Module 6 : Le développement industriel Chapitre 6-2 : Les effets de la crise économique au Québec et au Canada I/ La crise économique mondiale A/ Krach à la bourse de New York Rappel : les Années folles sont une ère de prospérité partout en Occident et particulièrement au Canada Dès 1929, le capitalisme s’essouffle. Le 24 octobre 1929, ou jeudi noir, les cours de la bourse de New York s’effondrent, entrainant les investisseurs dans un courant de panique. Rapidement le monde entier est touché. B/ Les conséquences de la crise au Canada Au Canada : Faillites, chômage, réduction de la demande, surproduction, baisse des prix…la crise de 1929 a les mêmes répercussions au Canada que partout ailleurs. Toutefois, comme le canada exporte des richesses naturelles et des produits agricoles aux États-Unis, il est plus rapidement touché. Richesses naturelles : surtout les produits du bois (pâtes et papiers) Agriculture : le prix du blé s’effondre, ce qui affecte surtout les Prairies, qui subissent déjà une terrible sécheresse. La crise ralentit la mécanisation des fermes. II/ Les répercussions de la crise sur la société canadienne A/ Faillites et chômage En 1929, le taux de chômage était de 1929. En 1933, il est de 25%. Début de la crise : aucune réaction du gouvernement libéral de William Lyon Mackenzie KING (libéral, 1926-1930) ni du gouvernement conservateur de Richard Bedford BENNETT (conservateur 1930 1935). Les organismes de charité en revanche s’activent et viennent en aide aux nombreux chômeurs. (Une file d'attente de chômeurs devant l'entrée du refuge Meurling à Montréal vers 1930) B/ L’intervention des gouvernements Après quelques temps, le gouvernement se lance dans une politique de travaux publics et de camps de travail pour relancer l’emploi, d’aide sociale (secours directs). (Travaux publics à Lachine, 1938) Pour justifier nos quelques dollars, on faisait des bien drôles de travaux qui n’avaient rien à voir avec la réalité quotidienne. On nous faisait ouvrir des sentiers d’excursion pour piétons, clairer des parcs…Ou encore plutôt que d’utiliser les machines existantes, on choisissait de faire creuser des fossés par 50 hommes au pic et à la pelle, tandis que le bulldozer de $ 3 000 restait stationné. Témoignages recueillis par Barry Broadfoot, journaliste, publiés en 1978. III/ Les réactions à la crise économique A/ de nouveaux partis politiques Le capitalisme est rapidement remis en question et la crise montre l’inévitable intervention des gouvernements sur le plan social. En même temps, les partis traditionnels (Libéral et conservateur) perdent de leur popularité. Plusieurs nouveaux partis voient ainsi le jour comme : le crédit social (il préconise une plus grande aide directe, la relance de la consommation par la distribution d’argent) très populaire surtout en Alberta. (Affiche du Crédit social) le CCF (Cooperative Commonwealth federation,), à tendance socialiste, préconise l’aide indirecte (planification de l’économie par l’État) le parti communiste, qui prône l’abolition de la propriété privée (James Woodworth, fondateur du CCF) Au Québec : le capitalisme est aussi remis en question mais Édouard Montpetit (économiste) et Lionel Groulx (historien), propagent l’idée que les Canadiens français doivent s’emparer de l’économie de leur province. La crise ravive donc le nationalisme canadien-français. Le parti fasciste d’Adrien Arcand préconise l’État dictature l’Union nationale de Maurice Duplessis préconise, elle, un programme de réformes politiques sociales et économiques Le gouvernement québécois (L.-A. Taschereau), en collaboration avec l’Église, préconise un retour à la terre pour soulager la misère des chômeurs : ceux-ci sont invités à s’établir dans les régions de colonisation (Abitibi, Gaspésie, Lac St-Jean). B/ L’État en marche En 1935, comme il voit que la crise perdure, le premier ministre du Canada R.B. Bennett propose un plan de redressement économique, le New Deal canadien (inspiré par celui de F.D.Roosevelt): politique de grands travaux pour occuper la main d’œuvre et faire diminuer le chômage (camp de travail des 20 cents), instauration de taxes douanières pour protéger la production nationale, destruction de stocks et de surplus. Il propose en fait une grande intervention de l’état dans l’économie. (R.B.Bennett, P.M. de 1930-1935) En 1937, le conseil privé de Londres juge ces mesures inconstitutionnelles car elles interviennent dans des champs de compétences provinciales. Le nouveau Premier Ministre, William Lyon Mackenzie King, créée une commission royale d’enquête , la commission Rowell-Sirois qui recommande une centralisation vers Ottawa des pouvoirs : le gouvernement fédéral se charge de l’aide sociale il perçoit alors les impôts jusqu’alors perçus par les provinces (W.L.M.King, P.M. de 1926 à 1930 et de 1935 à 1948) CULTURE POPULAIRE Originaire de Newport en Gaspésie, Mary Travers dite la Bolduc, véritable phénomène et illustre représentante de l’ère de la Grande Dépression, fut notre première vedette nationale. (…) son humour, sa stature, sa détermination, sa langue et sa façon de traiter l’actualité (300 chansons), ont fait d’elle la fière pionnière, la mère affirmée de la chanson québécoise. Une de ces chansons essaie de redonner du courage aux Québécois (Ca va venir, découragez-vous pas !) Les amis je vous l'assure que le temps est bien dur Il faut pas se décourager ça bien vite commencer De l'ouvrage y va en avoir pour tout le monde cet hiver Il faut bien donner le temps au nouveau gouvernement Ça va venir pis ça venir mais ne nous décourageons-nous pas Moi j'ai toujours le coeur gai pis je continue à turluter On se plaint à Montréal après tout on est pas mal Dans la province de Québec, on mange notre pain bien sec Y'a pas d'ouvrage au Canada, y'en a bien moins aux États Essayez pas d'aller plus loin vous êtes certain de crever de faim (Texte de Monique Giroux publié avec l'aimable autorisation de l'équipe ""Les Refrains d'abord").