En 1793 il devient précepteur et va d’abord à Berne où il écrit une vie de Jésus très sèche (1795). L’année suivante il
part pour Francfort. En 1800 il reste dans ‘la malheureuse Francfort’ où il suit avec passion les événements
politiques. Il étudie la constitution de l’état de Würtemberg et commence une sévère critique de l’Allemagne
bourgeoise. Il lit Machiavel avec sympathie en y voyant la ‘sainte nécessité’ des philosophes : Kant, Fichte.
Hölderlin ne donnait plus de ses nouvelles ; il était chez une jeune femme qui lui a inspiré des poèmes ; très
malheureux il n’écrivait plus.
Hegel traverse une crise d’hypocondrie et tout en lisant énormément il est très malheureux :’l’état de l’homme que
l’époque a repoussé dans un monde intérieur ne peut, quand il veut se maintenir dans celui-ci, être qu’une mort
éternelle. Sa douleur est unie à la conscience des limites qui lui font mépriser la vie telle qu’elle lui est permise.’
Epoque d’incompréhension qui vous force à chercher votre pâture en vous-même. (Novalis : goût de la mort). Idée
qu’on peut souffrir métaphysiquement de son époque (exprimée déjà dans Rousseau). Thème capital du marxisme -
c’est la conscience malheureuse. La vie ne peut être qu’une mort éternelle parce que la vie intérieure ne suffit pas à
alimenter une vie. Pour que l’esprit se développe il faut qu’il accepte de devenir autre que lui-même, de vivre
au sein du monde, de participer au travail, aux techniques, qui sont apparemment autres que lui. L’esprit doit
accepter le contraire de lui-même, se perdre pour se trouver.
Pour cela Hegel sera obligé de construire une philosophie de la réconciliation de la conscience et de ce qui semble
être l’opposé de la conscience. C’est sa philosophie qui fait sortir Hegel de sa crise. Préparation d’un livre de 1800 à
1807 qui montre la conscience en face du monde et toutes les expériences de séparation et de malheur, que l’on voit
se transformer en expériences positives jusqu’au moment de cette réconciliation définitive et totale, le savoir
absolu.
Comment peut-on vivre l’existence ? Comment peut-on vivre quand on est en même temps une existence ?
Cette crise donne à la Phénoménologie de l’Esprit un aspect parfois dramatique de ‘grave et douloureux travail du
négatif’ : ‘la conscience malheureuse’. Sentiment très aigu du fait que la conscience est d’abord séparation d’avec le
monde, et que c’est seulement par un grand trajet métaphysique que l’on peut parvenir à se réconcilier avec lui.
Chez Gide on trouve un état de tension, de sympathie avec le monde par lequel il cherche sa réconciliation.
Aujourd’hui, alcool, mouvement, la vitesse, musique très simple, amour. Cf L’amour et l’accident de Denis de
Rougemont, Nadja d’André Breton : ‘l’amour fou’. Le sentiment est un mode de réconciliation, le mode privilégié.
Pour qui sonne le glas. La religion, l’art. Contemplation des œuvres d’art. La philosophie est certainement une façon
de s’insérer dans le monde réel au lieu de le nier.
Chez Hegel ceci est particulièrement net. La philosophie n’est pas destinée à nous fournir une sagesse ni une
méthode pour découvrir le vrai. Elle doit nous permettre de vivre. Les autres modes de réconciliation sont des modes
en soi, mais non pour soi, c’est à dire que ceux qui les vivent n’en comprennent pas le sens profond. C’est pourquoi
‘la philosophie est la vérité des étapes précédentes’. Celui qui dégage le sens de toutes les expériences précédentes,
c’est le philosophe. Au moment où il comprend que tout a un sens on a le savoir absolu.
Sa crise a été surmontée par Hegel au bout de deux ans :
-Il a hérité d’un peu d’argent de son père (mort).
-Il est allé rejoindre Schelling qui enseignait la philosophie á Iéna.
-Il a passé une thèse et est devenu l’assistant de Schelling.
Schelling a fondé un journal qui a publié des articles de Hegel en 1802 et 1803 : un sur le scepticisme, sur Les
rapports de la foi et du savoir dans le livre de Schelling : Glauben und Wissen. Hegel attaquait surtout Fichte qui
partait d’une sorte de cogito, point de départ subjectiviste et Hegel déjà à ce moment là se sépare du pathos de
Schelling.
La campagne napoléonienne conduit les troupes aux environs de Iéna. Pour Hegel elle représentait encore l’héritage
de la révolution et un certain libéralisme. Tableau représentant Hegel finissant la Phénoménologie pendant que
tonnaient les canons de Iéna.
Le 13 octobre la Phénoménologie est finie. L’empereur fait son entrée dans les rues de Iéna. Théorie du grand
homme qui accouche de l’histoire, inspirée de Napoléon.
Il continue de travailler à Iéna pendant quelque temps. N’ayant plus d’argent, il est obligé de diriger un journal
politique à Bamberg. Il quitte Iéna en mars 1807. La Phénoménologie le brouille avec Schelling car il accusait
l’absolu de Schelling d’être ‘la nuit où toutes les vaches sont noires’.
On le nomme directeur du gymnasium de Nürmberg de 1808 à 1816. On publie la Propédeutique. Il se marie et a
deux enfants. De 1812 à 1816 il écrit La Science de la Logique. C’est Hippolyte qui a introduit Hegel en France à la
libération.