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Comité économique et social européen
Commission consultative des mutations industrielles (CCMI)
«Agir à l’échelon local» dans le cadre de la stratégie Europe 2020
Table ronde du CESE sur la politique industrielle - Varsovie, 27 et 28 juin 2011
RAPPORT SUCCINCT
DE LA DÉLÉGATION DE LA CCMI
(MM. van Iersel, Gibellieri et Jírovec)
Le 4 mai 2011, le Comité économique et social européen (CESE) a adopté un avis relatif à la
communication de la Commission européenne sur la politique industrielle, une des initiatives phares de la
stratégie Europe 2020. L’adoption de cet avis est liée à différentes activités de suivi. À ce titre, une table
ronde consacrée à la politique industrielle a été organisée à Varsovie. D’une durée d’un jour et demi, cette
manifestation visait à rassembler les contributions des acteurs concernés par la politique industrielle en
Pologne afin d’évaluer le degré d’engagement des acteurs locaux dans le processus de réforme. La table
ronde comprenait trois volets, consacrés respectivement aux institutions, aux partenaires sociaux et aux
autres parties intéressées. Chacun de ces trois volets était ensuite fractionné en une série de rencontres
entre une délégation de trois conseillers du CESE – le rapporteur, le corapporteur et le président du
groupe d’étude concerné – et une ou plusieurs partie(s) prenante(s) (voir le programme en annexe).En
amont, les participants avaient reçu un questionnaire – en plus de la communication de la Commission et
de l’avis du CESE – destiné à leur donner des orientations sur les sujets abordés pendant la réunion.
Cependant, chaque organisation avait toute latitude pour intervenir sur la politique industrielle à sa
convenance. Le présent document constitue un compte rendu succinct des résultats du débat et ne doit pas
être considéré comme un procès-verbal des réunions.
La table ronde organisée en Pologne sera suivie d’une manifestation du même type à Madrid, les 20 et
21 octobre 2011.
Contexte économique
La Pologne est un modèle de croissance économique depuis ces 20 dernières années dominées par
l’économie de marché. Elle a enregistré la plus forte croissance de PIB de la zone euro (croissance
moyenne de 5,4 % du PIB entre 2005 et 2008). Il faut toutefois s’attendre à ce que, à moyen terme, la
croissance du PIB reste inférieure au niveau d’avant la crise et plus faible que dans d’autres pays
affichant le même niveau de développement. La croissance sera plus rapide que dans l’UE15, un
avantage qui s’effritera dès 2040, approximativement, sous l’effet des évolutions démographiques.
L’une des faiblesses de l’économie polonaise réside dans son faible niveau d’investissement par
rapport à son PIB – 23 % seulement, ce qui ne suffit pas à constituer un bon capital. Par conséquent,
le niveau d’innovation laisse grandement à désirer. La productivité de la main-d’œuvre en Pologne
s’améliore mais reste faible, notamment en regard d’autres nouveaux États membres. Malgré une
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FR
-2privatisation intensive, particulièrement marquée entre 1990 et 2005, ce thème figure toujours parmi
les priorités.
Pourquoi l’économie polonaise se porte-t-elle bien malgré ses faiblesses? C’est là tout un paradoxe:
d’une part, l’industrie polonaise a rapidement appris à être compétitive et souple, principalement
grâce à des coûts de production relativement bas; d’autre part, il lui manquerait une approche
stratégique à long terme. Il semble que ces dernières années, le manque de coordination ait entraîné
l’apparition d’un panorama diversifié d’entreprises (entreprises privées et publiques; grandes
entreprises et PME; entreprises industrielles et de services), ce qui figure parmi les raisons de la bonne
performance économique. Il existe néanmoins des inquiétudes quant à ce qui adviendra au cours des
prochaines décennies si aucune stratégie n’est mise au point pour résoudre les problèmes à long terme
que posent l’évolution démographique et les exigences en matière d’énergie. D’aucuns affirment que
les menaces actuelles qui pèsent sur les finances publiques ne laissent au gouvernement qu’un champ
de manœuvre réduit pour adopter des actions tournées vers l’avenir.
