
- transformer le plus rapidement possible les pratiques pédagogiques
- susciter chez les enseignants une collaboration afin de proposer une planification
des activités d’enseignement du FLE multi médiatisé
- résoudre différents obstacles sociaux, techniques, culturels
Ce qui n’empêche pas d’ores et déjà de constater une réelle motivation chez les
enseignants, de même que pour les étudiants qui espèrent pouvoir rapidement travailler
sur ce type d’environnement.
En Algérie (Etablissement Arts et Culture, Wilaya d’Alger) la situation s’avère tout
autre, le corps enseignant et les apprenants n’ayant pas encore accès au multimédia
comme outil d’enseignement, l’expérience qui est conduite à l’heure actuelle se centre
autour d’une prise de connaissance et d’une appropriation par les citoyens d’Alger de
l’information électronique au travers notamment du Réseau des Etablissements Arts et
Culture du Willaya d’Alger.
Ce réseau repose sur un ensemble de médiathèques, l’ambition de ses dirigeants
consistant en premier lieu à passer de la lecture du livre à la lecture sur écran, afin de
pouvoir par la suite songer à des propositions d’enseignement multimédia. Pour ce cas,
on notera que l’apprentissage de l’autonomie va se faire en même temps que la
découverte des TIC.
Enfin dans la réflexion et l’état des lieux autour de l’apprentissage en autonomie sur
support électronique, l’expérience de la Turquie (Université de Yildiz) au travers d’un
projet de formation à distance pour l’enseignement de la traduction technique paraît
autant audacieux qu’intéressant d’autant plus que l’on sait que pour ce pays, l’offre
universitaire en matière de traduction est très récente.
Il s’agirait de mettre en place un réseau reliant les différents départements de
traduction/interprétariat à l’ensemble des universités du pays avec celle de Rennes 2
partenaire français du projet. L’objectif étant de récapituler l’ensemble des terminologies
scientifiques sur des bases de données internet protégées.
En définitive, l’autonomie d’apprentissage du FLE dans un environnement multimédia
semble être promise à un avenir positif à condition toutefois d’offrir toujours plus de
flexibilité, de souplesse, d’adaptation ciblées par rapport aux spécificités cognitives et
culturelles de l’apprenant.
3eme atelier : Les nouveaux outils multimédias d’appropriation d’une langue
étrangère
Ici la tendance générale perceptible pour l’ensemble de l’atelier reste celle du constat
optimiste selon lequel à chaque création de site, de cédérom ou autre, c’est la
communauté pédagogique dans sa totalité qui y gagne, non seulement sur le plan des
réalités du potentiel qu’offrent les TIC mais aussi en termes de consensus, avec le
sentiment de progresser dans la même direction surmontant ainsi le clivage purement
national pour se retrouver dans la grande communauté internationale des francophones.
Les produits disponibles sont divers : plates-formes, forums, chats,.., aussi bien en tant
que produits collaboratifs non finis souvent gratuits et se construisant presque toujours
de l’expérience plus ou moins institutionnelle de chacun des utilisateurs.
Il en est autrement de ceux qui résultent d’une recherche, d’un travail d’équipe et
qui le plus souvent sont des cédéroms, des sites ou des campus numériques qui restent
« réservés » à certains types d’utilisateurs au préalablement ciblés par l’institution.
Cependant l’ensemble tend petit à petit à générer un nouveau modèle de fonction autre
que celle de l’enseignant stricto sensu, au travers de nouvelles activités telles que
conseillers, tuteurs, développeurs d’environnement d’apprentissage, de passeurs de
savoirs etc.
Les exemples présentés furent souvent assortis d’une réflexion et d’une analyse
sur la problématique pédagogique de fond avec par exemple la présentation du campus
numérique que les services audio-visuels du service de coopération culturelle française
ont mis en place en Egypte ou encore l’Université Jaume 1 (Espagne) et sa proposition de
la plate forme SMAIL (Système Multimédia d’auto apprentissage Interactif de Langues)
qui implique le français, l’espagnol et l’allemand et dont l’objectif vise pour ce cadre
plurilingue aussi bien l’autoformation guidée que l’autonomie.
Dans une autre perspective, le français sur objectif spécifique se prête bien au
multimédia avec un cédérom très performant pour le français médical produit par le CUEF
de l’Université de Grenoble 3 (France).
