qui sèment la haine plutôt que la paix et ceux qui promeuvent le conflit plutôt que cette coopération
susceptible de nous aider tous à instaurer la justice et la prospérité. Ce cercle du soupçon et de la méfiance
doit s'achever.»
Tirant un trait sur ce passé colonial, il va même jusqu'à faire siennes des paroles coraniques qui sont sacrées
pour tout musulman, ce que n'avait jamais fait avant aucun chef occidental.
«Je suis venu ici à la recherche d'un nouveau départ entre nous et les musulmans du monde, un nouveau
départ fondé sur l'intérêt partagé et le respect mutuel. Comme il est dit dans le Saint Coran : ‘‘Soyez
conscients de Dieu et dites toujours la vérité''. Je m'attacherai ici à dire la vérité. En tant qu'étudiant en
histoire, j'ai appris la dette de la civilisation envers l'islam. C'est en effet l'islam qui a porté la lumière de la
connaissance pendant des siècles et rendu possibles la Renaissance et les Lumières en Europe.»
Obama souligne aussi l'apport des musulmans à son pays, les États-Unis : «Et depuis notre création, les
musulmans américains ont beaucoup apporté aux États-Unis. Ils ont combattu dans nos guerres, servi dans
nos gouvernements, se sont battus pour les droits civiques, ont monté des affaires, enseigné dans nos
universités, excellé dans les enceintes sportives».
Après avoir valorisé l'islam et le rôle du musulman considérant qu'il fallait le respecter comme acteur à part
entière du monde, Barack Obama se pose même en avocat de l'islam dans le monde entier. «Le partenariat
entre l'Amérique et l'islam doit se fonder sur ce qu'est l'islam, et non sur ce qu'il n'est pas. Et je considère qu'il
relève en partie de ma responsabilité, en tant que président des États-Unis, de combattre tous les stéréotypes
négatifs associés à l'islam, où qu'ils apparaissent. En outre, en Amérique, la liberté est indissociable de la
liberté de culte. C'est pourquoi le gouvernement américain a recouru aux tribunaux pour défendre le droit des
femmes et des filles à porter le hijab et pour punir ceux qui voudraient les en empêcher. De même est-il
important que les pays occidentaux s'abstiennent d'empêcher les citoyens musulmans de pratiquer leur
religion comme ils l'entendent – par exemple en décidant arbitrairement quel vêtement une femme musulmane
doit porter. Nous ne pouvons pas déguiser l'hostilité à l'égard d'une religion derrière le prétexte de la défense
des libertés». (On soulignera ici l'allusion à peine masquée à la France).
Plus que de la realpolitik ou de pragmatisme, dont ils sont coutumiers, comme leur rapprochement récent avec
l'Iran, ou du soft power, comme les centaines de films financés pour discréditer le communisme, les Etats-Unis
vont plus loin.
Ils ont compris que cet ancien type de procédé communicatif de plus en plus visible et «grossier » est contre-
productif en terme d'image, pour les pays «financeurs» face à des jeunes musulmans de plus en plus instruits et
connectés au réseaux d'information.
Au lieu d'essayer d'influencer l'autre avec ses valeurs, en montrant qu'elles sont meilleures et qu'il faut les
suivre, on se rapproche fortement des valeurs de l'autre en signifiant qu'on les partage totalement. On va même
plus loin en signifiant qu'on n'en est le défenseur !
Les Etats Unis ne disent plus «suivez l'American way of life parce qu'il est le meilleur» mais, plutôt, «nous
vous respectons et nous respectons votre histoire, votre culture et votre religion.»
Au-delà de ce discours du 4 juin 2009, ce genre avancé de «soft power» ou de «guerre des cœurs» a été décliné
partout en Europe via des opérations puissantes de communication inscrites dans la durée.
2- L'offensive des diplomates américains