Une mesure importante pour renforcer la compétitivité serait de hausser les niveaux d’emploi, entre
autres parmi les femmes et les travailleurs âgés (50 ans et plus). La croissance du PIB s’en trouverait
améliorée et l’écart entre les taux pré- et post-crise, réduit. En 2010, le taux d’emploi en Pologne, au
sein de la population âgée de 20 à 64 ans, s’élevait à 64,6 % (source: Eurostat), largement en deçà de
l’objectif de 75 % fixé par la stratégie Europe 2020. Les personnes qui sont en dehors du marché du
travail représentent une perte d’opportunités et font peser un poids fiscal sur les finances publiques. À
l’heure actuelle, aucune mesure n’incite efficacement ces personnes à revenir sur le marché du travail.
Parmi les mesures qui pourraient stimuler l’emploi figurent l’harmonisation de l’âge de la retraite
entre les hommes et les femmes, le recul de l’âge légal de la retraite et la diminution du nombre de
travailleurs qui partent en préretraite.
Selon le classement de la Banque mondiale «Facilité de faire des affaires», la situation
entrepreneuriale est pire que dans d’autres pays de l’UE10 et pire que la moyenne de l’UE15. Les
entreprises considèrent souvent les réglementations fiscales et la bureaucratie comme des obstacles.
Certaines voix s’élèvent pour que l’UE exerce une pression plus forte sur la Pologne afin qu’elle
avance sur la voie de la déréglementation et de la simplification. D’aucuns estiment qu’il pourrait être
intéressant pour le gouvernement polonais d’améliorer sensiblement le suivi de la productivité de la
main-d’œuvre et des parts de marché à l’exportation pour recenser les secteurs compétitifs et proposer
des actions de soutien ciblées. Réduire les déficits publics, augmenter le placement de l’épargne
intérieure dans des fonds d’investissement, promouvoir l’immigration et diversifier les exportations
sont autant d’autres défis qui se posent.
Caractéristiques de la politique industrielle polonaise face à la stratégie Europe 2020
À la chute du communisme, la Pologne appliquait une politique industrielle plutôt sectorielle et misait
sur la restructuration et la privatisation pour accroître la compétitivité de l’industrie. L’adhésion à
l’UE en 2004 a marqué un tournant vers une approche plus horizontale. En 2007, le ministère de
l’économie publiait un document dans lequel il proposait des orientations de nature horizontale pour
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-3la politique industrielle, et qui mettait en avant des conditions cadres, l’innovation et l’assimilation
technologique, ainsi qu’un capital humain répondant aux besoins du marché. Depuis, la stratégie
Europe 2020 et les plans nationaux de réforme ont été lancés et le gouvernement polonais a décidé de
réduire le nombre des stratégies de 41 à 9. Bien qu’elles ne constituent pas une stratégie industrielle à
part entière, trois de ces neuf stratégies restantes sont des plus essentielles pour l’industrie: économie
innovatrice et efficiente; sécurité énergétique et environnement; développement des ressources
humaines. Ces stratégies ne proposent aucun instrument à proprement parler mais plutôt des domaines
d’intervention. Des travaux sont actuellement en cours pour étoffer le programme de développement
des entreprises (2012-2020) au titre de la stratégie pour une «économie innovatrice et efficiente». Ce
programme, qui adoptera vraisemblablement une approche horizontale complétée par certains
composants sectoriels, fournira une nouvelle infrastructure pour l’innovation et le soutien aux
entreprises. De nombreuses parties intéressées craignent néanmoins que ce programme reste lettre
morte.
La Pologne mène actuellement une politique industrielle que les parties intéressées polonaises
considèrent comme fidèle, dans les grandes lignes, aux objectifs de la stratégie Europe 2020, même si
ses principales caractéristiques ont été définies avant l’élaboration de ladite stratégie. Le but principal
de la politique industrielle polonaise est de créer un environnement juridique clair et stable pour a)
favoriser la croissance des entreprises, b) privatiser les entreprises publiques et c) encourager
l’innovation.
