POLITIQUE DE CHANGE

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POLITIQUE DE CHANGE
La politique de change représente l'action des pouvoirs publics visant à modifier le taux de change de
la monnaie nationale. Dans quel but ? Alors qu'autrefois il s'agissait surtout de rétablir l'équilibre
commercial, la politique de change est utilisée aujourd'hui pour lutter contre l'inflation.
1. Dévaluation et réévaluation
1.1 Définitions
Une dévaluation est une décision officielle des autorités monétaires consistant à diminuer la valeur
de la monnaie nationale par rapport à un étalon de référence (or, une autre monnaie, etc.). Prenons
l'exemple d'une dévaluation du Dollar Américain contre le Dollar Canadien (cette dévaluation ne se
prononce plus par un Gouvernement à une date donnée. Le cours de change s’établi chaque jour sur
le marché des changes. Cf ci-dessous).
Avant dévaluation 1$ US = 1 $ Can. Après 1$ US = 0,90 $ Can.
Ainsi, après une dévaluation, il est nécessaire de fournir davantage de monnaie nationale pour obtenir
la même devise étrangère qu’auparavant. Il est donc plus coûteux d’acheter à l’étranger. Inversement,
les étrangers trouvent le territoire national meilleur marché (favorable au tourisme, favorable aux
exportations, etc…). Une dévaluation (ou l'opération inverse qu'est la réévaluation) n'est possible
que dans un système de changes fixes, où les parités des monnaies correspondent à des taux de
change officiels et stables par rapport à un étalon (exemple du système monétaire international de
Bretton Woods). La dépréciation d'une monnaie (sur le plan externe) doit être distinguée de la
dévaluation. Dans un système monétaire international où les changes ne sont pas fixes, c'est à dire
lorsque les banques centrales ne sont pas obligées d'assurer la stabilité de leur propre monnaie par
rapport à d'autres devises, les taux de change fluctuent librement sur le marché des changes. La
dépréciation correspond alors à la diminution de la valeur d'une monnaie par rapport à une ou
plusieurs autres devises. Une dépréciation (ou, à l'inverse, une appréciation) peut être un processus
très lent, à l'inverse d'une dévaluation qui est une modification brutale et officielle de la valeur d'une
monnaie. L'usage du terme de dévaluation (ou de réévaluation) est devenu impropre depuis l'abandon
des parités fixes entre les monnaies en 1973. Il demeure cependant dans le cadre des accords
monétaires européens puisque l'on parle de dévaluation ou de reévaluation lorsque l'on modifie les
"cours-pivots" entre les monnaies appartenant au mécanisme de change du Système monétaire
européen.
1.2 Les effets traditionnels d'une dévaluation
En opérant une dévaluation, un pays cherche à réduire un déficit commercial ou à améliorer le solde
de sa balance des transactions courantes. L'objectif est de diminuer la valeur de sa monnaie par
rapport aux monnaies des partenaires commerciaux étrangers. Lorsque l'on passe, par exemple :
1 $ = 1 € à 1$ = 0,60€ les achats de produits français aux États Unis (importations, tourisme,
investissements) vont être plus onéreux. Ceci va freiner les américains à acheter français (ou à venir
passer les vacances en France, car plus chères).
Réciproquement, les acheteurs français trouveront les produits américains « bien placés » en prix et
auront tendance à plus les acheter au détriment des produits français (ex : Boeing contre Airbus).
Moins chères pour les clients étrangers, les exportations se développeront tandis que le
renchérissement des importations en freinera la croissance sur le marché intérieur, les acheteurs
français préférant alors les produits nationaux meilleur marché. Le solde des échanges (balance
commerciale ou balance courante) doit donc s'améliorer grâce à la dévaluation-dépréciation.
1.3 Les conditions de réussite d'une dévaluation
Les avantages d'une opération de dévaluation doivent être nuancés. D'abord, les effets positifs ne
jouent pas immédiatement. Dans un premier temps, la valeur des importations augmente car celles-ci
coûtent plus cher et les agents ne réduisent pas immédiatement leurs achats de produits étrangers. De
même, les exportations, dont le volume ne s'accroît pas aussitôt, rapportent moins de devises (leurs
prix ont en effet diminué). C'est seulement dans un deuxième temps que le solde des échanges
s'améliore, avec l'augmentation du volume des exportations (quantités de biens exportés). Ces
mécanismes reçoivent une illustration graphique avec la courbe en J.
La courbe en J (solde des échanges extérieurs fonction du temps)
D'autres conditions sont aussi nécessaires. Les capacités de production (l'offre nationale) doivent être
suffisantes pour faire face à l'augmentation de la demande intérieure et extérieure, sinon les
importations ne diminueront guère. Par ailleurs, les entreprises françaises ne doivent pas modifier
leurs comportements de marge, c'est-à-dire profiter de la dévaluation pour augmenter leurs prix à
l'étranger. En outre, les échanges doivent être sensibles aux modifications des prix, c'est-à-dire que la
demande de produits étrangers doit baisser si les prix augmentent (l'élasticité-prix des importations
doit être forte). Enfin, la politique de « dévaluation » ne peut réussir qu'à la condition que les autres
pays ne pratiquent pas une politique similaire.