En cycle primaire, l’école Girard d’Alexandrie (Egypte) travaille depuis quelques
années sur le net grâce à sa médiathèque et les enseignantes continuent de s’auto
former afin de se tenir au courant des nouveautés. Enfin l’Université Libanaise (Beyrouth)
pour sa section de littérature française assure à la fois auprès de ses étudiants une
formation sur l’utilisation pédagogique du net et un travail spécifique sur des cédéroms
littéraires.
4eme atelier : Diversité culturelle et pédagogie de la langue dans les méthodes
sur cédéroms et sur les sites
Avec cet atelier, les assises ont accordé une place importante au facteur culturel
tel que pédagogiquement il s’inscrit au niveau de sa pluralité dans une démarche
d’enseignement et/ou d’apprentissage multi médiatisé du FLE/FLS.
Il en a émergé un vrai plaidoyer pour la diversité des cultures et des langues, au
travers de la mise en réseau des différents acteurs concernés : réseau d’enseignants et
d’associations. Celle-ci constitue l’approche la plus saillante au travers des sites internet
utilisés comme des plates-formes largement propices au dialogue donc à l’échange
interculturel. Ces derniers tendent à construire un espace numérique francophone
international inter-relié dont la vocation implicite vise une reconquête de la culture aussi
bien du côté des pratiques culturelles quotidiennes que celles de « l’Autre » pour
lesquelles plusieurs exemples ont été présentés lors de cet atelier. Dans ce sens, certains
projets associatifs français commencent à faire-valoir une expérience confirmée comme
celle du CRDP de Marseille (France) avec son magazine Le Méditerranéen dont les
auteurs d’articles sont issus de toute la méditerranée, la Grèce avec l’expérimentation du
lycée de Thessalonique « La souris à l’école » s’appuie sur un forum d’échanges entre les
élèves de plusieurs écoles européennes, l’association Ethnologues en herbe (France)et
son site Ethnokids sensibilise les jeunes francophones des lycées, collèges et écoles
primaires à la richesse et à la diversité culturelle sur la base de l’ethnologie et
l’ethnographie de la vie quotidienne. De même, l’association Mosaïque du Monde (France)
qui met à disposition des enseignants et de leurs élèves du primaire et secondaire une
plate forme pédagogique en ligne avec divers outils voués à servir de passerelles
culturelles et par là même linguistiques à l’ensemble de la communauté francophone
internationale. Toujours pour les associations, Omar le-Chéri (France) initie depuis 1997
les jeunes de 12 à 18 ans du bassin méditerranéen à l’écriture journalistique et à la mise
en ligne de leurs article par le biais d’un site web omarlechéri.
Le Liban au travers de la section de français du Centre d’Etudes des langues
vivantes de l’Université Saint-joseph, propose le premier cédérom d’apprentissage du
français langue seconde réalisé conjointement au Liban et en France par une équipe
pédagogique libanaise. En effet la méthode Evasion présente l’innovante particularité
d’intégrer les spécificités culturelles et phonétiques du français tel qu’il est en usage au
Liban.
Conclusion générale
Pour l’ensemble de ces réalisations, nous pouvons dire que le multimédia en ligne
offre la possibilité aux apprenants/utilisateurs d’appréhender à la fois les enjeux culturels
et les enjeux linguistiques (expliquer, narrer, décrire, manier les actes de parole,
maintenir la langue et sa grammaire fonctionnelle ...) dans un environnement
francophone international. Il s’agit ici d’une démarche pédagogique toujours très centrée
sur l’apprenant mais un apprenant motivé pour lequel la performance sera privilégiée
autant que sa curiosité, que ses choix ou que « le réaliser » tant du point de vue
technologique/informatique que linguistique. Une démarche incluant nécessairement la
présence, le soutien et la compétence de l’enseignant, du tuteur, de l’animateur ou de
l’expert. Tous s’accordent pour dire que ces outils d’apprentissage doivent être intégrés
dans un dispositif plus large et plus performant c’est à dire celui du « projet » avec
l’informatique associé à d’autres supports didactiques complémentaires.
Il semble d’ores et déjà possible d’affirmer que le multimédia conduit l’apprenant
à une réflexion sur soi et sur les autres par le biais du travail collaboratif, qu’il lui permet
de consolider son identité culturelle francophone basée sur la connaissance partagée
aussi bien de sa culture régionale que de sa langue d’origine.