Le gouvernement estime que la Commission tripartite est une bonne pratique qui offre une véritable
plateforme au dialogue actuel. Quatre comités sectoriels (textiles, acier, produits chimiques et
construction, et services municipaux) se réunissent régulièrement et, à en croire le gouvernement, sont
correctement entendus. L’opinion répandue parmi les partenaires sociaux, particulièrement les
syndicats, est cependant plus nuancée. Selon eux, les discussions autour des stratégies ne se déroulent
pas au niveau adéquat et, de fait, les stratégies ne répondent ni à la réalité ni aux besoins de
l’économie et de la société polonaises. Ils ajoutent qu’il n’y a aucune véritable réflexion sur les
répercussions des politiques européennes et que les entreprises – en particulier les PME – ne sont pas
suffisamment soutenues dans leurs efforts d’adaptation. Personne ne contredit toutefois la valeur de la
Commission tripartite; au contraire, le sentiment qui domine est qu’elle devrait être davantage
valorisée, particulièrement en tant qu’outil efficace de dialogue social.
Malgré les efforts du gouvernement pour répondre aux besoins de l’industrie, l’humeur est à
l’insatisfaction du fait que les mesures élaborées par le gouvernement manquent de vision – elles ne
se projettent pas à long terme – et ne profitent pas suffisamment du vent favorable qui a soufflé sur
l’économie polonaise ces dernières années (y compris pendant la crise, qui a quelque peu épargné la
Pologne). Il est souvent avancé que la politique industrielle manque de cohérence et de coordination
(entre les différents ministères concernés). Certains acteurs affirment que le processus de
transformation au niveau micro-économique est trop superficiel; il y a lieu de proposer une
transformation plus profonde, de poursuivre la privatisation et de mieux légiférer pour accroître
l’efficacité des administrations publiques et des institutions qui gravitent autour. Nombre de parties
intéressées estiment qu’il faudrait porter plus d’attention aux avantages en matière de compétitivité et
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-4à la spécialisation des secteurs, afin de recenser les branches dans lesquelles les efforts devraient être
intensifiés.
La question de l’infrastructure reste ouverte, et tous reconnaissent unanimement le besoin d’équiper le
pays de réseaux modernes et efficaces (transport, large bande, etc.). La R&D et l’innovation (voir la
section détaillée ci-après) offrent d’importantes pistes d’amélioration en raison du faible niveau
technologique actuel de nombreux secteurs. Les fonds européens doivent être investis plus
efficacement pour transformer les TIC en outils de stimulation de la compétitivité et, de ce fait, créer
des perspectives d’emploi plus nombreuses.
La table ronde a fait ressortir l’impression que les discussions autour de la politique industrielle en
Pologne ne sont pas suffisamment liées au contexte européen. La stratégie Europe 2020 n’a pas
encore été «intégrée» et reste une référence «externe» qui, selon certains, ne correspond pas toujours
aux besoins de la Pologne. À un stade de la discussion, il est apparu qu’à certains égards, la Pologne
prenait la croissance asiatique comme référence, plutôt que les évolutions en Europe. Plusieurs acteurs
estiment qu’il convient d’améliorer et de clarifier les initiatives de la Commission. Dans certains cas,
l’industrie polonaise ne donne pas l’impression de faire partie du réseau industriel européen.
Enfin, il ne faut pas négliger la dimension régionale. Si Varsovie prend les devants dans la définition
de la politique industrielle, les gouvernements régionaux et locaux proposent de leurs côtés des
programmes – les «zones économiques spéciales», par exemple – pour attirer les investisseurs (ces
programmes prévoient des mesures d’incitation qui posent parfois problème aux gouvernements
infranationaux). Le lobbying régional est également à prendre en considération, évidemment.
Investissements étrangers/accès aux marchés
La Pologne est un marché ouvert qui a réussi à attirer des investissements étrangers directs (IED) dans
les secteurs manufacturier et des services. Les IED dans la R&D restent toutefois insuffisants.
Jusqu’à deux tiers des exportations polonaises résultent d’investissements étrangers. L’entreprenariat
polonais local est compétitif et se développe, par exemple dans des secteurs comme l’ameublement et
la construction de yachts. Parmi les avantages compétitifs qui attirent les IED en Pologne, il convient
de mentionner: les coûts relativement bas de la main-d’œuvre; une main-d’œuvre qualifiée; une
situation centrale; des réglementations commerciales satisfaisantes. L’industrie perçoit que la position
du gouvernement polonais est favorable aux IED.
