Guerre froide
Le Monde divisé pendant la guerre froide dans les années 1970 :
Le bloc occidental (bleu),
le bloc communiste (rouge) et
le mouvement des non-alignés (vert)
-la période de forte tension diplomatique entre les deux superpuissances que furent les
États-Unis et l’URSS de 1947 à 1989.
-un monde bipolaire où les belligérants évitaient l’affrontement direct
Les Soviétiques et les Américains luttaient pour imposer leur idéologie
et de nombreux conflits, depuis la guerre de Corée, la guerre du Viêt Nam jusqu’à la
Guerre d’Afghanistan, ont résulté de cette opposition.
Constatant que « Les puissants s’affrontent, les petits se battent » et tiré des deux bords,
l’Inde de Nehru, l’Égypte de Nasser et la Yougoslavie de Tito réussirent à former le
mouvement des non-alignés, souhaitant être neutres mais n’ayant que très peu d’influence
sur le cours des événements, l’Égypte et les pays nouvellement indépendants étant
influencés par un camp ou par l’autre.
Le terme froide apposé en oxymore indique qu’il ne s’agit pas d’une guerre au sens habituel
du terme, mais d’une confrontation idéologique entre les deux grands vainqueurs de la
Seconde Guerre mondiale ;
-elle fut également marquée par la course aux armements, la menace nucléaire (équilibre
de la terreur) et la compétition technologique dans le domaine de la conquête de
l’espace.
Les tiers-mondistes anglo-saxons emploient volontiers le terme de « Third World War », qui
signifie à la fois « Troisième Guerre mondiale » et « guerre au tiers monde », soulignant
par là que ce conflit atypique a été mondial, qu’il a fait un nombre de victimes du même ordre
de grandeur que chacune des deux guerres mondiales, et que la plupart de ces victimes
étaient des habitants du tiers monde.
Volonté de reconstruction et de paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
L’Europe séparée par le rideau de fer. En rouge, les pays du bloc communiste (la
Yougoslavie finir par rompre avec l'URSS)
En 1945, face aux États européens ruinés par la seconde Guerre mondiale, deux
superpuissances émergent dans le contexte géopolitique mondial. Les États-Unis
détiennent le monopole nucléaire depuis les bombardements atomiques d'Hiroshima et
Nagasaki en août 1945 et disposent d’une puissance financière inégalée.
L’URSS possède une force militaire décisive en Europe orientale et un prestige
politique considérable.
Une reconstruction économique
Un nouvel ordre monétaire et financier international est créé autour du dollar US, pour
éviter l’instabilité économique qui existait pendant l’entre-deux-guerres et relancer les
échanges internationaux. Instituée en 1944 par les accords de Bretton Woods, à l’issue
d’une conférence qui réunit 44 pays, cette nouvelle organisation de l’économie mondiale fut
négociée en fait entre la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, ces derniers imposant
leur point de vue.
Les accords établirent un Fonds monétaire international (FMI), ainsi qu’une Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), appelée
communément Banque mondiale. Le FMI et le BIRD auraient pour mission notamment
d’assurer la stabilité des devises nationales et d’accorder des prêts à la reconstruction et
au développement.
Par ailleurs, les accords instituaient un système de parités fixes par rapport au dollar, seule
monnaie entièrement convertible en or. Comme les États-Unis avaient une réserve d’or
avoisinant les trois quarts des réserves mondiales, le dollar US s’imposa forcément comme
monnaie de réserve internationale, au même titre que l’or. En effet, pour financer la guerre,
les puissances européennes avaient dû vendre leurs stocks d’or aux États-Unis. Ainsi
donc, le nouveau système monétaire ne reposait plus uniquement sur le métal fin détenu par
les banques centrales, mais sur le dollar, as good as gold, dont la valeur était garantie
par la Réserve fédérale des États-Unis, de même que par la formidable puissance
économique des États-Unis.
En juin 1947, dans un discours prononcé à l’Université de Harvard, le secrétaire d’État
américain George Marshall offrit à l’Europe « une aide fraternelle » afin de vaincre « la
faim, le désespoir et le chaos ». Le « plan Marshall » ou plan de Reconstruction
européenne (European Recovery Program) était proposé à toute l’Europe, y compris les
pays de l’Est et l’Union soviétique elle-même. Il était toutefois assorti de deux conditions :
l’aide américaine serait gérée par des institutions européennes communes et Washington
aurait un droit de regard sur sa répartition. Staline hésita, puis, fin juin, fit part de son refus.
