Contribution aux Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) L’Union des Établissements d’Enseignement Supérieur Catholique (UDESCA) regroupe les cinq institutions universitaires catholiques françaises : Angers, Lille, Lyon, Paris, Toulouse qui comptent 40 000 étudiants dans leurs Facultés, 70 000 avec leurs Écoles supérieures professionnelles associées1. Ces cinq établissements représentent une tradition universitaire bien établie dans le cadre de la liberté de l’ESR. Cette autonomie universitaire s’incarne dans la souplesse de leurs structures de gouvernance et la réputation internationale dont ils jouissent, bien au-delà des frontières confessionnelles. Leur stratégie de formation et de recherche se fonde sur une approche intégrale de la personne héritée du message évangélique et de ses exigences éthiques. Il en résulte un modèle pédagogique et économique visant à conjuguer performance et solidarité au regard des défis actuels de l’enseignement supérieur et de la recherche : économie désormais mondialisée de la connaissance, interculturalité, impact social des nouvelles technologies 2 . C’est notamment ainsi que les établissements de l’UDESCA comprennent leur participation aux missions de service public – participation reconnue par le processus de contractualisation avec l’État amorcé dès 2002 - et entendent contribuer à la réflexion des Assises. 1/ Agir pour la réussite de tous les étudiants 1 L’innovation pédagogique est un facteur-clé de réussite des étudiants qui doit prendre en compte leur intérêt pour les technologies du numérique et pour le croisement des disciplines. L’offre de parcours interdisciplinaires dès la licence répond à ces aspirations. Au sein de ces parcours innovants, des effectifs limités et un encadrement pédagogique soutenu, notamment pour l’apprentissage des langues et afin de tirer le meilleur parti de la mobilité internationale. Prendre en compte le questionnement sur le sens à tous les niveaux de la formation car l’entrée dans les études supérieures présente une vraie rupture, non seulement par la liberté nouvelle qu’elle instaure, mais aussi par la confrontation à la réalité d’un choix que le futur étudiant a souvent idéalisé. L’engagement politique et citoyen, l’action humanitaire et associative constituent des facteurs d’épanouissement qui doivent être placés au cœur de la vie étudiante : ils concourent à la réussite de tous parce qu’ils honorent les aspirations les plus hautes de la personne humaine. L’école doctorale constitue un milieu d’apprentissage où les doctorants doivent pouvoir partager leurs hypothèses, leurs découvertes et leurs interrogations sur le sens de leur recherche. Ces facteurs humains font partie intégrante de l’aventure de la recherche. Leur prise en considération contribue au soutien mutuel, évite les abandons en cours de scolarité doctorale et favorise l’insertion des doctorants étrangers. Ces écoles, nées au sein des Instituts Catholiques, appartiennent aujourd’hui en majorité à la FESIC Voir la plaquette : « les Instituts Catholiques de France. Atouts, Apports et Enjeux stratégiques », rédigée dans la perspective des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. 2 1 Enfin, la réussite de tous les étudiants requiert que soient pris en compte leur cursus antérieur et leurs aspirations, ainsi que les besoins du marché de l’emploi. Dans le cadre de la nouvelle licence, des modules spécifiques d’accompagnement vers l’insertion professionnelle doivent être mis en place dès la L1. Compte tenu de la forte croissance des effectifs dans les formations techniques dispensées en lycées (Bac pro, BTS), l’organisation de passerelles entre celles-ci et l’université doit être une priorité. Par le biais de conventions appropriées, on peut mettre en commun le savoir-faire respectif des enseignants des lycées et de l’université, intégrer les premiers dans des équipes de recherche où l’expérience pédagogique est partie intégrante des objets de recherche. 2/ De nouvelles ambitions pour la recherche au sein de l’ESR De même que l’éducation requiert un climat de confiance et de liberté pour stimuler le goût d’apprendre, de même la recherche a besoin d’un niveau suffisant de liberté pour produire les fruits qu’on attend d’elle. Il revient donc aux décideurs publics de trouver la juste mesure entre la fermeté des orientations communes et la liberté accordée aux chercheurs et aux enseignants. Conformément à la tradition des universités catholiques présentes dans le monde entier, les établissements de l’UDESCA visent à ancrer la qualité de leur enseignement dans une recherche dynamique, malgré la modicité de leurs ressources qui les freine dans le recrutement d’enseignants chercheurs. Dans les domaines qui fondent leur spécificité (théologie, droit canonique, philosophie, sciences sociales, dialogue entre les religions), nos établissements, qui constituent un groupe régional de