Par ailleurs, certains prétendent que le gouvernement néglige le soutien aux investissements à
l’étranger. Pourtant, la Pologne occupe une place de choix parmi les pays de l’UE10 en matière
d’investissements étrangers (les investissements à l’étranger restent toutefois modestes par rapport à
ceux des pays de l’UE15). La majorité des entreprises polonaises qui investissent à l’étranger sont des
acteurs régionaux plutôt que mondiaux. Plus de 80 % du capital polonais est investi en Europe, dans
les pays voisins principalement. Les investissements à l’est se justifient par les coûts de production
réduits dans les pays cibles, tandis qu’à l’ouest les investissements ont pour but d’acquérir des actifs
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-5stratégiques. La plus grande partie des investissements à l’étranger affluent vers le secteur des
services, dominé par les services d’intermédiation financière et les services aux entreprises.
R&D et innovation
Toutes les parties intéressées partagent le sentiment que les dépenses consacrées à la recherche et au
développement (R&D) laissent grandement à désirer, tant au niveau des investissements qu’à celui de
l’efficacité. Ainsi, les secteurs des hautes et moyennes technologies représentent toujours une part
insignifiante de la structure industrielle globale de la Pologne. Le financement de la R&D se
concentre trop sur le secteur public, et le faible niveau des dépenses privées (environ 0,25 %
seulement du PIB, l’un des plus bas de l’UE) pose un réel problème. La performance en matière
d’innovation est également à la traîne. Les entreprises pensent que les capacités de la Pologne en
matière d’innovation souffrent de l’absence de la masse critique nécessaire pour soutenir les
entreprises nationales sur les marchés mondiaux. L’influence des universités reste, elle aussi, très
faible.
Le défi majeur pour la Pologne est de dépasser la culture actuelle de l’innovation qui considère la
R&D comme un coût plutôt qu’un investissement, autrement dit comme un fardeau financier. Ici, à
nouveau, une perspective à long terme fait défaut. L’industrie n’a pas l’habitude de chercher des
réponses/solutions à ses besoins auprès d’établissements scientifiques ou de centres d’innovation. La
communauté de la recherche et le monde entrepreneurial doivent, l’un comme l’autre, changer leur
approche et proposer des activités de R&D plus axées sur le marché et des programmes plus efficaces
de commercialisation des résultats de la recherche , dans le but d’obtenir un retour sur les
investissements dans la R&D.
Le niveau de coopération entre les sciences et l’industrie est jugé insuffisant. Il est primordial
d’assurer la coordination et la coopération dans ce domaine, ce qui pourrait néanmoins se révéler
difficile eu égard au manque de confiance qui semble caractériser la société polonaise (seuls 11 % des
Polonais font confiance à d’autres personnes, selon une enquête citée lors de la table ronde).
L’industrie estime que le monde scientifique polonais ne répond toujours pas aux normes d’excellence
souhaitées, même si elle reconnaît que le gouvernement a introduit d’importantes réformes ces
dernières années pour améliorer la qualité de la recherche en Pologne. À l’heure actuelle, le
financement public dépend d’un classement des universités et des instituts de recherche, qui accroît la
concurrence entre eux. À en croire l’impression qui domine, les réformes vont dans la bonne direction
mais la plupart n’en sont encore qu’au stade de projets; la mise en œuvre devrait s’accélérer, ce qui
n’est pas toujours facile car certaines de ces réformes supposent un changement de mentalité.
La commercialisation des résultats de la recherche et l’utilisation de technologies appliquées sont les
points faibles et restent de véritables défis pour la Pologne. Les milieux universitaires polonais
attendent une nouvelle législation dans ce domaine, qui devrait créer des liens plus appropriés entre
les activités de recherche et les activités commerciales. Pour l’heure, les projets se chevauchent et les
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-6ressources ne sont pas affectées efficacement; il faudrait accorder la priorité aux organisations qui
enregistrent les meilleures performances.
Un grand nombre des parties prenantes interrogées affirment que le gouvernement a tendance à croire
que les subventions européennes résoudront les problèmes, sans autre intervention de sa part. Or, en
réalité, les entreprises rencontrent de sérieux obstacles quand elles essayent de bénéficier du
financement de l’UE, ce qui fait naître un sentiment de frustration puisque les fonds ne sont pas
utilisés assez rapidement pour suivre les évolutions du marché. Les PME, en particulier, trouvent qu’il
est difficile, voire parfois impossible, d’obtenir un financement européen, constatation qui fait écho
aux plaintes de même ordre qui résonnent partout en Europe. Les entreprises estiment que l’accès aux
programmes est compliqué par une bureaucratie excessive et par des exigences disproportionnées en
matière de gestion.