La Pologne et la Tchécoslovaquie, qui, dans un premier temps, avaient donné une réponse
favorable à la proposition américaine, se virent obligées de la refuser à leur tour.
Finalement, seize pays, rejoints en 1949 par la RFA, acceptèrent le plan Marshall : la
France et le Royaume-Uni, qui en seront les principaux bénéficiaires, l’Autriche, le Benelux,
la Grèce, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, les pays scandinaves, le Portugal, la Suisse et la
Turquie. En avril 1948, ces seize pays fondèrent l'Organisation européenne de coopération
économique (l’OECE, qui deviendra l’OCDE en 1960), organisme supranational dont la
fonction première était de gérer et de répartir l’aide américaine entre les pays membres.
De 1948 à 1952, plus de treize milliards de dollars, 5/6 sous forme de dons, 1/6 sous forme
de prêts, furent fournis par les États-Unis. Cette aide à la reconstruction se composait d’une
partie financière, subventions et prêts, et d’une autre en produits et équipements divers
(denrées alimentaires, tracteurs, outils de production, etc.).
Dans un espace économique « dollarisé » par les Accords de Bretton Woods, le plan
Marshall fut conçu pour combler le « dollar gap », permettant ainsi aux Européens
d’acheter aux États-Unis approvisionnements et équipements tout en assurant un
débouché aux produits américains. En effet, en 1946, 42 % des exportations
américaines avaient pris le chemin de l’Europe occidentale et un effondrement
économique du « vieux continent » se répercuterait sur l’économie américaine elle-même. Le
secrétaire adjoint à l’économie, Will Clayton, l’exprimait ouvertement : « Disons, sans tourner
autour du pot, que nos objectifs ont pour arrière-plan les besoins et les intérêts des États-
Unis. Nous avons besoin de marchés, de gros marchés, pour y acheter et pour y
vendre. »
Cependant, l’objectif du plan Marshall n’était pas uniquement économique. Le gouvernement
de Washington avait compris que la détresse des populations européennes faisait le jeu des
partis marxistes alignés sur Moscou, en France et en Italie notamment où plus d’un quart de
l’électorat votait communiste. Dès lors, l’injection de capitaux américains fut le complément
économique de la doctrine du containment : endiguer l’influence soviétique par la
création d’un espace de prospérité en Europe.
Les Soviétiques ne tardèrent pas à s’en rendre compte et, en octobre 1947, lors de la
conférence fondatrice du Kominform, Andreï Jdanov, secrétaire du PCUS, réunit avec les
délégués des neuf partis communistes européens, dénonça l’« impérialisme américain »
qui, d’après lui, vassalisait les économies européennes en les plaçant sous la tutelle de
Washington. Selon la doctrine Jdanov, le monde était désormais divisé en deux camps
antagonistes : un « camp impérialiste et antidémocratique » dont les États-Unis sont « la
principale force dirigeante » et « un camp anti-impérialiste et démocratique », placé sous
l’égide de Moscou.
Une volonté de paix
En août 1941, Churchill et Roosevelt avaient signé la Charte de l’Atlantique, une
déclaration commune dans laquelle, s’inspirant des principes wilsoniens, les deux chefs
d’État prévoyait la mise en place d’un « système étendu et permanent de sécurité générale
». En février 1945, les accords de Yalta reprirent ce propos et annoncèrent la convocation
d’« une conférence des Nations unies sur l’organisation mondiale (…) le 25 avril 1945,
aux États-Unis. »
Le 26 juin 1945, portés par le mouvement d’une opinion publique choquée par la barbarie
nazie et la cruauté des combats, les délégués de cinquante et un pays approuvèrent à San
Francisco la Charte des Nations unies, le texte fondateur de l’ONU, l’Organisation des
Nations unies, dont l’objectif le plus important serait de « préserver les générations futures
du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité
d’indicibles souffrances. »
Le début de la guerre froide
Causes de la guerre froide
Après la Deuxième Guerre Mondiale, les relations entre les américains et les soviétiques se
dégradent. L'URSS veut garantir sa sécurité en s'entourant de pays alliés le long de
ses frontières dont l'armée rouge (les soviétiques) ne se retire pas des pays qu'elle a
libéré du nazisme et, contrairement aux engagements pris à Yalta, elle n'y organise pas
d'élections libres.
