BOUQUIN Camille, CHAUVIGNE Leslie 01/02/2011 EC Physio-Pharmaco, Pr Carré Poly dispo sur le réseau pédagogique. Physiopathologie de la maladie coronaire I – Définition Maladie coronaire = insuffisance coronaire Cela correspond à une altération des vaisseaux coronaires à l’origine d’un déséquilibre entre les apports et les besoins en oxygène au niveau du cœur : perfusion coronaire inadaptée. Les apports sont inférieurs aux besoins, notamment en cas d’effort. II - Physiologie des artères coronaires A - Artères coronaires Ce sont des artères épicardiques, donc visibles au niveau de l’épicarde, formant 2 couronnes entourant le cœur autours de la base et de la pointe. Leur position superficielle permet : - Différents actes chirurgicaux dont : o La dilatation des sténoses par ballonnet et stent (=endoprothèse, évite que l'artère se rebouche quand on sort le ballonnet.). o Le pontage par dérivation d’une artère mammaire qu'on branche sur l'artère ventriculaire ou par greffe d’un bout de veine (prélevé au niveau du membre inférieur) entre l’aorte et l’artère coronaire, en aval de la sténose. L'utilisation d'une artère est plus appropriée car elle supporte mieux les pressions élevées du sang (à la différence d'une veine.) On distingue aussi des artères intra-myocardiques (pas accessibles) dont le rôle est essentiel puisqu’il s’agit de distribuer le sang dans le myocarde. B - Consommation myocardique d’oxygène M’O2 = D (coronaire) x D (A-V) 02 - M’O2 : Débit myocardique en oxygène. - D (coronaire) : Quantité de sang apportée par les artères coronaires (seul moyen d’adaptation véritable aux besoins M’O2) - D (A-V) 02 : Différence artério-veineuse de quantité d’O2 au niveau des sangs coronaires artériel et veineux c’est-à-dire la quantité d’O2 extraite par le myocarde. Elle est de 70% « au repos », valeur élevée puisque le cœur n’est jamais véritablement au repos. Cette valeur est peu adaptable. 1/7 1 - Rôle de l’O2 au niveau myocardique L’02 est extrait du sang par le cœur pour : - Le travail cardiaque externe (85%) représenté par : o La fréquence cardiaque surtout o La tension intra-myocardique (bien reflétée par la PA : post-charge) o La contractilité - Son métabolisme de base (10%) - Son énergie d’activation (5%) de la contraction musculaire Ex de médicaments agissant sur la fréquence cardiaque: les béta-bloquants agissent en diminuant la consommation d'02 par le myocarde. Problème du myocarde: Réserve en ATP faible. Muscle cardiaque jamais au repos donc l'extraction d'O2 du myocarde est en permanence élevée. Ce qui explique la non-adaptabilité du D(A-V) O2. Remplissage coronaire en diastole. 2 – La perfusion coronaire La perfusion coronaire est particulière : La coronaire gauche porte un débit diastolique important (+++), un débit systolique quasinul. La coronaire droite porte un débit diastolique relativement important (++) et un débit systolique relativement faible (+) La différence entre les 2 s’explique par le volume moindre du ventricule droit par rapport à celui du ventricule gauche. Les artères coronaires ne se remplissent pas pendant la systole car les ostii coronaires sont alors masqués par les valvules aortiques. Ils se remplissent donc pendant la diastole, profitant de l’élasticité aortique qui fournit l’énergie nécessaire à la propulsion sanguine. Quand le cœur se contracte, il écrase les vaisseaux intra-myocardiques ce qui assure la chasse sanguine. N.B : Une augmentation de la FC (exercice physique par ex) est doublement pénalisante : - Quand FC augmente, M’VO2 aussi. - Quand FC augmente, c’est par un raccourcissement de la diastole qui empêche le bon remplissage des coronaires. 3 - Réserve coronaire Réserve de perfusion au niveau des coronaires d’un sujet. C'est aussi la capacité des artères coronaires à se dilater. Expérience: elle est mise en évidence par l’injection d’une drogue vasodilatatrice (Adénosine) qui permet l’augmentation du débit coronaire qu’on mesure (par echodoppler) La réserve coronaire est égale à la différence entre ce débit et celui mesuré au repos. Normalement, un sujet peut multiplier son débit coronaire de base par 3 à 6. 2/7 Ce n’est pas le cas chez l’insuffisant coronaire dont la réserve coronaire est fortement réduite. 