Cependant un gros effort reste à faire au niveau de la formation des formateurs
afin de développer ce dialogue interculturel déjà amorcé dans le cadre de ces assises
sous l’impulsion volontaire de certains enseignants et associations. Beaucoup souhaitent
concevoir et produire leurs propres outils car à l’heure actuelle la plupart de l’offre émane
des associations ou des programmes institutionnels francophones.
Ces assises ont permis aussi de souligner pour l’espace méditerranéen des
clivages en pointillé dans le savoir-faire. Par exemple certains pays comme le Liban et la
Turquie proposent leurs propres produits alors que d’autres en sont simplement à la
phase d’installation et d’appropriation des TICE comme l’Algérie et l’Albanie ; en pointillé
encore, car ce sont au travers de ces espaces ouverts que peut s’effectuer la mise en
commun de l’expérience, des modèles à suivre et le partage des produits. Nous sommes
donc optimistes puisqu’il ne s’agit plus de la frontière pleine, fermée véritable synonyme
de fracture numérique entre les deux rives qui se dessinait il y a seulement quelques
années.
Ainsi, cet espace méditerranéen encore jeune dans son expérience dans la transmission
des savoirs multimédiatisés notamment en matière d’apprentissage des langues demeure
ouvert et prometteur dans le sens d’une prise de conscience efficace et tournée
résolument vers l’avenir, vers la connaissance et la re-connaissance mutuelles comme
ces premières assises ont réussi à l’impulser.
Assises méditerranéennes des enseignants de FLE/FLS utilisant le multimédia
Synthèse, Constats et Perspectives
Synthèse
Les 19 et 20 octobre 03 se tenaient en Alexandrie/Egypte les premières Assises
méditerranéennes des enseignants de FLE/FLS utilisant le multimédia organisées par
Mosaïque du Monde avec 15 pays représentés par 40 communicants. Elles ont aussi réuni
des enseignants, des experts, des acteurs pédagogiques comme des observateurs.
Cet événement, le 1er du genre placé sous le haut patronage du Secrétaire
Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, a été soutenu en France par
le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère de l’Education Nationale, en Egypte
par l’Université francophone Senghor et la Biblioteca Alexandrina ainsi que par l’Agence
Intergouvernementale de la Francophonie et l’Agence Universitaire de la Francophonie.
Au long de ces deux journées de travaux furent :
- analysés les grands défis de l’apprentissage d’une langue étrangère dans un
environnement multimédia tels que la qualité de la valeur ajoutée induite en termes de
gains didactiques
- débattus les effets de l’interaction apprenant/machine/enseignant
- présentés des produits et des pratiques venus de l’ensemble de cet espace
méditerranéen
Les quatre lignes directrices qui ont sous-tendu l’ensemble de ce projet ont été conçues à
l’aune des grands paramètres de la linguistique, de la sociologie et de la didactique. Ils
caractérisent l’apprentissage/enseignement multimédiatisé d’une langue vivante à savoir:
1) le mono et plurilinguisme face à l’internet pédagogique
2) l’autodidaxie en rapport avec les espaces d’accueil: plate-forme, sites et cédéroms
3) la diversité culturelle, son traitement en ligne et hors ligne
Constats
Un des premiers constats fut de noter le plaisir et l’intérêt visibles, manifestés par
l’ensemble des contributeurs pour se connaître puis au cours des débats se
« reconnaître » dans les mêmes interrogations et cheminements didactiques, dans les
mêmes aspirations et enfin dans le même investissement personnel pour ce domaine à la
fois si attractif et complexe. Car il a été intéressant de noter combien l’engagement
institutionnel s’avère exceptionnel avec par exemple la Tunisie et son projet public PREFSET ou bien le Liban avec l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et l’élaboration du
cédérom Evasion, première méthode à travailler dans un français standard et local (le
français tel qu’il est en usage au Liban) dans un espace bi-culturel (le Liban et la France).
Ainsi de manière générale, pour les enseignants en particulier ceux de la rive Sud, leur
formation est souvent au départ largement empirique procédant d’une démarche
personnelle qui les ont poussé à butiner sur le net et commencer à pratiquer. Ensuite elle
a pu être pour certains complétée, consolidée par un stage spécifique proposé et pris en
charge soit par leur administration d’origine, par un opérateur de la Francophonie (AUF
ou AIF) ou bien encore par un organisme associatif du même type que ceux présents à
ces assises Omar le-chéri, Ethnokids, Mosaïque du Monde.
