L’Arche Editeur, Paris, est éditeur et agent théâtral du texte représenté.
Cette pièce rend très sensiblement compte de la situation de l’exilé
particulièrement en cette période où des pays comme la France, d’abord
accueillants, se révèlent être de véritables pièges et d’une manière générale
de celle où l’exilé devient l’apatride gênant ne trouvant plus ni son identité
juridique, ni son identité morale et intellectuelle, ni son identité économique
et sociale. Mais la pièce est aussi le révélateur de l’illusion de ces notions.
L’exil, on le sait, rend l’esprit plus aiguisé ; Brecht s’en sert pour parler de
choses sérieuses avec une dialectique d’un humour décapant, à très grande
vitesse, comme…dans un dialogue spontané. Le résultat : un langage ciselé,
un tourbillon de mots dans un lieu clos, lieu de transit pour des destinations
non nommées, traversé d’inconnus, ouvert à tout par les portes et les
fenêtres, comme un passage des mondes réels aux faux-semblants et
réciproquement. « Kalle : On pourrait formuler la chose ainsi : là où rien n’est
à sa place, c’est le désordre. Là où, à la place voulue, il n’y a rien, c’est
l’ordre. ».
Naturellement la pièce est datée, les exilés ont des noms, ils ne sont pas
encore produits en gros bataillons d’anonymes sur les mers ou les routes de
nos continents. L’actualité de Dialogues d’exilés ce sont la plupart des
thèmes qui y sont évoqués et c’est aussi cette situation des pourchassés de
la politique et de l’économie, ceux qui, comme en 1940, n’ont pas réussis à
se faire tuer chez eux. Elle demeure aussi un bijou de pièce de théâtre
politique et l’analyse y est toujours pertinente.
Pourquoi mai 2005 ? En soi, jouer Dialogues d’exilés est très souhaitable
aujourd’hui comme hier ; il y a des textes qui aèrent le cerveau, c’en est un.
Il se trouve que Sanary Sur Mer est l’une des communes qui « accueillit » le
plus grand nombre d’exilés allemands et autrichiens entre 1933 et 1945.
Brecht y fit quelques séjours, Lion Feuchtwanger y résida plusieurs années,
Franz Hessel y est mort en 1941. En mai 2005, la Feuchtwanger Mémorial
Library (University of Southern California) tiendra son congrès annuel à
Sanary. On sait que Brecht et Feuchtwanger ont collaboré sur deux sinon
trois pièces (« Simone Machard et de « La vie d’Edouard II, roi d’Angleterre », d’après
Marlowe, il s’agit aussi de « mettre en application » dans l’écriture du théâtre de
nouvelles théories) et avaient de nombreuses activités littéraires et politiques
communes.
« Dialogues d’exilés » sera donc à nouveau créée à cette occasion, au
Festival d’été de Carqueiranne, Var, par la compagnie Uppercuthéâtre,
mise en scène de Laurent Zivéri, coproduction de la Ville de Carqueiranne et
poursuivra sa carrière sur la saison 2005-2006, à Paris, dans un premier
temps, puis en tournée en France. Les acteurs choisis, Bernard-Pierre
Donnadieu et Pierre Santini ont donné leur accord.
En accord avec les ayants droits, L’Arche Editeur, Paris, a accordé par contrat à Hervé
Monjoin, les droits de représentation en exclusivité pour la France de mai 2005 à septembre
2006.