1.4 Les limites actuelles des dévaluations: l'inflation
On observe désormais dans les pays occidentaux un effet important et néfaste des dévaluations :
celles-ci favorisent l'inflation. Avec l'incompressibilité de certaines importations, si nécessaires que
leur demande ne diminue pas alors que leurs prix augmentent après une dévaluation (énergie,
matières premières, machines), se produit un accroissement des prix intérieurs (inflation importée).
Les coûts de production des entreprises s'élèvent alors, ce qui contribue à l'augmentation générale
des prix et annule les effets bénéfiques de la dévaluation.
Le cercle vicieux de la dévaluation
2. Une politique de monnaie forte
Une monnaie forte est une monnaie fortement demandée sur le marché des changes: sa valeur
augmente, elle s'apprécie par rapport aux autres monnaies. Inversement, une monnaie faible, plus
souvent offerte que demandée sur le marché des changes, a tendance à se déprécier. Dans un
contexte de forte inflation ou de menace inflationniste, de nombreux pays ont vu les avantages qu'il
y avait à favoriser, non plus la dépréciation de leur monnaie, mais au contraire son appréciation. À
l'inverse du cercle vicieux précédent, on peut mettre en œuvre un cercle vertueux de l'appréciation,
où la hausse de la valeur de la monnaie sur le marché des changes permet de lutter contre l'inflation.
Les importations deviennent moins chères, ce qui contribue à limiter les coûts de production des
entreprises et favorise la baisse régulière du taux d'inflation (il s'agit alors d'une désinflation
importée). Une politique de monnaie forte cherche donc à provoquer l'appréciation de la monnaie
nationale sur le marché des changes afin de lutter contre l'inflation. Par ailleurs, cette politique vise
aussi un objectif de modernisation de l'économie puisque l'abaissement des prix des produits
importés entraîne l'élimination ou l'adaptation des entreprises qui se révéleraient peu compétitives (à
l'inverse, une dévaluation - dépréciation protège les entreprises peu compétitives de la concurrence
étrangère).
A présent, l'arrivée de l'Euro protège la France, en termes de taux de change :
. de toute variation par rapport aux pays membres de l' Euro
. de variation trop brutale par rapport au Yen et Dollar.
ILLUSTRATION COURBE EN J :
Vente d’Airbus et de Boeing et dévaluation du dollar US ($)
Hypothèse de prix d’un avion : 100 Millions d’Euros/Dollars (performance égale des 2 avions)
Année 1 (1$=1€) : Air France dépense 100 Millions € et achète 1 Airbus (préférence nationale)
Année 2 (1$= 0,5€) : Air France n’investit pas.
Année 3 (1$= 0,5€) : Air France n’investit pas.
Année 4 (1$=0,5€) : Air France dépense 100 Millions €, achète 200 Millions de $, et s’offre 2 Boeing
(préférence rentabilité).
Le $ est dévalué ce qui augmente les exportations US ici en année 4. La production Française ne
trouve plus preneur. Les exportations françaises d’Airbus diminuent (une compagnie américaine
devrait dépenser 200 Millions de $ pour acheter 100 Millions d’€ et acquérir 1 Airbus).
Mais en même temps, certaines importations de produits Français continuent aux Etats-Unis :
Année 1 (1$=1€) : Les américains consomment 100 Millions de $ de Vin de Bordeaux (10 Millions
de bouteilles à 10€ chacune)
Année 2 (1$=0,5€) : Les américains consomment toujours 10 Millions de bouteilles mais cela leur
coûte 200 Millions de $ (pour acheter des bouteilles à présent à 20$ contre 10$ auparavant).
Année 3 (1$=0,5€) : Les américains consomment plus que 5 Millions de bouteilles et cela leur coûte
100 Millions de $.
Année 4 (1$=0,5€) : Les américains consomment toujours 5 Millions de bouteilles et cela leur coûte
100 Millions de $.
Au final, en année 2, suite à dévaluation du $, les importations US augmentent en montant (et non en
volume) et dégradent ainsi le solde commercial (pas d’élasticité Prix sur le vin durant cette année).
En année 3, le solde revient comme en année 1 (les américains réduisent leurs importations de vin de
moitié en nombre de bouteilles. Le prix restant sorti de chez le viticulteur Français à 10€). En année
4, les ventes de Boeing, plus compétitif, avancent et augmentent le solde commercial.
Donc la dévaluation du $ ne trouve son bénéfice, en termes de solde commercial qu’en année 4,
après avoir dégradé ce solde en année 2.
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