qui sont au-dessous d’elles, premièrement avec elles-mêmes, puis avec les autres, et
finalement à la cause et au principe unique et universel de la paix de toutes choses. Et cette
paix cheminant sans se diviser par-dessus toutes les créatures, elle borne, renferme et assure
toutes choses comme dans de certains cerceaux qui relient et rassemblent les choses divisées,
et ne permet pas qu’elles s’en aillent par pièces et par morceaux, séparés les unes des autres,
et qu’elles se répandent à l’infini, sortant hors de leurs bornes, sans ordre, sans fermeté ni
solidité, abandonnées de Dieu, sortant hors de leur union, brouillés pêle-mêle ensemble avec
tout désordre et toute confusion.
Or de ce calme et de cette divine paix que le saint personnage Justus appelle silence et
un repos immobile en toute émanation qui se connaît, il n’est pas possible à aucune créature
de dire ni de penser ce que c’est, ni comme elle est tranquille (7) et demeure en repos, et
comme quoi elle est en elle-même et dedans elle-même, et comment par une éminente raison
elle est unie toute entière en elle-même, et comme quoi, soit qu’elle rentre à elle-même, ou
qu’elle sorte pour se multiplier, elle ne quitte jamais l’union qui lui est propre, mais elle sort
au-dehors et elle passe en toutes choses, sans bouger de dedans soi toute entière, par la
suréminence de l’union qui surpasse toutes choses. Mais lui attribuant cela même qui est
ineffable et inconnu, à elle, dis-je, qui est au-delà de toutes choses, nous nous contenterons de
considérer seulement ses participations qui peuvent être entendues par la pensée et exprimées
par la parole. Ce que nous ferons autant qu’il est possible aux hommes, et autant que nous-
mêmes le pourrons, qui sommes de beaucoup inférieurs à plusieurs bons et saints
personnages.
Il faut donc dire en premier lieu que la part divine est la cause productrice de la paix
même considérée en soi, tant de l’universelle que de la particulière, et que c’est elle qui
tempère toutes choses les unes avec les autres, par le moyen de leur union qui n’est point
confuse, par le moyen de laquelle étant unies et conjointes ensemble sans division et sans
qu’il y ait du vide en ces deux, elles demeurent néanmoins en l’intégrité de leur espèce, pures
et sans être troublées par le mélange de leurs contraires, et sans rien perdre de leur extrême
pureté ni de leur union…exquise. Il faut donc ; etc…( Voyez Union n. 1) Des noms divins,
Chap. 9.
3.Voyez Foi nue. n. 3.
4.Voyez Foi nue. n. 4.
(8)
5. Voyez Foi nue. n. 5.
St AUGUSTIN.
6. Que si (a) votre œil intérieur s’éblouit, lorsqu’il veut s’appliquer aux choses qui
sont si fort au-dessus des sens, tâchez au moins de calmer votre esprit, (b) ne contestez plus
contre la vérité comme vous faites et ne vous défendez plus que contre les illusions (c) de ces
idées grossières, que vous avez tirées du commerce perpétuel que nous avons avec les choses
corporelles. Mettez-vous au-dessus de cela seulement, et vous serez au-dessus de tout. (*)
Nous cherchons l’Unité souveraine qui est d’une (9) parfaite simplicité de nature, cherchons-
la donc dans une parfaite (a) simplicité de cœur.
Tenez (b) vous en repos, nous dit-elle dans l’Ecriture, et vous connaîtrez que je suis le
Seigneur. Ce n’est pas dans un repos d’inaction et de paresse qu’elle veut que nous nous
tenions, mais dans un repos qui nous (c) mette le calme au-dedans de nous-mêmes en chassant
de notre cœur toutes les choses contenues dans toute sorte d’espaces et de lieux, et sujettes
aux vicissitudes du temps : car c’est de là que viennent toutes nos agitations, et ce sont les