la Fédération Internationale des Universités Catholiques (FIUC), jouissent d’une réputation internationale qui draine de nombreux étudiants étrangers. Ils contribuent ainsi au rayonnement de la francophonie et de la tradition universitaire française. Les conventions signées avec des universités publiques leur permettent de délivrer des masters et des doctorats en cotutelle, créant ainsi des synergies entre public et privé dans de multiples domaines. L’exercice de la liberté de recherche permet ainsi de saines confrontations à partir de perspectives et d’épistémologies différentes. Les institutions universitaires catholiques et leurs écoles associées, qui travaillent en relation étroite avec l’Enseignement catholique (SGEC, RENASUP), souhaitent mettre à disposition leur expertise d’une longue tradition humaniste de transversalité entre sciences, technologies, éthique et humanités. Elles entretiennent une réflexion fondamentale sur les usages sociaux des technologies qui nourrit la recherche pédagogique sur la professionnalisation et accroît l’offre publique de formation humaine pour les ingénieurs et les cadres. Ces travaux de recherche contribuent au transfert de compétences de l’université vers les entreprises, tant par les formations initiales que par la formation continue et tout au long de la vie. En accompagnant les salariés déjà expérimentés dans leur recherche de sens, elle leur offre la possibilité d’une évolution professionnelle. Aux personnes qui ont connu l’échec à l’université, ou qui n’ont pas pu accéder aux études supérieures, souvent pour des raisons financières, elle améliore leurs chances de promotion sociale par l’obtention d’un diplôme supérieur. Face à une marchandisation parfois débridée des savoirs qui dicte ses propres impératifs économiques, l’organisation future de l’ESR ne doit pas prendre pour modèle celui d’une restructuration industrielle qui fondrait les disciplines et les unités de recherche dans des ensembles si vastes qu’ils condamneraient certaines 2 spécialités à disparaître, notamment dans les humanités, alors qu’elles appartiennent au savoir-faire universitaire de l’Europe en général et de la France en particulier. Plusieurs études soulignent en effet la contribution irremplaçable des arts et des humanités, dans leur interaction avec les sciences et les technologies, à la formation de citoyens aptes à se repérer dans leur propre culture pour évoluer, de manière constructive et respectueuse de l’altérité, dans un monde à la fois global et local. Dans cette perspective, la contribution des unités de recherche de taille plus modeste est précieuse. Étant donné leur intérêt pour la prise en compte de l’humain dans sa globalité, elles constituent des espaces d’innovation et d’expérimentation décisifs pour les évolutions de l’ESR et pour son adaptation aux besoins des entreprises et de la société. De surcroît, ces unités à taille humaine attirent les étudiants étrangers, qui aspirent à un encadrement pédagogique de proximité au cours de leur expérience de mobilité. 3/ Pour un nouveau paysage de l’ESR • Dans le cadre d’une politique de territorialité visant la lisibilité par les étudiants et les employeurs, la rentabilité des fonds publics et la qualité des formations, l’offre spécifique et complémentaire des institutions universitaires catholiques doit pouvoir être préservée et valorisée dans la mesure où elle contribue à enrichir la recherche française et francophone en reconnaissant la capacité de ces institutions à nouer des liens avec les universités publiques, à conduire des projets de recherche originaux et précieux pour notre patrimoine national. • Dès lors, une conception trop rigide des cartes de formation risquerait d’entraver le principe de la liberté de l’enseignement supérieur, auquel sont attachés les citoyens de notre pays, quelle que soit leur famille de pensée. • De même, il convient que l’accès des étudiants de nos établissements à un diplôme national continue d’être garanti par les deux voies existant actuellement : - une convention signée avec une université d’État ; - un jury rectoral (loi du 26 janvier 1984). L’expérience montre en effet que cette dualité permet à la fois d’entrer dans des collaborations constructives avec les universités publiques, et de ne pas être soumis aux aléas d’une fin de non recevoir ni aux changements de gouvernance qui remettent parfois en cause les conventions existantes et, par voie de conséquence, la stabilité de leur offre de parcours diplômant, même si le conventionnement peut, par principe, être prioritairement recherché. Dans ce cadre, le Comité consultatif pour l’enseignement supérieur privé (CCESP) constitue une instance très utile au sein de laquelle l’État et les différentes fédérations peuvent débattre de leurs relations contractuelles et de l’aménagement des formations. Contact : Pierre Debergé, Président de l’UDESCA [email protected] 3