Fiche CESE 3551/2012 EN-EXT/cc .../...
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Comité économique et social européen
Commission consultative des mutations industrielles (CCMI)
«Agir à léchelon local» dans le cadre de la stratégie Europe 2020
Table ronde du CESE sur la politique industrielle - Varsovie, 27 et 28 juin 2011
RAPPORT SUCCINCT
DE LA DÉLÉGATION DE LA CCMI
(MM. van Iersel, Gibellieri et Jírovec)
Le 4 mai 2011, le Comité économique et social européen (CESE) a adop un avis relatif à la
communication de la Commission européenne sur la politique industrielle, une des initiatives phares de la
stratégie Europe 2020. Ladoption de cet avis est liée à différentes activités de suivi. À ce titre, une table
ronde consacrée à la politique industrielle a été organisée à Varsovie. Dune durée dun jour et demi, cette
manifestation visait à rassembler les contributions des acteurs concernés par la politique industrielle en
Pologne afin dévaluer le degré dengagement des acteurs locaux dans le processus de réforme. La table
ronde comprenait trois volets, consacrés respectivement aux institutions, aux partenaires sociaux et aux
autres parties intéressées. Chacun de ces trois volets était ensuite fractionné en une série de rencontres
entre une délégation de trois conseillers du CESE le rapporteur, le corapporteur et le président du
groupe détude concerné et une ou plusieurs partie(s) prenante(s) (voir le programme en annexe).En
amont, les participants avaient reçu un questionnaire en plus de la communication de la Commission et
de lavis du CESE destiné à leur donner des orientations sur les sujets abordés pendant la réunion.
Cependant, chaque organisation avait toute latitude pour intervenir sur la politique industrielle à sa
convenance. Le présent document constitue un compte rendu succinct des résultats du débat et ne doit pas
être considéré comme un procès-verbal des réunions.
La table ronde organisée en Pologne sera suivie dune manifestation du même type à Madrid, les 20 et
21 octobre 2011.
Contexte économique
La Pologne est un modèle de croissance économique depuis ces 20 dernières années dominées par
léconomie de marché. Elle a enregistré la plus forte croissance de PIB de la zone euro (croissance
moyenne de 5,4 % du PIB entre 2005 et 2008). Il faut toutefois sattendre à ce que, à moyen terme, la
croissance du PIB reste inférieure au niveau davant la crise et plus faible que dans dautres pays
affichant le même niveau de développement. La croissance sera plus rapide que dans lUE15, un
avantage qui seffritera dès 2040, approximativement, sous leffet des évolutions démographiques.
Lune des faiblesses de léconomie polonaise réside dans son faible niveau dinvestissement par
rapport à son PIB 23 % seulement, ce qui ne suffit pas à constituer un bon capital. Par conséquent,
le niveau dinnovation laisse grandement à désirer. La productivité de la main-d’œuvre en Pologne
saméliore mais reste faible, notamment en regard dautres nouveaux États membres. Malgré une
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privatisation intensive, particulièrement marquée entre 1990 et 2005, ce thème figure toujours parmi
les priorités.
Pourquoi léconomie polonaise se porte-t-elle bien malgré ses faiblesses? Cest tout un paradoxe:
dune part, lindustrie polonaise a rapidement appris à être compétitive et souple, principalement
grâce à des coûts de production relativement bas; dautre part, il lui manquerait une approche
stratégique à long terme. Il semble que ces dernières années, le manque de coordination ait entraîné
lapparition dun panorama diversifié dentreprises (entreprises privées et publiques; grandes
entreprises et PME; entreprises industrielles et de services), ce qui figure parmi les raisons de la bonne
performance économique. Il existe néanmoins des inquiétudes quant à ce qui adviendra au cours des
prochaines décennies si aucune stratégie nest mise au point pour résoudre les problèmes à long terme
que posent lévolution démographique et les exigences en matière dénergie. Daucuns affirment que
les menaces actuelles qui pèsent sur les finances publiques ne laissent au gouvernement quun champ
de manœuvre réduit pour adopter des actions tournées vers lavenir.
