finance encore sous l’angle de marché où l’offre et la demande de monnaie se rencontrèrent
pour déterminer le taux d’intérêt et, par conséquent, l’investissement. Aucune mention est
faite de la structure financière et des intermédiaires financiers.
Si les keynésiens ont surtout mis en évidence les politiques budgétaires, les
monétaristes ont focalisé leur attention sur le marché financier. Friedman et Schwartz (1963)
montrent que pendant la Grande Dépression la masse monétaire a fortement baissé en même
temps que l’output économique. Pour les monétaristes, la relation finance/économie est
représentée par la relation masse monétaire/output. Encore une fois le système financier est
présent mais seulement sous la forme d’un marché monétaire. Les institutions financières et
leurs services ne sont pas pris en compte.
Gurley et Shaw (1955) présentent une rupture avec la plupart des économistes de leur
époque car ils analysent le rôle des intermédiaires financiers et, plus particulièrement, leur
fonction d’offreur de crédit et non pas d’offreur de monnaie. Selon les deux auteurs les
intermédiaires financiers jouent un rôle majeur dans l’amélioration de l’efficience des
échanges inter-temporels et par conséquent, ils influencent le facteur clé qui gouverne
l’activité économique générale. Ils partagent la vision traditionnelle que, les institutions
financières n’ont pas beaucoup d’importance mais seulement dans le cas où l’activité
financière est strictement liée à la quantité du stock de monnaie d’un pays. Du moment que
les intermédiaires financiers peuvent satisfaire la demande de fond avec des dettes non
monétaires, elles acquièrent une grande importance car ils fournissent à l’économie un canal
parallèle à celui strictement monétaire. L’attention se porte donc non plus sur la banque
centrale (la seule qui peut émettre de la monnaie) mais sur les intermédiaires financiers qui
peuvent créer une offre de monnaie privée et de quasi monnaie. Gurley et Shaw considèrent
que les intermédiaires financiers, du fait de leurs moyens et de leur savoir faire, augmentent le
crédit qu’un individu peut obtenir et minimisent son coût par rapport au marché financier.
Grâce à leur activité, les intermédiaires financiers augmentent la capacité financière des
individus c’est-à-dire la capacité d’un emprunteur d’absorber du crédit. L’augmentation de la
capacité financière favorise la croissance. Nous pouvons remarquer que dans la pensée de ces
deux auteurs on retrouve des concepts d’amélioration des conditions du marché qui sont à la
base de toute la littérature actuelle, qui analyse l’existence et le développement des
institutions financières d’un point de vue des imperfections de marché.