4 – Adaptation du débit coronaire L’adaptation du débit coronaire se fait selon 3 paramètres majeurs : - Métabolique : production CO2 et Acide lactique par les cellules musculaires. - Nerveux : SN sympathique. - Endothélial (artères myocardiques. Cf: cours sur HTA) Artère saine, bonne adaptation : l’ACH au niveau de l’endothélium entraîne une vasodilatation. Équilibre entre les 3paramètres ci-dessus. Artère athéromateuse, mauvaise adaptation : ce qui devrait entraîner une vasodilatation entraîne une vasoconstriction (notamment l’ACH qui, du fait de la lésion endothéliale, agit directement au niveau de la media entraînant une vasoconstriction) On note que la circulation coronaire est une circulation terminale : Ainsi, si une artère se bouche, il n’y a pas de suppléance possible. Si l'artère interventriculaire antérieur se bouche, tous les vaisseaux qu'elle irrigue, se bouchent. Ce qui provoque la mort des tissus et un infarctus grave. III - Exploration de la circulation coronaire A – Directe La coronarographie, méthode radiologique qui consiste en l’injection d’un produit de contraste au niveau de l’artère coronaire gauche permettant l'opacification. Elle possède de nombreux inconvénients : - Invasive donc risquée - Longue - Coûteuse - Irradiante - Problème de l'iode B – Indirecte C’est l’épreuve d’effort ou l'écho de stress. 1 – Épreuve d'effort isolée 3/7 On observe une éventuelle modification du segment ST (= JT) à l’ECG à l’effort : o Si le segment ST est abaissé, on peut parler d’insuffisance coronaire, d’autant plus grave que la modification de l’ECG apparaît pour un effort faible. Ceci se traduit dans les cas extrêmes par une ischémie du myocarde. o S’il n’y a pas de modification, le cœur est a priori capable d’adapter l’apport à la demande en O2. On s’en assure par d’autres méthodes 2 - Épreuve d'effort associée à une échographie cardiaque On observe la manière dont s’épaissit le myocarde à l’effort (cet épaississement doit être uniforme pour être normal) 3 - Épreuve d'effort associée à une scintigraphie On observe la répartition du marqueur préalablement injecté au niveau du myocarde. Un « trou » indique que les cellules ne reçoivent pas le produit, signe d’insuffisance coronaire. 4 - Echo de stress On injecte de la dobutamine qui accélère le cœur. On observe cette accélération avec une échographie. IV - Causes de l'insuffisance coronaire A - Inadaptabilité des apports en O2 1 - Sténose coronaire par athérosclérose (athérome) Représente 90 % des cas. C’est donc la cause principale. ≠ artériosclérose : vieillissement physiologique des artères entrainant une rigidité L'athérosclérose est une altération de la paroi vasculaire avec dépôts lipidiques intrapariétaux. Ces dépôts sont situés dans l'intima. Ceci provoque à l'effort une contraction des vaisseaux et empêche l'apport d'O2. Les facteurs de risques cardiovasculaires sont : Le tabac HTA Le diabète L'hypercholestérolémie La sédentarité L'obésité ATCD familiaux Age (> 55ans) La famille et l’âge sont les 2 seuls facteurs non-modifiables. Le tabac entraine un risque aigu et chronique. Quand on fume il y a une décharge d'adrénaline provoquant une vasoconstriction. 4/7 L'obésité n'est pas physiologique. C'est l'obésité androïde qui pose problème car elle dépose de la graisse en sous-cutanée et en intraviscérale. L'obésité augmente l'IMC, le tour de taille, la TA, les TG. Elle diminue les HDL-cholestérol. La prise en charge de l'athérosclérose se fait dans un premier temps par des mesures hygiénodiététiques jouant sur les facteurs de risque. Il y a une altération diffuse de la paroi vasculaire par les facteurs de risques cardiovasculaires. L'athérosclérose se développe notamment dans les artères à régime turbulent, à cause des globules rouges qui tournent sur eux-mêmes et altèrent la paroi. Il y a une réponse inflammatoire avec: - Des macrophages dans l'intima, qui se remplissent de lipides et deviennent des cellules spumeuses - Migration de cellule musculaire lisse dans l'intima - Des dépôts lipidiques dans la matrice extra-cellulaire - Des dépôts de cholestérol dans la paroi Les facteurs de risque sont donc responsables d'un contexte inflammatoire. Il y a une altération endothéliale fonctionnelle, d'où une réponse anormale avec une vasoconstriction au lieu d'une vasodilatation. On note que la relation entre le degré de sténose et l’apparition d’un IDM est peu importante, on préfère s’appuyer sur le type de plaque qui fait la sténose. Il y a deux types d'évolution : Progressive: il y a une plaque stable, sans cœur lipidique. (Rare) Par poussée: il y a une plaque instable. Difficile à diagnostiquer et à risque d’occlusion coronarienne par rupture de plaque et fuite du cœur lipidique, en cas d’effort inhabituel par exemple. (Fréquent) Ainsi, une grosse plaque stable sera moins dangereuse qu’une petite plaque instable. 