Une mesure importante pour renforcer la compétitivité serait de hausser les niveaux demploi, entre
autres parmi les femmes et les travailleurs âgés (50 ans et plus). La croissance du PIB sen trouverait
améliorée et lécart entre les taux pré- et post-crise, réduit. En 2010, le taux demploi en Pologne, au
sein de la population âgée de 20 à 64 ans, sélevait à 64,6 % (source: Eurostat), largement en deçà de
lobjectif de 75 % fixé par la stratégie Europe 2020. Les personnes qui sont en dehors du marché du
travail représentent une perte dopportunités et font peser un poids fiscal sur les finances publiques. À
lheure actuelle, aucune mesure nincite efficacement ces personnes à revenir sur le marché du travail.
Parmi les mesures qui pourraient stimuler lemploi figurent lharmonisation de lâge de la retraite
entre les hommes et les femmes, le recul de lâge légal de la retraite et la diminution du nombre de
travailleurs qui partent en préretraite.
Selon le classement de la Banque mondiale «Facilité de faire des affaires», la situation
entrepreneuriale est pire que dans dautres pays de lUE10 et pire que la moyenne de lUE15. Les
entreprises considèrent souvent les réglementations fiscales et la bureaucratie comme des obstacles.
Certaines voix sélèvent pour que lUE exerce une pression plus forte sur la Pologne afin quelle
avance sur la voie de la déréglementation et de la simplification. Daucuns estiment quil pourrait être
intéressant pour le gouvernement polonais daméliorer sensiblement le suivi de la productivité de la
main-d’œuvre et des parts de marché à lexportation pour recenser les secteurs compétitifs et proposer
des actions de soutien ciblées. Réduire les déficits publics, augmenter le placement de lépargne
intérieure dans des fonds dinvestissement, promouvoir limmigration et diversifier les exportations
sont autant dautres défis qui se posent.
Caractéristiques de la politique industrielle polonaise face à la stratégie Europe 2020
À la chute du communisme, la Pologne appliquait une politique industrielle plutôt sectorielle et misait
sur la restructuration et la privatisation pour accroître la compétitivité de lindustrie. Ladhésion à
lUE en 2004 a marqué un tournant vers une approche plus horizontale. En 2007, le ministère de
léconomie publiait un document dans lequel il proposait des orientations de nature horizontale pour
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la politique industrielle, et qui mettait en avant des conditions cadres, linnovation et lassimilation
technologique, ainsi quun capital humain répondant aux besoins du marché. Depuis, la stratégie
Europe 2020 et les plans nationaux de réforme ont été lancés et le gouvernement polonais a décidé de
réduire le nombre des stratégies de 41 à 9. Bien quelles ne constituent pas une stratégie industrielle à
part entière, trois de ces neuf stratégies restantes sont des plus essentielles pour lindustrie: économie
innovatrice et efficiente; sécurité énergétique et environnement; développement des ressources
humaines. Ces stratégies ne proposent aucun instrument à proprement parler mais plutôt des domaines
dintervention. Des travaux sont actuellement en cours pour étoffer le programme de développement
des entreprises (2012-2020) au titre de la stratégie pour une «économie innovatrice et efficiente». Ce
programme, qui adoptera vraisemblablement une approche horizontale complétée par certains
composants sectoriels, fournira une nouvelle infrastructure pour linnovation et le soutien aux
entreprises. De nombreuses parties intéressées craignent néanmoins que ce programme reste lettre
morte.
La Pologne mène actuellement une politique industrielle que les parties intéressées polonaises
considèrent comme fidèle, dans les grandes lignes, aux objectifs de la stratégie Europe 2020, même si
ses principales caractéristiques ont été définies avant lélaboration de ladite stratégie. Le but principal
de la politique industrielle polonaise est de créer un environnement juridique clair et stable pour a)
favoriser la croissance des entreprises, b) privatiser les entreprises publiques et c) encourager
linnovation.
