Un débat interminable oppose depuis 150 ans les tenants du marché libre et les
adeptes du socialisme. Il est maintenant clair que le marché libre a remporté la partie, et
ce, parce qu’à la base, il favorise l’épanouissement de l’ambition individuelle et de
l’entrepreneuriat. En cela, il ressort vainqueur.
Cela étant dit, mettons les choses au clair. Ce n’est pas le marché libre dans son
essence même qui ressort vainqueur. Nous ne sommes pas dans une économie
darwinienne et quiconque a un grain de bon sens ne saurait recommander cette voie.
Le fait est que les pays développés dépendent tous largement du gouvernement,
d’une manière ou d’une autre, pour la prestation de biens publics, comme l’éducation
universelle aux niveaux primaire et secondaire et l’infrastructure publique, pour ne
nommer que ceux-là.
Peu de gens nieraient donc aujourd’hui l’importance de l’État pour la prestation
des intrants sociaux qui permettent la croissance de l’économie moderne. Ce qu’on
reconnaît moins bien toutefois, c’est la contribution d’un autre intervenant clé dans la
structure socioéconomique, à savoir le secteur de la bienfaisance, qui joue un rôle
essentiel en cherchant à aplanir les inégalités inacceptables qui découlent d’un
désavantage intrinsèque ou souvent des retombées du marché libre.
En fait, le rôle important des organismes de bienfaisance, bénévoles et sans but
lucratif semble un secret au Canada, une vérité cachée. Or, mis ensemble, ces organismes
représentent, en tant que pourcentage de la population, le deuxième secteur en importance
dans le monde. Ils constituent également un gigantesque employeur qui compte plus de
deux millions de travailleurs rémunérés. C’est presque autant de Canadiens que tout le
secteur manufacturier et deux fois et demie le nombre de travailleurs du secteur de la