2 - Hypertrophie cardiaque pathologique Représente 5 à 10 % des cas. Il existe 3 types d’hypertrophies cardiaques physiologiques : Durant la croissance de l'enfant Pendant la grossesse (elle disparaît après l'accouchement) Chez les sportifs (avec 6 à 8h d'entrainement par semaine) L’hypertrophie cardiaque pathologique se retrouve dans : L'HTA Le rétrécissement aortique Certaines maladies génétiques (cardiomyopathie hypertrophique : grosses cellules avec arrangement anormal) Ces hypertrophies sont pathologiques car il y a des grosses cellules cardiaques mais pas plus d'artères intra-myocardiques contrairement aux hypertrophies physiologiques où il y a une augmentation du nombre de vaisseaux en parallèle de l’augmentation de taille des cellules 5/7 B - Réduction des apports en O2 Par des spasmes coronaires sur artère « saine » ou non (fréquent) Par un thrombus coronaire qui entraine l'obstruction d'une artère (très rare, par exemple en cas d’augmentation de la viscosité sanguine par prise d’EPO chez un sportif dopé) Par une embolie coronaire (embole : morceau de thrombus ou de calcification sur une valve qui, ici, bouche une artère coronaire) (très rare) V - Conséquences de l'insuffisance coronaire Il y a une cascade d'évènements : Anomalie de relaxation du ventricule gauche (l'anomalie de relaxation est toujours le premier mécanisme touché) Modification de la contractilité, visible à l'échographie Elévation de la pression de remplissage du ventricule gauche, d'où augmentation de M'O2 Modification de l'ECG Douleur angineuse A - Perturbation métabolique Passage du métabolisme aérobie au métabolisme anaérobie avec libération d'acide lactique Acidose Radicaux libres libérés Déficit en ATP Rupture de la membrane cellulaire : la cellule gonfle car les pompes ioniques ne fonctionnent plus à cause du déficit en ATP. Les cellules éclatent et libèrent des substances proagrégantes et vasoconstrictives qui aggravent la situation (plus des protéines myocardiques qui signent l’IDM quand on les détecte, la troponine notamment) B - Perturbation hémodynamique Altération de la relaxation Altération de la contraction Aboutissent à : Diminution du débit cardiaque 6/7 Diminution de la pression artérielle Tachycardie aggravatrice (tachycardie réflexe qui devrait faire remonter la PA) C - Perturbation électrique Déséquilibre ionique transmembranaire (à cause du défaut d'ATP qui entraîne l’arrêt de certaines pompes) Déséquilibre éléctrophysiologique des potentiels d'action entre les cellules saines et ischémiées qui entraîne des modifications à l’ECG : o Le segment ST et l'onde T sont modifiés, ce qui peut favoriser l'arythmie. o Si nécrose, apparition d’une onde Q (qui traduit un « vide ») D - Perturbations cliniques Douleur angineuse : constrictive au niveau du sternum. Elle peut être projetée au niveau des 2 coudes, de la mâchoire, des poignets. Cette douleur est due à la stimulation de chémorécepteurs myocardiques par les métabolites anaérobies. Elle est typiquement liée à l’effort. VI - Les aspects de l'insuffisance coronaire L'angor stable : douleur bien équilibrée par le traitement, survenant pour un effort constant. Le syndrome coronarien aigu: désequilibre de l'angine de poitrine qui peut aboutir à un IDM. L'infarctus du myocarde, avec (ST+) ou sans (ST-) modification de l'ECG. Pour déterminer s’il y a eu un infarctus du myocarde, on dose la troponine myocardique. Un taux élevé montre qu'un grand nombre de cellules ont rompu leur membrane. Les risques immédiats sont : arythmie (mortalité importante dans les 12 premières heures), thrombus et insuffisance cardiaque. Les risques tardifs sont : l'arythmie, un remodelage ventriculaire, l'insuffisance cardiaque. 7/7