Le gouvernement estime que la Commission tripartite est une bonne pratique qui offre une véritable
plateforme au dialogue actuel. Quatre comités sectoriels (textiles, acier, produits chimiques et
construction, et services municipaux) se réunissent régulièrement et, à en croire le gouvernement, sont
correctement entendus. Lopinion répandue parmi les partenaires sociaux, particulièrement les
syndicats, est cependant plus nuancée. Selon eux, les discussions autour des stratégies ne se déroulent
pas au niveau adéquat et, de fait, les stratégies ne répondent ni à la réalité ni aux besoins de
léconomie et de la société polonaises. Ils ajoutent quil ny a aucune véritable réflexion sur les
répercussions des politiques européennes et que les entreprises en particulier les PME ne sont pas
suffisamment soutenues dans leurs efforts dadaptation. Personne ne contredit toutefois la valeur de la
Commission tripartite; au contraire, le sentiment qui domine est quelle devrait être davantage
valorisée, particulièrement en tant quoutil efficace de dialogue social.
Malgré les efforts du gouvernement pour répondre aux besoins de lindustrie, lhumeur est à
linsatisfaction du fait que les mesures élaborées par le gouvernement manquent de vision elles ne
se projettent pas à long terme et ne profitent pas suffisamment du vent favorable qui a soufflé sur
léconomie polonaise ces dernières années (y compris pendant la crise, qui a quelque peu épargné la
Pologne). Il est souvent avancé que la politique industrielle manque de cohérence et de coordination
(entre les différents ministères concernés). Certains acteurs affirment que le processus de
transformation au niveau micro-économique est trop superficiel; il y a lieu de proposer une
transformation plus profonde, de poursuivre la privatisation et de mieux légiférer pour accroître
lefficacité des administrations publiques et des institutions qui gravitent autour. Nombre de parties
intéressées estiment quil faudrait porter plus dattention aux avantages en matière de compétitivité et
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à la spécialisation des secteurs, afin de recenser les branches dans lesquelles les efforts devraient être
intensifiés.
La question de linfrastructure reste ouverte, et tous reconnaissent unanimement le besoin déquiper le
pays de réseaux modernes et efficaces (transport, large bande, etc.). La R&D et linnovation (voir la
section détaillée ci-après) offrent dimportantes pistes damélioration en raison du faible niveau
technologique actuel de nombreux secteurs. Les fonds européens doivent être investis plus
efficacement pour transformer les TIC en outils de stimulation de la compétitivité et, de ce fait, créer
des perspectives demploi plus nombreuses.
La table ronde a fait ressortir limpression que les discussions autour de la politique industrielle en
Pologne ne sont pas suffisamment liées au contexte européen. La stratégie Europe 2020 na pas
encore été «intégrée» et reste une référence «externe» qui, selon certains, ne correspond pas toujours
aux besoins de la Pologne. À un stade de la discussion, il est apparu quà certains égards, la Pologne
prenait la croissance asiatique comme référence, plutôt que les évolutions en Europe. Plusieurs acteurs
estiment quil convient daméliorer et de clarifier les initiatives de la Commission. Dans certains cas,
lindustrie polonaise ne donne pas limpression de faire partie du réseau industriel européen.
Enfin, il ne faut pas négliger la dimension régionale. Si Varsovie prend les devants dans la définition
de la politique industrielle, les gouvernements régionaux et locaux proposent de leurs côtés des
programmes les «zones économiques spéciales», par exemple pour attirer les investisseurs (ces
programmes prévoient des mesures dincitation qui posent parfois problème aux gouvernements
infranationaux). Le lobbying régional est également à prendre en considération, évidemment.
Investissements étrangers/accès aux marchés
La Pologne est un marché ouvert qui a réussi à attirer des investissements étrangers directs (IED) dans
les secteurs manufacturier et des services. Les IED dans la R&D restent toutefois insuffisants.
