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nombre durent battre en retraite. Le 21 juillet, la bataille de Burkersdorf entre l'Autriche et la
Prusse se solda par la victoire de cette dernière. Le 23 juillet, les armées du duc de Brunswick-
Lunebourg défirents les armées française et saxonne. L'Espagne étant entrée en guerre du côté
de la France, elle s'empara d'Almeida, ville de la région centre du Portugal, après un siège d'une
dizaine de jours. Et août, c'est une armée anglo-portugaise qui s'empara de la ville espagnole de
Valencia de Alcántara, et en octobre reprit la ville portugaise de Vila Velha de Ródão qui avait
été envahie par les Espagnols. La dernière bataille de la guerre sur le sol européen se déroula le
29 octobre à Freiberg entre l'Autriche et la Prusse, et la victoire de cette dernière, avec
cependant des pertes de plus de 7000 hommes contre environ 15 000 du côté autrichien. Quant
au dernier combat, il termina le siège de Cassel en novembre, les troupes alliées de Hanovre, de
Hesse et de Grande-Bretagne reprenant la ville aux Français.
Cette terrible guerre, on peut vraiment en parler comme de la première guerre mondiale, car
on se combattit non seulement en Europe et en Amérique du Nord mais aux Antilles et en Asie,
ne se termina que par la fatigue, par l'épuisement des belligérants et fut conclue par le traité de
Paris le 10 février 1763, entre la France, l'Espagne et la Grande-Bretagne, et le traité de
Hubertsbourg le 15 février 1763 entre la Prusse et l'Autriche.
Cette guerre avait fait, du côté des belligérants, des pertes de 180 000 morts pour la Prusse,
et 20 000 morts ou blessés chez les britanniques (c'est bien pour cela que l'on pouvait dire que
les Anglais étaient prêts à se battre jusqu'au dernier Prussien). De l'autre côté on comptait à
peu près 130 000 morts pour l'Autriche et l'Électorat de Saxe, près de 170 000 morts ou blessés
pour la France, pas loin de 140 000 morts ou blessés pour la Russie, chiffres effrayants pour la
population de l'époque, chiffres auxquels il faut ajouter, suivant les estimations, un demi-million
à 800 000 civils tués, pour un triste total de sans doute un million et demi de morts et de
blessés, i.e. de l'ordre de 1 % de la population européenne de l'époque.
Les négociations pour le traité de Paris durèrent près de 3 ans. Un des points d'achoppement
était que nombre d'Anglais, particulièrement des hommes d'affaires, préféraient rendre le Canada
à la France et conserver la Guadeloupe que les Anglais occupaient depuis 1759. Meilleure
productrice de sucre des Indes Occidentales, à l'exception de la Jamaïque, le commerce de la
Guadeloupe rapportait un demi-million de livres, alors que le commerce de la fourrure, le
principal commerce du Canada, n'en rapportait, au mieux, que 140 000. De leur côté les
Américains préféraient annexer le Canada. Nombre d'Anglais particulièrement clairvoyants
s'opposaient d'ailleurs à cette annexion pure et simple prévoyant que la Nouvelle-Angleterre,
rendue plus forte par l'annexion du Canada, ayant d'autre part appris l'art de la guerre,
disposant de plus d'un sol fertile et d'une profusion de ressources, riche d'une variété de climats
et d'un excellent système de voies de communications, etc., ne saurait rester longtemps sujette
de la couronne anglaise.
En ce qui concerne l'Amérique du Nord, la Grande-Bretagne obtint aux termes du traité de
Paris l'île Royale (île du Cap-Breton) et le Canada, y compris le bassin des Grands Lacs et la
rive gauche du Mississippi, la France ne conservant en Amérique du Nord que les îles de Saint-
Pierre-et-Miquelon lesquelles servaient, depuis longtemps, de base aux pêcheurs normands,
bretons et basques. La France conservait en outre ses droits de pêche à Terre-Neuve et dans le
Golfe du Saint-Laurent. La France, bien sûr, conservait la Louisiane.
L'Angleterre, par la Guerre de Sept Ans, avait donc gagné le Canada, mais elle y perdit la
Nouvelle-Angleterre. Une série de la chaîne américaine PBS,
The War that Made America
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