A signaler pourtant le cas de l’Albanie qui demeure unique, la plupart des
enseignants n’étant pas vraiment attirés par le multimédia et ne cherchant pas
contrairement à ce qui précède à s’auto-former. Cette frilosité s’explique par les énormes
difficultés politico-économiques auxquelles ce pays est encore confronté. A ce niveau, la
situation de l’Algérie apparaît comme moins fragile, car là-bas, les TICE ne font pas peur
et attirent les enseignants aussi bien que les apprenants même si l’offre reste assez
limitée.
Pour ces assises, les enseignants et formateurs présents ont fait montre d’un vrai
dynamisme aussi bien intellectuel que pragmatique doublé d’une volonté solide d’aller
quand même de l’avant, malgré pour certains des difficultés matérielles ou autres.
Perspectives
Pourtant il faudra pour tous Rives Nord et Sud assurer une information et une
formation sur l’évaluation de l’apprentissage multimédiatisé des langues vivantes, la
grande absente de ces assises ; cette évaluation n’a pas fait l’objet de beaucoup de
travaux tant la démarche est assez complexe à traiter pour de nombreuses raisons et de
plus trop récente.
Il en est de même pour la nature protéiforme du web qui à la fois, angoisse et
attire les enseignants, comme en témoignent la plupart des questions qui ont traversé
les débats :
Comment en savoir plus sur les stratégies d’apprentissage des apprenants, par rapport à
leur profil et à leurs motivations d’apprentissage?
Dans le foisonnement de l’offre gratuite disponible sur le net en matière de
matériaux ludiques comportant des aspects culturels, plus ou moins littéraires, et
linguistiques que choisir et pourquoi ?
Comment et où trouver des supports et produits multiculturels et multilingues à la fois ?
Comment assurer ces nouveaux rôles dévolus aux enseignants tels qu’animateurs,
experts,… ?
Dans le cadre d’un cours en semi autonomie et en direct, à quel moment intervenir
entre la performance et la compétence de l’apprenant? Comment gérer ces nouvelles
situations ?
Il reste donc la grande tâche de « produire » à la mesure de chaque culture, de
chaque profil psycho-cognitif de l’apprenant, de chaque environnement linguistique qu’il
soit mono et/ou plurilinguistique. En effet, il semble bien que les TICE, qui restent encore
pour certains pays comme l’Albanie et l’Algérie des NTIC, suscitent une certaine forme de
fuite en avant de la part des enseignants (surtout pour la rive Nord) qui doivent s’adapter
en termes de polyvalence mais aussi de la part des utilisateurs qui oscillent entre deux
attitudes : rester des apprenants (Egypte,Tunisie, Maroc,…) ou devenir des clients au
sens propre du terme (France, Espagne, Turquie…).
Ces assises ont bien montré de par leur succès qu’elles comblaient un vide celui
du débat «in vivo» sur les TICE de part et d’autre de la méditerranée surtout pour un
domaine aussi spécifique que celui de l’enseignement /apprentissage des langues
vivantes.
L’implicite dénominateur culturel qui a traversé ces travaux fut l’identité
méditerranéenne qui « avant de faire connaissance » servait déjà d’ancrage collectif.
C’est pour cette raison que le choix d’une orientation régionale bien ciblée s’est avérée
aussi pertinente que positive et sera à conserver pour l’avenir. Pourquoi ?
Il est apparu que durant ces deux jours la Rive Nord de la méditerranée a offert en
partage aux collègues de la Rive Sud les sillons quelle avait tracés grâce à son
expérience, sa compétence, ses moyens techniques et scientifiques, ses produits finis ou
en cours. Ainsi, ces derniers pourront emprunter cette trace, ce chemin déjà connu et
pratiqué pour aller plus vite à moindre mal et à moindre frais, d’ailleurs, nos collègues
Marocains l’ont expliciter sans détour nous suivrons et utiliserons les bons modèles que
vous avez déjà expérimentés.
C’est une remarque importante car elle témoigne que « l’esprit » de ces assises a bien
été saisi au niveau des valeurs qu’il véhiculait : solidarité et partage francophones !
Nous pensons que les prochaines assises devront encore plus le développer tout en ayant
comme objectifs de répondre aux questionnements qui ont émergé lors de ces 1eres
assises d’Alexandrie.
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