Face à l’importance du financement européen par rapport aux ressources nationales, les chercheurs
polonais visent généralement les domaines dans lesquels l’UE propose un financement mais qui ne
correspondent pas toujours aux priorités fixées par le gouvernement. Il convient également de mieux
synchroniser le financement européen et le financement national pour assurer la continuité des projets;
dans de nombreux cas, la difficulté est de trouver des ressources financières quand les fonds
européens sont épuisés.
La répartition des ressources doit être revue pour que les entreprises qui ne sont pas en mesure
d’obtenir un financement grâce aux marchés disposent de fonds publics. Les entreprises ont
cruellement besoin d’incitations fiscales cohérentes pour investir dans la R&D. Les programmes se
concentrent trop sur l’aspect quantitatif et n’accordent pas suffisamment d’importance aux autres
objectifs stratégiques à long terme. De plus, les critères quantitatifs sont souvent élaborés en fonction
des entreprises relativement grandes, au détriment des PME.
Le nombre des demandes de brevets nationaux est modeste – malgré une hausse pendant la crise – et
le nombre des demandes de brevets internationaux est remarquablement bas. Les grandes entreprises
comprennent mieux l’innovation et ont un meilleur accès au financement européen. Seules 1,5 % des
PME polonaises sont intéressées par des activités de R&D et peu d’entre elles ont conscience des
possibilités de DPI. L’assujettissement à la TVA des frais de brevet pose un autre obstacle aux PME.
Capital humain et coûts de la main-d’œuvre
Outre l’innovation, toutes les parties intéressées, et à plus forte raison les partenaires sociaux,
reconnaissent l’importance des investissements en capital humain. Les fonds européens doivent servir
à accroître la qualité de l’enseignement et de la formation à tous les niveaux. La demande de
travailleurs hautement qualifiés augmente en Pologne, contrairement à la demande de travailleurs
manuels. Or, dans l’enseignement supérieur, aucune stratégie sérieuse - pourtant nécessaire pour
répondre aux demandes du marché du travail – n’est en place. À l’instar de nombreux pays, la
Pologne souffre d’une grave pénurie d’ingénieurs, ce qui contraste avec la surabondance de diplômés
dans d’autres domaines. En particulier, ces personnes hautement qualifiées – dont l’éducation coûte
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-7cher au pays - sont nombreuses à quitter la Pologne parce qu’elles ne trouvent pas d’emplois
convenables et bien rémunérés.
Actuellement, la productivité du travail augmente plus vite que les salaires dans l’industrie.
Parallèlement, les salaires réels diminuent. Les syndicats demandent une hausse du salaire minimum à
50 % du salaire moyen en Pologne, conformément aux recommandations de l’OIT; pour l’heure, le
salaire minimum s’élève à près de 230 euros, soit 41 % de la moyenne. Le phénomène des
«travailleurs pauvres» existe également en Pologne, où 12 % des salariés vivent dans la pauvreté.
PME
Les microentreprises représentent 96 % des PME polonaises et sont généralement composées d’un
salarié et du propriétaire, tandis que 3 % des PME sont de petites entreprises (les moyennes
européennes indiquent respectivement 92 % et 7 %). Ces chiffres amènent, entre autres, au constat
suivant: en Pologne, le nombre des entreprises allant de «micro» à «petites» est inférieur à celui
d’autres États membres de l’UE, ce qui suppose que de moins en moins d’entreprises atteignent la
masse critique qui leur permettrait de s’implanter sur le marché et de développer un potentiel suffisant
pour envisager d’investir dans la R&D et accéder aux marchés étrangers. Autrement dit, une politique
sérieuse destinée au PME est nécessaire pour favoriser la croissance des entreprises.
Selon une étude, la plupart des microentreprises sont satisfaites de leur situation et manquent de
motivation pour croître. Ces entrepreneurs ont constaté que les plus grandes entreprises ont connu des
problèmes pendant la crise, alors que leurs petites entreprises ont traversé la crise sans rencontrer de
problèmes majeurs dans leur propre créneau, grâce à des relations stables avec leurs clients habituels
et «fidèles». Un petit 12 % des PME polonaises envisagent des stratégies d’expansion et cet état
d’esprit ne devrait pas changer radicalement dans un futur proche.