Opposition idéologique entre les systèmes capitaliste et communiste
Dès le XIXe siècle, Alexis de Tocqueville prédit que les États-Unis et la Russie ont tous deux
vocation à devenir un empire à l’échelle mondiale et qu’ils s’opposeront pour la domination
globale dès qu’ils entreront en contact. La destinée manifeste des États-Unis ne peut
accepter l’existence d’un défi à sa vision du monde, pas plus que la vocation continentale de
la sainte Russie (fût-elle devenue athée) ne peut admettre qu’un État eurasien fasse
allégeance à une autre grande puissance.
Les choix économiques et idéologiques faits par ces deux grandes puissances fourniront une
rationalisation de leur opposition inévitable, rationalisation qui sera présentée comme le
fondement essentiel de la guerre froide. Les deux systèmes socio-économiques sont en
effet totalement opposés :
Système de
l’URSS
Système des États-Unis
Politique
Régime à parti unique.
Régime démocratique pluraliste.
Société
Théoriquement, société sans classes, en fait
société dominée par une Nomenklatura
privilégiée.
Société de classes (dans l'optique
marxiste), soit une société libre
Économie
Économie étatisée et bureaucratisée (plans
quinquennaux).
Économie libérale et capitaliste
reposant sur l’initiative individuelle.
Conception de
l’individu
La volonté individuelle doit se plier aux
impératifs de la « construction du
socialisme ». Holisme.
La liberté individuelle est le moteur
de l’économie. Individualisme.
Conception du
progrès
La progression de la société entraîne le
progrès des individus dans leur ensemble.
La progression personnelle de
l’individu entraîne le progrès de la
société.
.
Le fait que l'Union Soviétique fut une société "fermée" ou il fut extrémement difficile de
savoir qui avait de l'influence sur quoi, quelle était ses vrais ressources et ses réelles
intentions fut un des trait marquant de la guerre froide, alimentant les doutes et les craintes
réelles ou imaginaires de l'Ouest de son coté, avec ses changements de gouvernements et
de politiques en fonction des élections rendait souvent perplexes les analystes soviétiques;
Les causes immédiates : la situation de l’après-guerre
Staline cherche à mettre l’URSS à l’abri d’une nouvelle attaque par la création d’un « glacis
» territorial et idéologique, c’est-à-dire d’un espace protecteur qui éloigne la menace des
frontières soviétiques :
-en repoussant plus à l’Ouest les frontières de l’URSS par l’annexion des pays baltes et
d’une partie de la Pologne, alors que les territoires allemands situés à l’est de l’Oder et de la
Neisse de Görlitz sont placés sous administration polonaise (partage effectué lors de la
conférence de Potsdam) ;
-en imposant des gouvernements pro-soviétiques dans les pays d’Europe centrale et
orientale occupés par l’Armée rouge, pays qui deviendront plus tard des « démocraties
populaires ». Le Coup de Prague en Tchécoslovaquie, une des rares réelles démocraties
d’avant guerre en Europe de l’Est fut l’expression la plus visible pour l’Ouest de cette
politique et fut perçu comme la manifestation hégémonique de l’URSS.
Avant même la fin des hostilités avec l’Allemagne, l’Union soviétique établit l’ordre
communiste dans les territoires libérés par l’Armée rouge :
-arrestation de seize dirigeants de l’Armée secrète polonaise, formellement conviés à
Moscou pour des « entretiens politiques », les deux principaux leaders de la résistance
polonaise mourant en prison quelques mois plus tard. Le gouvernement polonais en exil à
Londres, abandonné par les Occidentaux, se voit dénier peu à peu toute responsabilité et le
comité de Lublin, formé par les Soviétiques, prend le contrôle du pays ;
-attribution de la province tchécoslovaque de Ruthénie subcarpatique à l’Ukraine, ce qui
procure à l’Union soviétique une frontière commune avec la Hongrie ;
-installation au pouvoir des partis communistes tant à Bucarest qu’à Sofia, et élimination de
toute autre formation politique ;
mise en place à Vienne, sans consulter les Occidentaux, d’un gouvernement provisoire pro-
soviétique dont le chef a approuvé l’Anschluss en 1938 ;
-enfin, le maréchal Tito, maintenant établi à Belgrade, refuse, contrairement à ce que le
Kremlin avait promis aux Alliés, de laisser le roi Pierre II rentrer de son exil.
De plus en plus inquiet de ces violations répétées de la Charte de l’Atlantique et de la
Déclaration de Yalta sur l’Europe libérée, Churchill s’alarme dans un télégramme du 12
mai 1945 à Truman des risques de voir les forces sovtiques s’avancer jusqu’aux
rives de l’Atlantique et utilise déjà l’expression « Rideau de fer » qui deviendra
célèbre. En mars 1946, dans un discours retentissant, il dénonce ouvertement cette
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