Jusquà deux tiers des exportations polonaises résultent dinvestissements étrangers. Lentreprenariat
polonais local est compétitif et se développe, par exemple dans des secteurs comme lameublement et
la construction de yachts. Parmi les avantages compétitifs qui attirent les IED en Pologne, il convient
de mentionner: les coûts relativement bas de la main-d’œuvre; une main-d’œuvre qualifiée; une
situation centrale; des réglementations commerciales satisfaisantes. Lindustrie perçoit que la position
du gouvernement polonais est favorable aux IED.
Par ailleurs, certains prétendent que le gouvernement néglige le soutien aux investissements à
létranger. Pourtant, la Pologne occupe une place de choix parmi les pays de lUE10 en matière
dinvestissements étrangers (les investissements à létranger restent toutefois modestes par rapport à
ceux des pays de lUE15). La majorité des entreprises polonaises qui investissent à létranger sont des
acteurs régionaux plutôt que mondiaux. Plus de 80 % du capital polonais est investi en Europe, dans
les pays voisins principalement. Les investissements à lest se justifient par les coûts de production
réduits dans les pays cibles, tandis quà louest les investissements ont pour but dacquérir des actifs
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stratégiques. La plus grande partie des investissements à létranger affluent vers le secteur des
services, dominé par les services dintermédiation financière et les services aux entreprises.
R&D et innovation
Toutes les parties intéressées partagent le sentiment que les dépenses consacrées à la recherche et au
développement (R&D) laissent grandement à désirer, tant au niveau des investissements quà celui de
lefficacité. Ainsi, les secteurs des hautes et moyennes technologies représentent toujours une part
insignifiante de la structure industrielle globale de la Pologne. Le financement de la R&D se
concentre trop sur le secteur public, et le faible niveau des dépenses privées (environ 0,25 %
seulement du PIB, lun des plus bas de lUE) pose un réel problème. La performance en matière
dinnovation est également à la traîne. Les entreprises pensent que les capacités de la Pologne en
matière dinnovation souffrent de labsence de la masse critique nécessaire pour soutenir les
entreprises nationales sur les marchés mondiaux. Linfluence des universités reste, elle aussi, très
faible.
Le défi majeur pour la Pologne est de dépasser la culture actuelle de linnovation qui considère la
R&D comme un coût plutôt quun investissement, autrement dit comme un fardeau financier. Ici, à
nouveau, une perspective à long terme fait défaut. Lindustrie na pas lhabitude de chercher des
réponses/solutions à ses besoins auprès détablissements scientifiques ou de centres dinnovation. La
communauté de la recherche et le monde entrepreneurial doivent, lun comme lautre, changer leur
approche et proposer des activités de R&D plus axées sur le marché et des programmes plus efficaces
de commercialisation des résultats de la recherche , dans le but dobtenir un retour sur les
investissements dans la R&D.
Le niveau de coopération entre les sciences et lindustrie est jugé insuffisant. Il est primordial
dassurer la coordination et la coopération dans ce domaine, ce qui pourrait néanmoins se révéler
difficile eu égard au manque de confiance qui semble caractériser la société polonaise (seuls 11 % des
Polonais font confiance à dautres personnes, selon une enquête citée lors de la table ronde).
Lindustrie estime que le monde scientifique polonais ne répond toujours pas aux normes dexcellence
souhaitées, même si elle reconnaît que le gouvernement a introduit dimportantes réformes ces
dernières années pour améliorer la qualité de la recherche en Pologne. À lheure actuelle, le
financement public dépend dun classement des universités et des instituts de recherche, qui accroît la
concurrence entre eux. À en croire limpression qui domine, les réformes vont dans la bonne direction
mais la plupart nen sont encore quau stade de projets; la mise en œuvre devrait saccélérer, ce qui
nest pas toujours facile car certaines de ces réformes supposent un changement de mentalité.
La commercialisation des résultats de la recherche et lutilisation de technologies appliquées sont les
points faibles et restent de véritables défis pour la Pologne. Les milieux universitaires polonais
attendent une nouvelle législation dans ce domaine, qui devrait créer des liens plus appropriés entre
les activités de recherche et les activités commerciales. Pour lheure, les projets se chevauchent et les
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