Politique énergétique et émissions de CO2
L’obligation de réduire les émissions de CO2 représente un problème fondamental pour l’économie
polonaise, qui repose majoritairement sur l’énergie produite à partir de charbon (90 % de sa
production totale). Une hausse des prix de l’électricité aurait de lourdes conséquences sur les
industries grosses consommatrices d’énergie qui jouent un rôle majeur dans l’économie. Le
gouvernement, l’industrie et les syndicats s’expriment d’une même voix au sujet de la politique
énergétique et des émissions de CO2.
Même s’il y a accord sur le besoin d’amorcer une transition vers une économie sobre en carbone, le
gouvernement et l’industrie préconisent tous les deux une approche équilibrée de la mise en œuvre de
la politique climatique, sans menacer l’avenir des industries grosses consommatrices d’énergie. En
Pologne, l’opinion générale est que l’objectif de réduction du CO2 à atteindre d’ici 2020 est trop
ambitieux et que le pays ne peut pas se permettre de l’atteindre, étant donné les coûts financiers et
sociaux élevés qu’il entraîne.
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-8De nombreux entrepreneurs pensent que l’UE va renoncer à ces objectifs «irréalistes» de réduction.
Les principales raisons pour lesquelles la Pologne a rejeté la «Feuille de route vers une économie
compétitive à faible intensité de carbone à l’horizon 2050» - présentée par la Commission le
8 mars 2011 – sont, d’une part, que cette feuille de route prévoit une répartition non équitable entre
les États membres du fardeau induit par la politique climatique et, d’autre part, l’absence d’une
analyse approfondie de ses répercussions économiques potentielles.
En Pologne, des voix critiques s’élèvent pour dénoncer le manque d’empressement du gouvernement
à proposer des solutions concrètes pour s’attaquer à ce problème correctement et à long terme. Malgré
quelques idées avancées en matière de charbon propre et de gaz de schiste, la question reste entière,
de savoir comment diversifier le bouquet énergétique. Certains affirment que, même si la Pologne a
enregistré d’importants progrès technologiques à plusieurs égards ces dernières années (notamment
grâce au financement européen), ces efforts n’ont pas suffisamment intégré les technologies
environnementales: il aurait fallu proposer une stratégie sérieuse plus tôt et avec plus de conviction.
L’efficacité énergétique reste inférieure à la moyenne européenne mais augmente. Cette évolution est
plutôt guidée par le marché, dans la mesure où le budget affecté par le gouvernement est assez limité.
* * *
Conclusions
La Pologne mène une politique industrielle que les parties intéressées polonaises considèrent comme
fidèle, dans les grandes lignes, aux objectifs de la stratégie Europe 2020, même si elle lui est
antérieure. La stratégie Europe 2020 est parfois considérée comme un document étranger provenant
de «Bruxelles» et pas assez comme un effort commun de l’Union européenne qui appelle à la
participation de chaque État membre. La politique industrielle de la Pologne est principalement
horizontale, complétée par quelques composants sectoriels. Toutefois, il n’existe aucune stratégie
d’ensemble complète pour la politique industrielle et aucun organe particulier n’en assume seul la
responsabilité. Au contraire, plusieurs ministères sont concernés. Cela étant, le mot d’ordre des parties
intéressées semble être «un ‘tiens vaut mieux que deux tu l’auras’».
Dans l’ensemble, la Pologne est une bonne élève en matière économique et industrielle. D’aucuns
déplorent néanmoins un manque de cohérence et de coordination. Certains affirment que les mesures
prises par le gouvernement manquent de vision – elles ne se projettent pas à long terme – et ne
profitent pas suffisamment du vent favorable qui a soufflé sur l’économie polonaise ces dernières
années (y compris pendant la crise, qui a quelque peu épargné la Pologne). Un exemple concret: les
investissements publics et privés dans la R&D, qui sont insuffisants et mal coordonnés. La
coopération avec le monde scientifique laisse également à désirer.
Les avis sont partagés concernant les résultats du dialogue social au sein de la Commission tripartite.
Le gouvernement considère que le dialogue est en bonne voie tandis que les partenaires sociaux
envisagent des pistes d’amélioration qui, selon eux, seraient bénéfiques au pays.
Bruxelles, 18 juillet 2011.
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Joost van Iersel
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Enrico Gibellieri
Ludvik Jírovec
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